(Eloix est un poète au grand coeur et de grand talent
du Québec,
vous trouverez l'adresse de son site à la fin de l'interview, faite le
24/11/2002)
1 -
Depuis combien de temps baignez-vous dans la poésie ? Racontez-nous
...
J'étais aux études primaires que déjà j'aimais bien écrire de petites
histoires, des textes courts, les classes de composition et c'est à cette
même époque que je prenais goût à la lecture. L'Histoire demeure ma
lecture préférée.
2 - A
quel genre de littérature, d'artiste (s), vous identifiez vous ?
Comme je le disais l'Histoire demeure ma lecture préférée. Rien ne me
satisfait plus que d'apprendre un peu plus sur le Passé et le Présent
des Nations et Civilisations. Je m'intéresse aussi à la Science-fiction
dans la mesure où cette forme à venir de l ' Histoire a un sens et une
crédibilité de réalisation possible. Les grands classiques tel Hugo,
Lamartine, Nelligan et bien d'autres demeurent des lectures
enrichissantes. Parmi les contemporains, ce sont les livres qui font
appels à mon imagination ( visionnement de l'intrigue par ma pensée )
qui retiennent mon attention.
Par défaut, il est rare que je me lance à la lecture d'un livre
fortement médiatisé ou publicisé; rarement ai-je découvert parmi eux
des chefs d'oeuvres dignes de leur battage publicitaire. Je suis peu fidèle
à un ou des auteurs en particulier et c'est pourquoi je n'en nomme aucun.
Un livre doit me permettre de m'évader complètement à l'intérieur de
son intrigue ou il est systématiquement écarté dès le début. Si tel
est son cas, j'y passe quelques heures de sommeil perdu à en compléter
la lecture d'un couvercle à l'autre.
3 -
Quels sont les artistes, poètes, ou autre, qui vous ont le plus touché ?
Nelligan et Hugo sont mes préférés; l'un pour sa tristesse romantique
et l'autre pour sa clarté. Les artistes qui me fascinent sont ceux
pouvant rendre toute l'âme de leur personnage ou leur personnalité. Gérard
Depardieu, Josée Thifault en sont un exemple et en chanson, Aznavour,
Piaf, Dion, Fabian et quelques autres. Les grands tel Bach, Mozart et
autres me permettent de vivre la musique sans paroles. Mais ils ne sont
pas les seuls bien sûr. Le Gothique ou Grégorien permette à mon âme de
s'évader un peu du matériel de son corps.
Parmi les poètes contemporains, je préfère les méconnus que les grands
noms; il y a tout de même des poésies qui transcendent les mots dans les
deux camps.
4 - Que
représente pour vous la poésie, qu'y recherchez vous ?
La poésie pour moi, comme l'écriture ou même le courrier, est une
expression écrite de la pensée et en revêt ainsi toute la clarté ou le
mysticisme. Comme la langue parlée, elle me permet de faire parler ma
pensée ou mes états d'âmes. Combien de fois entendons-nous dire : en écrivant,
j'ai pu voir clair dans la confusion...
5 -
Quelles sont les autres passions "artistiques" qui vous animent
?
La peinture et la sculpture font l'attrait de mon attention et mon regard.
Là encore aucun artiste en particulier. J'aime une oeuvre si elle évoque
en moi une émotion, un sentiment et, tout comme un livre, me transporte
au coeur d'elle-même, dans sa chair et son âme.
6 -
Pouvez vous dire, ou plutôt déclamer, en quelques mots, quelques vers,
ce qui pourrait vous représenter, être le symbole de l'essence de votre
âme, de vos oeuvres, de votre idéal (si c'est une chanson, vous pouvez
nous donner le titre) ?
L'Amitié, la Sincérité représente le plus ce que je suis et sont les
valeurs qui priment sur le reste pour moi.. Je pense que ces mots et celui
de " retenu " sont ceux qui me représentent le plus. J'aime le
calme, mais comme tous les gens calmes, il m'arrive parfois de faire tempête
aussi...
Le poème suivant parle par lui-même et sa musique reflète ces "
grands yeux " sur la vie que sont les miens, toujours avec un regard
vers le Passé en nostalgie et le " doute " de l'Avenir... En
fait je suis une pure balance dans le Zodiaque...
Amitié
Étranger, mal connu,
un mot ingénu,
sentiment de l'âme,
diaphane...
Étranger, retenu,
un mot impromptu,
attirance,
une conscience...
Étranger, émotions,
sans conjugaison.
Étranger, sans couronne
et qui donne...
Étranger, sans un nom
et qui se fait un seul don...
Un mot,
juste un repos...
Amitié, mal épelée,
parfois confondue.
Amitié, mal aimée,
nom perdu.
Amitié, sans un temps,
mais éternellement.
Sans raisons,
toute dévotion...
Amitié, mal connue,
un mot ingénu,
mains recueil
âme qui accueille...
Amitié, retenue,
un mot impromptu,
un silence,
une conscience...
... juste une conscience...
© Éloix

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Contes
du Quebec
La chasse de la chandeleur
À ce qu’on dit, à chaque année, il y avait des hommes qui allaient à la chasse au même endroit, au même camp de chasse. Ils y allaient la fin de semaine, le jour de la chandeleur.
Une année, ils sont arrivés et ils ont commencé à boire dans le chalet. Puis, il y en a un qui est sorti, qui s’est éloigné du camp : il est disparu et n’a jamais été revu. Les autres se sont alors posé des questions, se sont inquiétés, mais ils ont fait leurs bagages et sont repartis chez eux.
L’année suivante, les trois hommes qui restaient se sont dit : « Allons à la même place que l’année passée ; on va bien voir. On va aller chasser là. » Et ils ont décidé qu’ils resteraient tous ensemble parce qu’il s’y produisait des choses bizarres. Alors, ils s’en vont à la chasse et il y en a un qui est obligé de sortir, on ne sait au juste pourquoi. Et il est disparu. Les autres ont trouvé ça bizarre. Ils sont revenus chez eux.
L’année suivante, à la même date, les deux autres hommes sont retournés dans le chalet, au même endroit, et ils se sont installés pour y passer la fin de semaine. Mais il fallait aller cherche du bois dehors. Il y en a un qui a dit : « Écoute, va chercher du bois dehors » Il avait peur de sortir, car il savait que ceux qui étaient sortis n’étaient jamais revenus. L’autre avait aussi peur de sortir que le premier. Chacun voulait que l’autre aille à sa place. « Je vais t’attendre ici ! » dit le premier. Finalement, le second est sorti, et quand il est revenu, celui était resté dans le chalet n’y était plus. Celui qui restait a eu peur et il a fait ses bagages.
Il avait eu tellement peur, et cette histoire n’avait pas tellement de sens qu’il s’est dit qu’il fallait qu’il aille raconter ça au curé pour trouver une solution à cette situation. « Ça doit être le Diable ou quelque chose qui se promène dans ce coin-là, pensa-t-il. » Alors, il s’en va à l’église, entre dans la confessionnal et raconte au curé tout ce qui s’était passé et lui demande ce qu’il en pense.
Et comme réponse, le curé sort la main et l’étrangle.
La légende de Rose Latulippe
Une nuit, au cours d'une veillée de danse, la porte s'ouvrit et un bel étranger entra, Rose Latulippe, subjuguée, délaissa son cavalier habituel pour aller rejoindre le nouveau venu avec qui elle se mit à danser. Elle dansa pendant des heures. Mais lorsque, exténuée, elle voulut s'arrêter, elle découvrit que c'était impossible. Son partenaire continuait à la faire tourner et virevolter au point qu'elle crut sa dernière heure venue. À minuit, l ’étranger réinvite Rose à danser, celle-ci accepte. Elle avait oublié qu’elle devait dire non à partir de minuit. Elle offre ainsi son âme au diable. C'est alors qu'arriva le curé du village. Il avait reconnu la main du diable et le chassa à coup de prières et d'eau bénite. Exorcisée, la pauvre Rose Latulippe ne dansa jamais plus, désormais, qu'avec son cavalier attitré.
L’ombre de la mort
Mon arrière-grand-père fut témoin de ce fait. C’est ma mère qui me l’a raconté. Le tout se passe vers 1895 dans une paroisse de la rive sud.
Le premier de l’an au matin, un voisin s’amène chez mon bisaïeul. Il est tout désespéré et dit que sa fin est proche. Après l’avoir calmé un peu, mon ancêtre réussit à avoir des explications. Le pauvre a bien raison d’avoir peur. Il raconte que, dans sa famille, on se transmet de père en fils un moyen très simple et infaillible de connaître l’année de sa mort. Le jour de l’an il suffit de se lever dès l’aube et, à la lueur de la lampe ou de la chandelle, d’observer l’ombre projetée au mur par sa silhouette. Si elle est incomplète, la mort surviendra dans l’année. Or, ce jour même, à l’ombre de cet homme, il manquait la tête. Jugez de son effroi. Il recommence à trembler. Il affirme que son grand-père et son père sont morts en connaissant tous deux à l’avance que leur fin était proche. Mon arrière-grand-père lui dit que tout ceci est l’effet du hasard, qu’il est en bonne santé et qu’à quarante ans, il a encore de nombreuses années à vivre. Intérieurement, il rit un peu du bonhomme, car lui-même ne croit pas à ces choses. « Va, lui dit-il, retourne parmi les tiens, profite de ce jour de fête, tu oublieras vite tout cela ». Peu rassuré, notre ami s’en va. À peine a-t-il franchi l’allée qui débouche sur la route qu’un cheval emballé le renverse. Notre homme tombe raide mort. Mon arrière-grand-père, qui a tout vu de sa fenêtre, accourt. Il n’en croit pas ses yeux.
Inutile de vous dire qu’il a mis beaucoup de temps à se remettre de cette aventure. Il n’a jamais utilisé le secret de son ami. Un doute s’était glissé en lui.
Murielle Galarneau
(légende apprise de sa mère
qui la tenait de son arrière-grand-père).
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