Je regarde, souvent, les vagues sur les plages,
Qui dansent sur le sable et et les galets bruyants;
Avec de grands ahans, après leurs longs voyages,
Elles laissent tomber leurs tutus ondoyants.
Elles ont parcouru beaucoup d'étranges terres,
En berçant gentiment barques et voiliers,
Mais souvent rugissant entre les hémisphères,
Elles ont englouti bateaux et bateliers.
Le zéphir fait chanter ses surfaces soyeuses,
Et caresse son corps rempli de volupté,
Les étoiles, le soir, s'y miroitent, veilleuses,
Répandant sur l'écume une exquise clarté.
Les goélands aussi joignent leurs cris acerbes,
A cette symphonie au mille sons de nuit,
C'est une apothéose aux cymbales superbes,
Qui vient pour expirer sur les plages, sans bruit.
Ô, le son de la mer, qu'il soit doux où terrible,
Envahit nos esprits, éveillés où dormants,
Nous aimons son miroir moutonnant et paisible,
Par contre, nous craignons ses courroux écumants.
En écoutant la mer qui se meurt sur le sable,
Je pense à mon parcours, si souvent turbulent,
Et je sais, qu'il viendra ce jour inéluctable,
Où mon dernier soupir s'échouera pantelant.
Je regarde venir ces vagues ruisselantes,
Qui meurent à mes pieds, après un long trajet,
Et je pense à ma vie, aux heures déferlantes,
Qui s'éteindra bientôt comme tout feu follet.
Le flux et le reflux rendent l'onde immortelle,
Après notre reflux serons-nous de retour ?
Avec une autre vague, une autre ritournelle,
Pourrions-nous regarder l'aube d'un nouveau jour ?
14
novembre 2003
Christian Cally
Libido
(accrostiche)
L'¦il toujours très viriL, je lui fis un sourciL
Ivre d'un infinI besoin d'inassouvI
Bousculant mon aplomB, elle enleva son boB
Ironique, et aussI, pour montrer l'arrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD :
"On me nomme PolO ! Quelle erreur, mon cocO!"
**
Le parfum très subtiL d'un corps plus qu' amicaL
Imprégnait d'infinI le verre dépolI
Bien posé sur l'aplomB du vitrail bleu et plomB
Indécis mais ravI, un bras sortait, jolI,
D'un drap de lin trop blonD, bien lancé, presque ronD
Obscur, cet ex-votO préservait son credO
**
La fille fit d'un ciL un début très subtiL
Il l'observa ainsI, danser nue, très ravI
Bien posé sur l'aplomB d'un mamelon de plomB,
Impudique, infinI, un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronD
Ocré, un fin halO nimbait ce braserO
Le 5 novembre 2003
Robert Bonnefoy
Le jardin des plantes. (De Rouen)
Dans ces allées sablées, aux arbres centenaires,
de ce jardin public que je croyais perdu ;
Ce vieux kiosque à musique battu au vent d’hiver,
et ces bassins gelés bordés de pierres moussues,
attendent endormis, que le soleil revienne
embraser de ses feux ce royaume feuillu.
Animer de nouveau d’une joie souveraine
le monde des oiseaux que jadis j’ai connu,
lorsque dans le bassin, flottait avec mes rêves,
à peine affiné mon navire de bois.
Mes souvenirs reviennent. Pauvres images brèves.
Courant dans ces allées, enfant je me revois.
Ces enfants avec moi, je les ai tous connus.
Comme eux je galopais et souriais à la vie.
Ils étaient, et moi même, dans un temps révolu.
Nous étions à l’aurore ; Nous étions à l’envie.
Je marche sur mes pas. Je marche vers ma nuit.
Ces arbres, mes amis, garderons en mémoire
L’enfant que j’ai été et l’homme que je suis.
Ainsi fini le temps. Ainsi fini l’histoire,
l’épopée d’une vie. Une ronde éternelle.
Oh ! Temps! Où est passé le meilleur de mes jours ?
Ne peux-tu un moment dans ta course cruelle
Où tu perds à jamais mes joies et mes amours,
arrêter de l’horloge le balancier fatal.
Remettre à sa place les choses d’autrefois
Ce jardin, cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes prières et l’ombre de ma foi.
Tolliac
Introspection
musicale
Une blanche, une noire, demi croche
Reposent sur le papier, des mélodies
À coup de sol, de ré, de fa et de mi,
La mémoire de l'air va sortir des poches
Du silence. Le musicien de son monde
S'imprègne, il fait le vide, puise
Dans la solitude, la force des rondes.
Concentré, il s'apprête à griser l'assise,
Au rythme de ses bonds. Il fera jaillir
Mots de son instrument, comme peintre au pinceau
Sur sa toile, un oiseau qui use de ses cordes
Pour les cuis cuis, orchestrés avec un sourire
D'âme, une puissance abyssale de ces eaux
Sous jacentes qui s'écument pour délivrer ode...
Le musicien se sonde, lit sa partition
En faisant le vide, avant, de toute passion
D'univers, les sons lumineux faire déferler,
Dans l'espace, couleurs faire naître, briser...
Une noire, une blanche, triples croches
S'animent, sont aspirées, s'accrochent
Sous les doigts du musicien... il inspire
Ses heures, les saisons, les peines et les joies...
L'histoire d'un instant qui meurt, il expire...
Dans l'obscurité de sa pièce chimérique,
Do, si, la, do, il se balade sur les lois,
Lignes qui avivent l'émoi réel, musique
Des rêves, des déchirements, bouillon explosif,
Un mélange inextricable imprégné du tout,
Des paradoxes qui s'échouent sur les récifs,
S'offrent à la vie, au goût du brut, de ces grands fous
Qui n'ont besoin de lumière, qui savent le silence,
Les prémices, et les chants d'air, les mains en puissances...
P.L
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Le renégat.
Mon Dieu !... Je suis perdu dans ce monde désolé.
Mon âme est fatiguée par le mal et le crime,
qui chevauchent le vent par les monts, les vallée.
« Je veux ni Dieu ni maître » écrit sur ma poitrine
fait de moi un relaps et les propos brûlants
d’ouailles vindicatives, me cloue au pilori.
On me montre du doigt. Suis-je un mécréant ?
Ou un adolescent hâbleur à priori.
Après quelques années je vois tout autrement.
L’écrit sur ma poitrine n’est plus de bon aloi.
Je n’avais de ma vie, eu à aucun moment,
à plier les genoux ni à subir de loi
Je le fais en secret. Ma confusion est grande.
Levant les yeux au ciel j’implore ton secours
Chez moi, comme un voleur le malheur quémande.
Il s’impose, et me frappe sans l’ombre d’un recours,
dans l’être le plus cher que je porte en mon coeur.
Ses forces l’abandonnent et ma peine est atroce.
Je souffre de son mal. Je ressens sa douleur
me tenailler les tripes d’une morsure féroce
Je cherche dans le ciel une ultime protection.
J’ai recours à ta gloire J’implore ta clémence
pour mon passé douteux fait de désillusions.
Que n’ais-je pas gardé de mes ans l’innocence.
Je voudrais tant changer et n’être plus le même.
Je fais un compromis réfutant mon passé,
et je plie les genoux, pour un être que j’aime.
Je me sens humilié ; En priant, j’ai pleuré
et je me sens meilleur. Je cherche l’étincelle.
Le retour du bonheur ; Le soleil bondissant
dans mon humble demeure. Même la pluie qui ruisselle,
ou le temps comme il vient, s’ils nous sont guérissant.
Ainsi soit-il !...
Un marginal vieillissant, est dans l'alternative de choisir entre son mode de vie qu'il a définitivement adopté et le recours à l'être suprême qu'il invoque dans une circonstance dramatique. Il pense que cette requête ne sera bénéfique pour la personne gravement malade qu'il aime tant, que si Dieu le pardonne de ses erreurs passées. Lui, le grand libre penseur, il plie les genoux et s'humilie. C'est une grande preuve et épreuve d'amour.
Il faut avoir vu les églises et les temples se remplir au cours d'une
guerre, pour bien comprendre ce revirement.
Tolliac
Désordre
Pareil à un dédale,
Mon esprit embrouillé,
Ne comprend rien à ce mal,
De mon âme torturée.
Pareil à un oiseau sans nid,
Je ne peux trouver la paix,
Et, bien que l'espoir soit permis,
Je ne pense qu'à l'imparfait.
Pareil à un chemin sans issue,
Ma vie ne peut avancer,
Comme à un fil suspendue,
Elle reste accrochée.
Pareil à un élève mal appliqué,
J'ai fait une tache sur le futur,
Pour essayer de comprendre le présent,
A gommer mes décisions,je passe mon temps
Dans la plus grande confusion,
Une fois Oui, une fois Non,
Mes pensées me font une escorte,
Vers l'inévitable désordre.
Le liseron et la rose
Tu rampes sur la terre, caché parmi les plantes
Tu chemines lentement ; Volubile imposteur.
Faible arçon inquiétant aux sarments enjôleurs.
Serpentin végétal aux étreintes tournantes.
Tu enserres le rosier d’un étrange feuillage.
Tu cherches par le soleil une ultime hauteur.
Tu montes sur les sommets de la reine des fleurs,
que tu étreints ainsi en un fol mariage.
Tu déploies tes corolles pour l’épreuve d’amour.
Les roses ne sont pas d’une même nature.
Tu n’es pas dans le ton ni d’une même culture.
Prostituée du jardin, tu n’es qu’une belle-de-jour.
Aussi belle-de-nuit et belle que l’on aime.
Tolliac
Ses yeux
Ses yeux avaient toujours
quelque chose à me dire.
Ils me parlaient d’amour,
d’une nuit à venir.
Dans ces miroirs d’azur,
au profond de son âme,
je vois encore si pure
briller la même flamme.
Les ans ont érodé
nos attraits les plus beaux.
Mais vois-tu ! La beauté,
n’est qu’a fleur de la peau.
Tolliac
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