Prose nature



Son cœur est le soleil
Ses cheveux les nuages
Son corps est d’eau
De terre


Elle respire le vent
Elle souffle la tempête
Elle dit des mots mystères
Que nul ne sait entendre
Que nul ne sait comprendre


Son cœur est le soleil
Ses cheveux les nuages
Son corps est d’eau
De terre


Quand elle ferme les yeux
C’est la nuit
Quand elle les ouvre
C’est le ciel bleu d’été
Quand elle sourit
C’est la chaleur
Et quand elle pleure
C’est la pluie


Son cœur est le soleil
Ses cheveux les nuages
Son corps est d’eau 
De terre


Femme au ventre arrondi
De tant d’enfants portés
Pâle au lever de lune
Dans sa beauté fragile
Femme aux doux bras de mère
Océan d’amour


Son cœur est le soleil
Ses cheveux les nuages
Son corps est d’eau 
De terre

Et son âme est mirage




Régine Foucault©
12 mars 2004





Gaia ma Mère



Au commencement était le Chaos
En émergea Gaia, la Mère-Terre
et
l’Amour, Éros


Vint la Nuit
Puis le Jour
Et le Vent
Puis Gaia enfanta Ouranos
Le Ciel étoilé


Dans l’Eau des Commencements
Naquirent les espèces
Les fleurs, les arbres, les animaux
Les Hommes

~*~

Gaia, Ventre-Mère
Tu nous as portés nous porte encore
Pour combien de temps
Voudras-tu nous garder en ton sein


Je te regarde verser des larmes
J’entends ta tristesse
Lorsque tu poses sur toi les yeux
Comme une vieille dame dans un miroir déformé
Tu regardes ton image
Je t’entends lorsque tu cries, désespérée


« Que suis-je donc devenue 
Que sont mes eaux devenues
Quel est cet air que je respire
Que sont mes forêts devenues
Où sont donc toutes mes bêtes
Où sont donc toutes mes fleurs
Que sont donc mes enfants devenus ? »


Et tu pleures le Paradis perdu
Et tu pleures dans les froidures de tes entrailles
Sur tes forêts abattues
Sur l’Oiseau englué de marée noire
Sur le sang de tes enfants versé sur toi
Sur tes espèces en voie de disparition et celles disparues
Tu étouffes de l’air que tu respires
Tu t’assèches à tes eaux polluées


Ma Gaia de nuits blanches
Sous les brûlis du feu qui dévore tes enfants
Jusqu’à l’incendie final, jusqu'au chaos
Ma Terre-Mère ensevelie de silence
De patience
Jusqu’à la source dormante
Du ruisseau clos


Que le feu de ton cœur
Fasse chanter tes Amours
Que tu enfantes de nouveau
Des Ciels étoilés
Des Nuits
Des Jours
Des Vents
De pures Eaux
et
Des Hommes sages
Qui prendront bien soin
De ce Cadeau


Gaia, ma Mère, j’espère en ce renouveau !



Ode©
12 mars 2004





Le plus sûr moyen d'être malheureux 
est de l'avoir été et de s'en souvenir. 
Xavier Patier 



LE sable s'endormait sur le lit du rivage
PLUS j'avançais mes pas et moins je pouvais voir
SUR la plage mon sceau, gravé sans trop savoir,
MOYEN, mais bien présent, tel un dessin sauvage


D'ÊTRE seul dans le soir, je buvais un breuvage,
MALHEUREUX comme si la mer faisait pleuvoir.
EST-ce toujours ainsi quand on croit recevoir
DE quelqu'un une main et qu'elle fait ravage ?


L'AVOIR prise, éperdu, me fut un réconfort,
ÉTÉ tel un salut que j'ai cru franc, très fort,
ET qui s'est effacé sous mes doigts, d'une touche


DE mon passé récent, seul ce songe émouvant
S'EN revient chaque jour, et presque sans retouche :
SOUVENIR d'un trou noir, tel un sable mouvant



Robert Bonnefoy©
13 mars 2004





Qui es-tu ?



Je m'demandais si tu étais ma Mère
mais on m'a dit que tu étais l'Univers
moi j'veux pas que tu sois tout
j'veux juste que tu sois ma nounou

Je m'demandais si tu étais ma Mère
mais on m'a dit que tu étais la Terre
moi j'veux pas que tu sois Gaia
j'veux juste que tu sois pour moi

Je m'demandais si tu étais ma Mère
mais on m'a dit que tu étais l'eau des rivières
moi j'veux pas que tu sois la source
j'veux juste que ton lait remplace mon pouce

Je m'demandais si tu étais ma Mère
mais on m'a dit que tu étais Lumière
moi j'veux pas que tu sois le jour
j'veux juste que tu me donnes tout l'amour

Je m'demandais...
mais on m'a dit que seul je n'étais
alors j'ai des regrets...
sois tout ce que tu es.



Cadet©

Éloix©
03/2004





Oh! La Terre, comme tu es belle !



Oh! La Terre
Comme Tu es belle 
Quand Tu te déploies dans toutes tes sphères…

Je me souviens
Quand 
Pour la première fois 
Je suis venu 
Empruntant les vaisseaux 
Que nous prêtait 
Les effluves célestes
J’étais resté avec au cœur 
Tant d’opulence


Ici Tu nous avais dit:
«Ici j’ai invité la Vie »


Elle est venue
Avec dans ses yeux des fleurs de pervenches
Des oiseaux de montagne et d’Islande
Et un goût de mer et raz de marée
De saumons, de morues, de cétacés
Bercés dans les varechs de lavande
Qui s’étirent sur la plaine et sur la lande
Empruntant le chemin du feu sacré
Qui mène jusqu’au volcan 
Et s’incline à ses pieds

Elle est venue volant 
Marchant 
Rampant 
Criant 
Aboyant
Rugissant 
Au milieu des fleuves 
Et des prés

Elle est venue
M’a tendu les mains 
Elle la fille de l’Éternité
Quand elle m’a touché comme un fleuve 
Elle est venue se fondre dans mon sein, 
La Dame
Pour y poindre le Ciel
Et se mêler aux gouffres des Univers

Ensemble
Nous avons 
Rêvé le Chemin 
La Route Éternelle
Qui du grain de sable nous emmène
À l’infini

Elle est belle, 
Belle la Vie
Elle a désiré le ciel 
Et nous avons forgé l’humain
Au bout de tant d’émerveilles 
De larmes et de chagrins

Et au milieu du ciel d’Éternel
La Vie, 
Elle,
Ensemble 
Nous avons invité l’Esprit

Il est Fils de l’Amour
Et nous l’avons séduit
Il est venu se dorer sur nos plages
Et goûter ce pays d’ici

Mais une nuit il nous a entendu rêver 
Et a souri…
L’Esprit se donne 
Il se conquiert
L’Esprit façonne 
Comme un maître forge 
Fier
L’Esprit est libre 
De tout ce qu’il s’arroge
Et Il se tient noble 
Debout face à l’Univers


Tu sais que l’Esprit aime la Vie
Que l’amour entre eux est un souffle d’infini
Quand ils se rencontrent 
Quand ils se touchent 
Quand ils se rejoignent
Tu sais même la Terre rougit
Et tremble dans la nuit


Et quand Il s’est étendu jusqu’au cœur de moi
Où rêvait la Vie…
J’en ai eu le souffle coupé 
Et j’ai su des infinis
Moi, la Terre qui les avions aimés
Il est des lieux pourtant,
Et je me suis laissé porter

Là-bas au-delà des orbes
Veillait au-dessus de l’esprit
Un être inconnu 
Beau comme les diamants du ciel pourpre 
Et d'orbe gris
Et dans cette nuit inexplorée
Au milieu des hyperboles des gouffres et des Univers 
Dans le nœud où se tordent les mondes et les néants
Moi, la Terre
Et Lui l’Innommé
Nous nous sommes perdus dans les bras l’un de l’autre
Et nous nous sommes aimés


Et ses enfants viendront tard 
Tard dans la nuit immaculée


Oh ! La Terre 
Comme Tu es belle 
Dans toutes tes sphères
De Mère et d’Épousée !


Je me souviens
Quand 
Pour la première fois 
Je suis venu 
Empruntant les vaisseaux 
Que nous prêtait 
Les effluves
Célestes
Tu nous avais dit

« Ici j’ai invité la vie »
Oh ! La Terre
Comme Tu es belle 
Dans toutes tes Sphères
De Mère et d’Épousée...



Yves Drolet©
16 mars 2004





MÈRE-NATURE



Quel est ce monde où nous vivons?
Puissance de chair et d'argent...
Les sauvages y mènent leur ronde
Et nous font perdre notre temps.

Parlez-moi plutôt de la terre,
La VIE engendrée qui perdure,
Sous la tempête et le tonnerre,
Elle garde son habit de verdure.

Dans ce microcosme de VIE,
Mère-terre cache sa richesse,
Malgré les excès de l'envie
Des hommes sans délicatesse.

Comme une mère pour ses enfants,
La terre régénère sans cesse
Ciel, sols et tous les océans,
De l'immondice de nos bassesses. 

Les médecins du monde entier,
Dans notre humanité malade,
Jamais ne pourront remplacer
Le chant des bois, d'une cascade.

*

L'oiseau porte pour nous des rêves d'apesanteur,
L'enfant court comme nous après un cerf-volant,
Le vent soulève l'ombre des jeunes filles en fleur,
La nature nous caresse comme de grands enfants.

Elle est là, près de nous, pour soigner nos brûlures,
Après un bel été, un automne flamboyant,
Une gomme d'hiver pour effacer l'usure,
Sa fête est au printemps des embryons d'enfant.

*

Lorsque je me retrouve sans joie
Et que mes forces m'abandonnent
Dans ce monde sans foi ni loi
Qui prend souvent plus qu'il ne donne...

Je me retire loin des méchants,
Je me sauve des rats des villes,
Je leur préfère les bêtes des champs
Les ruisseaux de mes rêves d'îles...

Lumières divines en contre-jour,
Mes bois sont à côté des lois.
Sans études et sans grands discours,
Je découvre vraiment l'Amour!



P
ierfetz©
Mars 2004





Petit coin de toi



Souvenir de la saison
Embruns du printemps,
Oriflamme de ton sang
Écume de la passion

Sur les berges du lac de ton enfance
S’accroche le songe de la rose fleurie,
Expire le feu… l’avenir en créance
Instaure le paisible du vert parvis

Sur les berges, en surface, en oraison,
Les barques attendent, immobiles,
L’eau a creusé le lit au pieds de la maison,
Les drus murmurent, bourgeonnent, oscillent

Souvenir de ton passage,
Trace cœurée dans, par les nuages,
Pétales fragrance amour,
En harmonie du nouveau jour

Sur les berges de ton enfance,
Les racines se sont bien embellies,
J’y puise toute nature la vie,
Rayonne l’aube, la printanière essence

Sur les berges, miroite l’orangé, les rires
Pêchés dans nos jeux innocents, nos ébats,
Épiques loin du souffrir, 
L’air embaume ton doux sourire…

Avec moi, le paysage soupire :
Fille de Gaia, ne nous oublie pas !

Instant hors du temps,
Paradis gravé dans le cristal,
Petit coin est devenu soleil, sang,
Source du chemin, du vœu astral… 



Pascal Lamachère©
22 mars 2004








« Mère-Nature » de Jean-Paul Avisse©





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