La Libre
N ° 20 - Journal en fond poétique 

Newsletter
Site à ne pas manquer : Le journal de Personne : https://www.lejournaldepersonne.com/
bannière l'info-scénario https://www.lejournaldepersonne.com/

Envoyer un poème, un article
cliquez ici


Page 1

- Là où le soleil aime la mer
- Annonces
- Jeu d'écrits
- Schaltinienne
- Poème en langue étrangère

Page 2

- Poèmes à l'air du temps
- Pensées de Pierrot en Décembre
- Citations
- Poème récité
- Poèmes du concours sur la plume

Page 3

- Poèmes d'auteurs à l'affiche
- Interview
- Nouvelle / conte

Page 4

- Les Petits Lutins malins
- Gentil malin
- Pour aller voir ma mie
- Le petit bossu


La mer

Je regarde, souvent, les vagues sur les plages,
Qui dansent sur le sable et et les galets bruyants;
Avec de grands ahans, après leurs longs voyages,
Elles laissent tomber leurs tutus ondoyants.

Elles ont parcouru beaucoup d'étranges terres,
En berçant gentiment barques et voiliers,
Mais souvent rugissant entre les hémisphères,
Elles ont englouti bateaux et bateliers.

Le zéphir fait chanter ses surfaces soyeuses,
Et caresse son corps rempli de volupté,
Les étoiles, le soir, s'y miroitent, veilleuses,
Répandant sur l'écume une exquise clarté.

Les goélands aussi joignent leurs cris acerbes,
A cette symphonie au mille sons de nuit,
C'est une apothéose aux cymbales superbes,
Qui vient pour expirer sur les plages, sans bruit.

Ô, le son de la mer, qu'il soit doux où terrible,
Envahit nos esprits, éveillés où dormants,
Nous aimons son miroir moutonnant et paisible,
Par contre, nous craignons ses courroux écumants. 

En écoutant la mer qui se meurt sur le sable,
Je pense à mon parcours, si souvent turbulent,
Et je sais, qu'il viendra ce jour inéluctable,
Où mon dernier soupir s'échouera pantelant.

Je regarde venir ces vagues ruisselantes,
Qui meurent à mes pieds, après un long trajet,
Et je pense à ma vie, aux heures déferlantes,
Qui s'éteindra bientôt comme tout feu follet.

Le flux et le reflux rendent l'onde immortelle,
Après notre reflux serons-nous de retour ? 
Avec une autre vague, une autre ritournelle,
Pourrions-nous regarder l'aube d'un nouveau jour ?

14 novembre 2003

Christian Cally

 

Libido (accrostiche)

L'¦il toujours très viriL, je lui fis un sourciL
Ivre d'un infinI besoin d'inassouvI
Bousculant mon aplomB, elle enleva son boB
Ironique, et aussI, pour montrer l'arrondI
De son front de bagnarD sous son teint de mignarD :
"On me nomme PolO ! Quelle erreur, mon cocO!"

**

Le parfum très subtiL d'un corps plus qu' amicaL
Imprégnait d'infinI le verre dépolI 
Bien posé sur l'aplomB du vitrail bleu et plomB
Indécis mais ravI, un bras sortait, jolI,
D'un drap de lin trop blonD, bien lancé, presque ronD
Obscur, cet ex-votO préservait son credO

**

La fille fit d'un ciL un début très subtiL 
Il l'observa ainsI, danser nue, très ravI
Bien posé sur l'aplomB d'un mamelon de plomB,
Impudique, infinI, un bijou arrondI
Descendait sur le blonD de son ventre bien ronD
Ocré, un fin halO nimbait ce braserO

Le 5 novembre 2003

Robert Bonnefoy

 

Le jardin des plantes. (De Rouen)

Dans ces allées sablées, aux arbres centenaires,
de ce jardin public que je croyais perdu ;
Ce vieux kiosque à musique battu au vent d’hiver,
et ces bassins gelés bordés de pierres moussues,

attendent endormis, que le soleil revienne
embraser de ses feux ce royaume feuillu. 
Animer de nouveau d’une joie souveraine
le monde des oiseaux que jadis j’ai connu,

lorsque dans le bassin, flottait avec mes rêves,
à peine affiné mon navire de bois.
Mes souvenirs reviennent. Pauvres images brèves.
Courant dans ces allées, enfant je me revois.

Ces enfants avec moi, je les ai tous connus.
Comme eux je galopais et souriais à la vie.
Ils étaient, et moi même, dans un temps révolu.
Nous étions à l’aurore ; Nous étions à l’envie.

Je marche sur mes pas. Je marche vers ma nuit.
Ces arbres, mes amis, garderons en mémoire
L’enfant que j’ai été et l’homme que je suis.
Ainsi fini le temps. Ainsi fini l’histoire,

l’épopée d’une vie. Une ronde éternelle.
Oh ! Temps! Où est passé le meilleur de mes jours ?
Ne peux-tu un moment dans ta course cruelle
Où tu perds à jamais mes joies et mes amours,

arrêter de l’horloge le balancier fatal.
Remettre à sa place les choses d’autrefois
Ce jardin, cet Eden qui fut de mon natal
Qui fut de mes prières et l’ombre de ma foi.

Tolliac

 

Introspection musicale

Une blanche, une noire, demi croche
Reposent sur le papier, des mélodies
À coup de sol, de ré, de fa et de mi,
La mémoire de l'air va sortir des poches
Du silence. Le musicien de son monde
S'imprègne, il fait le vide, puise
Dans la solitude, la force des rondes.
Concentré, il s'apprête à griser l'assise,
Au rythme de ses bonds. Il fera jaillir
Mots de son instrument, comme peintre au pinceau
Sur sa toile, un oiseau qui use de ses cordes
Pour les cuis cuis, orchestrés avec un sourire
D'âme, une puissance abyssale de ces eaux
Sous jacentes qui s'écument pour délivrer ode...

Le musicien se sonde, lit sa partition
En faisant le vide, avant, de toute passion
D'univers, les sons lumineux faire déferler,
Dans l'espace, couleurs faire naître, briser...

Une noire, une blanche, triples croches
S'animent, sont aspirées, s'accrochent
Sous les doigts du musicien... il inspire
Ses heures, les saisons, les peines et les joies...
L'histoire d'un instant qui meurt, il expire...
Dans l'obscurité de sa pièce chimérique,
Do, si, la, do, il se balade sur les lois,
Lignes qui avivent l'émoi réel, musique
Des rêves, des déchirements, bouillon explosif,
Un mélange inextricable imprégné du tout,
Des paradoxes qui s'échouent sur les récifs,
S'offrent à la vie, au goût du brut, de ces grands fous
Qui n'ont besoin de lumière, qui savent le silence,
Les prémices, et les chants d'air, les mains en puissances...

P.L

Le renégat.

Mon Dieu !... Je suis perdu dans ce monde désolé.
Mon âme est fatiguée par le mal et le crime,
qui chevauchent le vent par les monts, les vallée.
« Je veux ni Dieu ni maître » écrit sur ma poitrine

fait de moi un relaps et les propos brûlants 
d’ouailles vindicatives, me cloue au pilori.
On me montre du doigt. Suis-je un mécréant ?
Ou un adolescent hâbleur à priori.

Après quelques années je vois tout autrement.
L’écrit sur ma poitrine n’est plus de bon aloi.
Je n’avais de ma vie, eu à aucun moment,
à plier les genoux ni à subir de loi

Je le fais en secret. Ma confusion est grande.
Levant les yeux au ciel j’implore ton secours
Chez moi, comme un voleur le malheur quémande.
Il s’impose, et me frappe sans l’ombre d’un recours,

dans l’être le plus cher que je porte en mon coeur.
Ses forces l’abandonnent et ma peine est atroce.
Je souffre de son mal. Je ressens sa douleur
me tenailler les tripes d’une morsure féroce 

Je cherche dans le ciel une ultime protection.
J’ai recours à ta gloire J’implore ta clémence
pour mon passé douteux fait de désillusions.
Que n’ais-je pas gardé de mes ans l’innocence. 

Je voudrais tant changer et n’être plus le même.
Je fais un compromis réfutant mon passé, 
et je plie les genoux, pour un être que j’aime.
Je me sens humilié ; En priant, j’ai pleuré

et je me sens meilleur. Je cherche l’étincelle.
Le retour du bonheur ; Le soleil bondissant
dans mon humble demeure. Même la pluie qui ruisselle,
ou le temps comme il vient, s’ils nous sont guérissant. 

Ainsi soit-il !...

Un marginal vieillissant, est dans l'alternative de choisir entre son mode de vie qu'il a définitivement adopté et le recours à l'être suprême qu'il invoque dans une circonstance dramatique. Il pense que cette requête ne sera bénéfique pour la personne gravement malade qu'il aime tant, que si Dieu le pardonne de ses erreurs passées. Lui, le grand libre penseur, il plie les genoux et s'humilie. C'est une grande preuve et épreuve d'amour.
Il faut avoir vu les églises et les temples se remplir au cours d'une
guerre, pour bien comprendre ce revirement.

Tolliac

 

Désordre

Pareil à un dédale,
Mon esprit embrouillé,
Ne comprend rien à ce mal,
De mon âme torturée.

Pareil à un oiseau sans nid,
Je ne peux trouver la paix,
Et, bien que l'espoir soit permis,
Je ne pense qu'à l'imparfait.

Pareil à un chemin sans issue,
Ma vie ne peut avancer,
Comme à un fil suspendue,
Elle reste accrochée.

Pareil à un élève mal appliqué,
J'ai fait une tache sur le futur,
Pour essayer de comprendre le présent,
A gommer mes décisions,je passe mon temps

Dans la plus grande confusion,
Une fois Oui, une fois Non,
Mes pensées me font une escorte,
Vers l'inévitable désordre.

 

Le liseron et la rose

Tu rampes sur la terre, caché parmi les plantes
Tu chemines lentement ; Volubile imposteur.
Faible arçon inquiétant aux sarments enjôleurs.
Serpentin végétal aux étreintes tournantes.

Tu enserres le rosier d’un étrange feuillage.
Tu cherches par le soleil une ultime hauteur.
Tu montes sur les sommets de la reine des fleurs,
que tu étreints ainsi en un fol mariage.

Tu déploies tes corolles pour l’épreuve d’amour.
Les roses ne sont pas d’une même nature.
Tu n’es pas dans le ton ni d’une même culture.
Prostituée du jardin, tu n’es qu’une belle-de-jour.

Aussi belle-de-nuit et belle que l’on aime.

Tolliac

 

Ses yeux

Ses yeux avaient toujours
quelque chose à me dire.
Ils me parlaient d’amour,
d’une nuit à venir.

Dans ces miroirs d’azur,
au profond de son âme,
je vois encore si pure
briller la même flamme.

Les ans ont érodé
nos attraits les plus beaux.
Mais vois-tu ! La beauté,
n’est qu’a fleur de la peau. 

Tolliac

 


Interview de Pierre Brandao

 

1 - A quel genre de Littérature , d’artistes , vous identifiez-vous ?

Je pense avoir l'esprit poète, mais également romancier (littérature policière entre autres); je m'amuse à écrire également des pièces de théâtre, des scénarios pour films, ce qui me passe par la tête...

 


2 - Que représente pour vous la poésie , qu’y cherchez-vous ? 

D'abord exutoire d'une souffrance intérieure, la poésie est devenue une compagne collant à mon âme. La maitrise des techniques et surtout la liberté de s'en échapper m'a donné le moyen de faire passer mes sentiments au-delà même mes propres ressentis, pour toucher le coeur du lecteur. Un frisson partagé en quelque sorte...

 

3 - Quels sont les artistes, poètes , ou autres qui vous ont le plus touché ?

Rimbaud, Verlaine, Hugo, pour ne citer que les plus classiquement connus ; Marcel Chabot, René Char, Gilles Sorgel...

 

4 - Avez-vous, ou envisagez vous, de publier des écrits en édition ?

A ce jour, quatre recueils de poésies ont été publiés ; deux romans policiers sont également disponibles. Je finis un troisième roman policier. Les autres oeuvres sont en gestation et attendent une parution imminente (traité de prosodie, pièce de théâtre...)

Remarque "publicitaire" : A l'occasion des fêtes de fin d'années, Pierre Brandao vous a concocté un petit coctail littéraire sympathique à s'offrir ou à offrir :
Pour les passionnés de romans policiers :
- Vengeance Séculaire au prix de 16 euros au lieu de 17 euros
- Rancune Meurtrière au prix de 16 euros au lieu de 17 euros

Pour les passionnés de poésie :
- L'Amour à fleur d'âme, éditions Cléa, comprenant un recueil de poèmes, chansons, partitions musicales et CD d'accompagnement : 18 euros au lieu de 20 euros
- Lucioles magiques, recueil de poèmes illustrés de Pierre et Marie, au prix de 13 euros au lieu de 15 euros

En cas de commande de deux ouvrages au moins, les frais de port (4 euros en moyenne) sont offerts en plus du prix promotionnel. Pour plus de renseignements sur les oeuvres, vous pouvez vous rendre sur son site en cliquant ici

Vous aurez également sur cette page la joie d'y trouver un traité de prosodie ainsi qu'une pièce de théâtre -vaudeville- complète et entièrement libre d'accès.

Toute demande de renseignement complémentaire peut être adressé à :
Pierre Brandao - 3 rue de la Mariennée 17140 LAGORD
ou pierre.brandao@libertysurf.fr


 

5 - Quelles sont les autres passions artistiques qui vous animent ?

Le photomontage poétique : le recueil "Lucioles Magiques", écrit en collaboration avec la poétesse "Marie" en est le reflet type.

 

6 - Pouvez vous dire ou plutôt déclamer en quelques vers ce qui pourrait vous représenter, être le symbole de l’essence de votre âme de vos œuvres de votre idéal ?

Je reprendrai alors la première strophe d'un poème, "Le vers" :
"Le vers bat à la sensation.
-Il pleure !- et l'encre salée file
Sur le papier plein d'émotion.
-Il rit !- et le stylo débile
Claque sur le papier fragile !"


 

7 - Quelque chose d'important à ajouter vous concernant, concernant vos oeuvres ?

Ne plus jamais cessé d'écrire, tant que l'ombre de la page blanche ne me recouvre pas...

p.s : Pierre Brandao participe à la création d'une revue visant à publier des poètes, dont la communication se fait via un forum poétique, que vous trouverez en cliquant ici

 



Pierre BRANDAO

 

L'enfant et l'oiseau

 

Un enfant à l’âge d’une grande personne 
Marchant dans un petit jardin provinciale, 
Promenait ses yeux bateleurs aux profondeurs des secrets 
Que la nature emprisonnée voulait bien montrer. 
Aux merveilles de cette flore et de cette faune, 
Venait se mélanger ce qui créé en chacun du spécial, 
Des atmosphères de pensées émotives issus de l’essence 
De chaque âme, donnant à la vie son sens. 

Croisant de ses pas un Catalpa, un Arbousier, 
Des chênes, un Chicot, un Robinier, un Micocoulier, 
Un condensé des différentes contrées, 
A terre la récolte de la saison à peine commencée, 
Des marrons et des feuilles aux couleurs 
De la colère bizarroïde pour avoir été éjectées, 
Et croisant de ses pas des fleurs encore flamboyante 
Qui offraient à la vie un peu de leur âme aimante, 
Il effleurait de tendresse sa mémoire rouillée, 
Recherchait au plus profond de lui ce qui l’égaillait. 

Approchant un majestueux Cèdres libanais, 
Où une âme frêle de bonheur jouait, 
Un oiseau aux plumes blanches, blessé, 
Lancé dans une danse au vent attira son attention. 
Dans ses cieux naquirent une première question, 
Malgré son agilité. Etait il touché dans ses profondeurs ? 
Le gracile continua en corps quelques envolées, 
Avant de se poser, semblant quelque peu pressé. 

Le cœur d'enfant se dit que l'oiseau dans sa torpeur 
Jouait de la fierté, laissant paraître l'agilité. 
Au fond de lui, en sa chaire il était blessé. 
L'enfant essaya de rattraper cet oiseau, s'approchant de lui, 
A pas silencieux, épargnant les immobiles au sol. 

Réfugié près du chêne. Celui-ci s'occupait de sa blessure, 
De son bec raclait le corps étranger enduit 
De sang, et de ses ailes, se protégeait des caprices d'Eole. 

L'automne, aux heures où le temps est en cassure, 
Sembla soudain un étrange mélange de douleur et de vie, 
Le paysage fit rentrer l'âme en chaque cellule 
Du corps, poussant à la conscience des instants enfouis. 

A l'approche de l'oiseau, tendant les mains, sans aucun calcul,
Les cieux enrhumés, notre gavroche ne pu contenir une larme. 

Le froid s'intensifiait, enfonçant plus profondément ses lames, 
Les turbulences s'avivaient dans des tourbillons de feuilles mi-mortes, 
Les sages se pliaient, les bancs tremblaient, les fleurs se refermaient, 
Les frêles courraient se réfugier à leur dieu, le tapis de la saison 
Devint un champs de bataille où rebondissait en heurt la cohorte, 
Allant et venant sans compassion, par la déraison du temps affolée. 

La larme du cœur fut figée au creux de la vision, 
A cheval sur les rivières de l'adulte. Le paysage 
Etait devenu apocalyptique, la lumière scellée, 
Mélancolique se cognait dans les portes nuages. 

L'oiseau, n'avait pas bougé, n'avait pas été touché, 
Par cet assaut encore plus traître qu'un Judas, 
Aussi soudains qu'instantané... Le brouillard cinglant fut asséché 
Lorsque l'enfant parvint à effleuré le gracile de ses doigts. 

L'oiseau aurait pu se sentir dérangé, 
Mais le cœur attentionné lui donnant tendresse, 
Evitant la zone hypersensible en douleur, 
Il laissa les doigts, puis la main, glisser 
Le long de son dos, dans de simples caresses. 
Chacun donnant à l'autre de son aura. Sans peurs, 
L'enfant pétillait de pouvoir l'approcher, 
Et voulait son nouvel ami, ce volatil, le bichonner. 

Il se demandait comment celui-ci avait il pu être 
blessé. Etait-ce le monde des humains qui l'avait piégé, 
Où un malheureux accident avait il eu avec un chat en Gaia ? 
Aussi loin qu'une âme peu en elle voir naître 
Les premières lueurs de la conscience, il n'avait de cesse 
De penser, de reprocher la méchanceté gratuite, qui le fustigea 
Lorsqu'il vit en lui se dérouler le paradoxe de l'existence. 

Ses poussières d'étoiles revenant à l'oiseau, une envie de compresse 
Grandit en lui, mais le devança la magique science 
Des fées gardiennes de cet espace naturel, 
L'une d'elle s'approcha avec sa baguette, 
et sa lumière pour alléger souffrance. 

Une amitié commençait à germer entre les deux, 
Que plus personne ne venait déranger, pas même une frêle 
Qui réinventait pour s'occuper un petit jeu, 
Près du cèdre Libanais, faisant avec des feuilles et un marron, une marelle. 

Lorsque le cœur se concentra à nouveau sur des plumes coupées, 
Il lui sembla que l'oiseau lui parlait 
Par l'intermédiaire des ondes de la pensée. 
Celui-ci voulait l'inviter à voler. 
En double surprise, avant qu'il ne pu protester 
Sur son incapacité, la petite voix lui dit : 
"N'ai pas peur, c'est seulement ton cœur qui va m'accompagner 
Dans ce voyage, qui j'espère te surprendras agréablement. 
Tu reviendras en ta demeure pour vivre ta vie 
Aussi vite, aussi vif, aussi instantanée qu'un battement". 

Sans plus un geste de l'enfant, dans la grâce 
L'oiseau déploya ses ailes et s'élança, 
Effleurant sans un bruit au sol la masse, 
Pour fendre à nouveau l'aire, le vent, suivre la voie 
De l'aventure qu'il comptait bien faire vivre à son ami, 
Immobile au sol, figé en une statue de marbre endormie. 
(Si vous voyez dans un jardin une statue de marbre 
aux yeux fermés, c'est peut être simplement un grand enfant 
dont le cœur est parti faire un voyage en compagnie d'un oiseau) 

Après un salut à l'âme qui jouait à la marelle, 
L'oiseau, en compagnie du cœur de l'enfant 
S'envola, d'abord au grès du vent 
D'automne, pour ensuite se diriger avec ailes. 

Il traversa l'allée des sages du monde, 
Glissa sur le tapis coloré, frôla des feuilles 
Libérées, évita de peu une dame en deuil, 
Puis monta, monta, monta au dessus de la ronde. 
Le jardin public n'était plus qu'une forme carrée, 
Et la maison de notre gavroche n'était plus qu'un point. 
Celui-ci porta son regard sur le lointain, 
Emerveillé de vivre cette expérience inopinée. 
Ses sens se mirent petit à petit au diapason 
De ceux de l'oiseau qui avait décidé d'entreprendre 
Un long voyage pour le plaisir de son nouvel ami. 

Lorsqu'ils survolèrent un grand pont, 
Le cœur d'enfant s'enquerra : "Où m'emmènes tu comme cela ? ". 
L'oiseau : "Là où tu trouveras le sens. Ne te fais pas de souci". 

Et l'oiseau vola, vola, vola, faisant voir du paysage à son invité, 
Des prairies, des forêts, des mers d'eau, de glace et de feu, 
Des rivières, des fleuves, des montagnes, 
Des jardins, des maisons, des monument, des villes, 
Et tel un grand et généreux mage, l'ivresse le gagnait 
De temps à autre en vrille. 

Il l'amena partout, le fit voir toute sorte de lieux, 
De la terre jaune, marron, verte, toute une palette de couleurs 
Enrobées de parfum qu'il huma au bonheur, 
Des fleurs, des arbres, des insectes, des animaux 
De différentes contrée qui le mirent dans le beau, 
Des différents souffles d'âme de la vaste faune et flore 
Qui fit quémander à l'enfant en corps. 

Il eu aussi le plaisir du chatoyant soleil, 
De la pluie brumeuse et orageuse, de l'arc-en-ciel, 
Des lacs enneigés et des aurores boréales, 
Le plaisir de contempler les aubes et crépuscules, 
Les paysages aux lueurs des astres et des lumières humaines, 
Le coucou au passage de l'oiseau, des scintillantes étoiles… 

Il eu aussi le malheur de voir les polluantes bulles, 
L'homme et les femmes se déchirer, jeter à la vie mauvais sort, 
Il vit des bagarres, des crimes, des mondes baignant dans la haine, 
Des gens dans des champs de rouge mort, 
Des gens aussi emportés par des accidents de la nature, 
Et la perte de l'humanité dans des envolées sang futur… 

Dans ces moments l'oiseau et lui eurent la chance 
De ne pas finir écrasé, fusillé, explosé, 
De ne pas plier à jamais sous cette malheureuse errance. 

En l'oiseau l'enfant s'était terré, 
Coulant quelques petites larmes 
Sous ces écrasantes armes, 
De tout son être par l'horreur glacé. 

Le gracieux sentit la douleur gagner son ami, 
Il lui susurra : " Ne garde pas en toi tout ceci, 
Cela fait partie du monde, ce qu'il en est fait, mais la vie, 
Elle, a trop de trésors à dévoiler, 
Pour que la joie du cristal soit gâchée". 

Pour lui éviter de souffrir plus longtemps, 
Il éveilla ses sens au firmament, 
Entra dans la danse au vent, 
Fit frissonner de ses plumes à sa chaire 
Les atomes de l'univers, 
Se laissa allé en les mélopées 
Des sages et des auréolés, 
Plongea dans les essences des palettes, 
De sorte que les battements furent en fête. 

Pour couronner le tout, il embauma son cœur d'espoir, 
L'amenant dans une ville éloignée de la sienne, où il pu voir 
Celle que de tout son cœur il voudra Aimer. 
Ils s'étaient posé à sa fenêtre. Elle était endormie. 
Elle inspirait un je ne sais quoi d'infini, 
Emmitouflée dans son lit… elle souriait. 

Quelle est belle !… L'enfant sortit définitivement 
De torpeur au silence des ailes. D'envie il mourrait 
De l'apprendre dans ses bras, 
De déposer en sa flamme à chaque instant de la joie. 
Elle s'éveillait, tout doucement, 
Laissa éclore sa conscience au soleil pénétrant… 

Qu'elle est belle !…Il percevait en ses cieux les nuances de son âme, 
Sentait d'elle s'émaner l'indicible sentiment qui le transcendait, 
A le rendre muet dans des rythmes accélérés. 

Qu'elle est belle !... Il voulu en l'instant reprendre forme, 
Courir vers elle, l'enlacer d'Amour, 
Lui raconter, lui parler sans détour. 

Un instant d'éternité, son regard sur l'oiseau se posa, 
Leurs yeux se croisèrent, 
L'un en l'autre se fondèrent, 
En un éclair d'Amour fleurant bon l'émoi… 

L'oiseau ne pu retenir tout cela en lui, 
Il dit ses dernières paroles à son ami : 
"Voilà, je t'ai amené au début de ton voyage. 
Je t'ai fait partager mon existence, 
Et il est maintenant tant que tu remplisses les pages 
Avec l'encre de tes rêves 
Qui se réaliseront par patience. 
Merci 
D'être mon ami…". 

L'oiseau, sans ajouter mots, 
S'envola… et il vola, vola 
Vers ses horizons… 
Laissant l'Homme à ses maux 
En passion… 

Le marbre s'aviva... l'enfant rouvrit les yeux… 

Il était dans le lieu 
Où il avait rencontré 
L'oiseau blessé… 

Résonnait en corps 
L'ouverture en son for… 

Il retrouva petit à petit 
Son esprit… 

"Merci à toi mon ami…" 

(Décembre 2001)

P.L

 

Page 3

  Retour 

 

  Suivant 



 

 

 


00033961

 

 


Classement de sites - Inscrivez le vôtre! L'ABC du Gratuit...Pour trouver les meilleurs sites gratuit de l'Internet !!!

Planete-Virtuelle