Poèmes inspirés de cette oeuvre de Sylviane Pelletier©
Les participants : Poètes du groupe de « Saison des Poètes »©






« Le seul moyen de se débarrasser d'une tentation, c'est d'y céder. »
Oscar Wilde

LE petit restaurant était charmant mais vide.
SEUL, je décidais donc, d'y entrer d'un pas lent,
MOYEN mais bien certain, avec un air candide
DE la salle du fond, une odeur d'ortolan
SE propagea soudain pour finir en Sylphide,
DÉBARRASSER son flux sous mon nez chancelant
D'UNE main bien levée, je commandai, avide !
TENTATION ! tentation ! mon Dieu soyez galant !
C'EST avec mes dix doigts que je jugeai, sordide,
D'Y donner l'hallali dans un sublime élan.
CÉDER à cette chair fut pour moi l'Énéide !

Robert Bonnefoy©




Miroir sans reflet


Belle inconnue

Au miroir sans reflet

Qui donc es tu

Dans ce nu singulier



Ta coiffure de danseuse

Ta jambe repliée

Ton allure rêveuse

Légèrement penchée

Semblent tant dire de toi

Tout en ne disant rien

Est ce que tu te vois

Dans ce miroir éteint ?

 

Un peintre se tient-il

Dans ton dos dénudé

Silencieux   immobile

Pour mieux te capturer

Peut-être est-ce pour lui

Ce subtil maintien

Sourire pressenti

Petits seins clandestins

Si le reflet se brise

Le pinceau le retient

Et puis il l’éternise

Le transpose en dessin

En tableau qui ira

Bien au delà des ans

Attiser les émois

De tant de soupirants

Que tu ne connais pas

 

Belle inconnue

Au miroir sans reflet

Qui donc es tu

Dans ce nu singulier

 

Tu restes un peu rêveuse

Et tu ne bouges pas

Ta pose est langoureuse

Car peut-être es tu là

A ce miroir nue

Admirant attendrie

Ton beau corps de statue 

Solitaire dans l’attente

Et  la contemplation

T’imaginant amante

Troublantes sensations

Caresses ressenties

Tout le long de ton dos

Frissons en confettis

Sur le grain de ta peau

Ton voyage t’entraîne

Bien au delà encore

Des vallons  et des plaines

Du pays de ton corps 

Tes jolis mains s’attardent

Sur les ombres de soie

Que la lumière blafarde

Éparpille sur toi

Sans hâte ton  regard 

Comme tendre galant

Sur tes rondeurs s’égare

S’égare infiniment



Belle inconnue

Au miroir sans reflet

Qui donc es tu

Dans ce nu singulier

 

Ou bien encore es-tu

Partie pour le voyage

Des souvenirs perdus

Des amours sans visages

 

Nue

Perdue

Éperdue

 

Qui donc es tu
Dans ce nu singulier
Belle inconnue
Tu gardes ton secret

Régine Foucault©




LA TOILE



Est-ce ton corps qui est nu 
Est-ce ton âme qui est nue
Devant ta toile blanche ?

As-tu donc si peur de ce désert ?

Que retiens-tu en toi qui ne peut ou ne veut naître ?
L'absence qui vrille ton coeur
Empêche-t-elle ta main d'esquisser ?

Tu sembles si lasse, sans force
Contemples-tu le vide qu'il a laissé ?
Tu n'oses pas le combler ?

Tu es là, tu existes, seule
Tu es née, seule
Tu mourras, seule

Lève-toi, reprends-toi, reprends ta vie
Sors tes couleurs, tes pinceaux
Mets des parfums dans ta tête et crée !

Refais le monde
Recrée ton monde
À la démesure de tes espoirs !

Prends tes pinceaux, femme
Et sur ta toile, remplis le vide de bonheur
Colore ton âme de l'arc-en-ciel !

Relève-toi, femme ! 
Tu n'es pas tombée
Ce ne fut qu'un amour inachevé...

Ode©

19 octobre 2003




Requiem d'un goujat 


Non, ne me repousse pas
Pardonne-moi ces faux pas
N'oublie pas nos bons moments
Et nos si tendres instants
 
Je t'en prie, pardonne-moi
Vois mon immense désarroi
Je sais, je t'ais fais de la peine
Que ton amour ne devienne haine
 
Crois en mes promesses
Ton coeur sera en liesse
Que notre tendre amour
Soit comme au premier jour
 
Pose ton regard sur moi
Retourne toi, aime moi !
Donne moi ma chance
Laisse moi l'espérance 

Face au reflet de ton miroir
Je n'ai plus guère d'espoir
Tu te mires dans l'oubli
Ton regard me dit " fini"
 
©Jacques Dognez
   
20.10.2003




FÉE NÉANT


Sur son balcon, je l'ai perçue
Un bel après-midi d'été,
Et le seul fait qu'elle soit nue
Ne m'a pas déstabilisé.

Remontant le cours des années,
J'ai gardé le beau souvenir
De celle qui passait ses journées
A peindre, à nous en faire jouir.

Les manques d'amour et les tempêtes
Ont anéanti son bonheur.
Ella a, bien tôt, perdu la tête,
Privée de tendresse et chaleur.

S'est laissée doucement descendre,
Droguée pour stopper son chagrin.
Quand, après la tête, la main tremble,
L'artiste titube sur son chemin.

A présent quand je la regarde,
Je l'aime pour ses tableaux d'antan.
Je voudrais enlever l'écharde,
Mais je ne suis plus un Titan.

Blanc manteau d'hiver est tombé.
Je l'ai retrouvée sur son banc,
Marbre, endormie, un peu courbée,
Sur sa toile un néant tout blanc.


Pierfetz
© 2003




Mélancolie d’une Mère Moldave


Son regard est perdu dans ce miroir limpide,
Elle voit les reflets d’une vie insipide,
Un corps nu, plein d’attraits, dans ce triste boudoir,
Qui va d’un homme à l’autre, pour les plaisirs d’un soir.


Ils ont passé la nuit dans des amours torrides,
Ils se sont partagés des explosions avides,
Ce matin il quitta, comme un voleur, sans bruit,
Laissant quelques billets au chevet de son lit.


Le miroir lui transmet des images arides,
Elle entrevoit les bleus de ses beaux yeux humides,
Fanés par la douleur, aguerris par les pleurs,
Qui montrent leur dégoût pour tous ces beaux parleurs.


Son corps n’est qu’une marchandise,
C’est un objet de convoitise,
Pour hommes, femmes, qui se vend,
Pour supporter son pauvre enfant.


Il est tout seul en Moldavie,
Son coeur est plein de nostalgie,
Bientôt elle essuiera ses pleurs,
Pour alléger ses pesanteurs.


Elle ferme les yeux, pour ne plus voir son âme,
Elle doit retourner, son enfant la réclame,
Elle rêve du jour qui lui rendra son corps,
Bannissant, pour toujours, ses peurs et ses remords.


Christian Cally©
21 Octobre 2003




Blanc paradoxal consommé


« La dame du tableau sonde, cherche ses couleurs,
Au blanc blanc s'évade, érode le blanc qui meurt.
»


Dans le noir de son temps, 
Dans l'ennui des heures avortées,
Elle se met en oraison, se sent
Toute nue, sans contrefaçon, à l'air

Assez forte pour se laisser transpercer,
Sans armure, par tous les maux de la terre,
Assez forte pour tout donner, s'ouvrir
Depuis sa partie d'univers, enrobée d'immaculé

Elle écoute toutes les rumeurs invisibles,
Attend de pouvoir partager les rouges ébats,
Une coulée, une fondue de palette, un sourire
À la vie, une invitation de chair, l'amour en cible

Elle garde, cache en corps son jardin, ses émois,
Sous scellés, mais le cadre dans sa candeur
Parle pour elle... dans les moindres grains
De sa peau... à fleur de toile, un trait d'espoir...

Voyez donc ses épaules s'offrir, d'ampleur
Féline, prêt à dessiner le paysage de sa faim,
À un trait, en ajouter un autre, ne laisser choir
Que ce qu'elle aura décidé, maîtresse de sa destinée

De passion elle est déjà bien imprégnée,
Il ne lui reste plus qu'à parachever,
À empiler l'instant, sur ses fondations,
En suivant l'élan, en consommant la passion

Sur la toile vierge, la toile de sa vie,
La toile des silences, des non-dits,
Des larmes restées derrière le mur,
Enfoui dans l'absence, les apparences,
Elle ne veut plus se cacher, plus d'errances,
Elle veut s'offrir tout simplement, mais.
Un trop plein la fait hésiter, son futur
Mets en jeux ? Elle doute. trop attentiste ?
Non, elle doit se lancer, elle le sait,
Pas à pas, son coup de pinceau d'artiste
Mettra en évidence son âme, aux nues
Des possibles, son corps de femme en mue,
Son regard sur elle, le miroir des coeurs,
Le début d'un voyage vers l'ailleurs,
Vers le visage de soi, vers une autre couleur...

« La dame du tableau à trouver ses couleurs,
Mais resteront emprunts du blanc de la fleur.
»

Pascal Lamachère ©
24 octobre 2003







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