Oeuvre de Pablo Picasso©






Seules


Ce soir elles ont mis leurs plus belles robes
Ensemble elles sont allées dîner
Elles avaient des choses à se raconter

Se sont assises au bar en soirée
Défaites de leurs confidences
Deux femmes abandonnées

Des éponges, oui des éponges
Elles absorbent le malheur
Elles boivent la douleur

Et le piano joue une musique langoureuse
Les verres se remplissent, se vident
Les cœurs sont de l’amour, avides

Des éponges, oui comme des éponges
Elles absorbent la brisure
Elles boivent la blessure

Elles s’enfoncent dans la nuit éthylique
De verre en verre et de nostalgique musique
Elles soûlent le rêve et la brûlante rupture

Chacune est dans son souvenir
Chacune est dans ses amours interrompues
Tout s’embrouille, plus rien à dire

C’est l’heure noire, l’heure de partir

Seules



Ode©
24 janvier 2004




Au p'tit bistrot des souvenirs


Au p'tit bistrot des souvenirs
circulez
y a rien à voir
sur le zinc des soupirs 
            le verre est vide
                       hep garçon


Les filles seraient assises au bar
Elles se confieraient leurs tristesses
et puis... elles partiraient en rire
en larmes
en rire
et elles reprendraient un p'tit coup 
le verre vide 
sur le comptoir


                ben... allez, les filles au lit ! 
                Y'a vraiment plus rien à voir 
                 ici 
                 il fait nuit ! 


Mais les filles
les filles...
elles ont des chagrins d'amour
elles ont aussi
quelques promesses 
en travers du cœur
et puis tant d'absences
tant de silences à rattraper
les filles
elles ont des souvenirs
à noyer
alors
elles ont décidé 
de boire
ce soir
et puis de boire encore
et de parler
parler
sans s'arrêter
tout se dire
sur leurs épaules 
un frisson
sur le frisson
une étole
un drapé
léger
et puis l'épaule nue
et puis la vie à nue
et puis...
la mort qui frôle
le nu de cette épaule
quand la nuit mord
trop fort


les filles
il est tard
le bar va fermer
il faut rentrer
et aller dormir
demain
demain
un soleil rouge se lèvera
et la vie...
et la vie reprendra
où vous l'avez laissée
allez les filles
allez


sur le comptoir
un verre vide
et dans le bistrot
des mots
qui volent
des mots
qui emplissent l'air
les filles ont vidé leurs verres
vidé leurs cœurs
vidé leur sac


demain
un soleil rouge se lèvera
la vie pourra reprendre
un peu plus légère


il est tard ce soir
demain il fera espoir


demain...


Régine Foucault©
25 janvier 2004




Spleen introspectif



Deux femmes, deux amies,
Se sont assises dans un coin,
Un bout d'espace, d'intimité,
Une bulle de spleen qui rugit,
Frémit au fond du verre, du lointain,
Du lointain en poussière, un passé...

Un passé enseveli dans les larmes,
Les silences consommés par l'air,
Ce soir elles se sont retrouvées
Pour permettre à leur cœur du charme
De l'oubli éthylique goûter, un brin d'éther
Qui entourent les cieux d'un voile brisé...

Une amie, une femme, et vice versa, ont attrapé
Comme d'autres la grippe, le spleen, un songe brisé...

Deux femmes, deux amies,
Ensemble mais seules, si seules,
Avec le spleen pour compagnie,
Il est tard, leur soleil est en écueil,
Les relents des abîmes s'écument,
S'écume des souvenirs, une brume...

Une brume qui emporte les hiers,
Les vœux et les plus profondes déchirures,
S'enjoint leur verre, leur acte délétère, 
S'envolent les non-dits, se refoule
En corps leur chagrin, leur froissure,
Elles font le bilan de tout leur soul...

Saoules pour ce soir, déchues d'un Amour, 
Amour aride mis sous placard défriché,
Une femme, une amie, se sont vidées,
Elles vont tout remettre dans l'ordre, au jour,
Au sein de fraîches eaux, pour renaître
Avec un cristal nouveau, un grand... peut-être...


Pascal Lamachère©
26 janvier 2004




ENFIN SEULES !



Sur leur tabouret de comptoir
Les deux amies tournent le dos
A leurs amours, au désespoir,
Demain verra d'autres " Credo". 


Le piano-bar n'enchaîne plus
Les rythmes les plus endiablés.
Les Clients sont tous disparus,
Les Odalisques sont comblées ! 


"Laisser pourrir
Tous les soupirs.
Parler d'Amour
D'un nouveau jour !"



La peine s'en va, l'Espoir s'en vient
Dès que l'on a abandonné
Ses souvenirs lourds en chemin,
N'y plus penser... c'est pardonné. 


Car si l'on emporte avec soi
La boite à souci de Pandore,
Il faut garder cet autrefois
Sans l'ouvrir encore et encore.


"Laisser pourrir
Tous les soupirs.
Parler d'amour
D'un nouveau jour !"



La taverne ouvrira demain,
Mais à cette heure, "plus rien à boire",
Personne pour les prendre en main,
Enfin seules pour parler d'Espoir.


"Laisser pourrir
Tous les soupirs.
Parler d'amour
D'un nouveau jour !"
 


Pierfetz 
2004 ©
 




les deux dames, les multiples et l'amour...



Je vous regardais, assises bleutées devant le verre
nous étions si petits
si petits
la tranche d'univers 
dans laquelle nous vivions
semblait se restreindre de seconde en seconde
et bientôt il n'aurait plus de monde...


- Dites moi vous savez 
ce qu'il y avait dans ce verre ?
Quelque chose qui vient de cette terre ?
...Non au contraire, buvez !


- Un remède, on croirait à vous entendre
pour empêcher l'Univers ne s'étendre
que bientôt vous ne soyez trois puis vingt
à nous regarder
au travers le kaléidoscope...

- Et si je n'en prenais pas..

- Vous en prendrez 
et vous comprendrez alors 
ce qu'il en coûte d'être deux 
d'être trois 
de savoir que l'Univers ne s'en soucie pas 
qu'il est cent mille 
et qu'il vous attend là-bas...
au front des réalités 
qui sont 
qui ne sont pas

- Êtes vous, dites moi,
êtes vous là, bien deux ?
Je ne sais pas...
Moi je venais douze 
vous rencontrer 
alors que la journée s'achève 

- Dites moi barman, 
un verre
que je me retrouve seul avec ces dames, 
qui m'attendent là 
depuis les trente-trois reflets 
l'enfer...

- Dites moi...
vous êtes heureuses seules ?

- À cette heure mon ami 
je ne peux être que deux, 
et ma solitude me manque,
et toi tu viens comment?

- J'étais venu douze
je suis rentré cinq 
mais j'ai laissé les autres à la porte 
me disant qu'un verre me ramènerait 
à cette unique réalité du monde...

Mais le barman qui me servit, 
était vingt
et tout autour les trois autres assis à la table 
étaient douze

- Alors venez mes dames 
je cale ce verre 
et je vous ramène
il ne sert à rien d'être une vingtaine 
quand dans mon lit vous êtes seule
dans la douleur qui s'enfuit 
à l'approche de l'amour...

-Venez j'ai mis un abat jour, l'Univers 
et nous danserons ensemble sur les fleuves
multipliés 
pour se retrouver enfin seuls dans le désir,
enfermés dans les bras l'un de l'autre
là où l'Univers ne peut mentir...
là où il naît, se reproduit et s'étend pour redevenir le multiple
l'infini dans le miroir de notre rêve....

- Venez mesdames
je cale ce verre
et je vous ramène 
allons nous perdre seuls et nus 
au-delà des tous les rêves
où il n'y a plus que vous et moi 
pour se perdre et se reconnaître
enfermés dans les bras l'un de l'autre
là où l'Univers ne peut mentir...
au cœur de l'Amour... 

-Venez je vous ramène
je finis ce verre
il ne sert à rien d'être une vingtaine
quand dans mon lit vous êtes seule
dans le désir,
enfermée dans mes bras
à m'aimer
jusqu'à ce que l'Univers s'enfuit
et que vous vous retrouviez seule 
dans la couche de mes nuits...

- Venez mesdames 
je finis ce verre
l'Univers est terne
il ne sert à rien d'être une vingtaine
quand vous êtes seule
dans mon amour...

- Venez mesdames 
je cale ce verre 
et je vous ramène...


Yves Drolet©
29 janvier 2004 




Femmes Seules



C’est le bistrot du coin, sans aucune prestance,
Quelques habitués, sirotant leur pernod,
Le vieux patron tenait cet ancien caboulot,
A la bonne franquette, et sans condescendance.

Le bar, les tabourets, quelques petites tables,
Étaient tout le décor de cet estaminet,
Ce fut très incongru de voir dans ce troquet,
Rentrer élégamment, deux dames respectables.

Elles vinrent s’asseoir, s’avançant langoureuses,
Le patron s’empressa pour leur servir du vin,
Qui fut bu d’un seul trait, pour noyer leur chagrin,
Leurs mines trahissaient des âmes douloureuses.

Elles portaient, ce soir, leurs plus belles toilettes,
Pour essayer de rompre un passé sans demains,
Elles voulaient séduire un des ces riverains,
Pour assouvir la faim de leurs vides couchettes.

Et pour s’encanailler, pour fuir la solitude,
Les voilà dans ce bar, oeillant les beaux garçons,
Elles voulaient sentir ces sublimes frissons,
Qui les feraient vibrer, jusqu’à la lassitude.


Christian Cally©
30 Janvier 2004




Un verre ça va mais deux, 
Bonjour les dégâts
 



UN café sur le cours avait une vitrine,
VERRE blanc dépoli, qui gardait les clients.
ÇA et là des miroirs renvoyaient leurs images
VA nu pied, un monsieur, rentra pour un peu boire,
MAIS la patronne rit et lui montra, sanguine,
DEUX verres renversés, pour qu'il s'en fit pourboire
BONJOUR ma bonne dame, dit il poli et sage,
LES gouttes sont pour moi, mais je vois les brillants
DÉGÂTS qu'ont provoqué sur vous tant de morphine !



Robert Bonnefoy©









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