Printemps des poètes




« Perce la nuit,
Perce la glace,
Perce l'oubli,
Perce l'espace...
»



En traversant l’hiver
Qui souffle ses soupirs
Au vent de l’éphémère
Vers les rayons de rires



En traversant la neige
Qui égrènent les heures
Au cadran du manège
Des saisons du bonheur



En traversant nos cœurs
Que le froid paralyse 
Pétales aux couleurs
Des premières gourmandises



En traversant la vie
Qui brûle fort en nous
Et qui nous irradie



« Perce la nuit,
Perce la glace,
Perce l'oubli,
Perce l'espace...
»



Pour voir ce nouveau jour
Pour se donner d’ amour
Pour sourire 
Et pour rire
Car nous sommes ensemble
Et nos pas marchent d’amble
Regarde ami regarde 
Les premières violettes
Du printemps des poètes ! 



Robert Bonnefoy©
Régine Foucault©
mars 2004


*~*~*







Lucioles printanières



Fin de l'hiver se reflète sur le lac,
La brise fait valser les herbes folles,
Givré sort, s'évapore dans l'entre sac,
Drus germent, feu fomente les corolles

La brise fait valser les herbes folles,
Fait des ridules, blanc de partout se craque,
Les migrateurs reviennent en obole
D'un printemps où le vert frais se plaque

Givré sort, s'évapore dans l'entre sac,
Fleur céleste s'élève un brin frivole,
Son or réveille les cœurs élégiaques,
Leurs cieux avec les nuages s'envolent

Drus germent, feu fomente les corolles,
Persistants égayent à faire fondre sérac,
Hémérocalles se font lucioles,
Fin de l'hiver se reflète sur le lac


Pascal Lamachère©
mars 2004





La fable printanière d’une fleur 
qui aimait l’onde d’un ruisseau




C’est une fleur penchée à l’onde d’un ruisseau
J’ai demandé au vent dit-elle en un soupir
J’ai demandé au vent d’un peu me dévêtir
Et lancer mes pétales tout près du fil de l’eau 


Depuis tant de printemps je tends vers ces miroirs
Mes pistils affolés mes feuillages nouveaux
Je rêve que mes tiges souples comme roseaux
En une grâce ultime viennent s’y émouvoir


Mais je ne peux atteindre ce doux Eldorado
J’espère une souplesse que le printemps ignore
A ma tige rigide une fleur vient éclore
Prenant les herbes folles pour unique berceau


Au ciel plombé de noir la pluie est survenue
Accrochant à ma robe ses gouttelettes fines
Le soleil a jailli en lanternes divines
Irisant de lumière la grisaille des nues


Alors très doucement comme en délicatesse
Est monté dans ma sève un fièvre radieuse
Un pétale s’est posé sur l’onde langoureuse
Le Renouveau m’offrit ce cadeau de tendresse


Chaque printemps depuis en ce jour je m’affole
Car mon rêve à l’averse toujours se réalise
Il me suffit qu’alors se lève un peu la brise
Pour que j’aime les eaux des soies de ma corolle


R
égine Foucault©
5 mars 2004





Écoutez là-bas 



Écoutez là-bas
dans le vent qui chante sur les feuilles 
l'oiseau qui sourit,
ici se nourrit la flamme 
qui du printemps 
vous fera été


L'aubade de l'eau
le ruisseau qui coule 
la fleur bleu du soleil qui chavire
et les cieux 
comme vos yeux 
parsemés de rêves


J'aimais l'oiseau
le cirque du soleil dans le pistil des fleurs
l'onde qui me dorait les pieds 
alors que j'allais 
dans la saison qui chavire
me perdre
vous et moi comme de lointains navires


Vous dansiez dans l'herbe haute
pieds nus dans l'onde 
le printemps ravi 
nous promettait déjà des roses
nous avions l'âge des enfants 
venus sur la plage pour y sourire
à peine celle des amants venus se découvrir


Écoutez là-bas 
dans le vent qui chante sur les feuilles 
l'écho lointain 
de l'été palpite et rie


Il est né comme au gouffre de nous même
alors que le printemps se mourait
sur ce tendre baiser
qui s'alanguie sur la plage 
et nous fait déjà midi


Là où l'été s'engouffre dans nos cœurs
comme la passion folle des fleurs
rouge de l'amour et du sang
du je t'aime 
et du ruisseau qui s'enfuit


Écoutez là-bas 
dans le vent qui chante sur les feuilles 
ici est né le fleuve d'où coule la vie
ici nous nous sommes aimé
et emportés par le rêve
nous avons glissé dans la vie


Il m'arrive parfois encore près du fleuve 
de revoir ce pays
là où son nés les premiers "'au revoir" 
et les premiers "adieux "
et il m'arrive souvent dans l'eau miroir
de revoir votre sourire
sur vos joues de pêche et de givres
et de nouveau vous porter ces fleurs rouges du désir 
qui naissaient là dans l'étang de notre enfance


Entendez-vous encore 
dans le vent qui chante sur les feuilles 
la flamme 
qui du printemps 
nous a fait été...



Yves Drolet©
5 mars 2004 





Les Amants



C’est mon petit ruisseau qui passe et qui roucoule
Il me chante des airs qui me font défaillir
Chacun de ses baisers, sur mes lèvres, me soûle,
Et son amour m’asperge au gré de son désir.


Je me mire, coquette, entre ses bras limpides,
Et reçois ses baisers à travers le zéphyr,
Je rougis de plaisir, mes pétales languides,
S’élancent vers l’amant, qui le font tressaillir.


Cachée au bord de l’eau dans un champ de verdure,
Je respire la vie et prodigue mes fleurs
A l’amant qui reçoit avec un doux murmure,
Sa maîtresse qui vient raviver ses ardeurs.


Le ruisseau, mon amant, me prend et me caresse,
Mes feuilles et mes fleurs se pâment de bonheur,
Je reviendrai toujours pour sentir cette ivresse,
De me sentir aimée, au tréfonds de mon cœur.


De saison en saison, un tout nouveau prodige
Arrive et s’épanouit pour retrouver l’amant
Qui me donne sa sève à travers chaque tige,
Et couvre de baisers sa belle au bois dormant.



Christian Cally©
6 mars 2004






De la Source au grand Fleuve



La soif prend couleur de la fleur et sa source
Au printemps entamé des amours fécondes
Prend couleur de raisins bleus gorgés de soleil
J’y boirai tout le vin au feu des secondes

 

~*~

 

Transgresser la soif pour le seul plaisir d’aimer
Le long du ruisseau qui jusqu’à l’été me mènera au Fleuve

 

Une fleur, un chant d’oiseau ajournent ma solitude
Et déroutent le ruisseau de son rêve

 

À chaque aube, je prends possession de la beauté
Ainsi de la lumière, aux verts de mes plaines

 

Une fleur orangée fait entendre de si loin
L’immortel murmure de la source antique

 

Le cycle des saisons de renaissance se fait jour
Miracle de la Terre, épousailles mystérieuses

 

La Parole recrée l’indicible, gerbe verte d’eau et de feu
Eau d’ors, cris de la soif à la tige de la fleur des mots

 

Traverser le champ des tendres rencontres
À bout de souffle
À bout de marche
En quête de la fontaine
Tout proche comme un secret
En quête d’un miroir
Tout chaud comme un vitrail d’une grande cathédrale

 

Et la fleur orangée, se mirant dans l’eau, disparaîtra
Cédera sa place à d’autres fleurs, éphémère beauté

 

~*~

 

Parcourir le chemin longeant le ruisseau jusqu’à la rivière, jusqu’au grand Fleuve
Où la couleur se répand dans les grandes eaux des commencements
Où la soif s’étanchera dans les bras chaud de l’amour
Chute d’eau, chute du temps, chute de reins
L’histoire s’écrit du crépuscule à l’aube
À la démesure des basses marées
Sur la rive ensoleillée
Qui accueillera
Les amants
Heureux
Nus



Ode©
6 mars 2004






RÉSURGENCE



Un simple filet d'eau, un suintement de faille,
Et voici le ruisseau qui sort de sa tanière.
Il existe parfois des résurgences de taille
Où la cuvette d'eau se transforme en rivière.


Ce n'est point l'eau dormante des étangs, des marais,
C'est la VIE souterraine qui jaillit de l'écorce,
Des entrailles de la terre, limpide elle apparaît,
Prend sa place aussitôt, envahit tout en force. 

*

Au long de la berge d'eau limpide,
Les hémérocalles ont poussé,
Leurs corolles oranges sans ride,
Toute une famille de liliacées... 



Dans cet oasis de verdure,
Des milliers d'hôtes naissent à toute heure,
Les oiseaux y trouvent pâture,
Le ciel y mire ses couleurs.



Les amours qui se cachent là,
Au printemps tout comme à l'automne,
Ne ménagent pas leurs ébats,
Tout comme l'eau, leur vie bouillonne !



Pierfetz
©
Printemps 2004





« Ne pas honorer la vieillesse c'est démolir 
la maison où l'on doit se coucher le soir » 
Alphonse Karr




NE vous dérangez pas ! je vais sur son caveau
PAS à pas, chaque jour, je vais dans la pénombre,
HONORER celui qui fut pour moi un dévot

LA larme que j'y mets, fais refleurir ma sombre
VIEILLESSE et j'y vois un brin de renouveau
C'EST un peu comme si je recherchais son ombre.

DÉMOLIR ce passé, c'est bannir ce que vaut
LA valeur d'une vie et la mettre en décombre :
MAISON sans lendemain, gisant au caniveau

OU que va mon regard, j'ai peur qu'il ne l'encombre !
L'ON me parle parfois : c'est un vent qui, nouveau,
DOIT emmêler sans fin mes cheveux dans sa combre.

SE lever à l'aurore est pour moi sans bravo,
COUCHER ma main sur lui est un plaisir qui sombre
LE fils que j'ai chéri dort sous ce doux pavot,
SOIR et matin, j'y vois, son bonheur en jeu d'hombre.


Robert Bonnefoy©
mars 2004





Hymne au printemps



Ave toi

mars ensoleillé

neige en coulée

Ave toi

jour allongé

bleue matinée

Ave 

Ave 

Ave le printemps

Ave

Je suis enivré

je suis survolté

Ave toi

échos dans les bois

les oiseaux chantent

C'est temps des belles réjouissances

jours de carnaval

vœux renaissance

Ave

Ave toi

Ave le printemps

Ave à la vie

Ave les couleurs

au revoir noirceur

Ave !



Éloix©
03/2004








Hémérocalles de Joss©



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