« Boreas » de J.W. Watherhouse





« Suis ton cœur, pour que ton visage brille durant le temps de ta vie. » Plathotep 


SUIS moi, viens dans les bois, allons tous deux chercher
TON foulard bleu foncé qui voilait ton visage !
CŒUR caché jusqu'aux yeux, tu étais moins volage
POUR demeurer pudique en allant au marché 

QUE dira notre père s'il nous voit rechercher
TON verre de contact perdu sous un branchage ?
VISAGE découvert, ton oeil sans maquillage
BRILLE trop à mon sens pour pouvoir s'afficher !

DURANT le soir, tu vas, en tenant un falot,
LE seau dans l'autre main pour aller tirer l'eau :
TEMPS obligé pour toi, mais pas pour la causette !

DE ces laps de travail, évite l'amusette,
TA destinée, ma sœurs, c'est d'aimer ton boulot :
VIE douce que la tienne, ma petite Cosette !

Robert Bonnefoy©
16 novembre 2003




Folie du vent



Dans les voiles en folle mouvance
Aussi sombres qu’un ciel de suie
Le vent a entamé sa danse
Ses longues plaintes menaient grand bruit 


Il a gémi dans l’organdi
Mêlant le crêpe avec la nuit
Les cotonnades aux fleurs sages
Ont été prises à revers
Le vent a porté ses messages
Au plus intime de la chair
Transperçant nylons et soieries


La jeune femme ainsi battue
Par les assauts de la rafale
S’est offerte sans un refus
Sans un soupir et sans un râle


Retenant d’une main légère
Les plis défaits de sa parure
Quand elle s’est penchée en arrière
Le souffle était sous la guipure


Elle s’est donnée au vent d’été
Qui l’assaillait de tous ses charmes
Mais sur sa joue j’ai vu briller
Le diamant brut d’une larme


Elle s’est donnée au vent d’été
Qui lui murmurait des mots doux
Plus les étoffes s’agitaient
Et plus le vent devenait fou


Le souffle enfin s’est assagi
Et il a délaissé la belle
Vers d’autres errances est parti
Entamer d’autres ritournelles


Lors les grands voiles de la nuit
Ont enchanté la demoiselle
Et j’ai vu monter vers le ciel
Un grand oiseau aux yeux rubis

Régine Foucault©
17 novembre 2003




Vent boréal



Fuir dans les champs
Avec sa solitude
Fuir dans le vent
De ses automnes

Vaporeuse, fragile, si fine
Couverte du voile de l'endeuillée
Enveloppée de mousseline 
Et d'une robe de soie
Tissus choisis pour jours de joie
Que ces jours de tristesse ont transformés
En vêtements de froid

Elle n'avait rien, il est venu
L'inespéré, l'inattendu
La fibule à sa hanche est disparue
Le semainier à sa cheville a été rompu

« Solitude, ma chère solitude
Fidèle compagne
T'appelais-je tant
Que tu me rejoignes dans ma campagne
Que tu me tiennes la main 
En ces jours sombres, de chagrin

Dans les bras de Gaia
Aux vents forts de novembre
Je me réchauffe à vous, folles amours
Souvenirs heureux qui plus jamais ne seront

La sagesse m'embrasse 
Au plus profond de mon corps
Une page lourde est tournée, hélas
Je lâche prise, à d'autres les malheurs
Pour moi la paix, la paix de l'âme, la paix du cœur

Fuir dans les champs, dans ma triste campagne
Avec ma solitude et mes souvenirs
Fuir dans le vent qui m'accompagne
Dans mes automnes et ce qu'il me reste d'avenir »


Fleur qui s'étiole parmi les fleurs automnales
Elle se penche et morose
Cueille une tardive rose 
Seule dans le vent boréal


Ode©
18 novembre 2003




Inch' Allah 



Jardin d'Eden de tous mes rêves,
Orient de mes mille et une nuits,
Étoile de mes premières sèves,
Belle de mes jours, belle de mes nuits.

Et quand parfois le vent soulève
Ton châle tout "enchiffonné",
Ton corps m'apparaît nu, en rêve,
Parmi les fleurs, abandonné.

Comme une aurore boréale,
Je te retiens dans mes jardins,
Tu es, pour moi, femme idéale,
Je me vois déjà Saladin.

Depuis les années ont passé...
De l'Eden au croissant fertile,
Les conflits ont tout bouleversé
Et mon beau rêve est trépassé. 

A présent que nuit est venue
Dans un orient sans aurore,
Mon amour est déjà perdue,
Mon rêve n'est plus qu'un météore !



Pierfetz © 2003 




Ballade en forêt



Une jeune femme brune à l'automne sonné,
Avance ses pas, sent sur chaque parcelle
L'étreinte chimérique s'évanouir, évasive
De lumière, par les fiers arbres, clairsemée

Sur le tapis en mue de la saison, où ses prunelles
Se perdent, recherchant un souffle, une rive
Mordorée, elle tente d'oublier l'obscurantisme,
D'ignorer le glacial, par vent "prêt à porter".

Elle se promène ainsi au clair de la forêt,
Lovée dans l'air étendu, se fait prisme
Des vérités silencieuses gisant sous l'éternité,
Elle se fond et se libère, en l'instant figé

Mais les nuages empourprent son horizon lunaire,
La cachent, l'assombrissent, sauf un filet d'éther,
La voilure de son tissu, lui sert de bouclier,
Elle devient le phare de son songe, presque grisée.

Les cieux à demi clos, dans sa robe stellaire
Protégée d'une autre couverture, d'un jaune parée,
En harmonie avec la nature, elle a déposé le fer,
Prête à rentrer dans le temple de l'hors temps étoilé

Elle bénit l'élan luminaire qui lui a donné des ailes,
Le cœur par sagesse l'empêche de se retourner,
De rester figé, malgré le ressentit de pureté,
Une partie d'âme assassine laisse à la brise cruelle.

Dans son spleen immaculé, inerte, sans consistance,
Sans doute, la main remoud, elle se fit à l'instinct,
Rosie, elle brise la statue du jugement et revoit, enfin !
Le fil depuis la source amour, va la suivre à l'essence

Elle poursuit ainsi sa ballade, du for soulagé,
S'ouvrant, voit son beau mirage peint d'espoir,
Chaleureuse malgré l'infiltration des gelées,
À ses pieds, le lac vert fait son au revoir...



Pascal Lamachère©
21 novembre 2003





« Boreas » de J.W. Watherhouse




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