La Libre
N° 22 - Journal en fond poétique

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- Chanson enfantine pour la lune
- Le Clown
- Léger comme un moineau
- Monsieur Carnaval


Souffle...

J’ai demandé à l’Enfant,
Celui là même qui sous un toit
Vivait, le cœur bien au chaud,
Mais la vie à l’étroit,
Dessine moi le Beau !

Et l’enfant m’a crayonné,
En toute naïveté, la lune tamisée,
Cachée derrière des barreaux !

L’Enfant Poète, voleur de hérissons,
A qui je fis la même prière
Peignit simplement un bouffon
Et le para d’un habit multicolore
Orné d’éclats d’étoiles, costume d’apparat.

Et l’Enfant Poète
Gomma les barreaux
Pour libérer la lune !

Et l’Enfant Poète 
Offrit à l’Enfant en sanglots
Ce bel habit de lumière !

Et l’Enfant Lumière
Remit au Poète
La lanterne
Pour éclairer sa route.

Et l’Enfant Misère, enfant des rues
Qui n’avait comme toit de fortune
Qu’une vieille caisse en bois
Plongea les mains dans la glaise
Et du bout des doigts
Sorti du néant
Un bonhomme de boue,
Qu’il fit tenir debout
Rien que par son souffle…

Alors que l’on soit Roi, Poète ou Vagabond,
C’est toujours la même chanson,
Pour trouver l’inspiration
Il suffit de mettre son imagination
En Ré…création !

Planète interdite

 

La fleur du poète

Le printemps se réveille
La nature s'éveille
Le poète s'émerveille
De la fleur merveille

Il l'effeuille patiemment
Tendrement, doucement...
Avec paraisse 
Par de savantes caresses... 

Je T'AIME !

Le poète la découvre
La couvre
De baisers sur le rose délicat
De ses lèvres de soie.

UN PEU !

le poète s'abreuve 
De son sourire, de son rire
De son visage de rêve 
Épanoui à ravir. 

BEAUCOUP !

Le poète la protège
Délicieux manège
De ses gestes adroits
Pour l'entourer de ses bras.

PASSIONNÉMENT

Il entre dans son regard étoilé
S'émeut de sa timidité
C'est sa muse, son amour
Sa passion de tous les jours...

Le poète lui déclare sa flamme qui le brûle 

Un peu plus chaque jour, il la hume. 

Un peu ? 
Beaucoup ! 
Passionnément... 
A la folie ma fleur ! 

Écrit le 06 février 2004

Tite Fleurbleue-Yo

 

Divin Soleil

Je m’adonne avec grand délice
A tes caresses de chaleur
Qui sont toujours douces et propices
A dissiper peurs et douleurs.

Tu es brillant pour accomplir
Tous ces miracles, qui me laissent
Si épanouie, tel un sourire
Rayonnant de joie et tendresse.

Ô Toi, Soleil, tu donnes à tous
Un immense bonheur fraternel
Par ta lumière dense et douce !

Je te rends hommage éternel
D’être ce modèle pour tous
De l’Amour inconditionnel !

Evalys

 

 

PENSEES DE PIERROT EN Mars

Les paisibles sont comme des quilles,
Qu'on renverse à coups de boulets,
Rarement le soleil brille,
Les alliances passent au triboulet.

Une petite poussière de paix,
Dans tout ce brou haha de guerre
Un grain de sable, petit, oui mais
Il pèse dans le sablier.

Grains de sable dans les engrenages
Des rapports et des grands profits
Nous montrent chaque jour davantage:
La guerre n'est qu'un mal acquis !

***

Que l'hiver est long , mon Amour !
La neige est encore revenue.
Mes perce-neige et mes narcisses,
Je les avais perdus de vue...
Pierrot attend que sable glisse! 

Glisse la Paix en avalanche,
La randonnée est dangereuse.
La colombe se gèle sur la branche
Insouciante la belle est heureuse. 

Le silence me parle de toi,
Depuis que je t'ai entrevue,
L'oiseau s'est caché sous le toit,
Et le printemps est "guère" en vue ! 

***

Chut Arlequin, ma poupée dort.

Elle a grand besoin de repos.

Elle vient d'attraper froid dehors.

Garde pour un autre demain,

La surprise de tes propos.

Le printemps fera son chemin,

Pour l'instant le silence est d'or !

***

Il est parfois dangereux
de jouer dans la maison.
Les dragons crachent leurs feux
Les cancrelats leur poison.

Ne vous effrayez donc pas
Des ruines de ce forum.
Ensuite tout s'arrangera
Après ce Capharnaüm !

Pierrot n'en croit pas un mot.
Dos tourné et face au mur.
Le printemps est là bientôt,
Mais bien loin dans la nature.

***

Printemps est arrivé 
Nouveaux rêves, nouveaux nés !
Beau vert arrive enfin, 
Et nous n'avons plus faim. 
Les derniers bourgeons sortent, 
Finies les amours mortes ! 

Ainsi chante nature.
Pierrot voit que les hommes,
Brandissant leurs armures,
Vivent très mal en somme !

P.F

 


Citations

Ecrire, c'est la manière la plus ostentatoire de garder silence - c'est caresser l'espoir qu'un chapelet de mots puisse déboucher sur une parole vraie. (Marc Gendron - Romancier québécois)
 
Quand le peuple perd l'espoir, sa colère finit toujours par s'exprimer. (Jacques Chirac)

On doit continuer à chercher pour trouver. Quand le soleil se perd dans la nuit, l'espoir guette un reflet. (Louise Gélinas)

Chaque pas mène vers un résultat escompté ; l'espoir se mesure au degré de combativité. (Fatou Diome - Ecrivain sénagalaise)

L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable (Paul Verlaine)

Nos vies sont faites d'événements majeurs qui n'ont pas eu lieu, elles sont l'écume de ces espoirs sans suite (Dominique Noguez - Ecrivain français)

La douleur persiste pour qui n'a pas d'espoir. (Hazrat Ali - Khalife musulman)

Si l'espoir fait vivre, ceux qui vivent d'espoir meurent de faim (Arsenic)

C'est l'imagination qui étend pour nous la mesure des possibles, et nourrit les désirs par l'espoir de les satisfaire. (Jean-Jacques Rousseau - Ecrivain et philosophe suisse)

 

Poème récité

 

 

Si vous avez une chanson "amateur" que vous voulez faire découvrir, un poème récité, envoyez le moi à laplumelibre@free.fr avec les paroles écrites et le fichier audio

 


L'ange des dragons

 

Naissance de Firuth


L’histoire qui suit se déroule sur la planète Erfareath, à l’âge d’or de la civilisation des Torins.
Les Torins sont des être longilignes, qui ont la particularité morphologique d’avoir trois jambes, deux bras, d’être quasi imberbe, d’avoir le visage plus ou moins face au ciel comme des tournesols. Leur peau est ambrée, leur façon de se mouvoir dans l’espace est semblable à celle d’acrobates unijambistes. Pour le reste, mise à part qu’ils sont vêtus d’une manière assez sobre, dans du tissu fait d’écailles de dragons broyées, et qu’ils ont leur propre fêtes, alimentations, leurs mœurs est assez semblable à celle des humains. La plus grande différence entre leurs vies et la notre, réside dans leur univers, la faune et la flore qu’ils côtoient, le fait qu’ils ne se servent essentiellement sur ce qui meurt « naturellement ». 

C’est sur cette planète que les dragons vivent en caste, ou parfois apprivoisés par les Torins, parfois un danger. Leur couleur est assez significative de leur caractère. Les rouges sont les plus féroces, comme si le sang des imprudents qui tombent sous leurs crocs, leur donne ce teint vif qui les caractérise. Les verts, les plus pacifiques, font de bonnes montures, de bons protecteurs. Le plus grand des dragons ayant jamais été observé, est un dragon noir, surnommé Morgoth, vivant dans une grotte des étendues d’eau gelée du nord de la planète. Le dragon adulte le plus frêle, est un dragon bleu, surnommé Lutinth, vivant parmi les siens sur une petite île où fourmille des rivières, en marge du continent principal de la planète. On dit que l’eau de cette île, prend sa source dans un cœur de cristal d’un dragon ancestral, enfoui au plus profond, et conférant aux dragons bleus la capacité de cracher de l’eau bouillante. Certains dragons sont même capables de construction. Ainsi, les dragons blancs et les dragons d’or, ont fait à la sueur de leurs griffes, des cités fastes en marbre, composées essentiellement de tanières, de gardes manger. 

C’est dans un village Torin, Rieumosin, au bord de l’immense plaine liquide, que prend source l’histoire. Un tout jeune dragon vert, répondant au nom de Firuth, dont les parents avaient été occis par des braconniers, après avoir passé quelques semaines dans une pièce incubatrice, voit pour la première fois les lueurs de la double fleur de feu en l’an de grâce 25 après Tareth. Tareth était un dragon mauve, le dernier dragon de cette couleur, qui est mort après une épique lutte pour sauver les êtres vivant en harmonie avec d’autres dragons « pacifique », menacés par une horde de dragons noir et rouge, lié sous une même bannière par un mage démoniaque sortit des cercle infernaux, d’après la légende.

Comme tout dragonnet qui se respecte, Firuth est sortit de sa coquille tout seul, et a suivi le couloir surnommé le couloir du « Souffle du feu », en raison des quelques jets de flammes non maîtrisés par leur créature en guise de rot. En sortant du bâtiment en forme de coupole sous les yeux ébahis de jeunes Rieumois, Firuth virevolte des ailes, un peu effrayé, puis vient se scratcher contre les parois du mur d’en face, surnommé le mur du scratch. Le bébé oscille sur place, tournant la tête de droite à gauche, les yeux mi clos, cherchant les sources des petits rires, ou des murmures compatissants.

« Allons les enfants, retournez à vos jeux, vous pourriez vous faire brûler… »

La voix féminine qu’entend Firuth a pour effet de l’apaiser immédiatement. Sortit d’une porte annexe à l’entrée principale du dôme, la Rieumoise s’approche de lui. Elle tient dans ses mains un sceptre à l’effigie des dragons, et est vêtue d’une toge estampillée par un beau dragon vert. Elle s’agenouille prêt du dragonnet, libère une de ses mains et la tend vers son museau. Se voyant accepter sans aucune remontrance, elle commence à se concentrer, glisse sa main le long de son coup, puis lui parle, lui murmure au creux de l’oreille, dans une vieille langue censée pouvoir être comprise instinctivement par les dragons :

« Tout doux mon bébé. Dis moi, comment tu t’appelles ? Moi c’est Lirandra, jeune prêtresse des dragons de ton espèce. »

Elle n’obtint pour réponse qu’un simple reniflement, pouvant présager un souffle de feu. Firuth se leva brusquement, et se rua à sa gauche. Lirandra n’eu le temps de pointer sa canne, et de proférer une incantation, que l’animal était déjà sur un ballon rouge dans l’air. Le ballon avait échappé des mains d’enfants qui s’amusaient, et volait vers la jeune prêtresse. La rencontre entre les deux masses quelques peu disproportionnées, eu pour effet d’envoyer dans les airs très très loin le jouet en patte de lin. Le dragon avec peine stoppa sa course, mais y parvint sans blesser quelqu’un. Lirandra soulagé s’en approcha de nouveau, posa la tête de son sceptre sur la tête du dragon : « Tu te nommeras Firuth, le protecteur au tempérament plus vif qu’une balle de Firall * »

* Le Firall est un jeu en équipe dont le but est d’envoyer une balle dans un cercle de feu, après rebond sur un mur. Des règles précises ont été établies, quand à la fabrication de la balle, les distances entre le mur et le cercle ect… et il existe des variantes… mais malheureusement, cette histoire se passant dans un temps révolu, nous sommes dans l’incapacité de vous fournir des précisions. ; )))


L’attaque de Rieumosin


Lirandra dressa, apprivoisa, Firuth toute une année. Au cours de cette période, le dragonnet apprit avec la prêtresse, à communiquer avec les torins, à juguler son souffle, à voler, à viser juste. Enfin, viser juste est un bien grand mot considérant que la zone atteinte par un jet de flamme dépasse facilement les 4 mètres de diamètre, mais, sans chipoter au mètre prêt, il y a une différence non négligeable entre atteindre une cible tracée au sol, et cramer les cheveux d’une formatrice découragée placée à une vingtaine de mètres derrière. Au bout du compte, le dragon vert réussit quand même ses « examens » de passage, et fut même autorisé à jouer avec les enfants.

Au bout de trois mois, lorsque le dragonnet n’en était plus tout à fait un, il avait rejoint l’antre réservé à ceux de son espèce, dans une gigantesque dragonnerie. Les habitants de Rieumosin n’avaient pas lésiné sur les moyens pour mettre à l’aise les créatures, gigantesques pour certaines, même si en moyenne, les verts sont des dragons d’envergure moyenne. Ces derniers, rendaient la pareille à la « générosité » de l’hospitalité offerte de plusieurs manière : aide à la culture des champs et à la mise en jachère, taxi volant ne demandant pour consommation qu’un bon gros karken de temps en temps (les karkens sont des sortes d’orcs à quatre pattes), protection du village contre d’éventuels bêtes féroces, garde manger pour les dragons morts au combat, animal de compagnie affectueux lorsqu’il ne mord pas, ne griffe pas, et ne crame pas… 

Au milieu de tous ses pairs, Firuth fut comme un poisson dans l’eau, ses progrès se ressentaient lorsque venait l’heure de son apprentissage, mué par une force invisible. Un jour, il brilla même face à un dragon plus âgé, dans une joute mensuelle, visant à divertir les torins, et à offrir un peu d’action aux corps écailleux. Ainsi, alors qu’un dragonnet doit suivre deux ans d’apprentissage avant de partir à l’aventure avec sa prêtresse, Lirandra prit un infime plaisir à la fin de la première année, à fêter l’anniversaire en volant avec lui au dessus des plus beaux paysages d’Erfareath. Comme vous décrire un tel plaisir des sens ? Entre les figures exécutées dans le ciel, la sensation de vitesse, d’apesanteur, de légèreté, les merveilleuses plaines, forêts, montagnes, fleuves, océans survolés, la cavalière de Firuth atteignit le septième ciel à sa façon. Ciel qui fut magnifique au crépuscule, lorsque les crins des fleurs de feu embrasèrent les nuages.

Lirandra tenant fermement son sceptre, collée à Firuth pour mieux s’assurer, prêt de son oreille murmurant en vieux dragon> « Tu es un esprit emprunt d’une grande soif de liberté mon Firuth, puisses ton destin être forgé de la paix du dragon ».

Ce dernier qui était plutôt avare en réponse jusque là, à la grande surprise de la prêtresse, communiqua avec elle par la pensée, grâce à ses pouvoirs psychiques, télépathiques> « merci ô gente amie, je ne souhaite que te servir, mais mon cœur me dit que de sombre présages sont à venir, le ciel est beau ce soir, mais au loin s’éteignent des lueurs d’espoirs, je le sens, trépassent des verts… ».

A ces mots, Lirandra manque de se déséquilibrer. Firuth ayant sentit un danger, l’inquiétude, l’angoisse la gagne, la submerge à son tour. Son compagnon de fortune, le devance dans ses ordres de retour au bercail. Après quelques heures de battements d’ailes, l’équipage arrive à porté d’horizon du village. Une fumée, puis un feu incandescent se profile. Des titanesques dragons virevoltent dans le ciel en crachant des rivières de feu. Pour la torine, nul doute qu’il s’agit de dragons rouge. La frayeur la ronge de plus en plus. Nul dragon vert n’est dans le ciel pour défendre ses amis, parents, voisins. Ont-ils eu le temps de sortir ? Ou ont-ils déjà tous succombés ? Elle eu la question a ses réponses après quelques lieus supplémentaires de parcourus, dans une vision morbide : des dragons verts en marge des chaumières presque toutes calcinées, avaient les côtes éventrées, les ailes brûlées, au milieu de la grande place où une statue de dragon trônait, un grand nombre de Rieumosins sont morts la lance à la main. Un dragon rouge était tombé, et était venu fracasser la statue, gisant à quelques mètres de là.

Lirandra est déboussolée, décontenancée, elle ne sait que faire, où aller, que demander à Firuth. Firuth est lui aussi hésitant, faisant maintenant du surplace. Il est poussé à agir de son propre en chef, une horde de dragons rouge se détachant du nuage cracheur de morts rongeuse. Il se cabre, et fonce sur la droite. Mais il n’est pas assez vif, rapide, pour échapper à la vitesse de ses homologues rouge. Il tente un vol en rase motte prêt des rares murs encor debout, avant de faire en sorte de « déposer » son amie à terre, et de finalement tomber dans les griffes d’une majestueuse dragonne rouge après une course poursuite de quelques secondes supplémentaires. A la fin de la course poursuite, il perd connaissance. Il n’a pu fermer les yeux soulagés, ne sachant ce qui a pu arriver à sa prêtresse. 

L’asservissement


Quand il ouvre les yeux, Firuth se sent tout perdu, et quelques peu endolori. Il s’est retrouvé dans une vaste grotte carrée d’environ 500 mètres de côté, 50 mètres de hauteur, où d’impressionnants dragons rouges virevoltent entre les ouvertures hautes « perchées ». Non loin de lui, une dragonne rouge l’ignorant, se pourlèche les pattes visiblement esquintées lors de l’escarmouche passée.

Le dragon vert, accolé à une paroi, sent qu’il a du mal à lever la tête, à bouger les ailes. Un « rapide » coup d’œil sur ses ailes, aussi rapide que peut l’être une balle lancée en orbite dans un espace totalement vide, où la pression immobiliserait un géant des glaces surfant sur une pente de 45 °, par une douloureuse rotation, lui permet d’établir pour tout diagnostique qu’il est probablement agonisant. Le long du mur rocheux, imbibé d’eau mousseuse, d’autres verts gisent inertes, au milieu de carcasses squelettiques. Firuth s’allonge de tout son long, la tête sur le sol, il laisse ses orbites se poser sur la scène d’un dragonnet rouge visiblement mort dans sa coquille entrouverte par sa mère. Cette dernière pousse un langoureux gémissement. 

Quelques instants passe, durant lesquels Firuth repense à ce qui s’est passé, aux instants qu’il a vécu en compagnie de Lirandra. Puis, alors qu’il sent ses forces s’évanouir dans un brouillard annihilateur de sens, une voix qu’il connaît bien, raisonne dans sa tête : le « spectre » de sa prêtresse apparu à ses côtés, lui susurre quelques paroles pour le rassurer, et lui prodigue quelques conseils. Il lève la tête dans sa direction, souriant avec un peu de mal.

Lirandra : « Tu es devenu une sorte de prise de guerre, et tes blessures sont importantes, mais l’espoir est de ton côté. Par contre, ne dépense pas ton énergie pour moi, reste allongé. Une fois que je disparaîtrai de ta vue, tu retrouveras des forces, et tu devras te laisser guider par ton instinct. Nous nous retrouverons en temps et heure voulue, mais je veillerais à ce qu’il ne t’arrives pas malheur d’une manière ou d’une autre ».

A la disparition de son amie, Firuth grommèle comme seul un dragon sait le faire, avec un petit jet de flamme et de la fumée sortant des naseaux. Il reporte à nouveau son regard sur le dragonnet rouge qui n’a pas toujours pas bougé d’un pouce de Torin. Sa bouche fermée, ses écailles rougeoyantes ternies, auraient rameuté nombre de braconniers avides de chaire tendre facile à capturer, à stocker. Il faut dire que la viande d’un bébé dragon venant de mourir d’une mort naturel, cuite à feu doux avec des grognons (équivalent des oignons, mais possédant la faculté de s’exprimer - comme la plupart des végétaux de la planète – en grognant, qui a la particularité de faire pleurer), des bougeottes (des carottes, silencieuses de la bouche, mais bougeant beaucoup), du rireriz (du riz rieur), est devenu un met de luxe.

Mué par une force hypnotique, Firuth se lève, se rend compte qu’une de ses ailes a été salement amochée, puis se dirige vers la coquille avec quelques difficultés inhérentes à la composition du sol cabossé. Alors que la dragonne qui s’est désintéressée de la coquille, il saisit avec sa bouche le mort né, l’extrait de sa coquille, et le remplace. Pendant son manège, des dragons adultes ont continué d’aller et venir en haut de la grotte, mais nul n’a véritablement fait attention à ce qui se tramait. Les dragons au sol, entre les quelque feux qu’ils ont alimentés de matériaux obtenus dans les villages détruits, sont trop occupés, soit à panser leurs blessures, soit à déchiqueter certaines de leurs proies pour en faire de la bouillie pour leurs petits, ou soit sont trop loin.

Notre bon ami, bien qu’étant devenu deux fois plus grand qu’un bébé vert, est à peine plus grand qu’un rouge, et peut se lover presque parfaitement dans l’œuf, à quelques craquelures prêts. Il hésite à sortir sa tête, puis, en se levant, dans un petit gémissement, il arrive à attirer l’attention de la dragonne, qui retrouver le sourire en « courant » dans sa direction. Un sourire visible uniquement pour ceux qui ont appris à reconnaître, à étudier, les significations des infimes mouvements de mâchoires. La dragonne, bien que pas dupe de la non appartenance à son clan de la bestiole qu’elle a en face d’elle, prêt de sa tête maintenant, décide de l’adopter, de prendre soin de lui.

C’est ainsi que par ce subterfuge, Firuth réussit à « s’infiltrer » parmi les agresseurs de son village adoptif. Néanmoins, s’il a sauvé sa peau, sa mère adoptive n’ayant son mot à dire que pour préserver sa santé, le choyer sur les premières semaines, sa place devient vite celle du vilain petit dragon, du fait de la couleur inhabituelle de ses écailles. Un vilain petit dragon qui fait vite jaser les dragonnes au quatre coin de la grotte, dans des longs souffles stridents qui s’amplifient avec l’écho. Un vilain petit dragon, qui aussi, se fait vite asservir par les dragons males dominants; des menus tâches lui étant demandées, de celles qui sont d’habitudes demandées au dragon « boiteux », comme alimenter le feu, aller chercher des carcasses dans le garde manger.

(A suivre)

 

© Pascal LAMACHERE

 

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