La Libre
N ° 18 - Journal en fond poétique 

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- Ode à l'écriture
- Annonces
- Jeu d'écrits
- Echelle poétique
- Poème en langue étrangère

Page 2

- Poèmes à l'air du temps
- Echange poétique
- Citations
- Chanson
- Conte à suivre

Page 3

- Poèmes d'auteurs à l'affiche
- Interview
-
Nouvelle

Page 4

- Passé l'hiver
- La fleur sauvage et le mage
- Mon poisson rouge m'a dit


L'oiseau

L'oiseau

Parlez oiseaux, 
parlez!
dites nous ces silences 
que vous volez aux cieux
que l'on déguise en consonances
pour en nourrir les gueux...

pour qu'ils écoutent et qu'ils entendent ...

hummm!

parlez ce silence
que l'on a sous nos oripeaux.
ces morceaux de chair en lambeaux
qui crient sans qu'on l'entende
mais pour eux 
mon ami oiseau 
vous parlez en langue ...

le verbe glisse dans le vent
et forme la chair du temps...
et dans son ventre il crée le silence ,
l'ombre d'un instant....

je sais ...
je finissais mon verre
toi appelé par l'absence 
venus du milieu des airs
tu m'as picoré la main
pour que j'entende
mais je n'écoutais rien ...

tu étais aussi un ange! 

dis-moi comment fais-tu ?
tu te souviens de ces louanges
elles étaient le vent
le ciel était le dieu
et nous volions au milieu de Lui 
faire germer l'étant...
tu te souviens aussi
il nous tenait dans ses mains 
comme les pétales de la fleur 
que l'on souffle dans le vent
son regard était la chaleur de la vie
ses mains la pulpe de notre essence
a présent je n'ai que des pleurs....
et je suis ici...

que dis tu?
oui je vois
il y a un trou dans les nuages
et le soleil s'y glisse déjà.
tu le vois...
... Il appelle...
tu crois que j'ai encore des ailes...

qu'en dis-tu mon verre?
si on allait
toi et moi
a tire d'aile
suivre l'oiseau....
là ou s'ouvre le ciel 
là ou il fait beau...

crois tu mon verre
qu'il nous reste assez d'aile
assez d'ange
assez d'oiseau..?

Il dit qu'a me souvenir des louages
et je me retrouverai dans sa main
au milieu de ces langes...

qu'en dis-tu mon verre
si on allait avec l'oiseau
il parle la langue du ciel
a mes chairs en lambeaux...

ne vois-tu pas mon verre
le ciel s'est ouvert 
.... Il appelle
et peu importe 
s'il nous reste assez d'ange 
dans nos oripeaux...

viens mon verre, 
si on allait toi et moi
sur la route des anges 
suivre l'oiseau

27/09/2003

Yves Drolet

 

Le livre

Ce livre je l’ai aimé sans esclandre
Obscure paroles que j’ai lues sans les entendre
Les mots, si compliqués, m’aspiraient, fait étrange
Suis-je assez sotte ! il s’avéra que le titre dérangeait

Ce livre je l’ai aimé imprudemment
Mon esprit en léthargie réintégra la vie
J’ai dû m’éprendre des mots lancés rigoureusement
Par inadvertance, j’en compris le sens, ravie

Ce livre je l’ai aimé absolument
J’abordai un univers, celui de DANTE
Pages ensorcelantes, je vivais dangereusement
Par la magie de ces écrits, je devins savante

Mon livre ! j’aurais prouvé mon inaltérable fidélité
Je me rassure en te scrutant
Sorcier d’un âge fatigué tu m’as déniaisée
Depuis , j’écris un peu , beaucoup, maladroitement

Raymonde Verney

 

Plage

Une vague doublée-vert
s' étale
ourlée d'hermine
sur le buvard de sable
laissant sur l' ocre humide
un coquillage
où le soleil enferme
un rayon sage

Frare

 

Chanson pour l'innocent

Chanson pour un petit enfant 
Qui doit paraître un beau matin 
Et du ventre de sa maman 
Il nous entend, mais ne dit rien. 

Chanson pour celui qui demain 
Va ensoleiller ses parents 
Par un sourire, pour un câlin 
Lui qui, encore, n'est pas bien grand. 

Chanson pour ce petit seigneur 
Qui n'a que les yeux de l'amour 
Pour s'imaginer les couleurs 
Et inventer ce qui l'entoure. 

Chanson pour ce petit bonhomme 
Qui n'a que les bruits de son coeur
Ni tambourin, ni métronome 
Pour donner du rythme à ses heures. 

Chanson pour celui qui bientôt 
Sera tout surpris d'être ici 
D'avoir quitté son doux berceau 
Sans avoir donné son avis. 

Chanson pour bébé naufragé 
Qui a vogué dans l'océan 
Il nous dira son odyssée 
Si on lui en laisse le temps. 

Chanson pour sauver l'innocent 
Du nouveau courant de folie 
De ceux qui se disent des grands 
Mais qui, au fond, n'ont rien compris. 

Chanson pour un petit enfant 
Qui doit paraître un beau matin 
Et du ventre de sa maman 
Il nous entend mais ne dit rien.

Jean-Marie Audrain

 

Parfum des mots

Les mots verts
Ont l'odeur de la menthe.

Les mots mauves
Ont l'odeur du lilas.

Les mots rouges
Ont l'odeur de fruits mûrs.

Les mots jaunes
Ont l'odeur du champ de blé.

Les mots bleus
Ont l'odeur de la mer endormie.

Les mots blancs
Ont l'odeur de la neige fraîche.

Les mots noirs
Ont l'odeur de souvenirs amers.

Les mots multicolores
Ont l'odeur de la vie.

FREYTAG Sylvie

 

Mon bel amour

Mon bel amour s’est envolé
Un beau jour il s’en est allé
Me laissant là désemparée
Mon bel amour m’a oubliée 

Je ne suis plus que la reine
De son joli jardin secret
Il ne prend même plus la peine
De s’approcher pour m’arroser 

Mon bel amour s’est envolé
Et avec lui tous mes projets
Ma vie entière et ses projets
Mes souvenirs se sont cassés

Je ne suis plus qu’une fleur
Oubliée au bord d’une allée
Cachée enfouie sous ses peurs
Témoins de sa fragilité

Mon bel amour s’est envolé
Jamais plus ne le reverrai
Il a préféré me quitter
Mon bel amour s’en est allé

 

Que vais-je vous offrir?

Que vais-je vous offrir mon cher ange?
est ce un verre du vin?
mais je n'ai jamais bu du vin aussi
parfait que celui de tes yeux.
que vais-je vous offrir?
que vais-je vous offrir mon cher ange?
est-ce des fleurs?
mais je n'ai jamais senti un parfum
plus bon que celui de ton corps.
que vais-je vous offrir?
que vais-je vous offrir mon cher ange?
est-ce des perles?
mais les perles les plus coûteuses
sont vos yeux. 
que vais-je vous offrir?
que vais-je vous offrir mon cher ange?
je n'ai que mon âme
et elle vous appartient.

ABDELKRIM GUENICHE

 

Dans le silence des mots (Tanka)

Il y a mes rêves
Perdus, les cris déchirés
De mon coeur meurtri
Et mes larmes refoulées
Dans le silence des mots.

FREYTAG Sylvie

 

Fleur parfum de mon coeur

Je ne sais si cette fleur est sincère
Mais mon cœur s’est noyé dans son parfum de douceur

Son parfum de douceur fabriqué par sa beauté, son bon cœur, ses beaux yeux bleus
Je le respire
Paralyse mon corps
Noie mon cœur fragilisé par tant d’amour qu’elle me retourne

Elle me suit partout dans mes faiblesses
J’avance donc sans savoir si son beau cœur est honnête

Tant de fleurs dans ces mondes ont un jour déposé leur parfum sur mon corps
Un corps lassé par ces mensonges que rejettent ces odeurs trompant mon cœur
Mais, seule ma fleur a su remplacer le rouge de mon cœur par l’âme de ses beaux yeux bleus
Donnant la vue à mon cœur, éclairant un amour éternel sur cette fleur à jamais gravée dans mon corps

Alors que la voix de mon âme désespérait ma vie, ma fleur, soleil de mon corps, a projeté mon âme vers la voie de l’espoir

Même si je m’arrête parfois sur un chemin traversé un jour par cette fleur
Et vois mirages ou natures, et ces images brisent mon corps
Alors, mon cœur respire l’amertume de ses pas laissés parfois dans ces chemins

Blessée par les mots de mon corps sortis les jours de cette révolte nourrie par ces images si fortes

Ma fleur pleur

Elle pleur peut-être cette révolte si forte que mon corps ne peut contrôler
Elle pleur sûrement ces chemins parcourus un moment de sa vie
Mais mon cœur reste noyé dans son parfum de douceur

Ma fleur souffre

Elle souffre peut-être de ces chemins parcourus un moment de sa vie
Elle souffre sûrement de cette révolte si forte que mon corps ne peut contrôler
Mais mon cœur reste noyé dans son parfum de douceur

Gronde tonnerre, grisez nuages gris par vos pluies incessantes
Vous n’irez jamais plus haut que ce soleil qui réchauffe mon cœur par ses rayons de parfum doux

Alors, le tonnerre passe
Les nuages prennent la couleur des ses beaux yeux bleus
Les pluies cèdent la place aux rayons de son parfum doux

Ma fleur est heureuse
Entoure mon corps de son amour
Berce mes yeux pétillants de bonheur. 

Azette

 


Interview d'Evalys

 

1 - Depuis combien de temps baignez-vous dans la poésie ? Racontez-nous...

Je n’ai jamais baigné dans la poésie et n’y baigne toujours pas ! ;-)
Disons que j’ai fait quand même un joli plongeon dedans pendant l’année 2002 en investissant beaucoup de mon temps sur des forums poétiques. J’y ai alors découvert, goûté et savouré la poésie d’autres poètes du net que je continue d’apprécier même si je n’y suis plus guère présente, en dehors du forum de mon propre site : Portail Cœur Vaillant (http://www.coeurvaillant.net).

Mais pour revenir à mes premiers contacts avec la poésie en tant que créatrice de poèmes, finalement cela ne remonte qu’à avril 2001. J’avais écrit ponctuellement 5-6 poèmes en 37 ans de vie et brusquement, la poésie a surgi de moi comme un geyser, une soupape de sécurité pour endiguer une souffrance indicible qui ainsi, peu ou prou, s’exprimait. Je n’avais jamais spécialement lu de poésie, n’était d’ailleurs pas une lectrice de quoi que ce soit d’autre et n’avait donc aucune culture particulière en ce domaine ! Ce qui est d’ailleurs toujours le cas, à vrai dire. J’ai tout de même relu quelques classiques, via quelques anthologies surtout.



2 - A quel genre de Littérature , d’artistes , vous identifiez-vous ?

Rimbaud avait marqué ma jeunesse, Verlaine me touchait, Lamartine également, et j’ai su apprécié le talent de Baudelaire mais pas du tout les messages qu’il véhiculait le plus souvent. En fait, c’est surtout Hugo qui m’a le plus touché, en qui je me reconnais le mieux, sur le plan du style ainsi que de l’état d’esprit et des valeurs. Donc si je devais m’identifier à un artiste, ce serait celui-là ! ;-)

Mais ma nature et mon vécu m’incitent surtout à ne m’identifier à personne et à cheminer au mieux pour devenir moi, sans autre référence que ce que mon cœur me dicte d’écrire et de faire.

Sinon, c’est avant tout les créations des poètes du net, bien actuelles, qui m’intéressent le plus, parce que l’on peut dialoguer ensemble aussi et peut-être, je ne cesse de l’espérer, construire une fraternité qui finira par se faire entendre et reconnaître du plus grand nombre.

 


3 - Que représente pour vous la poésie , qu’y cherchez-vous ? 

Pour moi, la poésie est l’un des plus beaux et puissants mode d’expression de l’âme. Le plus explicite en tout cas ! ;-) Et c’est surtout un merveilleux instrument du monde spirituel pour passer des messages essentiels, au plus grand nombre de préférence, et aux âmes évoluées en particulier, qui en sont généralement les plus friandes !

Ainsi, il est vrai que je conçois la poésie comme un art dont la valeur se mesure au degré d’inspiration dont chaque poème est plus ou moins imprégné. Mais c’est aussi à n’en pas douter un moyen très puissant de toucher les âmes profondément, d’apporter selon les cas, du soulagement, de la beauté, de l’Amour, du bonheur… et dans tous les cas, une nourriture spirituelle tout à fait essentielle pour réveiller, entretenir ou développer la dimension pleinement humaine de l’être.

Donc, je cherche à améliorer mes créations poétiques afin de pouvoir toucher de plus en plus de personnes. Je prends également soin de ne plus diffuser des poèmes, qu’il me soulage d’avoir écrit mais qui feraient du mal aux lecteurs ! Car j’ai conscience, contrairement à beaucoup il me semble, que l’on peut apporter un bien merveilleux par un poème d’Amour tout autant qu’un mal-être profond par un poème exprimant des émotions ou sentiments négatifs. Donc, je me surveille de plus en plus, développant ainsi une attitude que j’estime responsable. Les poètes ont un grand pouvoir par les mots, l’histoire suffit à le prouver par la pérennité des grands poètes de toutes époques. Il me semble donc essentiel que chacun même s’il n’a pas le talent des plus grands, se comporte au mieux et de façon exemplaire.

C’est ainsi par exemple que je réprouve sans mesure l’œuvre globale de Baudelaire. Car elle continue d’entretenir, voire d’encourager nombre de personnes dans un état d’esprit malsain. La mission globale de l’art est d’aider à se relier au monde spirituel. Tout ce qui n’entre pas dans cet objectif et incite au contraire à mal se relier constitue un danger d’abuser tout un chacun. J’en appelle donc volontiers à la prise de conscience de la responsabilité des artistes en ce bas monde, et des poètes en particulier.

 

4 - Quels sont les artistes, poètes , ou autres qui vous ont le plus touché ?

Incontestablement et sans hésiter, Victor Hugo, depuis que je l’ai découvert vraiment il y a environ deux ans. Pour son talent monumental eu égard à l’ampleur gigantesque de son œuvre littéraire et poétique en particulier. Il oeuvrait dans un état d’esprit fraternel qui n’est pas si naturellement répandu chez les artistes en général. Il me semble qu’il avait conscience de son rôle et savait en user au mieux. Il me semble aussi qu’il a toujours été animé par le souci d’être honnête, authentique, de s’améliorer, d’innover aussi, de défendre la liberté et d’œuvrer pour le réveil des consciences, de la responsabilité individuelle et qu’il avait un profond respect pour tous et en particulier pour le talent de ses contemporains ! C’était un homme juste, fort, bon, bref la liste serait longue de tout ce qui le rend admirable à mes yeux. On ne l’a pas reconnu un génie pour rien !

Considérant d’autres artistes, je regarde au plus près de notre époque : une femme comme Simone Weil, philosophe et mystique de la première moitié du xxème siècle qui nous éclaire sur sa philosophie authentique ! Et puis des chanteurs, car les poètes n’ont guère été en vogue ces dernières décennies, la chanson ayant pris le relais ! Et l’on sait bien qu’il n’est guère de messager plus puissant aujourd’hui que les chanteurs !! Alors naturellement, Brel dont le génie à interpréter ses propres chansons me semble à ce jour inégalé, hormis peut-être sa contemporaine Edith Piaf. J’ai une grande admiration pour Aznavour également et plus récemment pour Daniel Balavoine qui portait des messages d’une grande force d’Amour ou encore Jean-Louis Aubert et Florent Pagny toujours très actifs. Il y en aurait bien d’autres naturellement pour qui j’éprouve une grande admiration mais je ne peux tous les citer ! Ah si, j’adore Mimi Mathy et j’étais subjuguée par Romy Schneider aussi !

 

5 - Avez-vous, ou envisagez vous, de publier des écrits en édition ?

Eh bien oui puisque je viens de sortir mon premier recueil de poèmes en août 2003 ! « La Passion selon Evalys » témoigne justement de mon parcours poétique depuis 2001 à travers douze hommes-muses qui m’ont inspirée, chacun à leur façon, des poèmes fraternels ou passionnels, plein d’Amour romantique, tendre, charnel ou mystique ! Je me suis auto-éditée car informée du peu de succès des poètes inconnus auprès des éditeurs d’aujourd’hui. On peut donc se procurer mon livre via le Portail Cœur Vaillant ou sur quelques points de vente en Sarthe où je réside. Mais la poésie ayant quelques difficultés à séduire les « monsieur et madame tout le monde » qui m’intéressent au premier chef, je songe à d’autres projets d’écriture, plus romancés dirons-nous, mais c’est encore bien trop tôt pour en dire plus et surtout je précise que je ne renoncerai jamais à écrire et publier de la poésie pour autant ! J

 

6 - Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent ?

Le dessin au pastel sec est une activité qui m’apporte beaucoup de satisfaction et de plénitude ! Mais je ne m’y adonne guère car je ne trouve pas le temps ! Un jour viendra sûrement où je mettrai bien plus l’accent sur cette discipline artistique qui peut réjouir les yeux et nourrir le cœur également.

Je me suis essayée récemment aussi au modelage mais très peu. Là encore, le manque de temps. Mais j’adore me confronter ainsi à la matière en 3D, c’est très satisfaisant aussi de donner pleine forme à un objet qui peut s’admirer et décorer un intérieur.

Enfin, et je dirai surtout, c’est la musique qui me tente le plus ces derniers temps. Je n’ai là encore aucune pratique et culture en ce domaine mais un élan intérieur fort qui m’a poussée à acquérir un clavier, dont je me servirai ardemment dès que je le pourrais ! Je manque encore et toujours de temps et ne parviens à comprendre ceux qui disent s’ennuyer en ce bas monde ! ;-) Moi, je n’ai jamais ressenti cela et ne cesse de regretter que les journées et l’espérance de vie (en bonne forme) ne soient pas plus longues !

 

7 - Pouvez vous dire ou plutôt déclamer en quelques vers ce qui pourrait 
vous représenter, être le symbole de l’essence de votre âme de vos œuvres de 
votre idéal ?

Ouh là, là, çà c’est drôlement difficile, mon cher Pascal Lamachère ! J

Car je me sens tellement plurielle
Et conçois qu’il y a tant d’essentiel
Que même si ma priorité est fraternelle
Je crains d’oublier bien des ficelles !

Ces liens qui me relient aux hommes
Que j’aime et qui aime parfois la môme
Que je suis souvent car sincère, en somme
Je leur apparais sur un mystérieux trône !

Voilà donc ces quelques vers qui résument l’essentiel : Ouverture, Amour, Sincérité, Innocence, Fraternité et un très haut idéal spirituel qui fait peur à beaucoup ! ;-)

Je finirais par ma devise :
«Faire de son mieux pour donner le meilleur de soi, 
Par Amour, avec Courage, pour la Fraternité ! »

Longue vie à tous les poètes bienveillants et vaillants !



Evalys
30/09/03

 

Fée d’hiver

 

Cela faisait déjà 2 heures que j’attendais dans cette ruelle sordide devant ce motel minable. Le goût de menthe synthétique commençait à me monter au cerveau, et je regrettais amèrement d’avoir choisi d’arrêter le tabac au profit de sucettes bon marché. Mes mains me brûlaient tellement j’avais froid, et cette foutue neige ne semblait pas vouloir s’arrêter de tomber.

Je m’occupais d’une enquête classique, une de ces affaires mesquines avec lesquels je gagnais ma vie. Mais quand on a fait 7 ans d’études de droit pour finir détective de seconde zone, on ne regarde plus vraiment la tête du client. On dit oui monsieur, puis on plonge les mains dans la merde. Et ce n’était pas une sucette a la menthe qui aurait chassé l’odeur...
 
2 heures qu’elle était là-dedans, un seul homme était entré dans le bâtiment depuis. Je supposais donc que c’était lui qu’elle attendait. Schéma classique, madame est une épouse frustrée, elle rencontre un petit micheton par hasard, qui lui fait découvrir des frissons inespérés après 10 ans d’un mariage par trop conventionnel. Puis ils se retrouvent régulièrement dans un motel crasseux des bas quartiers pour que madame entre sa leçon de poterie du lundi et sa réunion Tuperware du jeudi puisse se sentir une vraie femme. Le mari commence à avoir des soupçons, et rongé par le doute, engage un détective minable pour se réconforter. En l’occurrence, le détective minable, c’était moi, et pour le réconfort, il serait servi ! Pas la peine d’entrer dans la chambre pour savoir qu’on n'y jouait pas au monopoly. Il me fallait quand même une photo des deux tourtereaux ensemble, que le mari détienne enfin une preuve tangible qu’il est définitivement cocu. J’étais donc condamné à espérer qu’elle jouisse plus vite que je ne me congelais.

La rue était vide du moindre signe d’existence, étonnant pour un quartier habituellement animé. J’avais l’impression d’être seul au monde, seul avec ma crasse, avec ce métier qui me forçait à vivre du malheur des autres. Avec ce monde qui me dégoûtait chaque jour un peu plus. 
La neige avait beau faire de son mieux et étaler son linceul blanc pour couvrir la misère, celle ci résistait vaillamment pour rester bien visible.

« J’peux avoir une sucette monsieur ? » 

Cette voix semblait sortir de nulle part. Pure, cristalline, jurant étrangement avec l’ambiance alentour. Je regardais autour de moi, encore surpris et découvris une petite fille,10/12 ans peut-être, elle paraissait si jeune. Elle me fixait avec de grands yeux bleus humides dont je n’arrivais pas à me détacher. J’étais captivé par l’azur de son regard et l’or des petites boucles blondes perdues autour de son visage. Je croyais voir un ange. Enfin, un ange.. dans un endroit pareil c’était moins que probable. Nan, c’était surtout une pauvre gosse des rues. Ses joues étaient creusées par la faim, sa frimousse couverte de poussière et ses habits tellement rapiécé qu’il devenait difficile de deviner l’aspect du vêtement d’origine.

Et elle était là, qui me regardait avec ses grands yeux en tendant sa petite main vers moi.

« Ta mère t’a jamais dit de pas accepter de bonbons d’un inconnu ? ! » 
« Ma mère elle dit toujours : « ma fille, il peut rien t’arriver de pire, alors t’inquiète pas inutilement! »

elle me répondit ça avec un aplomb déstabilisant. Ce petit bout de femme banalisant le sordide de sa condition sans même réaliser, ou pire, en ne réalisant que trop bien. Que pouvait-il lui arriver de pire effectivement ?

Pendant un moment, je la fixais, l’esprit vagabondant, j’en oubliais complètement la raison de ma présence ici. N’existait plus que cette étrange petite fille aux grands yeux pleins d’espoir mais sans avenir.

Je lui tendis une sucette, attristé. La vie était tellement sale, qu’elle devait s’en prendre à de pauvres gamines comme elle. Derrière moi j’entendis glousser. La femme et son micheton sortaient du motel, j’eu juste le temps de prendre ma photo. La petite était encore a coté de moi, elle venait d’engloutir goulûment sa sucette, je me sentais pire que tout. La neige couvrait mon pardessus, j’étais gelé, je me sentais sale, et je me dégoûtais. Sans me retourner vers la gamine je partis rejoindre ma voiture. 
« Tu t’en vas Monsieur ? » sa petite voix vibrait d’un mélange de déception et de quelque chose de plus profond, moins perceptible.

« Je dois rentrer, j’ai encore du travail. Ta mère ne va pas s’inquiéter que tu restes seule dehors par ce temps ? » je ne pouvais même pas me retourner, tant la peur de croiser à nouveau ces grands yeux si purs et si tristes, me tenaillait.

« elle est morte.. » nul autre sentiment que la résignation ne se dégageait dans cette simple phrase. Une évidence, que je ne voulais pas connaître. Ou plutôt que je connaissais, mais ne voulait pas entendre. Plus de mère, probablement pas de père, et une vie qu’on ne souhaiterait à personne, surtout pas une enfant.

« Tu veux jouer un peu avec moi monsieur ? …. Il y a plus personnes, je m’ennuie toute seule » 
la neige continuait à déposer son manteau immaculé sur la souillure environnante, je regardais toujours droit devant moi, immobile, le regard perdu dans le vague, écoutant les accords mélancoliques de la voix de cette petite fille. Maudissant mon impuissance, et le sordide de mon existence. Je n’avais rien à lui offrir, je n’avais rien à offrir à personne, je n’étais rien ni personne ! Je fixais encore le vide lorsque je sentis malgré l’engourdissement une chaleur douce et apaisante dans la main droite. Elle venait de glisser sa minuscule main dans la mienne et levait vers moi ses grands yeux, un sourire plein de promesses illuminant son petit minois.

« On va jouer »le naturel de sa voix balaya mes désillusions, l’espace d’un instant, j’étais redevenu le petit garçon de 10 ans, plein d’avenir que j’avais du être, il y avait trop longtemps. Je serrais doucement sa main, et nous nous éloignâmes en courant vers un petit parc voisin. Celui-ci était complètement vide, couvert de neige, nous nous jetâmes en riant sur les balançoires. La suite fut comme un rêve, balançoires, toboggan, bataille de boules de neige, bonhomme de neige. Pendant toute une après midi, j’oubliais tout, mieux que ne me l’avait jamais permis même les meilleurs crus. J’étais redevenu un enfant insouciant, heureux. Nous discutâmes un peu. Mon petit Ange s’appelait Chloé, elle avait perdu toute sa famille et vivait seule maintenant depuis quelque temps. Ses amis avaient également disparut, mais elle gardait foi. C’était étrange de l’entendre parler, car sa petite voix de quelques années semblait résonner d’une sagesse millénaire. J’avais l’impression d’avoir tant de chose à apprendre d’elle. Ses rêves semblaient tellement plus beaux que les miens.

« Dis, tu crois aux fées, toi? » me demanda t’elle en se balançant avec grâce sur le portique 
« Quand j’avais ton age, sûrement mais maintenant, je pense que si tout est si moche, c’est qu’elles ne doivent plus exister ailleurs que dans le fond des bouteilles» 
« C’est triste ! Si tout le monde pense comme toi, comment veux-tu que les fées continuent d’exister ? ! Si on ne croit pas en elle, comment le pourrait-elle ? » je la fixais avec de grands yeux, j’aurais voulu répondre, mais a quoi bon, je n’allais pas briser le rêve d’une petite fille, alors que finalement, je n’étais pas vraiment sur d’avoir plus raison qu’elle. 
« Tu as peut-être raison.. » 
« Bien sur que j’ai raison ! Alors je voudrais que tu croies aux fées et peut-être que si tout le monde y croit, un jour tout deviendra plus beau !! » en disant cela elle se mit à tournoyer sur elle-même faisant virevolter les flocons de neige autour d’elle. Sur le moment je pensais qu’aussi simple que se fut, ça avait quelque chose de magique.

Quelques heures après, elle devait partir. Je lui ai demandé si l’on se reverrait, et dans un sourire d’une simplicité magnifique, elle m’a répondu « Si tu crois aux fées, je reviendrais !! » avant de disparaître. Je l’ai regardé s’éloigner, et j’ai passé toute la soirée seul dans ce parc assis sur la balançoire à regarder la neige tomber.

Souvent par la suite je suis retournée dans ce petit parc ! Assis sur la balançoire, j’attendais qu’elle revienne, mais je ne l’ai jamais revu.

- Attendez, vous voulez me faire croire que si vous avez écrit Starlight, qui s’est vendu à plusieurs milliards d’exemplaire, dans prés de 24 pays, et qui fait de vous l’une des plus jeunes fortunes du pays, c’est parce que vous avez rencontré une fée dans un parc ?? 
- Vous savez, vous n’êtes pas obligé de me croire. Moi-même, je n’arrive toujours pas à croire aux fées, mais j’aimerais que les autres y arrivent pour qu’un jour ils aient la chance de la croiser et de jouer avec elle.

 

Fenriss

 

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