Elle m'a donné, un soir
Rendez-vous à cinq heures
Au fond d'un café noir
Pour accorder nos cœurs.
Alors elle a posé
Sa joue contre ma joue
En laissant un baiser
Tendrement sur mon cou.
Je l'ai laissée partir
Un silence en dit long
Sans un mot, sans rien dire
Sans même une question.
Refrain :
Mais elle n'est pas venue
La femme aux cheveux d'or
Mais je l'ai attendue
Et je l'attends encore...
Elle m'a donne un jour
Rendez-vous à l'aurore
Dans le fond d'une cour
Pour changer de décor.
Alors elle a osé
Se blottir contre moi
Attendre un long baiser
Peut-être une autre fois.
Je l'ai bien regardée
Jusqu'au fond de son âme
Elle semblait s'ennuyer
À jouer les grandes dame.
Refrain
Elle m'a donné plus tard
Rendez-vous à la nuit
Au buffet d'une gare
Pour parler de nos vies.
Alors elle a cherché
À me prendre la main
Et puis s'est envolée
Me laissant son parfum.
Je l'ai laissée s'enfuir
Partir ne sert à rien
Puisque son avenir
Bientôt sera le mien.
Refrain
Elle m'a donné demain
Rendez-vous à son heure
Au hasard d'un jardin
Pour chercher le bonheur.
Mais, je ferme les yeux
Je suis déjà bien loin
Je me vois amoureux
Je m'invente un chemin.
Comme je sais qu'elle viendra
La femme aux cheveux d'or
Comme je sais qu'elle viendra
Moi, je l'attends encore...
Jean-Marie Audrain
Esquisses…
émotionnelles
Je caresse les mots, en amont…en aval
Je réveille l'aube, capte la lumière
Suis de mes yeux flétris la même rivière…
J'ai l'âme tourmentée devant un sort fatal
Le convoi des jours continue sa marche
Brise ou aquilon, je vis du poids des jours
Je n'ai plus de regret pour mes anciens séjours
L'ombre qui me cerne ravine mon arche
Tout n'est qu'évasion, levers sur les dunes
Des miroirs imagés de mes vers singuliers
Ma lyre s'accorde sous les pas réguliers…
Que de jours égarés… de veillées de lunes…!
Je m'en vais, échoue, comme de vieux marins
Sur de profonds récifs qui écorchent les mains…!
Kacem Loubay
LA POESIE A
L'HÔPITAL
Cause
morbide et main exsangue
La maladie apostrophe les ténèbres d'une voix absente
La douleur tisse sa hargne le long des murs en larmes
Et la vie geint alitée sous les effets du charme
Par étourderie un poète un jour, pénétra cette hypnose étrange
Il vit l'absurde endormir la souffrance
Sa lyre indolente déclama des vers
Ephèbes dont le souffle tiède frôle la terre
La maladie écouta distraite; la fièvre dans les yeux
La lyre chantait le vent, les fleurs, l'amour des dieux
La souffrance s'approcha et à son tour parla
Le poète ému de ses bras l'enveloppa
Hyménée Où le rêve chasse le sombre dictateur
Où l'extase des mots fatigue la laideur
Où le verbe fait rougir la pâleur démasquée
Où l'espoir feutre ses pas sur la voix des rescapés.
Raymonde VERNEY
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L'or des collines
Les pierres sont brûlées par un soleil de plomb,
Ou fendues par le gel que le Mistral apporte...
Rien n'est plus précieux quand notre esprit emporte
Des senteurs inouïes sur un pic en aplomb...
Ecoutez donc ces cris, lorsque sous un surplomb,
S'envole un goéland sur la mer qui l'emporte...
Caressez du regard ce pin que le vent porte,
Ondulant dans le soir sur un azur oblong...
Les fleurs sont des plus rares sur cette roche blanche :
Leurs fébriles racines, sans eau ni terre franche,
Incisent les falaises pour fleurir au grand jour...
N'entend-on pas aussi par-dessus ces images,
En un écho lointain, l'accent de ses Rois Mages...
Si vous voulez tout voir, passez pour un bonjour !
Robert Bonnefoy
La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour
effacer ses traces
(Louis Aragon)
LA montagne m'attend toujours vêtue de blanc,
VIE intense des sens qui m'unissent à elle !
EST-ce la mariée qui vient d¹un pas galant,
UN bouquet dans sa main de givre et de dentelle ?
VOYAGEUR assoiffé, je suis cet indolent
QUI songe à son destin, car sa pauvre escarcelle,
LAISSE perdre les ans, sans avoir vu, trop lent,
TRAINER ainsi sa voie, en suivant cette belle !
SON chapeau et son voile couvrent son bien troublant
MANTEAU de fins cristaux telle une grande ombelles !
DERRIERE sa voilette, son regard nonchalant,
LUI, m¹a conquis un jour, en parfaite Cybèle !
POUR caresser son coeur, j¹ai dû, dans mon élan,
EFFACER et ternir un autre amour fidèle.
SES volontés extrêmes, m¹ont laissé chancelant :
TRACES d¹un solitaire, insatisfait, rebelles !
Le 13 juillet 2003
MA CHAMBRE TUNISIENNE
Tourments d'infante lascives
visions d'un orient qui déroule sa splendeur
sur les ruines d'un occident; figé, passif
morts dont l'absence traverse la peur
des siècles ravagés par la boue des étrangers
liberté qui se distille dans une lune de jasmin
à l'écoute des roses je m'enivre hébétée
ma chambre, d'un doigt mystique soulève le voile des matins
je vois le mer déployer son inertie bleue
et les dunes se pâmer sous un soleil sombre
du café maure, rite silencieux
se détache une brume qui s'effondre
Raymonde VERNEY
L'absence
Un coeur si vide de vous
sans mots pour le dire
de moi plein de dégoût
que je vous vois partir
Reste la nuit avec votre ombre
mes lèvres cherchant votre odeur
buvant des larmes dans la pénombre
les mains froissées sur ma douleur
mes cris perdus au fond des draps
pour quelques heures de bienveillance
à l'abri furtif de vos bras
pour ménager ma tendre souffrance
je tiens à vous le redire encore
vous persistez à graver mon âme
quand mon corps a si froid en dehors
je livre mon combat pour vous sans armes
voyez le peu de cas que vous m'offrez
pensez aux heures volées de mes nuits
où votre absence persiste, vous m'offensez
sans vous je suis démunie
Angelechat
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