Certains
pontes du comité, par réflexe, et pour maintenir leur réputation
d’assidus du travail, prennent des notes. Des notes en rapport avec leur
fonction, leur domaine, et prenant en compte leurs inquiétudes, les plans
d'actions auxquels ils pensent par rapport aux points exposés. Des notes
qu’ils prennent à l’aide d’un stylo capteur d’intentions d’écriture,
un peu comme un scanner de pensée, mais en moins poussé. Autant dire
qu’ils peuvent se tourner les pouces tout en « écrivant » sur un
rouleau translucide.
Mais regardons de plus prêt les personnes présentes :
Frin Gounderain : Il est le grand patron de la firme, mais plus à titre
officiel. Il est le pantin d’un groupuscule de l’ombre, qui lui donne
des ordres, à moins qu’il ne se laisse manipuler volontairement, pour
agir suivant sa volonté au moment opportun ? Il va dans sa 165 ème année,
ce qui correspond à l’automne de son souffle corporel, puisqu’il est
de l’espèce mutante des homoloupidés, homme à la forme osseuse du crâne
se rapprochant de celle du loup, à la capacité cérébrale phénoménale,
et à l’espérance de vie d’un peu plus de 240 ans. Il ne fait pas
dans le détail, et n’a cure des problèmes de ses employés, ni de la
terre noire, seul lui importe son poste, son compte, ses
possessions.
John Brindel : Bras droit de Gounderain, né sur une planète artificielle
d’un système proche, Brindel est surtout l’homme que le groupuscule
de l’ombre a envoyé pour surveiller le grand patron. Approchant des 40
ans, il est un humain des plus commun, aimant la simplicité. Dans son «
malheur », pour sortir de sa planète morte, il s’était embarqué dans
une école d’espionnage, et de fil en aiguille, il a été amené à
avoir les répétitivités qu’il a aujourd’hui. Sa plus grande
particularité réside dans sa jambe droite. Elle est artificielle, munie
d’une bombe et d’un ordinateur interne relié au réseau de ses
employeurs, qui le tiennent ainsi par le bout du pied. Ce qui rend sa
situation, souvent, quelque peut… explosif, l’obligeant à se démener
pour appliquer des directives, parfois contre sa volonté.
Japsus Cinton : Il est l’actionnaire principal, un des hommes les plus
riches de toutes les sociétés construites dans l’univers exploré. Il
est un Loup-hommidé, au squelette corporel, le dos en particulier,
s’apparentant à celui du loup. Sa tête est par contre presque
totalement humaine. Seul quelques vestiges de ses jeunes années, des
petits poils, trône sur le lobe de ses oreilles. A l’hiver de sa vie,
il peut se targuer d’avoir siégé au grand conseil depuis plus d’un
demi siècle. Il a vu tourné les têtes autour de la table, et est
toujours resté en retrait, froid, glacial. Au premier abord, son pouvoir
sur les décisions est quasi nul, voir inexistant, mais ses capacités
sont latentes, et dépassent le domaine financier. S’il a toujours jouer
le rôle du comité, rassurant ses potentiels ennemis, il a bâtit sa
fortune dans la seule fin de pouvoir maîtriser, juguler la perversion de
la société. Pour arriver à ses fins, il s’est imprégné de l’adage
du vieux sage de la planète des roses : « seul l’intention profonde
polie par la volonté de la patience d’un esprit amoureux de la Vie,
pourra changer le cœur des rivières fétide sans se brûler aux épines
».
Elone Makelle : Humaine approchant la trentaine, elle est scientifique,
formée depuis sa tendre enfance sur un programme spécifique à la firme.
Ce programme, surnommée « Moule à génie », formate à sa guise des
recrues, dans le sens où elle le souhaite, suivant le besoin des différentes
filiales. Sa conscience, son intelligence, l’a néanmoins distingué du
lot, et elle est très vite devenue indispensable au bon fonctionnement de
son service. Elle est devenue responsable des nouvelles technologies, des
projets en rapport avec l’espace, et de la gestion des capitaux de
l’entreprise, assisté dans cette dernière tache par les outils
informatique de pointe qu’elle a elle-même aidé à développer.
Samdan Bouche : Pure souche de l’aigle noire croisé avec un loup, dans
une peau humaine, derrière un mélange de plume et de poils, il en impose
plus par sa prestance que par ses propos, et surtout que par ses actions.
Sa persévérance, et la qualité de son entourage, l’ont néanmoins
permis à 58 ans, d’accéder au rang de chef politique de la planète
noire. Il est lui aussi à la botte du groupuscule de l’ombre, par
l’intermédiaire de ses conseillers, à la différence qu’il ne le
sait point.
Les conseillers de Samdan : Ils entourent Samdan lors des rendez-vous
important, mais prennent rarement la parole. Ils sont presque tous des
humains, hormis une jeune Loup-hommidé, conseillère en infrastructure,
à la solde de Japsus Cinton.
Les autres personnes présentes sont des dirigeants de zones, de filiales
productives ou informatives, des « stagiaires » postulant pour des hauts
postes, les futurs « conquérants » de demains, et les quelques célébrités
les plus riches de l’univers.
Le principal sujet du colloque devait tourner autour des difficultés de
maintien de l’ordre, de l’influence des soulèvements sur la
rentabilité de départements, sachant que dans certains cas, les soulèvements
ne leur faisait pas perdre de l’argent, voir au contraire, et avait
l’avantage d’occuper une partie de la population locale, trop occupée
à rebâtir pour aller échauffer les esprits ailleurs. Cependant, les
discussions s’étaient assez vite focaliser sur les problèmes
nutritionnels, liés aux sujets des résultats de programme spatiaux, et
les dernières données sur la recherche scientifique énergétique
qu’ils avaient pu glaner.
L’ambiance est malgré tout redevenue sereine. A son habitude, Japsus
Cinton appuie sur un bouton du petit écran virtuel de son siège, pour se
faire servir un jus d’ananas des plantations du sud, à la fin des
palabres. Bien entendu, le verre est servi à la température idéale pour
son palet, et il est accompagné de petits gâteaux chocolatés de luxe.
Un robot aéroglisseur, lui apporte sa collation, pendant qu’Elone à sa
gauche, et John à sa droite se parlent par leur micro casque. D’autres
intervenants, les conseillers et quelques responsables de filiales, font
le point sur les interventions, restant un peu sur leur faim dans la
conclusion du cerveau central de l’ordinateur « Pas de solutions dans
les données connues pouvant être privilégié ».
Certaines recherches n’ayant encore abouti sur la consistance de
l’univers, sur les dimensions, le chemin des âmes, la nourriture
corporelle et céleste, il ne pouvait y avoir de solution concrète au mal
qui ronge la planète, voir leur univers, si ce n’est dans
l’exploration de nouvelles frontières. Cette théorie avait été établie
par un esprit empirique, mais elle était appliquée dans nombre de
domaines, même si repousser les frontières, n’était pas toujours nécessaire.
Cependant, comment faire lorsque les connaissances limitées toute mise en
œuvre ? Pour Frin Gounderain qui a décroché un peu avant la fin, les
sens perdus dans son casque olfactif, se laissant bercer par le murmure
des vagues, un temps d’orage, le scanner de pensées, établi le verdict
: il souhaiterait privilégier le développement à long terme, tout en
jugulant les mouvements de violences, ne pas changer les impératifs en
somme. Quand à Samdan Bouche, en train de participer virtuellement à une
partie de pêche à bec, son scanner affiche ses considérations sur l’écran
plat central : il faut coûte que coûte aller percer le secret des
limites de l’espace visible, quitte à sacrifier des flottes, et
accessoirement les vies qui sont nécessaires à leur bon fonctionnement.
Ceci étant, ce n’est que le diagnostique établit par leurs pensées préliminaires,
et surtout, sans les directives de leur supérieur de l’ombre.
Elone pose son micro casque, penche sa tête vers l’avant pour faire un clin d’œil à
John avec qui elle conversait. Elle appuie ensuite sur un bouton, et prend la parole.
Elone émeue : « Je crois que les médias présents vont enfin avoir de quoi justifier leur présence ici. Je pense qu’il est temps que nous vous dévoilions nos recherches secrètes. Nulles données ne circulaient jusqu’à présent, pour éviter que quelques autres conglomérats des confins de l’univers ne tentent de nous espionner. Personne n’était au courant, si ce n’est moi-même et les gens des services qui travaillent sous le secret, dans un lieu coupé du monde, des réseaux. Je tiens par contre, à préciser que nous n’en sommes qu’aux prémices, et surtout, je vous en fait pars, car les fonds nécessaires, humains, financiers, à une telle entreprise, ne sont pas suffisants si j’utilise ceux qui me sont alloués. »
Frin averti par son casque des nouvelles, comme tous les autres participants qui avaient fait de même, sort de son programme et prend aussitôt la parole : « Et bien, et bien, il me semblait bien que vous aviez des projets classés secrets au niveau Alpha, mais j’en ignorais l’importance exacte. Vous savez que nous sommes vos obligés concernant ce qui s’y trame, ce n’est pas pour rien que les responsabilités vous y ont été confiées. Néanmoins, vous êtes conscience que si ce que vous nous demandez dépasse de beaucoup la norme que nous avions fixée, vous devrez nous en dévoiler plus ? Et dans ce cas, il vaudrait mieux que cela se fasse en petit comité… »
Elone : « J’en suis consciente. Cependant, si j’ai choisi cet instant pour vous en parler, c’est que cela concerne aussi l’état. Autant dire que l’aventure est d’utilité publique, et que leur participation sera la bienvenue, notamment pour réunir du matériel de recherche provenant de planètes en conflit avec notre Universale (nom donné à l’entreprise qui regroupe des moyens de productions, des réseaux de plusieurs planètes) ».
Frin : « Bien continuez donc l’exposition de votre projet, sans n’omettre les détails de vos besoins, que j’espère nous serons en mesure de satisfaire au plus vite… »
Elone se tournant tour à tour vers Samdan et Frin : « L’objectif est d’amener des capteurs aussi grand qu’une planète, à la proximité des frontières du connu, là où une couche de néant semble nous bloquer, de l’étudier, de créer directement sur place les matériaux nécessaires pour faire la traversée. Autant vous dire que c’est comme si nous transportions notre planète noire dans un vortex d’espace/temps, en comptant l’implantation d’infrastructures nécessaires à la construction de gigantesques vaisseaux. Bref, un accès aux diverses ressources sans contributions financières est nécessaire, quand à la main d’œuvre, j’ai pensé à celle des planètes prisons pour le travail à façon. J’ai rentré quelques données, vous aurez d’ici demain le cahier des charges. D’ici là, je crois que nous pouvons tous disposer… »
Samdan l’esprit, ou plutôt le bec encore à la pêche : « Vous pourriez toujours nous dire les bénéfices que cela apporterait aux habitants de la planète noire ? »
Elone : « Vous aurez de même les chiffres demain… ce ne sera qu’une extrapolation, mais vous verrez que les bénéfices vont au-delà de l’intérêt financier, voir des être vivants… »
La réunion du jour touche donc à sa fin sur de bien belles révélations. Certains robots secrétaires, commencent à vider les lieux, pendant que leurs « maîtres », restent pour profiter de quelques technologies mises à leur disposition.
Soudain, la lumière vacille. Un détecteur fait vomir des sonorités
aigues aux hauts parleurs. Une explosion l’instant suivant en couvre les
oscillations sonores, annihile même la source. Se propage une fumée nauséabonde,
à la couleur des vidanges des navettes Noiréenne, celles là même qui
font la circulation entre la planète noire et les astres morts
environnants, et qui déversent leurs déchets dans une mer de nuages qui
a portée le nom des navettes. S’ensuit un silence plombé par
l’immobilité d’après choque.
Comme si les faits étaient reliés, à ce moment, Sémie voit de sa fenêtre
une navette piquer du nez vers un des plus importants centres de
production de sa ville.
to
be continued
©
P.L
|