|
Dans
l'Ombre
Alors que l'ombre
sur le pas fait le monde
et que les dieux à la fenêtre
sentant venir ces temps indéfinis
laissent dans la nuit,
couler la tempête...
Alors
que l'orbe obscur
glisse lentement dans le temps,
l'ancien
d'une époque lointaine
mille fois mort,
disparu et revenu
soupèse le ciel et la nuit...
Sous les arcanes sombres
au milieu de ce regard insoumis
contemplant l'orbe, l'obscur, la tempête,
germe un sourire
le sage
savoir d'une semence
d'un devenir inavoué...
Que vienne l'orage
que viennent les eaux du ciel
les feux de tous les horizons
Qu'ils viennent
et qu'ils saccagent
ce doux temps de miel,
et ces fleurs à l'horizon
l’espérance des dieux du ciel
et la terre et le feu et la fougue et la mer et la raison.
Que vienne l'orage la folie l'irraison...
au milieu de cette ardeur sauvage
est le germe
d'une autre saison....
un geste sans terme
ni condition...
et celui qui sourit
disparaîtra dans l'orage
pour l'avoir reconnu sans rémission...
La tempête laisse disparaître
mourir.. renaître,
sage
l'indigo
la pourpre du ciel
ne tremble ni ne se soumet
et déferlant des abîmes
l'inferno
referme sur l'univers son étreinte...
avec lui est disparu le sage...
et les dieux attendent la fin de l'orage
Trois jours,
cent ans,
mille ères sont passées,
les dieux se sont endormis sur leurs couches
et le vent
qui fait rage
contemple leurs folies délaissées...
Aux creux de lui,
naît un souffle
se pourrait-il ?
Plus loin encore dans le gouffre
au cœur du silence
qui germe et s'enfuit
se peut-il ?
Ou est-ce l'absence ?
sans bruit...
au milieu de la nuit
sans un cri,
viendrait de naître
là-bas
la vie...
Sans maître
lentement sans éclats...
renouant d'un cycle lointain
d'un savoir que l'on croyait incertain,
voila
est cela ?
Au creux du vent qui fait rage
ou est-ce l'absence ?
l'enfer ne se sait plus d'âge
a-t-elle encore souvenance...
Au creux du vent
qui fait rage
là où il est silence
de ses pas courant sur le sable
il...
non c'était lui
alors qu'il courrait dans les dunes de la plage
l'océan était inénarrable
et roulant ces vagues dans l'obscur de la nuit
jusqu'aux rives où rien ne reluit
sauf le vert qui roule avec elle et s'enfuit...
C'EST LA VIE !
la couleur qui hurle dans l'océan
C'EST LA VIE !
la mousse qui vient s'éteindre sur la plage
laissant là
un éclat de rouille de vert et qui reluit
C'EST LA VIE !
et dans l'immense
loin de tous les sages
insouciant des dieux
et de leurs ramages
elle la vie
sourit...
Elle s'avance en silence
elle est là
elle est ici....
elle court elle aussi elle grandi
regarder comme la flamme brille au fond de sa lueur
regarder comme le ciel tremble et s'apeure
une étincelle a suffi
cosmos au monde infini
le voilà
il est le ciel
il est le tremble
il est la lumière
le soleil enfin
le gouffre rajeunit
l'histoire peut enfin reprendre
il a donné à Prométhée son ami
le premier rayon de vie...
Le vent rage
dans sa course folle
il va ou l'enfer croyait encore avoir hommage
et le néant L'ENFER reçoit ce coureur qui a emporté les mondes
mais est vieux l'enfer, le chaos, l'innommé
le sombre ,
et écoutant ce bateleur qui va chavirant d'un gouffre à un autre
il a dans le regard
le souvenir de
l'autre
qu'il avait écrasé sagace dans son jeune âge
Ouranos aux gouffres incarnés
et dans ses yeux défilent les âges et les innommés
les mondes, les obscurs, les adages,
et loin derrière la pupille dans l'âme de la lumière
qui réjouit la conscience est
l'Ancien des Âges
qui sourit ...
Oh! Horreur... est le cri
et se voile le visage lui chaos, le néant
car du gouffre de son étreinte
où il a étouffé l'Univers ...
Une lumière a trouvé son chemin...
le feu sacré constructeur de monde
l'étincelle mirifique
l'ardeur oh! combien passionné du joueur
qui sème dans la nuit son irrésistible folie
son engrenage de devenir
qui comme le cristal hirsute
gonfle dans la trame de son hérédité...
l'Univers naîtra de son pas...
Dans le gouffre sombre où bat le vent
et la tempête
il n'est plus le seul qui hurle
le non-être grince et gémit
là où est-elle ?
il peut encore l'étreindre
oh! le croit-il
mais son âge le bouleverse
terrassé par son ampleur
emporté par sa haine et son ardeur
il s'écroule étrange insoluble
dans la marre que la vie lui avait offert pour son anniversaire...
Peut-il éteindre cette vie
déjà celle-ci se disperse se propage se répand grandit
et le sentant bien
lui le non né
lui le reste de l'innommé
lui la nuit sans retour
l'oubli éternel
lui
la vague qui ne revient
le cosmos refermé
les ténèbres victorieuses,
lui le sait que cette vie le tue...
comme un essaim elle le dévore
et dans le sourd le gouffre le non dit
le silence des éternités
alors que les dieux dorment encore
rêvant à des éternités bleues
lentement la vie digère l'ombre pour en faire de la lumière...
Le temps court
le vent qui le suit le surveille
et regarde comment celle-ci s'y prend
Veux-tu une partie de vent,
comme un enfant curieux qui démonte l'univers
le vent tend son doigt à l'hémisphère
Oui elle prendra là du vent
encore quelques gouttes de mer
un bout d'océan
il rit
une montagne
Si...
quelques éclairs
oui,
l'âme oiseau d'un sourire lui revient
et encore
un ciel
si !
des étoiles
oui des univers
si... si...
il s'emporte et rit
Chut !!!
ils dorment encore
ah ! comme il est heureux l'enfant qui sourit
comme le vent au milieu de la vie
comme le geste emporté loin si loin d'ici,
comme suit la vie....
un peu de vent ?
un orage ?
chut !!!
ils sont si petits
le vent sourit comme le large,
la vie qui joue, danse, fluctue, nage
s'invente triche court sourit
repart de plus belle
derrière le vent et le temps qui ne suit plus
Elle devant
ici de là semant
son ciel et ses amants
emporté valsant comme une timbale
dans l'orchestre des infinis tonitruants
le fleur de l'aurore
la douce issue des printemps ravis
a trouvé une montagne
une anse, une baie
une plage au pied d'un monde
ou le vent géant s'assit...
Quoi d'autre une pluie de météorites
si !
un coup de vent solaire
mais il n'y a pas de soleil ici
mais il y a l'étoile...
qui luit
une étoile
un banc de sirène et de nuée
le souffle de l'étoile bleue
un peu d'hydrogène
si !
si ...
un peu d'incandescence d'étoile
et le feu que lui tend...
Le vent s'est tue...
La main
la lumière de l'ancien du regard
l'enfant lointain des âges
sage étincelle perdue dans le lointain
montant sa coque au milieu des dérives
accoste là soudain, enfin,
tenant une flamme dans sa main
Comme un lotus dans d'autres âges
la mer se levant animée d'un souffle
qui traverse les lointains,
les jours les absences les lendemains
comme une fleur nacrée
comme la pupille pétillante de l'aube
l'œil du faucon des songes
la mer, la vivante, la vie
sans autres apparats que celle de l'amante
vient tendre son cœur
au feu secret que titan enfant du souvenir a ravi...
et le porter comme le ciel en sa couche
ou dormante comme une mère aimante
elle naîtra luxuriante
sur ces terres ou à genoux le vent la convié...
Le vent toujours à genoux
contemple la tempête qui chambranle la vie
le feu, le dernier geste du néant
qui rejette ce prince
la souvenance l'œil de l'ancien
la flamme germée d'un savoir
d'un sourire d'un devenir d'une mort,
porté par le rêve souverain
d'une ancienne errance....
enfin retrouve son lieu,
le feu sacré des lointaines offrandes
des attentes infinies
et des espérances délirantes
au bout des nuits insondables.
qu'accueille enfin ce phénix
flamme tremblante
où la vie s'abreuve étincelante grandit croit et meurt...
brasier infini d’ombres et de lumières
d'où elle renaît éclatante
auréolé de ciel et de dormantes
d'étoile et déesses qui comme les pétales d'une fleur
s'ouvrent exhalent naissent
à chacun de ses soupirs...
Sous la voûte
où les dieux encore endormis songent
et se bercent dans leurs rêves
elle
tirant du sort incertain
de toutes les ramifications de l'univers
qui se lisse en elle au milieu d'une étincelle,
grandit et se mélange aux infinis...
Elle est...
le pourpre de la nuit s'est incliné
les fantômes des gouffres fuient
inlassable grandiose elle trame
là-bas dans le giron des enfers qu'elle a consommés
est l'ancien sourire
le prince immaculé
le dieu inachevé...
l'antique savoir d'une errance lointaine
qui l'a appelé qui l'a reconnu...
et dans sa nuit.
elle l'insondable
la vie,
l'a embrassé
et de ce long et éternel baiser
est né son prince
son devenir
son enfant, ses fils, son rêve
Un souffle encore, un alizé ?
non un vent stellaire
le vent son amant son enfant la poursuit de ses assiduités
et elle contemple l'éternité sans broncher...
La vie...
les dieux endormis ne savent encore qu'elle les nourrit..
et dans ces yeux brille la même flamme, le même feu
ce savoir
fils du destin d'une lointaine errance.....
mais peu importe
elle est
la vie...
Belle régnante et triomphante
au milieu du rire du vent
de la pourpre du ciel
et de l'infini
elle fille d'un rêve
Elle est...
La vie...
soit...
le temps que je me réveille
et que je t'étreigne au milieu des infinis...
Yves Drolet©
10 janvier 2004
|