C'est un cri qui monte de Calcutta
Un " Save Our Souls " de Térésa
L'appel d’une mère à tous ses enfants
Le sursaut d’un cœur toujours palpitant
Une invitation de celles qui espèrent
Se battant mains nues contre la misère :
Si tu veux la paix, défend la vie !
C’est le grand message de l'homme en blanc
Un " new life-motiv " pour notre temps
Une brèche ouverte dans nos indifférences
Une trêve offerte à la petite enfance
L’urgence de sécher le sang et les larmes
Avec la force du pardon pour seule arme
Si tu veux la paix, défend la vie !
C’est un vieil adage à rajeunir
Un " Si vis pacem... " plein d’avenir
Un défi d’amour pour ce millénaire
Un souffle de grâce pour la terre entière
Un esprit nouveau contre l’intolérance
Un " oui " accueillant quand la vie commence
Si tu veux la paix, défend la vie !
Jean-Marie
Audrain
Dessins de l'U
Passage d’encres - 19 / 20 "LITTERA lement" - Dessins de l'U - Cristina Castello
J’ai vu l’U au café de mon Paris, quand François Xavier, poète français, pugiliste de l’Infini, m’a demandé des mots. Sur une lettre, m’a dit-il – des yeux avec des questions -, pour Passage d’encres*
Magazine d’art et littérature? Oui, mais non. Une constellation que Christiane Tricoit** a allumé et qu’elle palpite.
Mon Paris pleuvait et j’ai entrevu l’U. Et j’ai bu l’univers. Azur. Cet U (c.c.).
Art s'écrit avec U,
La vie se recrée sur U,
La poésie existe à cause de l'U,
La liberté rêve d'U,
La bouche devient veille de baisers
quand elle dit U.
Chopin s'écrit avec U
Redon s'écrit avec U
Desnos s'écrit avec U
Les cloches sonnent en U
La révolte nous sauve par U
Deux U s'attirent dans l'immensité amour.
Ils sont recherche. Rencontre. Épanouissement de l'incomplet.
U est le mythe de l'androgyne primitif de Platon
Fer à cheval, aimant.
Deux U qui se touchent, se vibrent, c'est l'amour.
Ils deviennent cieux.
Deux U
qui construisent un monde
et qui changent le monde, c'est l'amour.
U est dessin d'absence des mots qu'il peuple.
Rares sont ceux qu'il habite.
Mais il est présent quand la parole est confiance.
Pluriel.
Quand le mot n'est pas "moi" mais "nous".
C'est rond le pied à terre de l'U.
Abri. Pain frais. Amour.
Révolution d'innocence, il livre sa lutte,
Armé de mots et de proues célestes,
L'U.
Il s'est battu contre Hitler, la guerre et la mort,
Dans le "H", dans le "M", dans le "G".
La paix est un U,
Colombe, message,
D'Utopie,
D'Union.
Résistance
Toujours dans la résistance
Dans tous les Mais qui ont été
Et qui seront.
Jusqu'à la Liberté.
Contre les oiseaux sans ailes.
Contre les responsables
d'estomacs gémissants
D'yeux en ombres.
De rêves mutilés.
D'obscurité.
Cerf-volant à l'insaisissable, ouverture à l'infini, les bras de l'U.
Mains à l'immensité du chef d'orchestre quand la musique arrive,
L'U.
Des yeux au ciel,
Verticaux contre les automnes,
Noces quand l'été,
Bras aux étoiles,
L'U.
L'Univers est l'U.
Et Beethoven à la Neuvième.
Et Picasso au Guernica.
Et Celan quand Celan.
Gourmandise du soleil quand il est désert,
U se plonge avec tréma en ombres.
Des lunettes par honte
De ceux qui décident,
Que le chant s'achève
Que la musique meure
Que la poésie, c'est du lyrisme
Que pour quoi la peinture
Et que le miracle et le mystère sont profanes.
U. Utopie, Univers, Unique,
Se dépouille de lunettes,
Et sans vêtements, il lutte,
Armé
De mots et de proues célestes.
Et alors,
Des yeux bulles d'espoir
Et visages cartes d'êtres en veille
Et certitudes d'allégresse
Et âmes enfants d'adultes innocents.
Azur.
L'azur est un U inverse sur la Terre.
Et dans la Terre, ciel et U, qui sont le même Bien,
donnent le jour à Paris.
L'U, Paris.
Somme de Beauté.
Baie où les bateaux se moquent de froids,
Sur le dos, sourire à l'Absolu
Des masques grecs
Avec faim d'U.
Art, vie, poésie,
Justice,
S'écrivent avec U.
U.
U est oiseaux en vol,
Avance de baisers,
Utérus de Bien.
Espoir, Embrassement, Caresse, Nid,
Hymne, Soif.
Miroir où l'Univers sourit à la Lumière.
*La revue Passage d’encres a été présenté le
numéro 19/20, LITTERA lement (artiste invité : Albert Woda – coordination : François Xavier, avec une première partie consacrée à Salah Stétié), le 4 décembre 2003 au Café littéraire de l'Institut du monde arabe (IMA), à Paris. La lecture (Rodica Draghincescu, Jean-Pierre Faye, Salah Stétié) était précédée d'un concert, avec Mohamed Bahr à l'oud et Abdelkarim Kasmi aux percussions.
**Christiane Tricoit a créé (1996) et dirige la revue d’art et de littérature Passage d’encres (Romainville [Seine-Saint-Denis] et Joannas [Ardèche]).
• 19 / 20 "LITTERA lement". En librairie depuis le 15 janvier 2004.
Traduction: Raquel Chazki
chazkir@tutopia.com
Cristina Castello
A toi, Ô Marie-Madeleine !
On se souvient de tes péchés
Mais on oublie ta pureté ;
On rappelle tes chaudes larmes
Et on oublie tes douces armes !
Car le libre et puissant Amour
Qui t’anime depuis toujours,
Fut tellement beau et intense
Pour cheminer près de l’Immense !
Il t’avait reconnue d’emblée,
Par l’Amour pleinement dévoué,
Témoignant qu’Il était accueilli
En ton grand cœur, sage et béni !
Ainsi, l’humanité se courbait
Avec humilité, et priait
Le Divin de livrer Lumière
Aux cœurs humains, doux et sincères !
Alors, tu as su incarner,
Amour, Courage et Bonté,
Pour œuvrer à sa belle image
En devenant plus brave et sage !
Et Il repartit près de Dieu
Te laissant seule guider au mieux,
Tes frères par Ses prières
Pour aller porter Sa Lumière !
Vous en fûtes récompensés
Par Celui qui peut tout donner.
Et vinrent les années solaires
Où on te laissa bien solitaire !
Pour vivre en paix, au naturel,
Un Amour pur et éternel
Avec Celui qui t’as désignée
Pour un jour bien lui succéder !
A toi, Ô Marie-Madeleine
Que je reconnais et que j’Aime,
Je donne le meilleur de moi
Pour te ressusciter en Joie !
Evalys
A
travers les vers
Le simple mot qui rime
à travers les vers
est celui que le pervers
met à l'envers
et l'insensé détruit
les branches invisibles
de cette poésie
qui mettent son coeur
à l'abri de cet univers
à l'envers.
youte colly
|
Mots
Cliquetis des mots sur le feuillet blafard
Des mots qui s’entrechoquent
« Currente calamo » (1) griffonnés au hasard
Du souffle d’une époque.
Scotomisation (2)
Effacement de la réalité sur la page
Nouvelle dimension
Où le réel prend la forme d’autres d’images.
Accouchés en douleur
Embryons de mots sanguinolents sous la plume
Anthracite couleur
De ces mots écrits les nuits, où la vie s’embrume.
Mots catharsis des spleens
Exorcisant les démons hantant la conscience
Mots exhortant les djinns (3)
De créer des féeries de luxuriance.
Passionnés ces mots
Qui pleurent et hurlent les blessures du monde
Mots presque marginaux
Luttant, acharnés, contre les bêtes immondes.
Mots se faisant miel
Pour offrir à la belle des bouquets de roses
Dessiner des ciels
Où les anges de l’amour se font virtuoses
Et au dernier sabbat
Mots gravant sur le marbre l’épitaphe ultime
novissima verba :(4)
« Les mots sont des rêves insensés et sublimes ».
(1) écrit rapidement, sans beaucoup de réflexion
(2) exclusion inconsciente d’une réalité extérieure du champ de conscience
(3) Démons musulmans bon ou mauvais
(4) Dernières paroles d’un mourant
Martin CODRON
Y'à des fois comme ça...
Y’a des fois comme ça !
Où on s’dit à quoi bon s’lever ce matin
Pourquoi se presser ? Si on s’est trompé de destin !
Y’a des fois comme ça !
On partirait bien à bord d’une roulotte,
Et sans rouler carrosse, on sillonnerait le monde
Sans s’arrêter, jusqu’à atteindre le Mont Sinaï.
Y’a des fois comme ça !
Quand les miroirs perdent leurs reflets,
Et n’ vous révèlent même plus votre histoire.
Y’a des fois comme ça !
Quand j’me sens à l’étroit,
Il me prend des désirs incontrôlables
De libérer les oiseaux bleus en cages
Et de briser toutes les cages.
Y’a beaucoup trop d’cages, d’ailleurs !
Y’a des fois comme ça,
On s’prendrait bien par la main
Pour s’enfuir sur le chemin !
Y’a des fois comme ça,
On vous annonce qu’il y a des trains qui déraillent.
Et c’est toujours la même bataille,
« Pot de fer contre pot de terre »
Et la Terre retourne à la Terre…
Et le Fer… ?
Y’a des fois comme ça !
Y’me prend des envies de grands silence,
De transparence, d’évidence
À rester dans ma coquille pour n’ pas qu’on m’abîme.
Y’a des fois comme ça !
Quand l’décor se cogne
A l’étau des grands boulevards.
Y’a des fois comme ça,
Lentes asphyxies des heures qui s’étirent,
Quand faut que j’respire !
Y’a des fois comme ça,
Y m’prend des envies de vertes prairies,
De bouffées d’oxygène à courir pieds nus dans l’herbe,
Des envies de grands soleils à regarder de près, et
À s’y brûler les yeux !
Y’a des fois comme ça !
…
Y’a des fois comme ça !
Quand je redeviens raisonnable,
Où j’ai envie d’entendre
Des « Il était une fois… »
Pour cajoler mon âme.
si
Si j'étais une ombre
sur ton destin je veillerais
si j'étais pauvre
mes tourments je t'offrirais
je ne suis qu'une ombre vrillée à son orgueil
la pauvreté a refoulé ma piété
de son palais jeté aux vents ,on m'a excommunié
si j'étais seul j'écrirais des poèmes
tu t'en rassasierais éperdument
si j'étais astrologue CRONOS m'obéirait
je ne suis qu'un parasite d'une solitude de carême
j'écris pour des abîmes ignorants
et ma vision est si étroite que l'espace s'enfuirait
si j'étais une tombe
en feu follet je me travestirais
si j'étais sobre
de la bruine je me désaltérerai
je ne suis qu'une tombe immolée à son cercueil
l'ébriété de mes chagrins s'est asséchée
de sa mante la brume m'a figé
raymonde verney
Tour d'Argile...
« A
toi, Etranger,
Je ne raconterai pas ma vie,
Je suis de celle qu’on devine
Dans les petits matins blêmes,
D’une Aurore qui se lève.
J’ai hissé à coups de pourquoi ?
Les contours d’une tour d’argile.
À ces mains fanées,
Toujours habiles
Qui nuit après jour,
Jour après nuit
Ont pétri le pain !
Fragiles !
Je resterai muette,
A l’écho de cette bluette,
Qui demeurera mystère.
Comme ce lien…
Qui me rappelle à ma chaîne ! »
Etrange, vous avez dit étrange,
Comme c’est étrange !
Vous auriez pu dire bizarre,
Je n’en aurai point été contrite
Peut être, suis-je démente,
Ou seulement incohérente,
Une incorrigible extravagante !
Ou alors déjà rance.
Mais c’était juste un petit gribouillage
Qui n’est sans doute pas à la hauteur
Du fameux « ramage »,
Mais voilà que je divague,
Et me laisse par mon imagin’âge,
Emporter vers les vagues,
Faut qu’je rejoigne le rivage
Avant que j’me fracass’ !
Mais reprenons le fil,
Je disais donc cher ami,
C’est un petit écrit
Qui m’est passé par l’esprit,
L’espace d’un instant,
Piqué au vif,
Comme ces fleurs aux épines,
Dont j’ai oublié le nom
Mais qui ont un parfum si doux.
J’avais envie de laisser
Comme trace de moi,
En hommage, ce billet doux
À un parent très cher,
Travailleur de ses mains
De surcroît
(Elles sont usées et fatiguées)
Puisqu’à n’en pas mentir,
Je sais de quoi je parle,
Il a façonné à la main,
Toute sa vie durant
Des ficelles, des bâtards.
Il est dans la boulang’ !
Et je voulais juste lui dire,
A ma façon je pense,
Sans employer le verbe aimer
Que je ne sais faire rimer,
Toute mon affection
Et à ma reconnaissance
Pour le « pain quotidien »
Victuaille à notre Buffet,
Qu’il nous a apporté.
Alors, que nenni, si cela ne rime
Si cela ne ressemble à rien,
Ni même à de la poésie,
Je ne suis pas le rimailleur
Des cartes postales.
Et le seul fait de paraître
Etrange !
M’apporte déjà beaucoup.
Car c’est à toi,
Que je le dois.
Papa !
Et je te dédie ce poème,
Même si je n’avais pas
Prémédité de l’écrire.
Voilà ! Je me suis encor’ une fois,
Laissée, par ma plume, emporter
Mais, ça aussi, c’est à toi,
Que je le dois,
Fascinée que j’étais,
Lorsque enfant…
Devant ta majestueuse écriture,
Que tu n’as pas eu le loisir
De pouvoir cultiver.
Car à toi, papa
On ne t’a pas laissé le choix.
L’école tu as du quitter,
Pour très tôt aller travailler.
Et la chance qu’on ne t’a pas donnée
C’est à nous tes enfants,
Que tu l’as offertes…
Et c’est le plus beau cadeau…
« A toi, qui façonne à la main…
Et même, si ce n’est qu’une tour d’argile,
Elle est bien moins fragile
et bien plus noble
Que la plus altière
Des tours d’ivoire ! »
Planète interdite
|