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N ° 14 - Journal en fond poétique 

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Chronique d'âmes "errantes"


Sous le masque

Vos sourires me sont des grimaces 
Et vos paroles du poison 
Vos bonnes intentions, des menaces 
Et votre salut un affront. 
Vous n'effleurez que la surface 
Et ignorez tout du tréfonds 
Campés derrière vos carapaces 
Elles sont votre unique horizon. 

Rien qu'à vos trop bonnes manières 
On devine dans vos égards 
Une tartuferie altière 
Vous trahissant dans vos regards. 
Dire qu'au long d'une vie entière 
Vous n'avez cessé de jouer 
Toute une comédie grossière 
Dans laquelle vous restez piégés. 

Vous n'êtes plus qu'un simulacre 
Marionnettes de vos rancœurs 
Que vos habitudes consacrent 
Et qui blindent aussi votre cœur. 
Encordés aux même artifices 
Arrimés à vos préjugés 
Jetez simagrées et malices
Au cimetière des vies gâchées. 

Savez-vous seulement vous-même 
Qui existe sous votre fard ? 
Redoutez-vous l'instant suprême 
Du face à face dans le miroir ? 
Il faudra bien un jour ou l'autre 
Se regarder tel que l'on est, 
Moitié judas, moitié apôtre, 
Semis de bon grain et d'ivraie.

dédié aux hypocrites de tous poils

© Jean-Marie Audrain

La revanche de ma plume

Suis allé prendre ma plum’ pour écrire une histoire.
Elle s’est lovée, joyeuse entre trois de mes doigts,
Pensant, bien sûr, c’est lui ! Il est tell’ment bavard…
Qu’il va écrir’ d’un coup ! tout ça va filer droit…
Un roman historiq’, un bouquin, un pavé,
Un scénario d’enfer, un synoptique adroit..
C’est moi qui vais noircir, c’est moi qui vais graver !
Sur toutes ces feuilles blanches, l’auteur ce sera moi!

Lorsque trois heures plus tard, sur ma table accoudé,
Même pas le premier mot, j’avais encore trouvé,
Fâchée et humiliée, ma plume dépitée,
En un spasme violent, d’un coup s’est toute vidée
Et sur ma main posée, qui attendait encore
Sur la pile de papier que mon esprit l’honore,
Elle s’et toute épanchée, et un en temps record,
A NOIRCI TOUT LE PAPIER !

© Un visiteur

 

Histoire de mots

Il y a les mots impossibles à décrypter ou
Les mots faciles à interpréter.

Il y a les mots sensés ou
Les mots incohérents.

Il y a les mots qui fascinent ou
Les mots qui laissent indifférents.

Mes mots ont une âme.

Quand ils sont inondés de chagrin,
Ils pleurent à chaudes larmes.

Quand ils débordent de joie,
Ils éclatent de rire sans retenue.

Quand ils sont bavards,
Ils se confient à la terre entière.

Quand ils se taisent,
Ils échafaudent des projets incertains.

Ces mots,
Je les écris sur ton absence
Pour inventer mille désirs.

Mes mots ont une âme.

Au ciel, au soleil, aux étoiles, 
A l’herbe, à la fleur,
Ils s’ouvrent éperdument.

A chaque instant de bonheur ou d’espoir,
Ils construisent un pont d’amour 
Jusqu’au bout de l’univers.

Ces mots,
Je les écris sur ton coeur
Pour retrouver le bien-être.

 

Les mutants

Nous sommes les mutants d´un monde de flamme
Prisonniers de notre passé
Nos grands pères étaient les esclaves
D´un monde trop organisé.

Nous sommes un silence qui éclate en lumière
Et avant que nos routes ne tombent en poussière
Nous connaîtrons le creux de la terre
Et ses abîmes et ses forêts

Nous sommes un silence qui éclate en lumière
Nos routes sont messagères de vie
Mais un soleil s´apprête à brûler
le squelette cancérisé de nos nuits.

Nous sommes les mutants d´un monde de flamme
Prisonniers de notre passé
Nos grands pères étaient les esclaves
D´un monde trop organisé.

© JJ Mel

 

Haikus

Aujourd'hui, le champ
De blé vire au rouge avec
Les coquelicots.

 

Amour sur ordonnance

Pour toi seule, j'avais repeint
La voûte du ciel en bleu-reine
Et mon passé en lavis gris.
Sur l'amitié j'avais jeté
Un indéfectible anathème
Pour qu'aucune ombre ne nous frôle.

Pour ton nom, j'avais composé
Des poèmes incandescents,
Des aubades oh combien précieuses
Dont nulles oreilles étrangères
Ne devait cueillir le murmure.

Sur ton ordre, j'avais promis
Qu'aucune parole épanchée
Ne figerait en des mots sûrs
Ce qui, à toi, pourrait me lier
Entre à jamais et pour toujours.

Pour te garder, j'avais renié
Tous mes regrets, tous mes projets,
Tous les relents du temps qui passe
Pour mieux nous fondre dans l'instant
Vers où fuient nos lignes de vie.

Sur le Livre, j'avais juré
De ne nourrir aucun remord
Si la flamme venait à chanceler.
L'âme embrasée jusqu'au tréfonds
Je ne croyais ni aux frimas
Ni à la bise des jours défunts.

Après tant d'années aux longs mois
Je ne pouvais t'imaginer
Sans ce doigt posé sur ta bouche
Sans ton regard de terre brûlée
Cautérisant mes cicatrices.

Jusqu'à ce qu'enfin je découvre
Trois lettres gravées au pied du lit 
Pudique réponse à ma supplique
De donner un nom à demain :
Un couperet comme un verdict
Sans appel et sans vains adieux.

Comme au sortir d'un film noir
Par ce mot "fin" la lumière luit
Tel l' éclair déchirant l'écran
D'un ancestral nous-deux mort-né
Car tu y tenais les deux rôles
Et ton délice fut de me tuer

Les liens qui nous unissent 
ressemblent parfois 
à des chaînes que nous décorons 
aux couleurs de nos illusions.

 

Règne Américain

Une froide brise me glace le visage, climatisé 
Parcourant les méandres de la ville souterraine
Où vivent les ventes dans leur frénésie sereine
Règne Américain, et siècle de la lumière aseptisée

Dehors c'est la Floride et sa vieille humidité
Là où les états recherchent encore une humilité
Désert légitime, tempête héréditaire, ou est l'oasis?
Et ton sang je vais te le raffiner, Oh, Aziz ! 

Montréal 37 degrés, et paillasson de l'empire
Une fois le monde méprisé, l'O nue et violée
La Résistance penaude calmée par l'argent triste sire
Il faut bien choisir les prochaines planètes à avaler

Montréal, glaçon dans le cocktail anglophone
Ceux-ci aident ou regardent leur maître qui claironne :
Pour tromper l'ennui d'une inculture oisive
Remuer sable, ciel et misère, localiser les ogives?

 


Chronique d'âmes "errantes" - 1

Un matin d’automne Sylvain se réveille à la chaleur du soleil. Il est allongé dans l’herbe, prêt d’un arbre, en lisière d’une clairière, une bouteille de Vodka à côté de lui. Il tourne la tête, de droite à gauche, prit d’une mauvaise impression. Il ne sait comment il s’est retrouvé ici, et se demande s’il n’est pas encore sous les effets de l’alcool. Il se lève et tente de reprendre ses esprits. A la vue du banc au loin, il comprend qu’il est dans le parc municipal de sa ville.

Il marche en direction de celui-ci, et alors qu’il arrive à sa hauteur, un passant vêtu comme un clochard entre dans son champ de vision. Il lève la tête vers le ciel afin d’essayer de lire l’heure de la journée par la position de la fleur de feu. N’arrivant à résonner, il s’adresse à l’homme maintenant proche de lui.

Sylvain encore un peu dans les limbes : "Euh, excusez-moi monsieur, vous pouvez me dire l’heure qu’il est ?"

L’homme, la quarantaine bien sonnée, s’allonge sans répondre. Quelque peu interloqué et vexé, Sylvain décide de continuer son chemin, mais au lieu de prendre celui conduisant à une fontaine, puis à la sortie, il décide de couper à travers les « bois ». Après quelques pas, il arrive dans un sous bois où il surprend un couple à demi nu, en pleins ébats. Sylvain marche sur une branche, mais, oh ! soulagement, aucun bruit ne se fait entendre. Ne voulant se faire remarquer, il reprend son chemin en faisant attention au parvis forestier. Le chant des hiboux semble saluer son passage, et lorsqu’il arrive prêt de la sortie, le ciel se vide de nuages, une lumière intense jaillie, le forçant à fermer les yeux. 

Lorsqu’il les rouvre, il se trouve dans une pièce assez sombre, étendu sur un lit, posé contre un mur. Il repousse les draps, et se demande s’il n’avait pas rêvé. La pièce n’est pas à proprement dit une chambre. Une table est dressée non loin, et une kitchenette se trouve au fond vers la gauche. Les volets sont fermés sur la porte-fenêtre, et l’obscurité se fait nuit noire dans le petit couloir en face. Il se sent comme paralysé, bien qu’il ne ressente pas de peur, juste de l’incompréhension. Il décide de se rallonger sur le lit, en essayant de se souvenir de ce qui a bien pu lui arriver. C’est à ce moment là que nos « chemins » vont se croiser, pour lui. J’étais dans la salle de bain, utilisant les dents d’un vieux peigne comme objet test de mes pouvoirs, quand il s’était réveillé, mais j’avais décidé de lui laisser un laps de temps conséquent avant mon entrée, qu’il puisse se sentir à l’aise dans la pièce. Et puis, je devais prendre le temps de sortir de ma transe… Ainsi, après avoir ouvert la porte, fait rentrer un filet de lumière dans le couloir, en arrivant prêt de la table, je le retrouve les yeux ouverts. Cependant, bien qu’il ait les yeux ouverts, il me semble alors s’être déconnecté du monde extérieur. Ses yeux me semblent comme deux orbites vidés de leur substance, deux trous noirs tenant dans ses noisettes. Pensant comprendre sa situation, je décide de m’adresser à lui, m’efforçant de parler le plus clairement et doucement possible.

De ma bouche un murmure s’extirpe : "Bonjour vous... N’ayez pas peur, je ne vous veux aucun mal. Je m’appelle Yves. Vous êtes tombé inconscient et j’ai dû vous amener chez moi."

Il me parait évident que je ne pouvais pas lui dire toute la vérité. Depuis la première fois que j’eus à faire ce genre de révélation, j’optais pour une demie vérité. J’avais trop peur que leurs âmes rejoignent le néant, sans même savoir ce qui leur arrive. Enfin, je me demande moi-même parfois quelle est cette vérité, dans quel monde nous vivons. Comment se fait-il qu’une partie de la population ne voie pas l’autre ? Je me suis posé nombres de questions comme celle-ci qui sont restées sans réponses, et ce malgré les années écoulées, peut être même que mes années dans notre nouvelle condition, m’ont ramolli l’esprit, s’emplissant de jus de pensées sans réelle consistance. Je me suis demandé plusieurs fois quel effet cela fait d’avoir des pensées en moins, mais peut être le vivais-je déjà, que mon esprit était comme une pastèque pourrie, regorgeant d’eau. Le doute qui ne cessait de m’habiter de mon « vivant », est toujours présent, ne cesse de l’être. 

Revenons à Sylvain… Il m’apparaît plus troublé que les autres. Le regard hagard, il ne dit mot. Il donne l’air d’être plongé dans ses rêves, un peu comme la statue du penseur de Rodin, en version allongée. Je ne sais quel chemin il a suivi, mais il l’a amené ici, dans cette pièce, et je n’en serai pas plus si cet hurluberlu ne se décide à parler. Je déplace un tabouret de la table à 1 m 50 du lit et je m’assois dessus. J’essaye d’accrocher son regard, en vain. Quelques secondes s’écoulent sans qu’un murmure ne se fasse entendre. Un bruit de voiture s’insinuant par les espaces creux arrive jusqu’à nous. Dans son regard une lueur de pensée se fait de plus en plus présente. Je continue le monologue aux aurores du soliloque :

Yves : "Rassure-toi, il ne t’est rien arrivé de grave. Je ne suis ni un ravisseur, ni un pervers. Tu dois être encore un peu sous le choc de la surprise, et tu dois te poser pleins de questions, peut être as tu cette mauvaise impression d’avoir perdu le fil d’une pensée importante, l’intuition que ta vie ne sera jamais comment avant, que quelque chose t’as été emputé. Ne te laisse pas pénétrer par les ombres qui t’entourent. Si tu veux, je peux laisser s’infiltrer plus franchement au cœur de cette pièce la lumière du jour."

Sans dire mot, Sylvain écarte les draps, met ses jambes au bord du lit

C’est à ce moment que Cristelle « choisie » de rentrer en scène. Elle était allée « acheter », emprunter serait plus juste, des bouteilles d’eau, et quelques vivres. Le bruit de la clé tournant dans la serrure, arrive jusqu’à nous à dos de courant d’air, tel une petite note sortant d’une trompette par un souffle sans maître. 

Sylvain sursautant, encore mal à l’aise : "Suis-je mort ?"

Sa question me glace le sang. Là où beaucoup de consciences se voilent l’esprit, il avait choisi celle de la clairvoyance, enfin, disons qu’il ne se fermait à aucune éventualité. 

Avant de lui répondre, je tourne la tête pour voir Cristelle, belle, vif d’esprit, un grand cœur sauvage empli de douceur, qui s’est accoudée derrière le mur, juste après la porte de l’appartement (Yves à le pouvoir de voir à travers les murs, dans une limite qui se chiffre en dizaine de mètres). N’entendant de signes de ma part comme nous l’avions convenu, elle ferme la porte, déambule dans le couloir. Lorsqu’elle est à l’entrée de la pièce, de la tête, je lui demande de rester où elle est. Elle comprend le geste et m’en retourne un entend, puis pose les sacs qu’elle portait au sol.

Yves à Sylvain: "Ta réflexion suit un cheminement somme toute sûrement logique. Je ne sais trop comment tu es devenu des nôtres, mais grand dieu, paix à ce bon monsieur et à ceux chargés des faux, non, tu n’es pas mort. Métaphoriquement parlant, peut être, mais tu es encore de la réalité de ce monde, enfin, d’une partie."

Sylvain : "Je ne suis pas sûr d’avoir tout saisi. Une partie de ce monde vous dites ? Et surtout, que fais-je ici ? La dernière fois que mes deux pieds servaient de reposoir et véhicule au reste de mon corps, j’étais dans un parc. Une lumière intense m’obligea à fermer les yeux. Je devais être à moitié saoul, ou alors dans un rêve ? Il ne me semble cependant pas être tombé dans l’inconscience. Même dans un état second j’aurai senti mon corps tomber. A moins que… vous êtes des extra-terrestres ?"

Yves souriant : "Hum… dans un certain sens, parfois on se le demande, mais…"

Cristelle voyant que je pataugeais prend la parole et s’avance : "Tu vois, c’est un phénomène difficilement compréhensible, mais ce que tu as absorbé, et suivant d’autres conditions propices, ton corps s’est ouvert à la dimension astrale, à la magie, tu es devenu invisible aux yeux de ceux qui n’y ont les yeux ouvert."

Sylvain : "Vous êtes sûr que vous ne tissez pas un conte pour enfant juste histoire d’égayer le futur de ce que je suis devenu ? Vous savez, j’ai passé l’âge de ces enfantillages… et euh, à proprement parlé, c’est un peu comme si mon corps était mort ?"

Yves : "Non, non… tu vois ce qu’a ramené Cristelle ? si nous étions des fantômes, tu crois que nous en aurions besoin ?"

Sylvain émeu : "Et bien… nous avons peut être de notre vivant une vision erroné de ce qui se passe…"

Cristelle souriante : "Dans un sens tu as raison. Tout n’est cependant pas une question de mot. Il est vrai qu’il est difficile d’être certain de ce qui nous attend une fois notre corps mort. Pour ma part, je ne crois pas à la vie après la mort. Je pense qu’une fois que l’étincelle de notre cerveau s’éteint…"

Yves la coupant : "Hem… l’heure n’est pas au débat. Je ne suis pas d’accord, et peut importe nos croyances, cela ne changera rien à ce qui arrivera… malgré ce que veulent nous faire croire certaines religions. L’important est d’avoir foi en la « vie », le tout, l’existence, l’univers…"

Cristelle : "Hem ! Hem… tu t’égares là aussi…toujours est il que (elle se met juste derrière Yves, mettant les mains sur ses épaules), nous avons certains pouvoirs, « hors de la norme » que nous connaissions. Ou disons, que la norme a changé de camps. L’invisibilité n’est pas tout, certains d’entre nous peuvent déplacer des objets par la pensée, voir même (prend un ton de reproche envers Yves) influé sur les pensées des autres…"

Sylvain médite quelques instants tout ce qu’il vient d’entendre, puis nous fait part son envie de prendre l’air. 

Yves : "Attends encore un peu, nous devons te présenter à l’une des nôtres, qui est aussi arrivé ici récemment…"

Sur ces bonnes paroles, Cristelle fait place nette, ouvre la fenêtre, et fait rentrer des écrins, lumineux, lumineux pour le commun des mortels. Sylvain s’aperçoit à peine qu’il n’y a pas de nuages à l’horizon. La pièce baigne toujours dans la pénombre pour lui. 

Yves : "Bon, si tu veux bien te lever, nous allons te conduire à l’étage du dessous ?"

Cristelle prenant un ton malicieux : "Non, en fait, Ianilie nous attend dans le couloir. En revenant je suis passée la voir, et j’ais promis que nous allions faire un tour pour qu’elle puisse apprécier son « nouvel état »."

Yves se tournant vers Sylvain : "Ah… oui… Sylvain, tu n’en as peut être pas pris conscience, mais toutes les personnes que tu avais connu, tout ton entourage, n’est plus, enfin, dans le sens où tu ne pourras pas leur parler, te faire entendre, vivre avec eux dans « l’état » où ils sont."

Je les invite à quitter la pièce, et je prend mon chapeau melon qui m’attendait sagement sur le guéridon. Ianilie nous attendait juste devant l’entrée. Elle sourie à Sylvain, sans pour autant lui adresser la parole. Il ne dit non plus mots. Cristelle était bien décidée à détendre l’atmosphère et à les rassurer.

Cristelle : "Ianilie, je te présente Sylvain, qui vient juste de nous rejoindre. Il est dans la même tranche d’âge que toi. Il vient de nous faire part de ses pensées. Vous avez presque les mêmes théories…"

Ianilie d’une voix douce : "Mêmes théories ? L’important est ce qui est, nos paroles ne changeront rien…"

Sylvain déglutissant : "Tout à fait d’accord, mais ne penses tu pas, que dans certains cas la raison peut nous permettre de tirer certaines conclusions ?"

Ianilie : "Oui, et non… tu vois, la raison, se base sur des schémas, une certaine éducation, expérience, connaissance, et quand bien même, quand il manque des éléments, ce n’est que des hypothèses, la connaissance est relative. Sinon, pour ma part, je pense finalement, que nous sommes peut être en train de nous éveiller, que ce sont les autres qui sont en l’état mortuaire."

Yves : "Si vous voulez bien, nous discuterons de tout cela au bar."

Sylvain : "Euh, je viens de réaliser quelque chose, comment ferons nous pour commander si personne ne nous voit ?"

Yves : "L’astuce c’est qu’une petite communauté s’est formée, et nous possédons un bar dans un endroit « désaffecté ». On y sert de très bonne bière. Une preuve que nous ne sommes pas mort, nous l’absorbons… "

Ianilie : "Qui a dit qu’une fois mort, nous ne pouvions pas absorber les éléments d’une façon céleste ? Et, euh, pendant que nous « ingérons » des aliments, nous devrions être visible aux autres ?"

Cristelle : "hi, hi, je me suis déjà amusée à tester. Il semblerait que dés que quelque chose rentre en nous, il est capturé dans cette aura « d’inexistence » pour les autres."

Sylvain : "Mouais, je suis déjà un peu plus convaincu là…"

Yves : "Ah ! Un point important que nous avons oublié de te dire Sylvain. Il faut en aucun cas t’approcher trop prêt des autres animaux, des gens, des êtres vivants. Nous ne devons pas interférer sur leur substance, nous ne savons pas les effets qui peuvent en découler…"

Sylvain : "Heu…"

De ce « Heu », un grand débat entre Ianilie et lui découla. Nous étions sorti au grand air. Avant d’aller au bar, il fallait que je prenne un journal. Nous nous arrêtons à un kiosque. Même si elle m’était toujours délicate, je ne pouvais me passer de la lecture du journal, un rite qui ne m’avait quitté dans ce nouvel état. A chaque fois je devais faire attention de ne pas trop attirer l’attention sur le journal que je prenais. Trop « consciencieux », je ne pouvais me résoudre à en voler un, et pour le lire, c’était toute une histoire. Pendant un temps, j’étais allé jusqu’à observer les passages des clients devant le kiosque, de l’ouverture à la fermeture, afin de définir le moment le plus propice où je pouvais le lire. J’avais repéré un moment de la semaine où les clients se faisaient plus rare, et où la caissière en profitait pour broder quelques menues chaussettes, écharpes. Nous tombions bien, car cet instant étant en train d’avoir lieu. Pendant qu’Ianilie et Sylvain continuent de débattre, que Cristelle s’amuse avec les pigeons, je m’approche du tas de journaux, placé juste à côté présentoir. Je manque de faire tomber quelques cartes postales, puis je commence à feuilleter le journal…

Sylvain : "A quoi cela peut-il vous avancer de lire le journal ?"

Sylvain est venu derrière moi… Au moment où je vais lui répondre, un bruit de voiture se fait entendre… 

Bruit de pneu crissant… suivit d’un fracas, de vitre brisée…

Une voix paniquée : "A l’aide !!!"

Je fais tomber d’étonnement le journal…

Petite voix de la caissière : "Hep, monsieur ! Monsieur ! Vous ne pouvez pas remettre le journal à sa place ?"

Je me retourne tout étonné…

Yves : "C’est à moi que vous parlez ?"

La caissière : "Faites pas semblant de pas m’avoir entendu, hein ? Tous les mêmes…"

Non, ce n’est pas à moi qu’elle parle… A un jeune homme passant assez prêt du kiosque semble t’il. Qui ne prit pas la peine de se retourner. En tournant la tête dans la direction du bruit, je peux voir une carrosserie de vieille guimbarde en feu, une vitrine brisée, une marre de sang, et tout un tas de personne s’afférant autour.

Cristelle cynique, se tournant vers nos deux jeunes : Une preuve de plus que nous ne sommes pas mort, nous ne verrons pas apparaître la personne encastrée, aucune nouvelle recrue ne viendra à nous aujourd’hui. En tout cas, pas issus de cet événement.

Ianilie : "Pourquoi vous ne jouez pas aux supers héros alors ? Ou aux antihéros ? Vous n’avez jamais été tenté de…"

Je me suis rapproché et j’allais prendre la parole, lorsque les bruits des hélicoptères des secouristes se font entendre. En me retournant vers Ianilie et Sylvain, je m’aperçois qu’ils se tiennent la main.

Cristelle criant : "Nous allons être obligé de passer tout prêt de la foule, il est important de ne pas les toucher, n’oubliez pas."

Lorsque nous sommes au plus proche du lieu de l’accident, Ianilie ne peut s’empêcher de vouloir voir d’encore plus prêt, s’assurer qu’elle ne peut pas percevoir d’halo de lumière, ou d’ombre emporter l’âme qui quitterait un corps. Elle s’est mise en plein milieu de la route.

Cristelle : "ATTENTION !"

Trop tard… un vélo passe à travers elle. Sa substance n’est pas altérée comme je le pensais, mais quelque chose d’encore plus étrange en découle. Elle est comme attachée à la conductrice du vélo, et se déplace à la même vitesse, sans bouger ses jambes. Elle avait instinctivement lâché la main de Sylvain, qui en resta pantois. Celui-ci, essaye ensuite de courir, ce qui le mène à sa « perte », tout du moins à nos yeux… 

Une voiture pressée, transportant à son bord une passagère arrière (enceinte, détail non mentionné par Yves dans ses chroniques du fait qu’il n’avait pu être au courant), passait par là, et le « happe » à son tour. J’imaginais qu’ils avaient eu tous les deux droit à une sorte de fusion avec d’autres corps, qu’ils cohabiteraient avec d’autres âmes. Peut être allaient ils renvoyer dans les limbes les âmes qui habitaient les corps auquel ils s’étaient attachés ? Je pensais n’avoir jamais la réponse, à moins d’en faire l’expérience, mais pour rien au monde, je ne le ferai, Cristelle était trop importante pour moi, ainsi que la petite vie que nous avions construite…

Quelques jours plus tard, nous vîmes Ianilie, revenir, un peu plus pâle. Je pensais qu’elle nous apportait au moins une réponse de par sa non disparition. Je pensais mal. Elle avait juste été happée dans un sorte de courant astrale, mais elle n’avait pas été « assez » proche de la conductrice du vélo pour s’y fondre. Quand à Sylvain, plus de nouvelle…

… De son côté, Sylvain s’éveilla après ce qui lui sembla une éternité… Il se sent assez mou, faible. Il se touche et sent des joues toutes potelées. Il veut se lever pour aller se regarder dans la glace, mais en faisant le point visuel, il s’aperçoit qu’il est pris dans une grande cage, que le plafond, est immensément haut. Quand pourrait il revoir Ianilie ? Comment pouvait il sortir ? Ces deux questions l’obsèdent. Il n’est pourtant pas claustrophobe, mais il n’a d’horizon devant lui et ne se sent plus le même… Ce drôle d’édifice était bien muni d’une lucarne, mais elle était trop haute pour lui… L’inquiétude l’envahie de plus en plus… il ne comprend plus rien, il a l’impression de devenir fou, il cri… une douce mélodie féminine arrive à ses oreilles… Il essaye de crier encore plus fort, en vain… il s’arrête, la mélodie aussi…

Sage femme : "Voilà, tout doux mon bébé, soit sage… je vais laisser la veilleuse allumer pour que tu n’es pas peur dans le noir…"

© P.L - 2002

 

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