La croisée 



C’était une fenêtre
Où grimpait un rosier
Au profond de mon être
Elle ouvrait ses volets

Insolite croisée
Donnant sur l’inconnu
Jusqu’alors fermée 
Je ne l’avais pas vue

Au retour d’un voyage
Aux profonds de l’abîme
Perdue dans les sillages
De douleurs intimes

J’avais abandonné
L’espoir d’un sourire
Et m’étais emmurée 
Dans la tour du délire

Tout à coup au rempart
Vieilli des souvenirs
Par delà les brouillards
Je sentis ce frémir

Qui ouvrit mille roses
Pénétrantes senteurs
Animant toute chose
D’étonnantes couleurs

La vie recommençait
Retrouvait son éclat
Enfin je m’éveillais
Et je savais pourquoi

Pourquoi ?

Parce que …Tu étais là



Régine Foucault©
15 février 2004 


Petit ajout de Pierre au poème de Régine :


La maison était belle
Le savez-vous ? pourquoi? 
Nous y vivions rebelles,
Ma douce amie et moi !!



Pierfetz©
18 février 2004





Roses trémières



Les fines odeurs des roses
Viennent notre alcôve encenser
Et nous prenons une pause
Entre deux verbes aimer 


Le printemps touche à sa fin, bientôt l'été 
Pour encore nous aimer
Je te regarde ainsi à mes côtés, allongé
J'en suis toute émerveillée


Chambre aux odeurs de roses
Amours aux odeurs de proses


Elles ne furent pas toujours parfumées ainsi
Nos amours
Combien furent-elles meurtries
Qu'il a été long le parcours 


Il a fallu la constance de l'un et de l'autre
Se battre pour les mériter
Nos amours
Absence, silence, souffrance, persévérance


Et le temps inexorablement a passé
Ainsi, un Ange sur notre chemin
Ou était-ce une Fée
Venue nous offrir d'heureux lendemains


Chambre aux odeurs de roses
Amours aux odeurs de proses


Nous voilà tout chaud, amants
Dans ce lit des tendres désirs
Il nous faut oublier les avants
Ne jouir que du maintenant 


Réunis à jamais jusqu'à plus soif
Notre source jamais ne tarira
Plus de chagrin, qui, le cœur érafle
Même les ronces ne sont plus là


Regarde à la fenêtre les roses trémières
Mais avant, prends-moi dans tes bras
Comme si c'était une première
Encor et encor, aime-moi


Tu me fais Océan qui veux toucher ton pied
Fleuve dans lequel tu viens t'immerger
Ta Rivière, ton Ruisseau, ta Source
Ton Silence et ton Éternité

Ton Cri !


Chambre aux odeurs de roses
Amours aux odeurs de proses



Ode
16 février 2004





PASSEROSE
( Rose trémière )



Je suis parti aux perce-neige,
La vieille maison s'écroulait,
Fête finie, adieux manèges,
Ma jeunesse ainsi s'envolait.

Les volets blancs claquaient au vent,
Et sur le verglas de la vie,
Je me suis rappelé souvent
La jeunesse de mes envies.

Me voici enfin de retour.
La nature a bien fait son oeuvre,
Avec la venue des beaux jours,
Les rosiers peignent un vrai chef-d'œuvre.

Rosée sur toile d'araignée,
Arc-en-ciel des années d'antan,
La vieille bâtisse reste imprégnée
Des amours mortes depuis longtemps.

Les mousses cachent ce vieux cimetière,
La vie est là et vient encore,
Passe pierraille, roses trémières,
Habiller ce temple d'Angkor.

Je viendrai ce soir, au couchant,
Guetter leur ombre dans la nuit...
La maison sera comme avant
Le jour où mes amours ont fui.



Pierfetz© 
17 février 2004





Printanière pâmoison



Deux petites fenêtres sont fermées,
Derrière se trouve le petit prince,
Et devant roses par l'amour nourries

Dehors le soleil s'est levé,
La vue des étoiles se fait mince,
S'élève le délice d'une symphonie

Nacrant le nid troublé à chaudes larmes,
Le cœur bondit contre d'intenses peurs,
S'épanche au cristal l'étoilé charme

Le fil du tisseur suivant le cours,
Des pétales s'insinuent de la grande fleur,
Par les volets, amènent les sens au jour

Caressant d'or l'antre de la demeure,
Chatouillant chaleur d'une aube ritournelle,
En compagnie de la cohorte solaire

La mélodie colorée de vie, rentre par cœur,
Au prince, l'invitant a déployé ses ailes,
À ouvrir ses volets, laissant s'infiltrer l'air

Du jour où l'airain n'est pas invité,
Pointe les corolles pour égayer le jardin,
La vue du printemps, soupirant de l'éveillé

Deux petits volets à l'aube sont ouverts,
Devant, des roses quémandent d'attentionnées mains,
Le petit prince, jardinier va se faire.

Rien à signaler avaient soupiré les roses,
À l'ombre de tous les murs cristallins

De son poste immobile, en hypnose
Sous pointes de feu la fleur et ses crins,
Pourpre sondait l'ère du souffle, l'élan,
Ses pétales de soie en pâmoison

Rien à signaler soupirait la saison,
Depuis peu encrée à la fragrance printemps

De son poste enraciné, au seuil
De l'aube, le doux crachin, sentait venir
Rosaline, mais dans le bruissement du ciseleur,
Toutes ses feuilles prenaient le ton de l'écueil

Rien à signaler dans un long frémir,
Ont soupiré les chairs des roses en chœur

La brise commençait avec peine, à fleurer
Les épines, portant sous brise les rumeurs
Des mélopées, la faim à périanthe fleur
De Mauve, qui vibrait sous l'armure surannée

Rien à signaler hésite le fond du puits,
Expirent aux parois, en abat, les clapotis

Les plantes au vert, se serrent tout contre
Le sol sous le poids de tous les bariolés,
Les majestueux agitent les bras dénudés,
En maestros, l'horizon du mutin montrent

Rien à signaler ne soupirera la chanson
Sous l'alcôve des pétales caressées par passion

À l'heure où les astres font des ronds,
Où les fées s'apprêtent à remonter les cieux,
À la floraison, porte attention en radieux
Le petit prince qui espère arroser du frisson

Dansent alors les pétales, en pleine agitation,
Son pinceau grade trace de la printanière pâmoison...



Pascal Lamachère©
février 2004





"Rose, crémière"



Rien n'était plus vilain que sa peau pas très rose
Où pointaient des boutons, pustules, points ingrats;
Ses cheveux mal coiffés restaient raides, trop gras,
Et ses yeux globuleux étalaient sa nécrose.

C'était vers la mi-mai, je l'avais vu, morose,
Ramasser sur le sol dans un grand embarras
En tout treize caillés, écrasés, presque ras,
Mais qu'elle repétrit de ses doigts pleins d'arthrose.

Il y a avait dehors quelques fleurs, une rose,
Empêchant de bien voir sa maison, son fatras.
Récusant tout, je vis, que son nom d'apparat
Et qu'aussi son métier reflétait bien sa prose.



Robert Bonnefoy©
17 février 2004












« Volets trémie » de Janine Engelen©



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