Lettre à l'amant


Mon âme,

Comme vous me manquez ! En ce petit matin de novembre, je me remémore nos moments d'intimité, votre voix à mon oreille me disant votre amour, votre souffle sur mon cou et votre corps plaqué au mien. Nous ne faisons qu'un malgré les distances qui nous séparent et je vous sais là présent à moi et en moi. Je suis et demeure celle que vous aimez et sur laquelle vous pouvez assurément vous appuyer. Une chandelle de veille est toujours allumée, elle me rappelle à vous dès que je la regarde et chaque fois une pensée vole vers vous, là-bas. 

Je me rappelle avec émotion vos invitations à la tendresse lorsque vous me disiez ces mots, vos beaux yeux marron plongés dans les miens : « Donnez-moi votre main, allons sous les branches écouter le merle moqueur, oh regardez ! l'été tombe en morceaux, sans bruit, avec les feuilles qu'il colore une dernière fois, demain c'est la rosée, puis la neige et qui sait si le printemps du cœur n'y trouve pas son compte ». Il y trouvait son compte, le printemps du cœur et le retrouvera à votre retour, mon tendre aimé. Vos mots, vos paroles, mon amour, sont tous là en ma tête, je vous entends me parler… et vous venez de nouveau vous poser, tel un bel oiseau au coin, là,  de ma bouche…

Je vis intensément l'amour que je vous porte et plus encore maintenant que vous êtes si loin quelque part sur notre planète bleue menacée. Dans votre lettre, vous me demandez ce qu'est pour moi que d'aimer, que de vous aimer, vous si loin et parti pour si longtemps. Je vous répondrai simplement ce qu'est pour moi l'amour. L'amour, n'est-ce pas accueillir, sentir, ressentir, éprouver puis aimer et rentrer dans la danse et comprendre au-delà du sempiternel appel à l'intégrité des frontières qu'aimer c'est consentir et faire d'abandons une valse d'ensemble, mêler, accueillir, synchroniser les tons, raviver les lumières et loin de dominer, les ajouts se font tendres, courbent l'échine... et là… eh là ! ... trouvent leur place à eux... en filigrane offert au moment très précis où paraphant par mon nom, vous sentiez que toute la place vous était offerte dans son entièreté. À votre retour, vous la reprendrez dans l'abandon total... Je vous aime, mon âme !

C'est incroyable, mon ange, ce qui m'arrive, je vis décalée en ce sens que j'ai deux vies, dès le matin je chemine mentalement vers vous et dans le même temps que mes heures se déroulent, les vôtres les accompagnent et puis, par-ci par-là, un creux là, sous le plexus solaire. L'attente… on meuble, on imagine, on construit, on voudrait, on ne sait, les mots disent... ou les mots taisent, mon soleil ici... votre lune là-bas et vice-versa, des nœuds de mots... des rubans de souhaits et quelques larmes qui montent à la seule pensée que vous me reviendrez que dans tant de jours… 

Je lance ces derniers mots vers la voûte céleste et une étoile vous les apportera à l'heure bleue, telle la rosée d'un matin de mai.


Fermez les yeux, mon adoré ! Fermez les yeux ! 
Revivez en pensée nos passions, nos cœurs tendres, nos corps en action. 
Fermez les yeux ! Aimons-nous à distance !
L'amour est la réjouissance de la chair habitée par l'absence.


Je vous embrasse tendrement,

Votre MAHaaDuu



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