La Libre
N ° 19 - Journal en fond poétique 

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- La couleur universelle
- Annonces
- Jeu d'écrits
- strophe carrée
- Poème en langue étrangère

Page 2

- Poèmes à l'air du temps
- Pensées de Pierrot en Novembre
- Citations
- Chanson
- Poèmes de Kacem

Page 3

- Poèmes d'auteurs à l'affiche
- L'âme du papillon
- Nouvelle

Page 4

- La Melomania
- S'il te plait, dessine-moi
- Saute en l'air
- Cauchemar Psychédélique


L’enfant du lac

Aux confins de la vie de l’espace et du temps
A ces heures magiques où tout est transparent
Là tout au bout des songes un enfant est assis
Son regard est au loin bien au-delà d’ici

Il est un lac fragile, un miroir d’eau noire
Ses rives sont brumeuses et quand tombe le soir
Dans un bruissement d’aile on voit danser des fées
Et le petit garçon regarde émerveillé

Le lac alors s’agite et l’eau se fait profonde
Et un visage d’homme se dessine sur l’onde
Il ressemble à l’enfant comme goutte de pluie
A goutte d’eau du lac… il est l’enfant vieilli

Cet instant enchanté ne dure que le temps
D’une étoile filante filant au firmament
Mais quel voyage alors pour l’enfant de l’étang
Que ce lien éphémère entre l’homme et l’enfant

Puis les brumes du lac doucement s’évaporent
Des lueurs bleutées déjà disent l’aurore
Et l’enfant engourdi doucement se déploie
Se lève sans un mot, et rêveur s’en va…

Regine FOUCAULT

 

sans espoir

Comme je t'aime! Et Dieu seul sait
Que ton amour remplit mon âme
Pour me brûler ainsi qu'une flamme
Que j'ai fait le serment d'aimer sans espérance
Pour que tu vis dans le bonheur et moi dans la souffrance

Comme je t'aime! Et par un cœur transpercé
Je pousse un long soupire
Pour cet amour condamné pour mourir
Je contemple ce rêve jeté dans l'oubli
Par un regard morne plein de mélancolie

Comme je t'aime! Et je n'en pourrai jamais cesser
Semblable à une rose flétrie, vivant dans l'ombre
Je cache ton amour, et mon âme devient plus sombre

Blanche neige

 

SOURIRE

Le sourire est ce bien dont toute âme dispose,
Incomparable force au magique pouvoir,
Insolite alchimie art subtil à prévoir
Pour de nos soucis froids en faire la dépose

La sagesse d'antan depuis toujours propose
De penser à donner, avant de recevoir,
Et cet onguent au coeur, ne peut que l'émouvoir
Au moment qu'il l'ondoie et le bien recompose.

Harpe étrange il défait de nos malheurs les fers
Nous invite magique à d'étonnants transferts
Conduits sur les chemins de la sollicitude.

Libre et riche à la fois, se sentir exister
Ayant tombé l'habit d'une vaine hébétude :
Sourire ! Essaie, un peu. pour sûr c'est l'adopter !

lmc ©

 

Toi

Je tourne les pages
et les dernières sont vides
J'écris la fin de l'histoire pour la lire.
La vivre...
Ca parle de toi, de moi
de ce qu'il en est ou pas.
Un amour tourmenté qui survit
au-dessus des pitons.
A chaque moment, je devine une autre ligne de vérité; 
qui me rend joyeuse de t'avoir quittée.

Stefenanie

 

Visages

Visages, rescapés de mes phantasmes
Dissipez votre ennui, oubliez moi !
Votre morgue épilogue de son sadisme
Me sonde avidement pourquoi ?

Vous semblez si sûrs de vous, j’en suis consternée
Vos regards sensoriels méditent ma damnation
Cessez de m’observer, désenchantés !
Que savez vous de mes faiblesses de mes inhibitions ?

Doux portraits ayez pitié de mes regrets !
Les luttes ont saccagé ma vie ,je fuis…
Pastiche d’ombres, entrelacs de doutes éthérés
Prenez le portique des chimères Au pays de la nuit

Visages, vos yeux allure d’ambiguïté
Votre pitié je la récuse, beauté emblématique
Vous êtes le mystère que je ne saurais déchiffrer
D’un art noble dont le l’équation est le sourire problématique

Raymonde verney

 

La princesse inconnue

La nuit est mon rêve enfantin
Qui s'effondre au levé du matin
Quand le jour me jette ses nouvelles peines
Révélant chez moi tout sentiment de haine

La nuit est ma chanson de vie;
Qu'avec sa belle symphonie,
Je me libère de mon histoire,
De mon destin et tout pouvoir.

La nuit est une jolie princesse;
Que son amour est une noblesse,
Que j'aime et j'aimerai sans paresse,
Sans aucune crainte ou stress.

La nuit est un art par excellence;
Qu'avec je vis mes meilleures expériences,
Je rêve de mes grandes aventures
Et je fais jaillir les couleurs de mon futur.

La nuit est un éclair et pas un noir.
Car seul dans un calme soir
Où je vois la beauté fugitive de mon âme,
Où je me sens envahit d'enthousiasme.

Et seul dans son profond silence,
Je sais prouver mon existence,
J'entends la voix de ma vie intérieure
Et je retrouve les battements de mon cœur.

Blanche neige

 

A coeur ouvert

Coeur
Ballotté à tous les remous
Des vagues déchaînées de la vie
Voilà mon coeur 
Coeur
A la dérive des mots
Qui s’échappent vers le blanc de l’horizon
Voilà mon coeur 
Coeur 
Echoué dans le naufrage de mes illusions
Voilà mon coeur 
Coeur
Amarré aux portes fermées de l’espérance 
Voilà mon coeur 

Je n’ai plus les mots nécessaires 
Pour dire combien je t’aime 

Ton silence a chassé tous les mots 
De mes pensées de mes rêves 
De ma mémoire de mon langage 

Coeur
Qui s’engouffre 
                        Dans un vide de lumière
                Dans un vide de son
                  Dans un vide de voix
                     Dans un vide de parole
                 Dans un vide de sens

Voilà mon cœur

 

Des mots qui fleurent bon

Une fleur
Pour gommer
Les souvenirs
Qui font mal.

Une fleur
Pour apaiser
Le cœur
En plein désarroi.

Une fleur
Pour remplir de joie
Le regard
Ténébreux.

Une fleur
Pour oublier
La solitude
Ecrasante.
Une fleur 
Pour mieux respirer
La vie
Pesante.

Une fleur
Pour ouvrir
Les portes
De l’amour.

Voilà mes espérances 
Qui composent ce bouquet
Que je te destine
Cher lecteur.

Sylvie FREYTAG

 

Le Paradis Noir

Le Paradis Noir
Tel une liqueur
A l'absinthe,
Fourvoie nos sens,
Ecorche les lèvres insipides,
Qui à présent ont le goût de sang.
Fines gouttes ternies
Par les vapeurs taciturnes,
D'une coupe emplie.
La sombre Végétation
Du fils de Zeus et Sémélé;
Dionysos au regard mélancolique
Epouse comme la brise
(Qui) enchante l'Oubli;
Le feu qui crépite 
Au coeur de cette coupe 
Filigrane,
Où la perle d'ébène se languit.
Le Paradis Noir aux portes 
De cristal;
Chrysalide aux portes
Adamantines,
Laisse s'échapper comme la rose
Se berce à l'aube claire,
L'antre des Enfers tournoyants. 

de Dorine R.

 


L'âme du papillon

 

Tu ne fais rien - tu ne sais rien
Tu vas tu viens et tu t'étonnes
Tu te sais là - ailleurs aussi
Lorsque mon âme s'abandonne.
Aimé ou haï, désiré ou craint
Tu ne sais pas ce que ton image 
Me raconte en parlant de toi.

Ils sont des mots qui me reviennent
« Toi, prends ma main
Lis... rêve..»

Et d'autres encor 

« De tous les mots prêts à se dire,
Quel est celui
Que tu ne saches ?

En est-il un
Dont les atours, selon la phrase,
Te soit vraiment un inconnu ?

Tu les sais tous. Lors ne me reste :
Que j'aille te surprendre ainsi,
En y mêlant avec adresse
Bon sens et déraisons,
Le vertueux partage
Où je trempe des riens,
Mais qu'un rythme relance,
Et puisque dépouillés ont besoin d'imprévus.
"Allons prends ma main et viens dans cette ronde,
Je veux, ma chance aidant, te faire un peu rêver"! »



T'aimer ou te maudire, tu t'interroges
Je te dirai que dépouillés
N'ont besoin de l'être davantage.
Que ce n'est que déraison et non bon sens
Tout ce mal d'aimer qu'avec adresse
Tu as su semer aux quatre vents !



Tu crois ne mériter ni l'un ni l'autre
Et pourtant, tu sais bien plus
- As fait bien plus -
Pour t'exposer à l'un et l'autre !



Si le rocher prend ton empreinte
Tout comme tu as foulé un coeur
Tu aimes que l'on t'aime et ma crainte
Est que tu recommences dans tes ailleurs...



Masqué tu avances et si tu as peur
Tu as raison : c'est de toi-même
Tant il est vrai qu'à chaque fois
Tu ne sais où ton pas mène.



Ce que tu dis par contre est là,
Philtre qui râpe ta langue,
Les mots te viennent, dans la foulée,
Avec leurs goûts de ciel et de cendres...



À leur voyage habitué
Habile, tu dessines une maison autre
Pour tromper ton ennui.
Qui ne se méfie n'est pas libre
D'entrer ou sortir et de garder
En son âme, les goûts que tu verses
Sachant qu'ils sont de toi
De nul "au-delà" de cette ligne
Car tous les soirs le soleil file
Et toi tu files aussi, sage
Pour écouter ce que demain
Tu confieras habilement à la page
Pour séduire l'autre sous ton passage.



Ce ne sont les vents porteurs d'oracles
Venus d'ici ou bien d'ailleurs
Qui sont complices de tes méfaits
C'est ta folie, ton grand orgueil
Venus de ta tanière ou de tes palais royaux
Où tu caches tes maux, les transformes en mots
Pour âme sensible en mal de verbe.
Tel un sorcier et ses rites de passage
Habilement tu tournes la phrase
Pour te délivrer de ta prison.



O ! Elle voit bien ce que tu couches
À lire et relire tes grimoires
Jusqu'à en vouloir lier son sort au tien
Lier son coeur n'était pas sage
L'âme est frappée, douleur
Deuil et affliction
Au point que vient ton ombre
En recouvrir ses jours et ses nuits
À te chercher dans tous les signes
Te dévêt, te voit, te veut, t'embrasse
Au point d'aimer cet inconnu
Et puisque ainsi est passé le rêve,
Le jour ne veut qu'être délivré
Et cherche - ô chance superbe -
De connaître enfin ta vérité.
Le fil d'or est rompu
Au rite des amants perdus.



Tu ne sais rien - tu ne fais rien, crois-tu
Tu vas - tu viens - c'est la rencontre:
Des mots mensonges et puis des leurres
À peine un ton et quelques riens,
Par-dessus tous les simulacres des silences...
Fil de coton serre le lien,
Ne tiendra pas temps ou distance.



Regarde au loin - regarde-la -
Si tu la sais, alors l'écoute:
Jamais elle n'aurait dû te lire
Jamais n'aurait dû t'écouter, ainsi t'aimer
Jamais n'aurait dû se laisser séduire
Par toi le loup, en poète déguisé.



O ! Que tu éteignes ta lampe
Que tu mouches la mèche et la délivrer
Que ton calame enfin se taise
Et faire ce que tu fais le mieux, t'isoler...



C'était novembre, c'était le dilemme,
Entre l'appel et l'abandon,
L'un qui mentait comme l'autre avait peur,
Trahir, c'est mentir aussi !
Ô le cirque des inconsolables,
La complainte des arrière-fonds,
De l'hymen la trahison
Qui tombe, brutale,
Au croisement des chemins de l'abandon.



Le semainier n'est plus à la cheville
Plus de précieux bijoux,
Avec les mots sont fondus dans le bronze,
Les amours mortes sont scellées,
Un orfèvre est passé...



Tu le sais ne reste de trace :
Celle de survivre seulement,
Le jour l'éteint - la nuit l'harasse
Et de calme il n'en est plus.
« Obtenir rompt, attendre attise »
Attise quoi - attise qui ?
Alors attends si cela te trouble !
Regarde ! Elle est partie...



Tu ne sais rien, lors tu découvres
En place de savoir qui tu es,
Ce que dit l'autre te renseigne,
- N'en as-tu pas fait ton métier -
Quoique ce qu'il dit, peu te chaut, je sais !



Tu savais - sentais - que l'on s'écartait
De la croisée où l'on se vivait,
O je sais, l'absence n'est plus celle des avants
Elle brûle, elle tue à petit feu
C'est la plus froide des présences
Qui lance un cri de mort à l'oubli
Tu as abandonné un peu de toi-même
À ton propre jeu, tu t'y es pris
Du fait seulement de ta plume
Qui laisse l'autre au sol couché,
Un peu comme toi qui divagues,
Cherchant l'objet que tu ne sais !
Subitement tu le trouves,
Cela te donne une autre voie...



Pose veux-tu, pose la page noircie
Et n'en retiens pas que les émois,
Si tu t'es plu à l'écrire,
Et qu'elle touche à la pointe du coeur
C'est que ton dessein a touché le but
C'est bien que la fortune
Quelque part t'aura servi un vin nouveau.
Et dans l'impossible et pourpre robe,
Qui aura happée mon âme, j'éviterai alors,
D'y glisser fort ton personnage,
Trop occupé dans ses ailleurs
À préparer quoi ? D'autres malheurs ?



Tu n'étais là que de passage,
Mais seul toi le savais
Que de service selon la cause et ton chemin
Peut tout au plus croiser les autres,
Mais jamais plus: je lâche ta main...



Il est, je sais, des papillons
Qui traversent les continents,
Ne se posant que sur les fleurs,
Le suc se fait leur ciel de lit.
Le vent portant cette myriade,
Fait du vide un puissant Monarque.
Ainsi le veut le Papillon de passage,
Ce qu'il laisse en souvenir,
C'est qu'il butine et continue sa route
Laissant tout derrière lui sans jamais revenir.



Comment - pourquoi - il n'en vaut pas la peine
De tenter de sonder et de savoir,
Savoir que la nuit précède le jour,
Qu'une femme est malade d'amour,
Que les congères referont surface,
Que l'automne annonce le froid qui mord
Qu'après la vie il y a la mort
Laquelle, muette à jamais, taira les amours
Qu'elle frôlait comme caresses
Et desquelles elle aura eu raison.
Que de les savoir éphémères
Brûlant les jours des restes de vie.
Que l'Amour qui est tenace
Reprend à chaque tournant un nouveau visage
Même s'Il ne dit que "Bonjour" en passant
Passe, tourne le dos et la page
Et fait tourner, de Don Quichotte,
Les moulins à vent.



Et tu l'entends, quand sur ta couche
Tu te cherches un dernier sommeil,
Te dire que sans toi le monde
Tournait déjà, puis tournera
Mais bien que tu ais dit le contraire,
Tu fais tout pour que l'on ne t'oublie pas.



Et si en mai tu manques à l'appel,
L'éphémère en portera le deuil,
Ainsi, au jour de ta sépulture,
Les papillons iront se poser sur les feuilles
Nul ne verra ce que recèle ton tombeau
Tu emporteras avec toi tes secrets,
Le mal que tu as fait
Et on dira de toi :
" C'était un bien gentilhomme
Ce qu'il était courageux
Passer par tant d'épreuves
Et tenir la tête haute,
Quel homme valeureux !"



Et on chantera tes chansons
Un fois fini, on t'oubliera comme de raison
N'est-ce pas ce que tu demandais ?
L'ombre s'allonge et l'indulgence
Quelle affiche en taisant tes ans,
Te prête un masque au temps qui passe
Et au temps passé où déjà tu le portais.



Alors enfin, un grand respir
Te renverra vers l'infortune
Ce dont sont faits tes jamais.
Et d'ici,
Je t'entends hurler, loup !




Jamais la vie ne fait autant la belle que lorsque renaît l'Âme du Papillon

Ode

14 novembre 2002

 

 

Une histoire de bévue magique

 

Chacune des particules de l’univers semblaient vibrer en lui ce soir là. Une gorgée de plus et ses sens allaient se troubler au point de non retour, tout du moins pour quelques heures. Il espérait pouvoir faire le voyage qui le sortirait de sa douleur, de son erreur. Il prit alors une grande bouffée d’air, et avala le reste de la potion. Tout était scrupuleusement prévu, tout était calculé, tout du moins le pensait il. Dans ses ingrédients, il avait omis les effets de la lune descendant sur la larme de cristal pourpre qu’il avait dû moudre quelques secondes avant de faire fondre la poussière obtenue dans l’eau de crapaud des nuages. Le léger trouble provoqué dans l’orientation des atomes changea du tout au tout la recette.

C’était par un beau soir d’automne, Grimlin avait dans ses mains une fiole vide, une fiole dont le contenu lui avait demandé des mois d’efforts, de recherche, d’extraction, de magies diverses et variées. L’atmosphère embaumait la fraîcheur de la nuit, agrémentée de naphtaline, d’une once de fumée braisée et de poussière parcheminée. Depuis la fenêtre à demi-ouverte, des rideaux de soie bleue filtraient les crins de la lune presque pleine. Dans son laboratoire éclairé à la bougie, le mage était assis au fond de son siège en cuire, devant sa table de travail, où il posa la poire en verre, vide, à proximité du corps de son dragonnet momifié ; son animal de compagnie a qui une année plus tôt il avait ôté la vie, par une tragique bévue magique. 

Pour la petite histoire, Mel avait posé ses petites pattes au mauvais endroit, au mauvais moment, alors que son maître tentait de faire venir la pluie sur son jardin asséché : un micro orage naquis, et puis, « pfiou », enfin, « Brrrooooooooommmmmmmm » serait plus juste, une brisure entre les cieux et la terre, semblable à un feu ardent se propageant à la vitesse des crins des atomes émis par la fleur de feu, et de la chaire de dragonnet brûlantes en guise d’effet secondaire.

La recette magique qu’il avait récupérée du plus vieux grimoire de la collection automne hiver des cérémonies à la mode lancées il y a une trentaine d’années, devait lui servir à insuffler un second souffle de vie, faire revenir d’outre tombe l’âme du défunt, dans un corps rendu tout frais. Le liquide ingurgité, était ainsi censé lui octroyer la capacité d’ouvrir un portail entre les dimensions. Mais alors que Grimlin commença à sentir l’influx faire son effet en lui, défroisser les plis de sa peau, juguler les stries de ses veines, pendant qu’il flirtait de ses mains tout le long de la colonne de Mel, dans un sorte de va et vient pratiqué par les magnétiseurs, le fluide qui jaillit de l’effort de concentration, ne ressembla en rien à celui décrit par les dessins du livre. Une fraction de seconde plus tard, la fenêtre s’ouvrit en grand, sans trop de violence cependant. La fraction suivante, sous l’impulsion d’une brise de plus en plus forte, toutes les flammes, des bougies, et même des torches postées à l’extérieur de la pièce, le long des couloirs, s’éteignirent. Les fractions suivantes de la seconde dont il ne restait plus beaucoup de grains avant le soupire final, le souffle de l’air, le passa à se recroqueviller, à former un tourbillon noir tout autour de la pièce. Les mains du mage étaient dans l’œil de ce phénomène déchaîné, qui resta « figé » entre les murs les secondes suivantes.

C’était par un triste soir d’automne. Des nuages s’amassaient et embourbaient l’halo lunaire, une violente bourrasque tournicotait autour de la masure du mage, violentant les volets. Les sommets des hauts pins du jardin se recourbaient littéralement, tel un acrobate courbant l’échine pour faire de son corps un L renversé avant de plonger dans une abîme. Les feuilles mortes en frise dansaient frénétiquement, une grande partie déjà tapissait le crépi. Le mage pourtant d’habitude sage et serein, était pétrifié, les orbites emprunt par le doute glacé de l’impuissance, il ne savait que faire, et laissa s’écouler les secondes en spectateur. Puis la tourbillon de la pièce se mit à évoluer, comme si il avait des bras, il s’avança pour soulever le corps inerte de Mel, pourléchant les rebords de la table au point d’envoyer valdinguer la fiole à l’autre bout de la pièce, où elle ne fit qu’un, en milles morceaux, avec un bout de porte. Soudain, tout se replia, comme une marée basse qui se retire emportant avec elle ses vagues apocalyptiques. Le souffle quitta la pièce, et retourna même plus immobile qu’à son arrivée, les feuilles dehors retombèrent dans une pluie de bruissement, les arbres reprirent leur position fière de piquets verts, les nuages s’écartèrent pour laisser filer la lune vers les reflets des eaux de la terre. 

Cependant, si tout autour du mage, les feuilles des parchemins s’étaient éparpillés, si des bris de verres, des morceaux de bougies jonchaient au sol, il était trop occupé à miroiter un cercle de jet qui était lui bel et bien resté. Il avait été enfanté par le tourbillon, et était là en guise d’écume prise au piège ? par le déchaînement des éléments. Le corps du dragonnet lévitait au dessus du sol, à l’intérieur de ce cercle. Son ex-maître sortit de sa transe pour comprendre avec avidité ce qu’il s’était produit. Il rassembla tous les manuscrits à terre, et au lieu de les remettre en lieu et place sur l’étagère, il les posa en vrac sur la table, ne prenant même pas le temps de défaire le désordre. De ce temps, il allait justement lui en manquer. Alors qu’il feuilletait des pages, l’intérieur du cercle se solidifiait en marbre noir, aussi noir qu’un univers sans étoiles, broyant le corps momifié qui y était prisonnier. C’est un bruit sorti des abysses des confins de l’univers, qui sortit Grimlin de sa lecture. Il ne pu s’empêcher de lâcher un « Oh » d’étonnement, emprunt d’une profonde tristesse. Pourra il un jour racheter son ignominie envers son la source de ses pairs, racheter erreur, et surtout ressusciter son dragonnet ? La tergiversation fut écourtée par un écho au premier bruit, qu’il pu identifier comme une mélopée, un chant guerrier des âges reculés, peut être des prémices de la fondation, ou même hors du temps. Quelques instants passèrent dans un lourd silence, un de ces silences qui vous fait comprendre par ses murmures audibles au sixième sens de l’âme, que ce qui va suivre n’a rien de bénéfique. Et arriva ce qui devait arriver…

Le cercle contendant, s’ouvrit sur un océan d’étoiles blues, et jaillirent des créatures difformes, habillés de métaux et de possédant de longues protubérances, dont une immense créature ailée, semblable à des oiseaux vus à l’horizon, et qui heureusement, n’avait que passée le bout de son nez. L’invocateur de cette porte, brèche, sur d’autres planètes, d’autres dimensions, eu les jambes qui devancèrent son influx neuronale, et il prit la poudre d’escampette. Il ne prit pas le temps de refermer la porte, ni de prendre son livre de chevet, ni de regarder une dernière fois les créatures qui pouvaient sortir de nul part. Ce qui dans sa bourde du jour, fut le premier acte salvateur pour sa vie, et même son âme. Toute sortes de créatures étaient en chemin pour venir déverser sur sa planète un flot d’immondices, de fiel, et sous leur poids, le plancher craquait, les murs allaient bientôt tomber, la demeure être probablement rasée. Il se téléporta dans un temple où des mages se retrouvaient en permanence. Contrastant par rapport à sa mésaventure, il fut troublé par le paisible qui régnait. Il dialogua avec la première tunique rouge venue, un ancien de ses maîtres, tentant de lui expliquer tout ce qui s’était passé. A la fin de l’échange à sens unique, le visage de panique passa de l’un à l’autre, puis ne tarda pas à se propager de la même façon qu’un virus, sur tout ceux qui étaient présent. Certains proférèrent des prières, des incantations, agenouillés sur les bancs, d’autres coururent vers la grande porte incrustée d’or, celle qui donnait sur la bibliothèque.

Après maintes recherches, consultations, discussions, les mages se mirent d’accord sur trois points : 
- il fallait réveiller les forces latentes de la planète, faire venir les déesses et les dieux à un banquet céleste pour leur expliquer le problème
- il fallait trouver la caverne du guerrier légendaire et le convaincre de reprendre du service
- et surtout confiner Grimlin dans une pièce où la magie est inopérante, et le laisser se reposer jusqu’à ce que tout soit réglé.

Le mage eu beau protesté, il dû se résoudre à s’isoler, à s’allonger sur une couche, en attendant le moment fatidique. Entre quatre murs, il ne pu s’empêcher de laisser vagabonder son esprit, sur le danger qui les menaçait, il fantasma sur sa capacité à tout arranger, à refermer le vortex, le tunnel révélé. Les heures, puis les jours passèrent, sans qu’aucune information ne lui arrive, sans que personne ne vienne le visiter. Il avait finit par prendre la tisane magique qu’on lui avait conseillé, afin de ne pas avoir à subir une trop longue attente, afin de mettre son corps en veille et ne pas avoir à respecter ses « caprices ». A l’aube du septième jour, il retrouva enfin tous ses esprits. Il avait l’impression d’avoir fait un étrange voyage. Il prit une grande inspiration, s’étira de tout son long, puis se mit debout. Ses yeux nageaient encor dans de troubles eaux, ce qui ne l’empêchait pas de voir des reflets inconnus se dessiner autour de lui. Il n’y avait plus de murs, mais une vase pleine grisâtre. Les mages avaient ils échouaient ? L’avaient ils oubliaient ? S’était il écoulé un temps incommensurable durant lequel des épiques batailles s’étaient gravées ?

Au moment où il pu faire le point sur ce qui l’entourait, la malheureuse victime de la fatalité, fut assailli par une créature déchaînée, semblable au légendaire guerrier. Il évita par le heureux hasard d’une courbette, aidé par un sol glissant, les sifflements d’une épée de feu. Déséquilibré par la courbette, au second assaut il s’affala sur le sol. Il eut à peine le temps de voir des fils électrique dans l’air, une fine pluie s’épancher sur des toits en pierre bariolée, fondu dans un seul bloque, que ses yeux se fermèrent de nouveau. Là où il s’attendait à sombrer dans le voile de la mort, à voir un tunnel lumineux ou obscur, il ne trouva que sensation de trouble liquide. Sur son visage une râpe gluante semblait vouloir déverser toute une flopé baveuse. Il hésita, puis finit par battre des paupières…

La stupeur le gagna, il frissonna, vibra, eu la chaire de poule, et versa même une larme de joie. Mel, son dragonnait était fringant, là, en plein soleil, en train de lui léchouiller le visage. Il regarda le ciel, il n’y avait pas un nuage. Il conclu qu’il venait de faire un horrible cauchemar, aux limites de l’insolation. Il était dans son jardin. La brise était légère, seul les crins étaient d’airain, tout était normal. Il tourna, encor allongé, la tête vers sa fenêtre où la potion qu’il avait préparé pour faire la pluie reposait. Il se leva d’un pas bien décidé, et s’empressa de détruire le contenu contre le mur, de rendre obsolète ses effets par une incantation, préférant laisser les éléments de la nature agir d’eux-mêmes, dans le bon ordre des choses, et retourna s’amuser avec son fidèle compagnon. Depuis ce jour, Grimlin n’a plus recourt aux subterfuges de son art pour changer les choses, et est aux petits soins avec le dragonnet.

 

P.L

 

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