Le retour des oies




Elles font escale dans la vallée du St-Laurent
Elles marquent le printemps

~*~

Doux printemps de mes années
Beau printemps des grands retours
Renaissance de la vie, des odeurs retrouvées
Printemps de mes amours
Des pousses de fleurs naissantes
Des encens de couleurs qui germent de la terre
Des claires feuilles qui habillent les arbres de vert


Ah ! Que le vert m’aura manqué 
Mon vert émeraude de mai
Mes plaines endimanchées
De verdures remplies de promesses
Saison de l’allégresse


Printemps de mes amours
Printemps de ton retour
Libéré de tout
Liberté retrouvée, enfin nous !


Une tempête de rêves déchaînés
O tendre visage de mon âme
Prévisible retour du héron blessé
Qui se laissera porter par les vents d’ouest
Magie des libertés
Au-delà du pays qui l’aura tant fait rêver
Au-delà des hautes montagnes de ses amours
Jusqu’à mes plaines
Jusqu’à la claire fontaine


Et je me penche sur le puits de mon désir
Pour y baiser celui qui me cherche
Au fond de mon rêve



Croire en la liberté est aussi croire en ses rêves.


Ode
6 février 2004




L'homme l'oiseau et l'amour



Je viens de retrouver mes ailes
Et l’énergie de m’envoler
Je viens de regagner le ciel
Mes frères oiseaux m’y attendaient


Je voulais vivre sur la terre
Apprendre à rire et à danser
Et même si c’est éphémère
Je voulais apprendre à aimer

J’espérais devenir humain
Demeurer au plus près des hommes
Explorer leurs si doux chemins
Comme Adam savourer la pomme

      Alors…

Me suis éveillé un matin
Sans plumes sans bec et puis sans ailes
A bout de bras deux jolies mains
Un corps d’homme Une passerelle

Passerelle vers toi tendue
Pour t’offrir les plus beaux rêves
Ceux que tu as tant attendus
Et qui n’ont été qu’heures brèves

J’avais fait promesse formelle
De garder mon âme d’oiseau
Ne pas oublier que le ciel
Serait toujours mon berceau 

      Et puis… 

Et puis je t’ai aimé si fort
Suis devenu tellement humain
Ai trouvé tant de réconfort
Dans tes bras tendres et câlins

Que je n’ai plus voulu quitter
La terre et ses grands sentiments
Dans tes bras je voulais rester
Je voulais rester ton amant

      Mais…

Mais j’ai peur qu'ici tout ne soit
Encombré de gris et de noir
Un jour tu es partie sans moi
Et j’ai appris le désespoir 

      Tu sais…

La vie des hommes est douce tant
Que tu as un cœur à aimer
Seul tu te fonds dans le néant
Seul au néant tu disparais

      ou bien …


Ou bien tu retrouves tes ailes
Et l’énergie de t’envoler
Pour enfin regagner le ciel
Où tes beaux rêves t'attendaient



Régine Foucault©
6 février 2004




Croire en la liberté



L'oiseau là-bas qui fait son nid 
a tant de maisons, a tant de pays 
ici 
l'aile qu'il s'est construite 
le ralenti 


Qu'on le sache ou qu'on l'ignore 
il est l'âme du pays 
de ce pays qui n'a de frontière 
qui grandit au cœur de nous 


Il s'étend comme l'aile grandissante du vent
et passe de moi à vous
au milieu de l’instant
où nos regards se touchent
où ma bouche vous prend
vous la belle, l'altière
et moi l'amant


Je vous emporte au milieu du regard
et voilà que se lèvent les horizons
l'oiseau qui déjà fait son nid 
s'emporte au-delà des venaisons
Ce pays est un nom
Ce pays est un rêve
Ce pays sans dimension 
est mon cœur 
qu'il nourrit à foison 


Vogue, oiseau de mon rêve
Phénix des horizons perdus...
Ce pays dont tu es l'âme est la liberté
Ce pays qui prend son envol 
au milieu de l’amour 
et de ma passion...


Vogue, vogue mon âme
tu as trouvé ailleurs les rives d'un même horizon
là au cœur de celle que j'aime
il s'épanouit comme un frisson...


Étendez vos ailes, battez à l'unisson !


Ce pays sans rives
dans vos plumes s'enivre
il est de tous les départs
et de tous les retours
il naît de notre amour...


Étendez le ciel
il est au bout de l’aile
et n'a d'horizons 


Il est liberté 
l'éternelle
l'univers vous ouvre ses ailes 
il est en saison
pour vous la belle 
il est en floraison


Volée d’outardes sauvages
grandes oies blanches des neiges
chicane de huards
sur les bancs du fleuve
voiliers d'ailes
ici se lève la liberté


Je vous aime, ai-je crié...
Et là-bas sur le port
soufflé par mon cœur
s’emportent les grands mats de plumes, de voiles, d'ailes,
vers la liberté ensoleillée...



Yves Drolet©
7 février 2004



Réponse spontanée de Régine à ce poème de Yves



étendez vos ailes battez à l'unisson
ce pays sans rives
dans vos plumes s'enivre
il est de tous les départs
et de tous les retours
il naît de notre amour...

"Liberté... 
j'écris ton nom"... 

par les ailes déployées 
des oiseaux qui nichent au profond de nos cœurs 
et qui prennent leur envol, 
majestueux dans le grand ciel
et dans nos cœurs alors délaissés 
grandit la soif, la soif de liberté
partir et revenir sans cesse à la source jamais tarie
Jamais tout à fait tarie
Jamais
même si tu le crois
même si par trop grande fatigue
tu le veux

Amour aux grandes ailes douces
Amour au chaud duvet
Amour

et si demain tout s'arrêtait
et si demain 
il n'y avait plus rien

j'entendrais encore
ce léger bruissement d'ailes
il te dirait 
ma belle
ma belle
viens encore
viens encore pour le voyage
le grand voyage
ne crois pas que je sois parti
ne le crois pas
je suis là
tout au fond de toi
mes ailes encore se déploient
viens encore
viens

il est grand temps de partir
il ne faut pas rester ainsi
il ne faut pas rester ici
car rester c'est mourir

entends
entends l'appel
il résonne et vibre en ton âme

voyage
voyage sur les ailes déployées
passe tes bras autour de mon cou 
ferme les yeux
il est l'heure de partir
sans regrets
tu ne peux rester
ce temps de l'attente est fini
fini

Liberté
liberté chérie
j'écris ton nom 
de la pointe de mes ailes
et sur le sable de la plage
et sur l'écume des vagues
et dans le coton des nuages
je trace 
immenses
ces trois lettres majuscules : 

VIE

Regarde d'où nous sommes
déjà si haut dans le ciel
regarde comme elles sont grandes 
et belles
et grandes


VIE



Régine Fouceault©




LIBRE MIGRATION



Si tu tiens à rester vivant,
Ne t'occupe jamais de l'heure.
Fuis le passé, sèche tes pleurs,
Comme l'oiseau, vas de l'avant.




Les oiseaux et les hommes ont un curieux destin.
Les hommes marchent au pas de l'oie en rangs serrés,
Mécaniques armées, Capitole décadent,
Ils ne connaissent pas l'aurore calme du matin. 


À terre, ils sont en hordes, prêts pour l'exploitation
Et ne prennent pas le temps de regarder le ciel.
La nature est, de loin, leur préoccupation.
Nés sur terre, ils y restent, oubliant l'essentiel.



Les oiseaux savent mieux prendre de la hauteur
En laissant derrière eux leur avoir matériel,
Détachés de tous liens qui ne sont pas du cœur,
Ils font leur migration en passant par le ciel. 


Migrants d'un sixième sens, ils règlent leurs départs
Vers des pays mythiques, plus agréables à vivre,
Là où les cieux permettent un tout autre regard,
En survolant le sol, ils se sentent bien plus libres.


Ils arrivent, au printemps, d'une longue migration,
Participent au réveil des lacs, des bois, des champs,
Réveillent nos voyages, en imagination.
Les sifflets des oiseaux animent nos couchants. 



À cet instant béni, un amour me possède
Printemps de liberté, de vie, source alléchante.
Mes jours sont moins pesants et plus rien ne m'obsède.
Le retour des oiseaux me réveille et m'enchante !


Si tu tiens à rester vivant
Afin de trouver le bonheur,
Comme l'oiseau, vas de l'avant,
Là où te mènera ton cœur. 



Pierfetz© 
2004 




Les événements ont ceci de commun avec les oies, 
qu'ils vont en troupe.
Léon BLOY ­ Extrait « Le désespéré »



LES azurs, quelquefois, sont remplis de torpeurs :
ÉVÉNEMENTS troublants qui sortent des nuages,
ONT des signes divers puis meurent en mirages
CECI est souvent dû aux effets des vapeurs.


DE ces étranges feux, il est un fait songeur
COMMUN à tous les cieux, c'est celui des passages,
AVEC ses vols épars d'oiseaux pleins de messages
LES plus connus de tous ont des aspects trompeurs :


OIES des neiges du nord et migrateurs du froid.
C'EST dans un même élan, dans le vent de noroît,
QU'ILS suivent aveuglément celui qui est la tête.


VONT - ils toujours ainsi, bêtes, en vols obtus ?
EN fait se relayant, ils poursuivent leur quête :
TROUPE gardant toujours une belle vertu !


Robert Bonnefoy©




 

Quête solaire



« La liberté vécue est reine du temps,
Y croire, c'est se fondre au solaire chant»


Les saisons défilent,
L'été s'enfuit, l'automne soupire,
La cohorte au souffle de vie aspire,
Suit l'écume du feu agile

La mer des flamboiements
Attire les yeux grisés,
Les bleus solaires changent de contrée,
Gaia respecte le cycle, son serment

Quelque part sur la ronde,
Mes pas traversent l'ombre,
À travers les branches je sonde,
Je suis le chemin dans la pénombre

Je poursuis la migration des outardes,
Qui poursuivent les crins du printemps,
D'une ritournelle encrée dans leur sang,
Une ritournelle qui poursuit la mignarde

Les saisons défilent
En des lieux sur terre,
Mais l'instinct trouve asile
Dans la liberté au bourgeon flaire

L'hiver vers l'ailleurs s'achemine
Sous ses dernières étoiles d'anges,
Les oiseaux s'envolent avec la rose orange
Pour revenir ici montrer leur joyeuse mine

Le parfum du printemps touche mon cœur,
L'air embaume l'immaculé vert du renouveau,
Quelque part sur la ronde, s'ouvrent des fleurs,
L'embrasure, l'élan rêveur revient en nos eaux...

« Car croire en la liberté,
Est le feu de camps de l'éternité »


Pascal Lamachère©
février 2004








« Croire à la liberté » de Giovanni Gerometta©



~ Retour au Menu ~