La Libre
N° 23 - Journal en fond poétique

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- "Coeur" et "C'est une âme"
- Annonces
- Jeu d'écrits
- Limericks
- Poème en langue étrangère

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- Poèmes à l'air du temps
- Pensées de Pierrot en Avril
- Citations
- Poème récité/Chansons
-
Conte à suivre

Page 3

- Poèmes d'auteurs à l'affiche
- Interview
- Poèmes cris du coeur

Page 4

- Petits d'Hommes de Demain
- Monsieur Carnaval
- Petit jardinier
- A cheval sur la lune
- Chocolate party


La fin de l’hiver

Encore grisant résistent quelques nuages
Enrobent l’inlassable hivernal paysage

S’écartant et faisant apparaître
Rayons réchauffant les fenêtres

Température glaciale lentement déclinera
Aura raison printemps qui bientôt sera là

Couche blanchâtre doucement s’écoule
Dans l’onde de froidure gelée qui s’enroule

Le village fatigué d’une saison de galère
D’ici peu se réjouira de la fin de l’hiver

Yveline Danhiez

 

Printanière pâmoison

Deux petites fenêtres sont fermées,
Derrière se trouve le petit prince,
Et devant roses par l'amour nourries

Dehors le soleil s'est levé,
La vue des étoiles se fait mince,
S'élève le délice d'une symphonie

Nacrant le nid troublé à chaudes larmes,
Le cœur bondit contre d'intenses peurs,
S'épanche au cristal l'étoilé charme

Le fil du tisseur suivant le cours,
Des pétales s'insinuent de la grande fleur,
Par les volets, amènent les sens au jour

Caressant d'or l'antre de la demeure,
Chatouillant chaleur d'une aube ritournelle,
En compagnie de la cohorte solaire

La mélodie colorée de vie, rentre par coeur,
Au prince, l'invitant à déployer ses ailes,
A ouvrir ses volets, laissant s'infiltrer l'air

Du jour où l'airain n'est pas invité,
Pointe les corolles pour égayer le jardin,
La vue du printemps, soupirant de l’éveillé

Deux petits volets à l'aube sont ouverts,
Devant, des roses quémandent d'attentionnées mains,
Le petit prince, jardinier va se faire...

Rien à signaler avaient soupiré les roses,
A l'ombre de tous les murs cristallins

De son poste immobile, en hypnose
Sous pointes de feu la fleur et ses crins,
Pourpre sondait l'ère du souffle, l'élan,
Ses pétales de soie en pâmoison

Rien à signaler soupirait la saison,
Depuis peu encrée à la fragrance printemps

De son poste enraciné, au seuil
De l'aube, le doux crachin, sentait venir
Rosaline, mais dans le bruissement du ciseleur,
Toutes ses feuilles prenaient le ton de l'écueil

Rien à signaler dans un long frémir,
Ont soupiré les chairs des roses en choeur

La brise commençait avec peine, à fleurer
Les épines, portant sous brise les rumeurs
Des mélopées, la faim à périanthe fleur
De Mauve, qui vibrait sous l'armure surannée

Rien à signaler hésite le fond du puits,
Expirent aux parois, en abat, les clapotis

Les plantes au vert, se serrent tout contre
Le sol sous le poids de tous les bariolées,
Les majestueux agitent les bras dénudés,
En maestros, l'horizon du mutin montrent

Rien à signaler ne soupirera la chanson
Sous l'alcôve des pétales caressées par passion

A l'heure où les astres font des ronds,
Où les fées s'apprêtent à remonter les cieux,
A la floraison, porte attention en radieux
Le petit prince qui espère arroser du frisson

Dansent alors les pétales, en pleine agitation,
Son pinceau garde trace de la printanière pâmoison...

Pascal Lamachère

 

L'arbre pleurait...

L’autre jour, en passant,

J’ai entendu l’arbre pleurer.
Intriguée, je me suis arrêtée…


Et l’arbre m’a raconté.
Il m’a dit : « prend le temps
Rien qu’un instant.
Cela fait mille ans,
Et pour mille ans encor’ ! 
Alors prend l’instant
L’instant présent.

Aux frétillements de ses feuilles,
L’arbre m’a offert l’ombrage,

Aux sanglots de son écorce,
L’arbre m’a offert la sève.

À ces souches sous mes pieds,
L’arbre m’a murmuré son secret.

J’ai écouté Longuement, 
Sa complainte dans le vent
Et au soir naissant,
L’arbre pleurait toujours.

Rien ne pouvait le consoler,
Pas même un instant.
Alors pour mille ans…


Planète interdite

 

Ta petite fleur

Petite fleur d’un été embaumée de chaleur
Le germe de mes jeunes racines humides
S’est niché dans le creux douillet de ton cœur
Pour y laisser pousser ses pétales timides.

La sève qui voyage tout le long de ma tige
Transporte tes sourires et tes éclats de rire.
Les rayons lumineux de tes yeux amoureux
Ensoleillent mes couleurs nourries de ce bonheur.

Comme je suis toute entière ouverte à tes soins
Arrose moi, mon cœur, de tes mots plein d’amour
Laisse glisser tes doigts sur mes feuilles, et toujours
Fais courir la tendresse, pur engrais de tes mains

Petite fleur qui grandit au jardin de ta vie…
Quand l’orage m’emporte dans son grand déversoir
Quand l’ombre de la nuit m’enveloppe de son noir
Tu restes ma protection, jardinier de ma vie.

orevine

 

 

PENSEES DE PIERROT EN Avril

Aux marionnettes des grands,
A leur histoire mensongère
Pierrot préfère celle des enfants
Quand ils jouaient en paix naguère. 

Mais, pantin désarticulé,
L'humanité s'est fait la belle,
Le coup était bien ficelé,
Qui a donc tiré les ficelles? 

Pourtant, au travers du bitume,
La nature fait pousser des fleurs,
Les buissons couvriront les dunes,
Et le temps sèchera les pleurs... 

***

Printemps est arrivé
Nouveaux rêves, nouveaux nés!
Les derniers bourgeons sortent.
Finies les amours mortes.

Je n'entends plus sonner les cloches,
Les oiseaux s'arrêtent de chanter,
C'est que bientôt la Pâque est proche,
Ma guitare est prête à t'aimer! 

***

Entre l'expo et les peintures,
Pierrot est à se demander
Quelle cuisine, quelles confitures
Ses amies vont lui apporter.

Les plus jeunes peignent des fleurs-printemps,
Les autres des masques et des bateaux!
Les uns vivent de l'air du temps,
Et les autres en sauts de carpeaux.

Pierrot dit que sa poésie
Reste une bonne thérapie!

***

Découvrir l'Amérique,
Sur un bateau à voile,
Je trouve ça idyllique
Pour cueillir les étoiles.

Le grand navire de guerre
N'est vraiment pas pour moi,
Pas plus que les galères,
Je n'm'y sens pas chez moi!


La Colombe je préfère,
Les couleurs, pas le noir,
La PAIX plus que la guerre,
L'ESPOIR au désespoir! 

***

Grand rêveur solitaire,
Loin des cris, des rumeurs,
Pierrot dresse l'inventaire
Des beaux slogans trompeurs !

Et passent les nuages
De la foule en colère,
Face à tous les chantages.

Pierrot se désespère...
Qu'aux dentelles de nuages,
Le joli mai s'anime,
Pour que tous nos bocages
Retrouvent leurs Colombines.

P.F

 


Citations

Les guerres comme les passions les plus amoureuses proviennent toujours de la distance entre le mot et la chose. (Hubert Nyssen - Essayiste et romancier français)
 
L'existence est une guerre menée contre le temps qui sourit devant notre agonie pour conquérir les contrées de la mort (Benoît Gagnon)

Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage. (Jean Jaurès - Homme politique français)

Il n'y a pas cinquante manières de faire la guerre, il n'y en a qu'une : la sale. (François Cavanna - Dessinateur humoristique et écrivain français)

La guerre, c'est toujours un ultime recours, c'est toujours un constat d'échec, c'est toujours la pire des solutions, parce qu'elle amène la mort et la misère. (Jacques Chirac)

La guerre est beaucoup plus qu'agression et conquête, c'est une suspension des contrôles de "civilisation", un déchaînement ubrique des forces de destruction. (Edgar Morin - Sociologue français)

L'histoire ne nous fournit que des exemples de paix violées, de guerres injustes et cruelles, de champs dévastés, de villes réduites en cendres. (Denis Diderot - Ecrivain et philosophe français)

Si la raison gouvernait les hommes, si elle avait sur les chefs des nations l'empire qui lui est dû, on ne les verrait point se livrer inconsidérément aux fureurs de la guerre. (Denis Diderot - Ecrivain et philosophe français)

La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. (Paul Valéry - Ecrivain et poète français)

 

Poème récité/Chansons

 

Semillas (Semences)

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Monsieur Carnaval

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Léger comme un moineau

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Si vous avez une chanson "amateur" que vous voulez faire découvrir, un poème récité, envoyez le moi à laplumelibre@free.fr avec les paroles écrites et le fichier audio

 


L'ange des dragons

 

La grande prêtresse


La situation de Firuth dura prêt de deux mois, au cours desquels, il retrouva toute sa vigueur, mais au cours desquels aussi, il dû se plier aux ordres de ses « esclavagistes ». Durant ce laps de temps, Lirandra avait fait un bon bout de chemin, un chemin qui allait peut être lui permettre de continuer à guider son protégé, à retrouver d’autres dragons verts. Ainsi, au soir du 28 Grivelin (mois dédié aux dragons d’étain), de l’an 26, aux pieds du mythique autel d’Arvan Tarethu, notre jeune prêtresse va se faire conférer les pouvoirs d’une grande prêtresse.

Syrgaregue, le maître de cérémonie, en toge verte, ne laissant entrevoir qu’un bout de son nez pâle> « Lirandra, en cette soirée, malgré votre jeunesse, pour la bravoure dont vous avez fait preuve, l’essence qui vous habite, le lien si fort qui vous unit à certains dragons, les épreuves que vous avez su surmonter, alors que le voile sombre des entrailles du chaos vous ont frôlé, pour… »

Au fil du discours solennel, l’esprit de notre jeune promue songeuse, s’évade, se remémorant ce qui l’a mené ici, des bouts de sa vie…

Toute son enfance, dans le village de Rieumosin elle avait été choyée, venue le temps de déterminer son avenir, après plusieurs tests, s’était dévoilé un futur de prêtresse des dragons verts. Elle avait suivit avec application et grande passion son enseignement, avait approché de prêt de nombreuses créatures dantesques. Elle aimait leur côté mystique, mélangeant parfois la force et la fragilité, toucher leurs écailles, sentir leur souffle. Le caractère des verts protecteur de la nature avait naturellement sa préférence. Étrangement, avec eux, elle ne se sentait pas une frêle créature pouvant se faire cramer d’une minute à l’autre. Firuth fut néanmoins le premier dragonnet à sa charge, le premier qui l’avait reconnu et accepté. Ensuite, est venu le temps de la catastrophe, où elle avait bien faillit y laisser sa vie…

Après avoir fait un vol plané à ras le sol, un roulé boulé non loin d’une chaumière en cendre braisée, Lirandra avait échappée de peu au « bûché ». Des longs souffles rougeoyants, distordant l’air par une vague de fusion, l’avait frôlé. Son cœur en haleine, les cheveux presque « fondus », après avoir récupéré son sceptre, elle avait couru, couru sans poser un regard vers les volcans des cieux, qui lui aurait été sûrement fatale. Avançant à l’instinct, elle dû s’arrêter à quelques centimètres de ce qui restait du dôme incubateur. Elle pensait à Firuth, une voix au fond d’elle la raisonnait, lui suggérait d’utiliser sa magie. Évitant de nouveau d’un demi cheveux l’inéluctable catastrophe, elle avait usé de son sceptre pour créer une sphère isolante, se protéger du danger. Les flammèches errantes des incendies, comme les feux de dragons, les griffes, les projectiles, les masses en mouvement, ne pouvaient passer à travers la bulle, et faisaient des ricochets comme une pierre à la surface de l’eau lancée en rotation boomerang. Une sorte de coquille de feu ardent autour d’elle s’était finalement formée. Elle ne savait combien de temps elle pouvait tenir ainsi... 

Alors qu’elle se dirigeait vers la grande étendue d’eau, haletant, suffoquant presque, un « miracle » était survenu : une pluie en abas, si forte que les dragons rouge furent réduits à user des paupières comme essuie-cristallin. Le nuage de sang déchaîné s’était dispersé, d’incendies en foyers crépitants, de foyers en flammèches, de flammèches en braises, de braises en cendres, de cendres en boue grisâtre, les ruines du village se lavaient des souillures des fêlons. Lirandra avait néanmoins peur de se rendre sur place. Cadavres, cadavres et cadavres, d’amis Torins et dragons verts l’y attendaient. Elle percevait dans son âme glacée, l’absence totale de vie dans cette direction. Le seul lien qu’elle sentait encor existait, se déplaçait au loin. Au fond d’elle, elle savait qu’elle ne le perdrait pas de vue, mais elle savait aussi qu’elle était désarmée…

Nombres de questions s’ensuivirent entre elle et elle, par rapport à sa conduite de prêtresse à tenir. Elle s’était souvenue des paroles de son mentor, Arvant Prairin, vieil homme sage, et grand prêtre délégué au village, quand à la fondation des êtres pensants pouvant communiquer avec les dragons, des légendes qu’il lui avait raconté, relié au temple des dragons verts. Elle savait où se trouvait géographiquement ce temple, où Prairin avait personnellement étudié, mais par quel moyen s’y rendre ? Quand bien même elle aurait le courage de faire un long pèlerinage, un obstacle majeur se dressait. Finalement ce fut un nouveau « phénomène salvateur » qui était venu s’insinuer, se mêler, se fondre, au chemin. Un dragon d’air, une engeance invisible, confondu avec des grands vents, arrivait pour la soulever. Communiquant avec elle par télépathie, il comprit qu’il devait d’abord l’amener prêt du lieu où allait être déposé Firuth, suivre la direction que sentait Lirandra…

Lirandra pu vivre à nouveau les sensations grisantes du vol sur un dragon, voir de prêt les merveilles du paysage d’en haut, se marier avec ceux d’en bas. Elle se sentait tel un draphin du vide (le draphin est semblable au dauphin, il a seulement une nageoire en plus, sous le ventre, et une tête proche de celle d’un phoque), voltigeant et bravant les remous. Lorsqu’ils étaient arrivés à destination, sur une île volcanique, volant à ras de mer, l’équipée avait échappé de peu aux dragons rouge. Une fois arrivée à terre, Lirandra avait fait vite, sur les recommandations du dragon d’air. Elle s’était concentrée, pour sortir de son corps, voir dans la matrice présente et à venir, proche, des chemins des âmes présentes aux alentours. Lorsqu’elle était apparue aux côtés de Firuth, l’émotion avait failli la rappeler à l’état physique. Se maîtrisant, elle n’avait pu néanmoins que faire court. Cela fait, elle avait pu s’envoler sans encombre, vers ce qu’elle avait espéré, le temple des dragons verts...

Syrgaregue> « … vous voici donc aujourd’hui, devant nous pour recevoir le titre que vous avez mérité, ce même titre qui va vous valoir le privilège d’être conduit là où peut sont allés, mais vous allez y être conduit dans un état inconscient, du fait de votre jeune âge, pour accélérer les choses, au vu de ce qui se passe. Quand vous en ressortirez, vous serez maîtriser les pouvoirs d’une grande prêtresse des dragons verts… ».

Sur ces paroles, le maître de cérémonie appose son sceptre, et sa main libre, sur la tête de Lirandra qui est poussée à s’agenouiller. Elle est prit de vertige, ferme les yeux, et, devant l’assemblée réunit en cercle, leur respiration suspendu à ce qui se trame, tombe dans l’inconscience. Dans le temple en forme de huit, deux fois plus haut de plafond que peut l’être un temple, vide de meuble, avec seulement un gros pilier central, composé de trois piliers ordinaires, des statues de dragons et torins, incrustées aux murs ici et là, un autel sobre érigé au dessus d’une dalle verte où un dragon a été gravé, s’enclenche un cliquetis qui s’emplit petit à petit. S’ensuit un branle bas sonore, l’ouverture de la paroi faisant face à l’autel, par coulissement de la statue de dragon incrusté à cet endroit. Le maître de cérémonie prend dans ses bras la dévouée Lirandra, pénètre dans l’ouverte rectangulaire, où l’obscurité règne. Lorsqu’il ressort par la porte évanescente, Syrgaregue a les mains vides. La porte se referme dans le même ton sonore qu’à l’ouverture, avant d’être à nouveau actionnée quelques heures plus tard, en milieu de la nuit, par une force présente, spirituel, intangible. L’assemblée n’a pas bougé d’un pouce entre temps, priant, communiant avec leurs ancêtres, avec la force présente. Syrgaregue pénètre de nouveau par la porte, et en ressort avec Lirandra dans les bras, toujours inconsciente. Il la pose au centre de l’autel, où, comme si cela est synchronisé, la magie ambiante l’imprégnant peut être, l’adjoignant à se réveiller, elle rouvre les yeux. Ses paupières vacille, puis se stabilisent. Faisant le point sur ce qui l’entoure, elle ne se lève pas tout de suite, le trouble la clouant au sol. Elle se sent bizarre, toute changée, et en même temps, la même. L’assemblée hétéroclite, formée d’une vingtaine de torins en toge, de 4 dragonnets verts, et un blanc, fait entendre un bref instant son contentement général, avant de se mouvoir vers la sortie.

Syrgaregue agenouillé à ses côtés, lui passant la main sur le front> « Te voila promue grande prêtresse, chère Lirandra… ».


Le feu du dragon


Firuth a enfin pu sortir de l’antre des dragons rouge. Il est toujours à peine plus grand que les dragonnets rouge, et presque une fois et demi plus petit que ceux qui ont son âge, et avec lesquels il a pu faire « ami ami ». Non loin d’une des grandes bouches, menant à une galerie, qui mène au lieu de vie des créatures de feu ailées, au sommet du mont, il observe l’horizon, côté ouest, où le voile de l’obscurité mange les pâles lueurs rougeoyantes. Au dessus de sa tête, les roses étoilées sont écloses depuis quelques heures. La nuit, glacée, la brise distribuant les piqûres de l’air, le vol de quelques dragons encor éveillés, dresse une sorte de tableau apocalyptique. Une sensation étrange, un frisson, s’incruste dans le vert, ne prenant pas sa source dans l’atmosphère. Il ne le sait pas lui-même, mais Firuth sent ce qui arrive à la prêtresse. Il ne le sait pas encore, mais…

Stormuth et Charlith, les deux seuls dragonnets avec qui il a réellement sympathisé, jouent non loin de lui à faire rouler un tronc d’arbre le long de la pente, et à voler assez vite pour pouvoir stopper sa chute. Il finit par se décider à aller les rejoindre, malgré le trouble qui l’habite. Il leur adresse quelques mots en dragon soufflé, attirant leur attention. Ils l’attendent, puis commencent à lâcher le tronc. Tous trois étant de la même trempe, la course est serrée. A deux battements d’ailes de la cible qui soulève nombre de galettes de poussière, un adulte rouge vient s’interposer entre lui et le tronc roulant qu’il espérait arrêter avant ses deux comparses. La queue du dragon de grande envergure, frappe par inadvertance l’objet du jeu, l’envoyant valser. Stormuth prompt au saut, et dans sa lancée, manque de peut le bois envoyé en orbite (le tronc est aux dragonnets ce que le bout de bois est au chien). Firuth s’arrête net, manquant néanmoins de percuter avec sa tête le bas du torse de l’intrus. Un coup de griffe passe à quelques centimètres de ses yeux, qu’il ferme par réflexe. Le rouge s’agite devant lui, souffle des narines de la même façon qu’un taureau le ferait, excepté que le souffre et des flammèches se dégagent. Une sorte de force invisible, générée par l’instinct de survie de Firuth ?, vient déséquilibré le grand dragon. Lorsque notre vert qui s’est cambré en arrière, les pattes en avant, rouvre les yeux, il voit l’agitateur faire un tour sur lui-même avant de s’élever et pester. Firuth profère quelques excuses, auxquelles il a droit, en retour, de la part du mal dominant, blessé dans son orgueil, un regard hautain. En ayant pour son compte, n’ayant pas vraiment de justification pour revenir à la charge, il suit les derniers dragons en partance pour le repos. Firuth l’observe s’engouffrer dans la terre. Stormuth et Charlith, fatigués, l’adjoignent à faire de même. Après avoir regardé une dernière fois dans toutes les directions, il suit à son tour le chemin vers Dragonmorphée…

Quelques jours passent, au cours desquels il n’est fait aucun cadeau à l’encontre de Firuth. Malgré quelques moments de découragement, grâce notamment à la sensation étrange qui s’est maintenant enfouie au plus profond de lui - jusqu’à en graver sa mémoire de chaire, les pétales de son cœur – son sourire d’âme, esprit de dragon vert, sa gentillesse, envie de protéger ceux qui l’entourent, est resté. De plus, une voix résonne de plus en plus dans sa tête, une voix amie, sur laquelle il n’arrive encor à donner de sens du fait de son manque d’articulation, et peut être bien du fait qu’elle est proféré dans une langue inconnue…

Les jours passent et se suivent, encor et encor… Firuth est frustré dans son envi de vagabonder par des interdictions, et bien qu’il se dit qu’il pourrait déplier ses ailes, partir du foyer des dragons rouges, son attachement envers sa mère adoptive, ses liens tissés avec ceux qui sont pourtant bien différent de lui, le retiennent. Il ne le sait pas encore, mais il va être l’objet d’une intervention divine, ou disons le pion d’une magie sans égale. Et à l’aube du 12 Lateintuk, arrive pour lui l’heure de sa réalisation…

Dehors, les murmures des rouleaux de l’eau sur les rivages de l’île se mélangent aux crins de lumière qui remplissent l’espace, dehors, l’air s’emplit d’un grondement, le ciel est pourtant vide, la terre est pourtant reposée, dehors, les nuages rougissent, puis se grisent, puis s’assombrissent encor, semblant capturer finalement jusqu’au moindre grain du feu des étoiles, dehors, des terres isolées, cendrées, du nord, surgit une horde de dragons noirs. L’instinct de Firuth l’a mené au dehors, là où il aimait observer la nature, prendre un bol de paysage. Il est le seul, le premier à s’être éveillé. Comprenant assez vite la nature du nuage noir en mouvement d’où se distingue de titanesques ailes, il pousse un grognement d’alerte, au cas où les intentions des visiteurs soient hostiles. Le branle bas donné, après l’arrivée de quelques rouges qui ont confirmées l’alerte, du centre du volcan surgissent les créatures volantes, de tous les âges, affolées. Dans le tumulte tourbillonnant, Stormuth arrive pour lui expliquer la situation : se soumettre, fuir, ou périr…

Sur le dôme d’en haut ressemblant à l’aube de la nuit, les rouges s’organisent en bastion, se préparant à un affrontement. Les plus petits en arrière. Charlith arrive à son tour pour lui conseiller de fuir, avant d’aller à son « poste ». Firuth est hésitant, plus personne ne se soucie de lui mis à part ses deux amis, même Angelith, sa mère adoptive. La petite voix amie qui raisonnait dans sa tête, se fait soudain plus claire « Firuth, tu es l’avant dernier de ton espèce, l’histoire se répète, les différentes espèces de dragons s’entredéchirent, tuent les autres créatures, sous la houlette de puissants mages qui ont pour ambition la fin du monde, la destruction de toute vie, et autres désirs de mégalomanes destructeurs, cherche en toi le pouvoir protecteur, laisse le sortir, et tu trouveras le chemin… ». A la fin des paroles qui s’amplifient dans sa tête, se coulent dans ses nerfs, son sang, atteignant en fin son cœur, il lève la tête, et réalise qu’il s’est passé assez de temps entre son oraison et le déroulement des événements extérieurs à son monde intérieur, pour que les cieux soient embrasés. Arrive le point de bascule, entre l’instant où les deux hordes se font face, et le moment où la faux crépitante, digne d’un volcan, va frapper. Un être debout, un torin nécromancien, tiens un sceptre de la main droite, avec l’effigie d’un dragon noir. Il est lui-même sur la tête du plus effrayant des dragons noir. Il semble à Firuth que celui-ci tourne subrepticement ses yeux vers lui, bien que rien de lui ne soit distinguable, enrobé de sa toge de jet. Les dragons rouges sont les premiers à partir à l’offensive…

Un nuage de feu engloutit les deux armées, Firuth ne peut voir, l’haleine suspendue au moindre corps vacillant, tombant, que la résultante sanguinaire de l’affrontement : des bouts d’ailes en feu virevolter vers le sol, des morceaux de corps déchirés, lacérés, inertes, subissant les lois de la gravité. L’indignation en lui commence à bouillonner… « Va, va, Firuth, suit ton cœur »… 

Voix rauque autoritaire venant des flammes>« Fermanereth, pradroug, quernoul faxeope… »

Un éclair, le feu cesse, la fumée se dissipe tel des vaguelettes se retirant.

Firuth tourne la tête vers la bataille, qui ne fait plus rage… Les dragons noirs et rouge se sont mélangés, s’observent, se toisent. Le torin est toujours debout, faisant des ronds avec son sceptre. Il a réussit par sa magie à dompter le pouvoir des dragons rouge. Les amis de Firuth sont aussi immobiles. 

Voix féminine> « Arzavenor pirotek, parcimon empibo rition… »

Firuth tourne la tête derrière lui. Lirandra les cheveux magnétisés, hirsutes, suspendu dans le vide, dresse son sceptre en avant. Sur le naseau du dragon vert, pointe un grand sourire. Sa joie est immense, mais il ne s’attarde pas. Une voix en lui, dont il ne sait la nature, si c’est de la télépathie de sa prêtresse, ou la voix amie, lui suggère des paroles en vieux dragon, dont il ignore lui-même le sens : « Groumpf, grmbl, arg, karnage grullll lumière dragonation ava noisette skippy ». Il articule du mieux qu’il peut chaque syllabe, et…

Pendant que Lirandra sur son dragon d’air, et le nécromancien sur son dragon noir, se lancent sort sur sort, s’annihilent leur pouvoir…
Pendant que les dragons rouges et noir tantôt s’affrontent, tantôt font du surplace, tantôt s’éloignent pour revenir vers le « centre » de l’affrontement, tantôt s’apprêtent à s’attaquer à un des deux magiciens protagonistes…
Pendant qu’une mouche au sol évite de peu le dernier souffle d’un dragon à l’agonie…

Firuth crache un long jet vert en direction du torin, qui se déconcentre, vacille en arrière…
Firuth se transforme en torche verte, et en vrille éclaire approche et envoi valdinguer le dragon noir…
Firuth crée un portail, conjuguant ses pouvoirs à ceux de Lirandra tenant fermement son sceptre, dans lequel est plongé le nécromancien…

Les dragons éructent la victoire, les noirs de nature solitaires, repartent chacun de leur côté, les rouges reforment un groupe soudé, s’apprêtent à prendre soin des blessés. Lorsque Firuth plonge ses songes sur eux, il constate que la hargne, la rage, la soif de mort, de leur aura s’est dissipée…

Soudain, une vague invisible transperce tous le monde, jusqu’au plus profond de la chaire, une sorte d’explosion lumineuse qui prend la forme d’un dragon géant, aussi grand que l’île, un dragon qui s’élève, lève sa patte d’éther en signe de protection, de bénédiction, avant de s’envoler vers le firmament. Dans la tête de Firuth raisonne une explication : « Je suis l’ange des dragons de ta planète, présent depuis la nuit des temps, pour empêcher des destructions irrémédiables, un cycle s’achève, un autre démarrera, ainsi va la vie, à une autre vie… ».

Lirandra, les larmes aux yeux, posée au sol, court vers Firuth lui aussi au sol, et le prend dans ses bras, enfin, l’inverse serait plus… plus proche de l’envergure du corps. Pendant tout ce temps où elle avait été séparée de son dragon vert, avant de devenir prêtresse, avant de rejoindre le temple des dragons verts, malgré l’aide du dragon d’air, elle avait dû traverser quelques épreuves, hostilités de dragons noirs, sous les ordres du torin perfide. Son soulagement, sa joie est immense, et prévoit de mener Fiturh au temple qui a aussi été attaqué, où seule une dragonne verte à survécut. En son for, elle prit :

« Ô ! Grand feu souverain des âmes éveillées,
Là où les grands gardiens verts reposeront,
Protège leur descendance, apprend la prospérité
Dans le partage des rives, et non dans la destruction » 

C’est ainsi que s’achève notre histoire, celle de Firuth le dragon vert, bénit par l’ange des dragons. Son épopée n’aura pas été la plus héroïque, la plus épique, de toute l’histoire des dragons de cette planète, mais elle aura marqué à sa façon un tournant, prenant source sur d’autres tournants, issus du mouvement perpétuel des forces… Et alors que les civilisations des êtres pensant s’étaient succédées, que les dragons étaient les maîtres depuis leur création sur la planète Erfareath, les décideurs inconscients de l’avenir des créatures, par la force, le courage, l’amour de quelques créatures, l’harmonie entre les dragons, les torins, et autres espèces, sera une des premières à perdurer, s’épanouir, avant qu’un autre cycle s’achève…

The end 

 

© Pascal LAMACHERE

 

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