La Libre
N ° 11 - Journal en fond poétique 

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Page 1

- Silence on massacre
- Annonces/concours
- Jeu d'écrit à plusieurs
- Le Fatras
- Poème en langue étrangère

Page 2

- Poèmes à l'air du temps
- Chronique : Correspondance en…un clic
- Citations
- Chanson
- A l'autre bout du jour

Page 3

- Poèmes d'auteurs à l'affiche
- Interview

- Cours texte et conte heroic fantasy


Poésie et vie

Emerveiller les hommes et les faire rêver
Inventer un monde de toute beauté
Faire l'éloge de la nature
Et aider les hommes a être plus mature
Faire accepter les difficultés de la vie
En imposant une harmonie au corps et a l'esprit
Rappeler à l'homme son passé triomphant
Mais ne pas oublier que sa vie n'est qu'un instant
La vie et la poésie sont en tout point semblable 
Il n'existe en ce bas monde rien de plus aimable....


© Aiolia


De profundis

Quelle impudence! mon passé m'a accostée ce soir
il me nargue, volubile et hâbleur
ma bonne dame j'ai pris la liberté de vous revoir
en hommage à vos beaux yeux , acceptez ce livre d'heures
déjà la jeunesse émet un doute et la vieillesse se met en route
ne fuyez plus , regardez moi!comme vous êtes pâle!
sur mon épaule d'affreux nabot pleurez! je vous écoute!
j'ai le coeur sec ,mais pour vous je tombe une larme
petite!allons boire à la santé des revenants
le jour se fâche, la nuit se parfume de noirceur
réconcilions passé et futur à la table du temps
saoulons les heures et diluons notre aigreur

 

Paroles I

Chaque soir, du rouge crépuscule à la nuit étoilée,
Autour de lui se rassemblent les visages étonnés.
Il laisse s’épandre, l’or des paroles sacrées,
Il conte les prodiges, des couleurs éclatantes,
Comme une traduction de tout ce qui enchante.
Il leur ravit les sens et les laisse grandis.

Chaque soir, du rouge crépuscule à la nuit étoilée,
Les larmes scintillent et coulent illuminées
Glissant sur les joues brunes et les barbes usées.
Ses yeux parfois méditent et l’on sait qu’il s’élève
Du bleu d’un océan palpitant dans ses rêves.
Le silence vibrant souffle en eux, le vertige.

Chaque soir, sous les arbres, à la fraîcheur tombée,
Il marche seul , s’assoit sur la pierre vénérée. 
Dans sa robe en poussière, il paraît argenté, 
Et rassemblant la foule, suspendue à ses lèvres,
Conteur au doux visage, dans une extase brève,
Il dépose sur les cœurs, la soie de sa tendresse,

La force de l’ Eveil et l’ aube de la Sagesse.

 

Ma maison

Est-ce une Vérité? Est-ce un Mensonge?
Serait-ce un Rayon échappé d'un Songe?
Est-ce une Folie ou bien la Raison?
Est-ce un Mirage, là, dans l'horizon?

Sur ces flots où j'ai pu marquer mon nom
Près de la mer, j'ai construit ma maison
Et je l'aime car, c'est dans son silence
Que j'ai vu mourir puis naître la chance.

Une maison sans pailles, sans bois, sans meubles
Une maison que seuls mes rêves peuplent
On veut me la prendre mais personne n'ose
Elle disparaît quand leurs pieds s'y posent.

Ici, mes sourires et mes pleurs se mêlent
Ici, toutes mes ambitions se révèlent
Là, je peux vivre dans ma solitude
Et je peux m'échapper des habitudes.

C'est mon lieu à moi, c'est ma vie à moi
C'est là que je peux découvrir mon Moi
Ici, personne que moi ne gouverne
C'est là que ma paix et ma foi se cernent.

C'est une Vérité, c'est un Mensonge
C'est une Réalité et un Songe
Ma Vie, ma Mort, c'est aussi ma Maison
C'est bien ma Folie et c'est ma Raison

© Rana

 

L'argent

C
ertes, l’argent ne peut procurer
Tout le bonheur, toute la paix.
Car, friqué, mais des nuits horribles,
Quoique dans un lit moelleux, effrayé.

Parfois, des insomnies, venues de
Réflexions pour maintien de fonds
Même, des déceptions et chocs
D’un amour désiré, raté…

Du moins, avec l’argent, 
Vous publiez votre récit.

Avec l’argent le pouvoir est créé,
Et il dirige vers le sens du devoir.

Votre famille, par lui, reçoit 
Valeur, et dignité, de surcroît.

Il vous instruit jusque
Dans la mesure du goût

Vous êtes entrepreneur,
Employeur et, pour le fond,
Bailleur. Avec l’argent.

Il vous déplace à votre gré,
Au nord des usines, 
Ou au sud de congrès.

Votre argent vous honore 
Vos filles avec mariage 
Haut en couleurs, alliance
De plein respect. Alliance.
La honte n’ayant pas de lot.

Il vous charge, d’autorité, 
Votre parole, quelle qu’elle soit.
Il vous réalise vos projets
En les exauçant l’un l’autre.

Vos vacances sont des pèlerinages,
Des prospections, des découvertes,
Et jamais des mendicités,
Causées par des médiocrités.

L’argent, une affectation,
Vous recommande, et ce,
De façon bien orientée,
Vers d’autres friqués.

L’argent, vraiment contagieux!

Vous roulez dans une marque
Flambant neuve, bien solide 
A la félicité et sous curiosité,
Par votre argent. L’argent…

Par lui, vous devenez “ à négocier”
Toute la liberté est bien à vous.
Vous avez encore le choix,
Quand d’autres n’en ont pas.

L’argent vous amène partout.
Vous ouvrez, grâce à lui, portes,
Portails, coffres-forts et tout.
Vous ouvrez, même des coeurs.

Est-ce vrai?

Il vous change des voitures
Comme l’on change singlets,
Chaussettes, sans murmures, 
C’est l’argent…

Le soleil d’Afrique vous chauffe,
En vous rayonnant en oeuvre d’art,
Tellement splendide dans votre tenue,
Votre santé, toujours bien entretenue.

La gourmandise disparaît,
l’argent vous pacifie
Même votre estomac privé,
Faute de temps, d’aliments. 

L’argent vous attire tout, 
Les salutations des Grands, 
Le haut respect par les petits, 
Et votre présence considérée.

Par l’argent, l’on domine, 
Même sur les caprices et
Enervements de la nature. 
Rien ne vous nuit. 

Apparemment.

Par lui, vous êtes la proie,
Le chéri de télévision, 
Et des artistes en quête, 
Toujours en quête de sponsors. 

Il vous crée, et rapidement,
Un monde à votre charge 
Et surtout sous votre contrôle. 
Qu’est-ce, l’argent?

On le cherche au sud,
Il apparaît au nord, 
Au centre, introuvable, 
Peut-être à l’est, sinon ouest.

On en prive des ayant droit.
Des meurtres et autres cruautés,
A cause de lui, lui, l’argent. 
L’argent, qu’est-ce alors?

© Didier Veka

 


Interview d'Elie Nad

(Interview d'Elie Nad réalisée par Katia HACENE) 

 

1 - Elie Nad, vous êtes une artiste talentueuse, mais apparemment pas encore très connue. Pouvez-vous vous présenter ? (identité, vos origines, situation de famille, lieu de résidence, etc.) 

« Je m’appelle Danielle Monego ( Elie Nad est l’anagramme de mon prénom), je suis née le 11 mars 1955, à Clermont-Ferrand ( Puy de Dôme ), où j’ai vécu toute mon enfance, avec mes parents, mes 7 sœurs et mon frère. Italienne par mon père, auvergnate par ma mère. La première partie de mon enfance, je n’en ai pas beaucoup de souvenirs, si ce n’est que je ne me sentais pas très « bien » dans une famille aussi nombreuse, et que j’aimais m’isoler dans mes rêves, dans les bouquins, et aussi dans la natation, que nous pratiquions tous en compétition.

Ensuite, à 15 ans, j’ai rencontré celui qui a fait changer ma vie et qui en a fait un magnifique soleil : l’AMOUR !

Plus rien n’avait d’importance, j’aimais et me sentais aimée.. fabuleux !
C’est en 1974, après avoir passé avec succès le diplôme de maître nageur sauveteur, que je quittais l’Auvergne et ma famille pour aller occuper mon premier poste dans une piscine de la région parisienne. J’ai choisi la région parisienne tout simplement pour me rapprocher de celui que j’aimais passionnément..

En juillet 74, j’ai appris que j’attendais un enfant.. j’ai pleuré de joie, bonheur en apprenant cette nouvelle !… et je me souviens que le médecin alors est venu vers moi et qu’il a caressé ma joue, me disant : « tu n’es qu’une toute petite fille. » J’avais 19 ans.

Pour des raisons que je comprends aujourd’hui, l’amour de ma vie m’a quittée alors et j’ai attendu mon enfant seule. De toute la ribambelle de filles de la famille, j’étais la première à attendre un enfant, et je n’étais pas et n’allais pas me marier ; j’étais un peu la « honte » de la famille, le vilain petit canard, la fille facile.

Un rayon de soleil à ce moment-là : ma grand-mère maternelle, qui, par ses courriers, la fierté qu’elle avait de moi et qu’elle exprimait, me donnait sa force et sa confiance. Merci à toi Mémé d’être restée à mes côtés !
Une magnifique petite fille est née…et nous avons quitté la région parisienne, pour aller nous installer dans le loiret.

Quelques années de panique morale, pendant lesquelles je me suis sentie doucement couler. Le regard des autres, le jugement d’apparence, l’apriorisme, je ne les ai pas supportés. Je me sentais jugée, mal jugée et j’ai réagis à ma façon, c’est à dire mal. Me mettant plus bas que terre, faisant n’importe quoi, me détruisant. Je ne suis pas fière de cette période de ma vie, mais elle m’a appris beaucoup de choses. 

Puis un « sursaut » d’énergie, grâce à ma fille et j’ai décidé de partir, encore une fois. Nous sommes retournées en région parisienne, en seine et Marne cette fois, pour y rester, de longues années. Je m’y suis mariée en 79 et quatre enfants sont nés, au fil des années. Des enfants fabuleux, source de tant de joies !

Puis la maladie est arrivée, transformant beaucoup de choses dans ma vie..
Aujourd’hui, je vis dans l’Aube, à Villenauxe la grande où je suis venue m’installer après mon divorce, avec mes deux plus jeunes filles et où nous vivons depuis trois ans. »



2 - Parlez-nous un peu de vos oeuvres. Depuis quand chantez-vous ?… comment avez-vous débuté ?… Combien de CD avez-vous enregistrés ?…comment et avec qui travaillez-vous, etc.

« Je crois que j’ai toujours chanté.. j’ai toujours aimé ça, en tout cas ! j’ai commencé à écrire de petits poèmes quand j’avais 14/15 ans, couchant sur le papier ce que je ressentais. Un besoin extraordinaire d’exprimer, de vider. J’écrivais pour moi, c’était mon secret, mes secrets, que je n’avais envie de partager avec personne.

Je me suis mise à la guitare, un peu par opposition à mes parents qui auraient bien voulu que je fasse du piano ou de l’accordéon quand une amie m’a prêté une petite guitare. J’ai appris les accords de base dans des bouquins et j’ai posé des mélodies simples sur mes paroles. Influencée sûrement par les chanteurs que j’écoutais sans m’en lasser : Léonard Cohen en tête, Simon & Garfunkel, Georges Moustaki, Hugues Aufray..

Avec mon premier salaire de M.N.S, je me suis acheté ma première vraie guitare, une guitare folk. Je n’ai plus rien écrit pendant des années, gardant juste dans ma tête les petites chansons d’avant. Le besoin d’écrire de nouveau est revenu à l’époque de mon divorce et j’ai osé à ce moment-là faire écouter ce que je faisais à mes plus proches amis, mais sans plus. Et c’est avec David, petit copain d’une de mes filles, musicien de grand talent, que j’ai appris à prendre confiance en moi musicalement. Nous passions de longs moments à bosser sur mes musiques et sa joie de les travailler me donnait une énergie que je ne me connaissais pas ! il aimait ce que je faisais et j’ai fini par y croire !

C’est à travers Internet que j’ai réalisé que ce que je faisais pouvait plaire à d’autres qu’à ceux qui me connaissaient. Un ami m’ayant demandé de mettre mes textes sur son site, j’ai eu la surprise de voir que mes mots pouvaient toucher. Un grand bonheur aussi ! Puis quelques personnes m’ont demandé de leur faire écouter les mélodies et j’ai envoyé des extraits, enregistrés en direct sur mon pc. Plusieurs ensuite m’ont fait savoir qu’ils aimeraient que je leur enregistre une k7, ce que j’ai fait pour certains.
J’ai pensé pour la première fois enregistrer en studio. Mais les studios contactés n’étaient pas abordables, financièrement, pour moi. De plus, lorsque je disais que j’étais en fauteuil roulant, on me répondait que ce n’était même pas la peine d’y penser, que le fauteuil n’était pas médiatique, quel que soit le talent.

Et j’ai appris par un ami qu’à Montereau, un studio d’enregistrement proposait des tarifs à ma portée, dans le but d’aider ceux qui avaient peu de moyens. J’ai téléphoné et un rendez-vous m’a été donné pour un week-end d’enregistrement, très rapidement ! J’ai contacté David, que j’avais perdu de vue depuis une année, pour lui proposer d’enregistrer un cd avec moi. Il a accepté de suite et nous sommes partis. Nous avons bossé rapidement quelques heures pour retrouver une certaine complicité musicale et nous avons enregistré.

Pour étoffer un peu notre musique, le responsable du studio nous a proposé d’ajouter un peu de batterie, de djumbé et même un saxo ! La jeune Marine, que nous n’avions jamais vue, est venue nous rejoindre, a écouté et a eu envie d’improviser à son tour, avec son saxo. Le cd était né !

Par la suite, nous avons continué de travailler chaque semaine avec David, puis rejoints par Richard au djumbé. Marine habitait trop loin pour continuer.

Quelques prestations locales, quelques passages sur des radios locales aussi, et des encouragements à continuer...

Mais depuis fin juillet 2002, je travaille seule. Le « groupe » s’étant dispersé, je ne sais trop pourquoi. David et sa guitare me manquent énormément. Mes musiques, sans lui, n’ont pas la même richesse, la même beauté. C’est mon avis en tout cas ! »

 


3 - Avez-vous rencontré de grands artistes ?…notamment des chanteurs connus ? 

« Non, je n’ai encore jamais rencontré personne du monde de la musique... ni connus, ni peu connus ! Beaucoup de gens m’ont dit connaître un tel ou un autre tel, m’affirmant qu’ils allaient leur parler de ce que je faisais, mais à ce jour, aucun contact.. .

 

4 - Je crois que vous êtes atteinte d’une maladie neurologique, ce qui vous donne beaucoup plus de mérite. Pouvez-vous nous en parler et nous parler aussi de votre implication pour améliorer la vie des personnes handicapées ?

« Oui, je suis atteinte d’une maladie neurologique évolutive. Mais je ne pense pas que ça me donne plus de mérite.. sincèrement ! Cette maladie m’est tombée dessus en 89, brutalement. Et il est vrai que ça a changé ma vie ! me donnant une envie fabuleuse de vivre, une envie comme je ne l’avais encore jamais réalisé !  

Curieusement, au départ, je n’ai pas été catastrophée par cette atteinte, un peu comme si je sentais intérieurement que j’avais quelque chose à vivre là. Sans trop savoir comment l’expliquer. Pour moi ? pour les autres ? je ne sais pas. Lorsque ça ne me pose pas de problème, je ne me pose pas de question.. me contentant de me laisser porter.

Puis il y a eu tous les examens, diagnostics, noms de maladies à faire trembler, intervention chirurgicale sur le cerveau, et le pire, suspicion de conversion hystérique, puisque mon comportement n’était pas « standard », malgré une narco analyse réfutant un problème psychiatrique. Si j’ai tout compris, je ne devrais pas être capable de faire autant de choses avec cette atteinte. Mais TOUT ce que je pourrai faire et TANT que je pourrai le faire, je le ferai. Quoi qu’en pensent les médecins que j’ai cessés de voir depuis quelques années. Et je me bats chaque jour contre moi-même pour ne pas penser à cette maladie. Pour ne pas en faire le sujet principal de mes jours. Si je pense maladie, je suis malade. Si je pense vie, je reste vivante ! Avec le temps, je me rends compte que j’ai de plus en plus de mal à prendre le recul nécessaire pour assumer au jour le jour les évolutions quand elles se présentent. Ça me fatigue beaucoup, mais le regard de mes enfants me donne la force de continuer, de toute façon, ainsi je me suis investie longtemps par le biais d’associations au service des autres, handicapés ou non, sans différence en esprit. Le message que j’avais envie de faire passer étant et restant toujours la même : Nous sommes tous des personnes à part entières et nos différences font nos richesses. Les témoignages de chacun pouvant faire avancer l’autre. Je crois en la grande ronde autour du monde... Et je fais confiance dans la vie de demain. »

 

5 - Quels sont vos projets, vos ambitions, vos souhaits… ?

« Mon projet : Vivre pleinement ce que je dois vivre ! 
Mon ambition : oser vivre pleinement !
Mes souhaits : j’en ai plein ! j’aimerais pouvoir faire un nouvel album et être reconnue en tant qu’auteur compositeur sans que le handicap n’intervienne. 
Qui sait ? un jour peut-être, vivre de mes chansons et laisser à mes enfants et à leurs enfants une trace matérielle de mon passage. J’aimerais rencontrer léonard Cohen, dont les chansons m’ont toujours bouleversée profondément et qui a accompagné une grande partie de mes jours
J’aimerai chanter sur scène ( mais ça me fait peur !!!!!!! ) Et... j’aimerais déjà être en mars 2003, car ma première petite fille est attendue ! la petite Anatoline qui fera de moi une grand-mère ravie de l’être !! »

 

6 - Peut-être quelque chose à ajouter ? 

« Non, juste que j’ai eu beaucoup de mal à parler de moi… pas facile !
J’ai peut-être trop développé par moments, pas assez à d’autres.. je ne me rends pas compte. Vous me le direz de toute façon ? Je ne suis pas habituée aux interviews…c’est une première ! Et j’ai préféré le faire rapidement, pour ne pas trop réfléchir.. .


 

Entretien réalisé par Katia HACENE, journaliste, écrivain.

http://site.voila.fr/k.h.services

 

Gamin

Si j'avions su gamin t'aurais laisser à rêver jusqu'à midi. Je me sens pleine d'idioties à rouspéter à t'laver vite.

Si j'avions su gamin j'aurais claqué sur tin joue plus d'un becquot, à cht'heure t'aurais le nez couleur chocolat et tin sourire nutella serait là tout le jour,l'savon serait à causer avec le lavabo de solitude.

Si j'avions su gamin, t'aurais tenu loin dl'institution, loin de l'ordre des mots qui faut causer comme y faut. T'aurais ben suffit d'savoir pour demain et les suivants qu'lamour et ses tourments ça suffit pour faire son homme.

Si j'avions su gamin, t'aurais inventer des récréations jusqu'à plus d'heure. J'aurais ben ri d'la boue sur ton plastron que t'dire au lit gamin le jour se lève tôt. T'avais point envie d'dormir j'aurions écouter toute la nuit tes histoires de dragon.

Mais j'ai point pu savoir gamin, que ta vie s'finie dans l'cerceuil qui se fiche d'la géographie et dl'histoire de France. Y en a pour raconter des choses ben folles, que t'es plus heureux à cht'heure avec les anges et le bon dieu. T'avais du souci à t'faire des amis, pour sûr eux y t'ont jamais vu, t'vas pleurer gamin.

Mes mains se tordent, le coeur crie trop, douleur chagrin, qu'tin histoire finie avant d'te faire époux et père. Ma vie sert à quoi si tu me vois pas vieillir, suis qu'une mère qu'à plus à se soucier. 

M'faut attendre qu'la société m'file la maladie, m'jter dans le trou c'est brûler en enfer pour m'tenir loin de tes bras, alors j'serais sage gamin comme toi.


© ANNY

 

*****

 

L'arche de l'espace Fantasy 



Au fil des siècles, nains, elfes, humains, et orcs, les 4 espèces majeures, dominantes de la planète, avaient évolué, surtout dans l'esprit, et la technologie, et avaient fini par cohabiter. Un certain nombre s'était même réuni dans des cités, où l'on pouvait trouver un cadre très riche : grottes réelles ou artificielles, proches de marais, forêts, arbres géants où reposaient les bâtisses d'elfes, en marge de champs, et des bâtisses au ras du sol, abritant la vie et les activités de tout un chacun. 

Dans l'évolution "technologique", tous avaient aussi apporté leur contribution: les shamans orcs avaient développé leurs pouvoirs de soin, de protection, et de guerre; les nains avaient développé des armes, et des armures, en collaboration avec les humains qui avaient développé, participé au développement de bon nombre d'objets, de technologies, dangereux ou très utiles, parfois, ni dangereux, ni utiles; les elfes avaient surtout développé leur art, et tenté, parfois vainement, d'orienter les innovations pour les bienfaits de la nature. Là où les nains haïssaient les elfes, où les humains enviaient les atouts de chacun, où les orcs sanguinaires aimaient arracher les membres de leurs contemporains, où les elfes prenaient de haut les vices des autres, il ne restait plus que boutades, proverbe du style "Un nain lancé, vaut mieux qu'une flèche tirée par un humain", "Vaut mieux pas s'approcher d'un orc qui a les crocs (qui a faim)". 

Une vie que l'on pourrait qualifier de paisible s'était ainsi peu à peu installée, et le nombre d'êtres vivants avait considérablement augmenté. Mais l'adage sur la répétition de l'histoire se confirmait de nouveau... Des pénuries sur toute sortes de denrées apparurent petit à petit, des rixes entre peuples, pays, contrées, voisins, prirent de nouveau de l'ampleur, faisant faire marche arrière à la paix. Les tensions sur la différence de corps, de moeurs, et d'appétits avaient disparu, mais arrivèrent et prirent de l'ampleur les frustrations, et les tensions dites de compromis, jusqu'à quelques "explosions". Dans leur sagesse, et fort des connaissances, et erreurs, du passé, des elfes avaient poussé encore et encore à la réflexion. Des sommets de toute part eurent lieu. Mais personne ne semblait avoir ‘La’ solution... 

Un jour d'automne, pour prévenir l'arrivée d'un rude hiver, dans la cité Rêvions, les habitants s'étaient réunis de leur côté, afin de trouver une solution à la crise. Leur technologie et leur magie leur permettaient de faire pousser même l'hiver, sous cloche, à l’aide de boules de feu artificielles, des plantes, du blé, des vignes et du houblon. Ils avaient même fini par faire l'élevage de masse, au grand dame des amoureux de la nature. Malheureusement, ils s'étaient rendus à l'évidence, c'était devenu insuffisant. Trigon, l'humain en charge d'administrer la cité, avec ses conseillers, avait une idée derrière la tête, mais il voulait d'abord inviter tous les membres de sa communauté à s'organiser en conséquence. Et alors que les arbres ondulaient au vent, que leurs feuilles dansaient, prêtes à tapir l'humus, que quelques gouttes s'écrasaient sur le sol, s'infiltraient pour aller nourrir les végétaux, le tocsin retentit, et une voix fut diffusée, allant même à contre courant du vent, pour demander à tous les Rêviens de se retrouver dans la salle des conseils. Les nains sortirent de leur demeure souterraine, accoutrés de casque-parapluie, les orcs en plein sport laissèrent de côté leurs crânes, les humains quittèrent leurs chaumières, leurs marchés, délaissèrent leurs occupations, sans avoir auparavant soigneusement enfermé ou mis en sécurité leurs biens, les elfes se firent aider des fées pour descendre au plus vite de leurs hauteurs, ou certains passèrent tout simplement par les chemins des arbres rejoignant les passage communs. 
Trigon et ses conseillers étaient en bas d'un hémicycle, un peu comme des gladiateurs dans une arène, ou tout simplement des professeurs dans un amphithéâtre, prêts à apprendre à leurs élèves de toutes espèces, comment l'univers avait évolué depuis la petite graine d'une déesse arrosée par l'essence de son dieu. Certains étaient assis, à l'instar de Trigon, d'autres étaient debout... Bientôt, le bâtiment les vit tous affluer, s'asseoir en masse. La plupart des nains s'étaient mis au premier rang, pour pouvoir mieux voir, et puis pour des questions de commodité de taille (même si il y avait des marches surélevées, ils auraient eu leur vue cachée par les autres). Quand tout le monde fut présent, en allumant un écran, un des membres du conseil mit fin au brouhaha. Il y avait une carte de l'ancien temps, et une carte spatiale. Tous avaient hâte de savoir le motif de la réunion, et ce qu'ils avaient devant les yeux les intriguait. Kaline, une nerlk (née de l'amour entre un orc et une elfe), conseillère des recherches Rêviennes, s'avança pour prendre la parole... 

Kaline : Bon, vous voilà réunis pour un tournant qui nous concerne tous, mais qui devrait concerner aussi tous les habitants de notre planète ! Pour commencer, nous allons vous parler du pourquoi, puis de l'objectif, et en fin, du comment... Le pourquoi il est tout simple, il concerne la crise que nous traversons, et puis au delà, les envies de voyage, de découverte des uns et des autres, en apprendre plus sur l'univers qui nous entoure... 

Des étoiles commencèrent à naître au fond de certains yeux, et des murmures à s'élever. Ils devinaient de quoi il s'agissait... 

Trigon toussotant, se leva de son siège : Vous connaissez tous la logique guerrière de nos ancêtres ? Hors mis le plaisir qu'ils en retiraient ? Si nous ne voulons pas faire de retour en arrière, que les uns et les autres ne s'envient leurs richesses, nous devons avancer main dans la main, et surtout, nous étendre là où nous ne gênerons personne... 

Kaline : Il ne s'agit pas tant de conquérir, mais de découvrir, et de nous installer là où nous ne gênerons personne. Nous avons quand même auparavant étudié toutes les ressources à notre disposition, fait des calculs que nous vous soumettons, car ce que nous avons en tête, demandera une part de sacrifice ! 

Des courbes, des tableaux, des camemberts, apparurent à l'écran, fascinant l'auditoire... L'exposé continua sur l'analyse, les théories, puis... 

Trigon : Voila, au final, nous avons conclu qu'il nous fallait tenter d'aller sur d'autres planètes, comme dans les derniers récits de nos bardes. Cela à l'air infaisable, disons, difficile, mais il ne faut point désespérer. Nous allons dans une première phase, expérimenter, ensuite, nous tenterons de joindre à notre cause les autres cités, royaumes, pour enfin, passer à la phase réelle. Avant de vous demander si vous avez des questions, vous vous demandez sûrement, quel va être votre rôle ? Certains partiront, d'autres resteront... pour atteindre notre objectif, nous devons rassembler toutes les connaissances et la main d'oeuvre nécessaire. Les conseillers ici présent, ont fait des calculs, des plans relatifs à leur spécialité. Je vais d'ailleurs bientôt laisser Surek (conseiller semi-homme, né de l'amour entre une elfe et un nain) parler du recensement, des technologies et des tâches de chacun.... Des questions ? Non ? 

Trigon attendit une bonne minute, pour voir. Il laissait poser les questions, surtout pour détendre l'atmosphère, et pour permettre à l'auditoire, de digérer la nouvelle. On entendit le murmure des insectes, pas une personne ne se leva, ou fit entendre ne serait-ce qu'un battement de bouche. 

Le projet était ambitieux, un des plus ambitieux jamais porté, non, le plus ambitieux, plus ambitieux même que la cartographie de la planète et ses astres proches... la magie, seule, ne pouvait aider à son aboutissement, à amener des êtres au delà des frontières respirables, sur des distances inimaginables. Lorsque l'exposé fut totalement fini, chacun reçu un fascicule et des instructions. Tous n'accueillirent pas la nouvelle avec joie. Certains métiers, les chercheurs travaillant sur les armes surtout, devaient arrêter leurs études, et rejoindre les départements d'urgence. Ces départements d'urgence, tournaient autour de la recherche agronomique, l'étude de la gravité et des moteurs, l'étude des matériaux. Les magiciens avaient la part belle, car ils avaient leur place partout, et c'était dans la continuité de leur travaux. 

Trigon : Nous nous reverrons dans quelques mois pour faire le point, d'ici là, les conseillers et moi-même, avec ceux qui ont été désignés comme émissaires, nous allons devoir rallier les autres cités. Bonne fin de journée à tous... 

La population réunie resta assise, non pas par politesse, histoire de laisser sortir en premier toute la clique des élus, mais afin de discuter avec son ou ses voisins. Les discussions, les extrapolations allaient bon train. Certains orcs semblant encore sous "l'emprise" de leurs instincts, se demandaient pourquoi on attaquait tout simplement pas les cités voisines pour leur manger quelques membres, et y prendre des victuailles, mais c'était pour la plupart sur le ton de la raillerie. Puis, au bout d'une bonne demi-heure, la marche vers la sortie s'entama. Trigon, Kaline, Surek, Gune le conseiller elfe de la magie, Dimelle la conseillère elfe des arts, Astrek Ran, le conseiller orc de la défense, Lynmli la conseillère naine de l'économie, Groukmon le conseiller humorc (mi homme, mi orc) de la boustiffaille et de la recherche, en compagnie d'Aadra, humaine, spécialisée dans les matériaux, étaient sortis par une porte spéciale, menant à une pièce extérieure. Ils s'étaient déjà bien installés lorsqu'ils purent voir le défilé des Rêviens, les voir tout en palabrant, rejoindre leur habitacle. Seul Trigon n'était pas assis. Sous la cloche de verre il restait debout, à regarder les cieux. 

Kaline : Ils ont plus vite digéré la nouvelle que je ne le pensais... 
Gune : Oui, par contre ce sera une autre affaire avec les autres cités, même nos plus proches voisins. 
Aadra : Pour les aventuriers qui s'y risqueront, il faudra que nous en reparlions. Avec Surek et Gune, nous pensons que le corps sera soumis à certaines contraintes dans l'espace, et nous devrions peut être instaurer un système de tests... 

Trigon retourna son regard vers ses conseillers et amis. 

Trigon : Hmmm, nous devrions être les premiers à tester. Vous n'êtes pas sans ignorer les risques. J'espère que nous serons en mesure avec vous tous ici présent de former la première équipe. Ou peut être des responsables, scientifiques de certaines cités voudront participer d'eux même. 
Dimelle : Pourquoi parler de scientifiques en priorité ? Il y aurait sûrement bon nombre d'artistes prêts à entreprendre le voyage, malgré les risques qu'il comporte, ne serait-ce que pour voir de plus près ce que nous avons tant loué depuis des millénaires. 
Trigon : C'est que, les instigateurs se sentent une certaine responsabilité vis à vis de leur bébé, et surtout pour le premier voyage, il faudra des personnes à même de pouvoir agir dans des situations de crise. Il faudra tous que nous planchions sur les connaissances requises, que nous les fassions notre... 
Groukmon interpellant Trigon de la main : Je suppose que nous allons rester ici ce soir à débattre ? Je vais demander à ce que l'on nous amène des collations... mieux ! Je vais allé en chercher... 
Kaline : Très bonne idée. Il nous faudrait aussi, euh, c'est une petite surprise que j'ai en tête, je viens avec toi. 

Alors que la double fleur de feu s'assoupissait, que les étoiles germaient sur l'océan du monde, les discussions continuèrent sur le projet, et les dates prévues pour les avancées. Les autres Rêviens s'en étaient allé festoyer une dernière fois avant de s'attabler avec acharnement au challenge qui leur avait été lancé. Ils avaient conscience que la tâche allait être ardue, mais ils avaient confiance, et l'envie surtout. Le baume au coeur, ils se déchaînèrent sous la musique et le chant des bardes. Groukmon et Kaline sortis par la seule et unique porte en verre de la pièce, déambulèrent à travers le couloir, bifurquèrent non pas vers l'amphi, mais vers une des sorties qui donnaient à la réserve des pâtissiers. Kaline prit son temps pour choisir un met, forger avec de la mousse un vaisseau, pendant que Groukmon allait au grand marché. Ils revinrent finalement avec quelques victuailles, de l'hydroboise de la meilleure des cuvées, et un gâteau. 

Kaline rentrant dans la pièce toute souriante : J'ai pensé que cela serait un des derniers moments privilégiés que nous pourrons passer tous ensemble, avant que la tâche ne nous submerge. 
Lynmli : Vous avez bien fait... j'espère que vous avez pensé à noter ce que nous prenions ? pour que ceux qui comptent les vivres, les recettes et les dépenses s'y retrouvent ? 
Groukmon : Ah, la la... les nains... je comprends que votre taille vous pousse à avoir les pieds sur terre, mais.. 
Lynmli : Ah ! Ah ! Très subtile... Sachez que sans nous... 
Kaline : Oui, c'est bon, j'y ai pensé, ne vous faites pas de soucis... 
Trigon secouant la tête en souriant : Bien, bon, nous allons pouvoir finir de nous répartir la visite des cités... Ingénieux au passage l'idée du vaisseau en crème... 
Kaline : Mirci... J'ai ajouté quelques framboises pour le réacteur qui ne se voit plus, et des morceaux de pommes pour les ailes... 

Dimelle se pencha de plus près sur ce qui venait d'arriver, humant avec ses papilles, puis fit finalement le service. Tout en se rassasiant, ils bouclèrent assez vite la répartition des tâches pour les semaines à venir. Ils avaient conscience que cette journée était un tournant dans leur vie, dans la vie peut-être même de toute la planète, avant le jour J d'un éventuel décollage. Ils profitèrent de cette nuit pour trinquer, et faire la fête à leur manière. Le lendemain, à l'aube, alors que la cité dormait enfin sous l'apparition des premiers écrins, quelques silhouettes sortirent du bâtiment de la réunion, et quelques autres de leur habitacle respectif, vêtues comme si elles allaient partirent à la guerre, ou du moins pour un long périple. Ils se réunirent tous, avec chevaux et carrioles, à la grande place. Ils répétèrent leurs instructions, demandèrent à des mages d'enchanter les pigeons mis en cage, de manière à ce qu'ils retrouvent la trace des uns et des autres, pour pouvoir se tenir informer de l'évolution des contacts et des négociations. Puis le salut, et le départ, dans un doux silence (le chant de feu des dragonoc - croisement entre un coq et un dragon - faisait plus de bruit qu'eux)... Ils étaient pleins d'espoir, l'avenir pour eux, les faits de leur côté... Malheureusement, les jours, semaines et mois à venir, allaient leur enlever quelques unes de leurs illusions. Ils avaient comme premier espoir de rallier une bonne fois pour toute, toutes les cités, sur un projet unique, tourner les têtes dans la même direction, la même envie. Et, alors qu'ils essayèrent de ramener à leur cause les cités, même les plus proches leur fermèrent l'avenir de l'aventure spatiale au nez : certains responsables appréhendaient l'échec, les sacrifices à faire, d'autres avaient des croyances qui leurs interdisaient de déranger l'espace des dieux, là où les étoiles respiraient, pensant qu'ils pouvaient les étouffer, d'autres encore, pensaient que ce genre de projet ne pouvait être fait en commun, que la communion des connaissances, des mains, n'était pas nécessaire, et puis d'autres enfin, pensaient qu'il fallait mettre tous leurs efforts dans une bonne répartition des vivres, de l'économie de la planète. Les pigeons spéciaux ne leur servirent que pour parler des échecs, et reporter la date de retour dans leur Rêvien natale. Au bout de 3 mois, ils se retrouvèrent... seules quelques personnes habitant des zones isolées, avaient accepté de les rejoindre. Et, au bout de ces mois, le constat de l'avancée des études, ne fut pas très glorieux non plus. Les différents chercheurs, magiciens, techniciens, ne savaient pas trop dans quel sens pousser leur recherche. Trigon fit de nouveau une réunion, au cours de laquelle il expliqua sa vision de l'espace, de ce qui devrait être fait, tentant de regalvaniser les troupes. Il demanda à certains magiciens d'enfermer du vide spatiale dans une coupole, que des scientifiques pourraient étudier. Les mages étaient de ceux qui avaient le plus avancé. Il faut dire qu'ils étaient directement passés à la phase réelle de l'expérimentation, le meilleur moyen de faire avancer pour eux le schmilblick. 

Quelques temps passèrent encore... à peu près 6 mois... Quand vint la phase test de la mise à feu pour envoyer un objet dans l'espace, ce fut une nouvelle désillusion. Une grosse explosion eut lieu avant même que l'objet en question, inhabité, ne décolle. Moindre mal, il n'y eut pas de victimes. L'espoir restait néanmoins présent, de l'échec, ils réussirent à retirer un enseignement. Les conseillers se documentèrent sur le savoir nécessaire. Ils devinrent aussi callés que leurs administrés, purent même conseiller, diriger les études, les faire évoluer dans telle direction. Puis, ils purent passer le test spatial, de la résistance corporelle, s'isolant quelques mois, avec des cultures qu'ils prévoyaient d'emmener dans l'espace. L'expérience mit en évidence qu'ils avaient presque tous les compétences requises, qu'ils étaient pleins de ressources. Seul Lynmli et Surek n'avaient pas été jugés suffisamment fort, et d'ailleurs ne se sentaient pas de faire le sacrifice de leur personne. 
Au bout du compte, un premier lancement fructueux pu avoir lieu après deux années de labeur. Il avait était conçu un carburant spécial à base de houblon, et les nains avaient forgé des matériaux plus solides que du mythrill. Quand à la magie, elle allait surtout être nécessaire pour faire pousser des plantes sur d'autres planètes, voir aider à créer une nouvelle atmosphère, ou à protéger les aventuriers de l'espace. L'heure approchait où Trigon, Kaline, Gune, Dimelle, Astrek Ran, Groukmon et Aadra, allaient fouler pour la première fois l'espace. 

L'équipage angoissait du départ. Ils avaient beau savoir comment s'y prendre en cas de danger, les moyens pour pouvoir rester en contact avec les Rêviens allaient être limités, et personne ne pourrait venir à leur rescousse. Ils eurent le droit à quelques cadeaux fort utiles pour leur départ, armes, livres de magie... mais le stress ne pouvait disparaître. Des animaux, des plantes, entrèrent en premier dans l'habitacle, puis, l'équipe, au complet. Derrière une barrière de sécurité, les Rêviens secouèrent leur mouchoir en guise de salut. Le jour J était arrivé. L'émotion était à son comble. Il n'y avait pas de nuages dans le ciel. Sur le pas de mise à feu, un halo de chaleur dansait sur place. Il y avait peu de vent. 5, 4, 3, 2, 1... 

Trigon sentit son coeur s'envoler, prêt à exploser, il eut l'impression qu'il allait s'évanouir. Non, ce n'était rien d’autre que le plancher qui vibrait. Il n'était pas habitué, et paniquait presque. Aadra qui vit les gouttes de sueur, et les yeux de Trigon tourner, le rassura en lui disant d'une voix douce "C'est normal, ça va passer, c'est la forte poussée nécessaire au décollage qui provoque cela". En réponse, il lui sourit à moitié... Au bout d'un bon milliers de battements, la chamade se tut, tout revint à la normal, permettant aux membres d'évoluer dans l'habitacle, de vaquer à leur première tâche commune : s'assurer que tout fonctionne après le décollage. La satisfaction fut au rendez-vous. Les plantes et les animaux étaient en bon état, l'habitacle aussi. Toute l'équipe réunie dans le compartiment principal (comprenant tout le confort nécessaire : sièges, cuisine, lavabo, écran de mesure-magie) se congratula d'avoir cru jusqu'au bout que c'était possible. La lumière artificielle se mit soudain en place... Ils étaient déjà dans l'océan de l'univers. 

Trigon regardant par un hublot : Bon, pour l'instant, nous pouvons faire ce que nous voulons, si vous voulez pousser les études sur la création de l'atmosphère, c'est possible. Je pense que les ressources du labo que nous avons pris sont presque inépuisables, surtout si nous recyclons... 
Dimelle : Si ça vous fait rien, je vais dessiner les animaux et les plantes, avec un arrière plan étoilé, c'est du jamais vu... 
Groukmon : Je viens avec toi, je vais voir comment ils se comportent, et il faut bien les bichonner, vu le temps que nous allons passer avec eux... 

Gune, Astrek Ran, et Aadra s'en allèrent sur la pointe des pieds vers le labo, afin d'y faire des expériences, des créations, relatives à leur spécialité. Trigon et Kaline restèrent seul. Kaline tourna les yeux vers Trigon... 

Trigon : Cela ne te fait rien si nous restons ensemble ? Pour admirer le paysage... 
Kaline : Oui... Dis, Trigon, tu crois que nous verrons d'autres peuplades, que nous ne sommes pas seul dans l'univers ? 
Trigon : La magie des grands mages fait parfois naître des créatures que nous n’avions jamais vu... l'un d'eux m'a expliqué qu'un jour il les appelait tout simplement d'une autre dimension, les faisait traverser l'espace et le temps... 
Kaline : Il peut s'agir de créatures divines... 
Trigon : Oui, c'est vrai... mais si cela est possible, alors pourquoi pas des créatures normales, sur d'autres planètes ? qui doivent sûrement se poser les mêmes questions... 
Kaline scruta le noir de la nuit, cherchant une toute autre lueur à travers les fleurs célestes : Hmmm.... Trigon ? je... 
Trigon se rapprocha de Kaline : Oui mon amie ? Tu as peur aussi qu'il puisse nous arriver malheur ? 
Kaline secouant la tête : Non, ce n'est pas ça... Je... 
Trigon crut réaliser ce que ressentait Kaline, et se mit à rougir : Je... je crois... enfin, je ressens aussi... 
Kaline se rapprochant, effleurant l'épaule de Trigon, et riant : Que nous devrions prendre des notes sur le nombre d'étoiles que nous percevons ? 
Trigon sarcastique : Oui, et que nous devrions tracer une carte stellaire... bien sur, j'en rêve... 
Kaline : Hmmmm... si tu veux... mais 

Trigon fit une bise sur la joue de Kaline qui s'arrêta de parler. Elle tourna la tête, plongea ses yeux dans les siens, avant de se blottir dans ses bras. Ils restèrent là quelques instants à regarder les étoiles, sans dire un mot. Ils eurent l'impression que l'univers leur chantait une symphonie, un tam tam. 

Kaline : Dit, tu entends aussi ce doux murmure ? 
Trigon riant : Je crois que ce sont nos battements... 

Leur engin spatial, traversa l'espace à toute vitesse, sans encombre. Une très bonne ambiance régnait, et malgré l'ennui parfois de ne pas savoir trop quoi faire, la beauté de certaines planètes les fascinait tous de nombreuses heures. De temps en temps, des flux magiques étaient lancés pour tenter d'avertir les Rêviens de leur bonne situation, et pour percevoir l'atmosphère, les conditions de vie, des planètes qui parsemaient leur chemin. Des mois durant, ils ne trouvèrent rien de satisfaisant. Le carburant, et les forces magiques de Gune, commençaient à faiblir. Il ne leur restait que deux alternatives : faire demi-tour, ou tenter de s'établir presque au hasard. 

Les premiers animaux vinrent à mourir sans s’être reproduits, et les plantes commençaient à perdre de leur splendeur. 
Alors qu'ils débattaient du sort de leur expédition, une planète primitive, se rapprochant de leurs exigences, fut détectée. Après quelques réflexions quant au peu qu'elle offrait (hormis son immensité), et quant au meilleur moyen d'y atterrir, pour se préparer à d'éventuelles mauvaises surprises, ils entamèrent l'atterrissage. Tout s'annonçait bien, lorsqu'un curieux objet non identifié, les heurta, une sorte de pieuvre noire fait d'amas stellaires. Derrière, une curieuse forme de Dragons, semblait se débattre avec ses tentacules titanesques. Trigon qui eut le temps de les voir, se conforta dans l'idée qu'ils étaient proche d'une autre civilisation. Il aurait voulu pouvoir se concentrer sur l'extrapolation de l'origine, de l'utilisation des masses en question, mais leur habitacle se mit à tournoyer dans tous les sens. Ils perdirent tous leur équilibre. Ils faillirent manquer la trajectoire leur permettant de toucher la terre, mais réussirent à garder le cap. L'habitacle sentait le feu, mais il semblait que le tout tenait bon. L'ennui résidait dans les tournoiements, le contrôle qu'ils avaient perdus. Ils pouvaient encore évoluer d'une pièce à l'autre, avant que... d'un coup tout s'emballa. Des vapeurs vinrent cacher la vue, la vitre d'une fine couche de diamant surchauffait elle aussi... puis... 

Scratch... Plonmb, scroum, plang, pling, Scploumpfff.... 

L'engin avait touché terre, ou s'était plutôt éparpillée sur le sol... Certains membres, dont Tigron, furent envoyés valdinguer à une centaine de mètres, dans un air irrespirable, sulfuré, calciné... Gune, Astrek Ran, et Aadra qui s'étaient relevés près du matériel, réussirent à créer une bulle d'isolation, à commencer à installer les habitacles. Aadra essaya ensuite de mettre en application les produits censés créer une atmosphère sur la planète, pendant que Gune tenta d'appliquer ses pouvoirs magiques. Mais rien ne semblait marcher. Groukmon ne se relevait pas de l'endroit où il avait été catapulté, non loin de Trigon. Trigon, meurtri, encore sous le choc, alla le voir. Mort, le visage crispé... Il regarda l'étendue des dégâts, les animaux eux aussi morts, éparpillés, les plantes desséchées. Ses premières pensées allèrent à son devoir... Il fallait qu'il trouve un moyen de donner des nouvelles à la planète mère. Leur faire part des risques, de leur échec. Comment ? Non, il devait d'abord aider ses amis... Kaline ? où était elle ? 

La tragédie ne devait pas s'arrêter là... Trigon fut le deuxième membre à mourir, en voulant essayer de sauver Kaline et Dimelle, qui n'avaient pas été éjectées d'une partie du vaisseau, tombé sur le chemin d'une rivière de flamme. Elles étaient bloquées par une plaque de fer encastré. Ils asphyxiaient tous trois. Les trois autres étaient trop loin pour venir à leur secours. Il sauta dessus, de toute ses forces réussit à arracher la plaque, avant de tomber en arrière, de plonger dans les flammes de l'enfer, disparaissant sans un cri... Kaline avait failli réussir à le rattraper dans la foulée de l'action, mais une jambe et des côtes cassées, l'empêchèrent de mener à bien son élan. C'est elle qui cria, puis elle resta prostrée... Dimelle tenta de la secouer. Rien n'y fit. Kaline commençait à étouffer, mais elle ne bougea pas. Dimelle tenta de la prendre sur ses épaules. Plus de force, plus de courage. Elle regarda au loin la bulle d'isolation qui avait été mise en place, puis se rassit aux côtés de Kaline, déboussolée elle aussi, désorientée. Elles étaient à mille lieux de leur rêve, en plein cauchemar, ne sachant où elles étaient, si ce n'est un petit point dans un univers chaotique. Elles fermèrent les yeux, puis leurs battements finirent par cesser. Gune, Astrek Ran, et Aadra se demandaient si ils devaient aller voir ce qui se tramait. Gune puisa toute sa magie pour se déplacer dans le plan astral, et voir de ses propres yeux. Il revint à lui, pour apprendre aux deux autres, la triste nouvelle, ils étaient les derniers survivants. Leurs efforts leur semblèrent vains. Ils tentèrent néanmoins jusqu'au bout d'appliquer leur science, jusqu'au dernier souffle, à la dernière respiration, au dernier battement, au dernier flux de conscience... en l'honneur des défunts, de l'espoir qui avait été mis en eux... 

Ô ! Destin funeste, puisse par delà l'espace 
Et le temps, trouver ces vaillants une place 
Dans l'univers, puissent ils trouver la paix, 
La soif de merveilles qu'ils étaient venus chercher... 

Ô ! Planète inconnue ! tu as en ton sein, 
Récupéré des êtres brisés venus d'ailleurs, 
Dans tes tripes volcaniques ils ont trouvé fin, 
Puises dans leurs corps pour que sonne ton heure. 

C'est ainsi que cette conquête de l'espace s'achevait... Il ne restait plus que des cendres, des ondes de magie qui s'évadaient à droite et à gauche, des corps sans vie, qui furent vite recouverts par de la lave. Personne pour rendre hommage à ses premiers et uniques aventuriers des étoiles, personne... excepté quelques bactéries qui trouvèrent là de quoi se multiplier, et muter, et des plantes qui finirent par pousser, avec une atmosphère qui se mit à retardement (de quelques décennies, dû à l'immensité, en surface et en profondeur, où de nombreuses crevasses souterraines étaient reliées) en place. Cette planète au fil des siècles, des millénaires, allait connaître une évolution hors du commun, des épopées, des héros, des déchirements, des chutes, des renaissances... cette planète n'est autre que la notre...

© P.L

 

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