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N ° 25 - Journal en fond poétique 

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Page 1

- Le jardin
- Annonces
- Jeu d'écrits
- Haïkus
- Poèmes en langue étrangère

Page 2

- Poèmes à l'air du temps
- Souffle (Tsunami)
- Citations
- Chansons
- Textes sur l'environnement

Page 3

- Poèmes d'auteurs à l'affiche
- Interview
-
Contes/nouvelles

Page 4

- Le Mot qui devint Maux de Tête
- Ourson vert
- Ballons couleurs
- Afrique animale
- Citoyens du monde
- Avant d'aller dormir


L’INFINI

Mon corps est un vieux mur
Qui tient grâce au lierre
Ce lien qui me rassure
Me fait rêver l’hiver

On âme se dissout
Ombre parmi les ombres
L’image que je poursuis
Est de moins en moins sombre

Le désespoir se lit
Dans mon âme pervenche
Lisière de mon oubli
Souvenir d’enfance

Frange de ma mémoire
Où il fait bleu le soir
La pluie en goutte d’étoiles
M’aide à tisser ma toile

Sur la mer endormie
Se posent mes yeux noyés
Redoutant l’infini
Du plus profond baiser.

Arlette FEVRIER MUZARD ©

 

Carillon

Chante et danse, joyeux carillon
Lance tes airs, aux jolis sons
Aux quatre vents, que tes chansons
Clament et calment, flamands, wallons

Egrène tes notes, sempiternelles
Rythme de vie, des gueux, du bourg
Emporte au loin, tes ritournelles
Sur les places et dans les faubourgs

Le temps s'en va, tu restes là
Fidèle au poste, vieux postillon
Moi, je t'écoute, ici ou là
Chante toujours, vieux carillon

Paroles X CéPYGé
Les Maissineries X.19

 

Éternelle rêverie

Je tissais sur le net
Maîtresse des maîtresses
Telle une aragne fileuse
Qui en son antre menait
Une existence heureuse
Une toile magique
Immortelle, irréelle

Loin des yeux, loin des stress
Là mon temps s’éternise
Par la voie de l’Ether
Ma passion de sadique 
Par l’épouse permise
Vole, vogue vers Cythère
Et son rêve éternel

Paroles X CéPYGé
Les Maissineries I.03

 

Le merle et la fourmi

Dans une haie de laurier, 
vint un jour se poser
un merle téméraire, voulant faire repaire
mais le brillant mainate vit sous une pierre plate
la fourmi engranger, dans son garde manger
convaincu sur le champ d'y nourrir ses enfants
il partit en campagne, 
pour y trouver compagne.
puis il dit à sa belle en se frottant les ailes.
c'est bien ici mamie que nous bâtirons nid.
certain que nourriture pour sa progéniture
était mieux que placer pour le manant percher.
la fourmi travaillant, interpella les amants.
vous vous êtes trompés veuillez déménager.
mais le royal siffleur, de sa grande hauteur.
mais que cela vous fasse, 
nous maintiendrons la place.
la fourmi sur ce point, elle ne répondit point.
au milieu de la nuit, une armée de fourmis
a croqué les amants, un peu trop arrogants.
car il est de nature et quelle que soit l'envergure.
si l'on vente sa force l'union fait bien la force.
sachez bien mes amis que l'on soit grand ou petit.
il faut se préserver de trop vouloir chanter

le poète

 

Le plaisir et l'envie

Pas Avant d'avoir le plaisir
Le désir fou nous invite
L'envie est là, un plaisir certain
Où les mots ne font plus qu'un.

Et les doigts courent sur le clavier
A ne plus pouvoir s'arrêter
C'est la chevauchée fantastique
Où les titres se succèdent aux idées.

Et pourtant que de jolies phrases
Pour déclarer notre amour
Que de mots pour dire notre partage
A tous ceux qui veulent l'entendre.

Dans un langage fin et pur
Ou tout le monde peut s'abreuver
Et le larousse peut nous éclairer
Pour les mots trop compliqués.

Une évidence, le plaisir sera toujours
Celui de partager, un bel amour
Avec son aimé, pour construire une idylle
Qui fera voeu d'éternité.

Clotilde de Saint Jean

 

AINSI VIEILLISSENT LES CHOSES

«Toutes choses passeront. 
Rien ne demeurera que la mort µ
et la gloire des morts »

Edda islandaise

Il est minuit ! Fiévreux, tremblant, inlassable, 
Tu parles du parachèvement des astres,
De la subdivision humaine en lignages,
Des loups terribles qui pourchassent les astres
Créés par les dieux tout-puissants,
De Kvasir et de Freyr, 
Le plus beaux des dieux scandinaves !

Or, il est minuit, mon Ami ! 
Et ta voix de neige se casse
comme un cierge de cristal
Contre le doux coton 
luisant de notre haute solitude.

Je sais, tu es amoureux de la musique des anges,
De leurs vêtements ondoyants 
imbibés d’eau de pluie,
De l’odeur vive des roses rouges.

Et tout ce discours est heureux à ma bouche
Comme les dits carmin et les rires d’aubépine
Du Lucius Afranius !

Un instant de silence
Et, tel un songe hésitant, 
Ton corps bascule sur le velours du sommeil :
Mystérieuse pitié des abîmes sans pitié !

Non, ô Tendre, nul ne peut dire 
Les larmes du commencement 
Ni les douces mouettes de la fin
Ni, encore moins, 
Les poumons en flamme de la mer !

Non, mon Ami tardif, nul ne peut chanter 
Les marées mauves des âges,
L’eau lustrale des pensées !

Ne sais-tu pas que le fleuve
Est un chemin en marche, 
Et qu’ainsi, en aimant nos élans d’âme,
Vieillissent les choses ?

Viens ! Il est si tard,
Ouvre la fenêtre du sud,
Et que la nuit immense
Palpite libre et douce
Dans nos bras !

A Paris, ce mardi 25 janvier, 
Anno Domini MMV

Athanase Vantchev

Glose :

Edda (s) : nom d’origine inconnue, désignant deux importantes œuvres littéraires islandaises
du Moyen Âge :

1. Edda poétique ou Ancienne Edda, œuvre découverte en 1643 et attribuée à tort au
poète Saemund le Sage (mort en 1133). C’est une collection de 35 poèmes gnomiques d’auteurs anonymes se rapportant à la mythologie ou aux légendes héroïques (les « poèmes eddiques »). Ces poèmes, qui datent du IXe - XIIe siècle, ont été réunis en recueil au XIIIe siècle, et ils sont conservés pour la majeure partie dans le manuscrit Codex regius (fin du XIIIe siècle). Emergent la dantesque Völuspà (« Prédiction de la voyante »), les truculents Dits du Très-Haut (Havamàl), les initiatiques Dits de
Grimnir (qui est le dieu Odin, Grimnismàl) et tout le cycle consacré à Sigurdr/Siegfried, meurtrier du Dragon et à ses amantes Brynhildr et Gudrûn. 2. Edda prosaïque ou Edda de Snorri, du nom de son auteur, l’Islandais Snorri Sturluson : c’est un manuel d’initiation à la poésie scaldique (de scalde, ancien poète et chanteur scandinave, auteur de poésies transmises d’abord oralement puis
recueillies dans des sagas). Elle se compose de trois parties :
a) Gylfaginning (« Fascination de Gylfi »), traité de mythologie nordique.
b) Skalskaparmàl (proprement : « Poétique »), traité de la langue poétique
islandaise, en particulier des Kennings.
c) Hàttalal (« Dénombrement des mètres »), poème de 102 strophes illustrant
chacune un mètre poétique différent.

Kvasir : personnage de la mythologie scandinave doté d’une science universelle. Deux nains, Fjalar et Galar, le mettent à mort et font de son sang un breuvage ayant la propriété de donner de l’inspiration poétique qui, dans la poésie scaldique, est désignée par la périphrase « sang de Kvasir ».

Freyr : dieu nordique, le plus beau des dieux scandinaves. Freyr est fils de Njordr et frère de
la déesse Freyja, la grande magicienne montée sur son char tiré par des chats. « Clair et
brillant », il personnifie l’essence même de la beauté. Marié à Gerd (la Terre), Freyr crée
l’abondance et dispense les richesses. C’est un grand dieu des Vikkings. Dieu de l’acte sexuel,
il est représenté par un phallus de cheval quand toute la famille lui fait des incantations. 

Lucius Afranius (fin du IIe siècle av. J.-C.) : auteur comique romain. Il reste de ses œuvres
inspirées du poète comique grec Ménandre (vers 342 – vers 292 av. J.-C.) et du poète latin
Térence (vers 190 – vers 159 av. J.-C.), 43 titres et de brefs fragments. L’un des premiers à
mettre des personnages romains sur scène.

 

L'enfant maladroit

C’était un enfant, quel age avait-il ?
Je l’ignore mais il avait l’âge des jeux futiles
Des rires sibyllins aux accents d’éternité
Les enfants ont en eux un peu de vérité.

Ce petit être jouait, sur le sable fin et jaune
Il bâtissait des mondes, issus de ses rêves
Sur ces globes fragiles poussait une faune
Immense, un univers naissait sur la grève !

Parfois il laissait l’eau faire fondre sa création
Tout s’écroulait comme dans une aberration
Et lui il restait là, un sourire étrange aux lèvres
Immobile, comme saisi par une puissante fièvre.

Ses mains maladroites ne savaient pas faire
Ce que voulait son esprit bien trop alerte
Ainsi son œuvre avait des relents de l’enfer,
Il était le seul maître sur cette plage déserte.

Bâtisseur fou, il balayait d’une seule main
Ce qu’il avait créé en jouant, sans remords
S’il le voulait il pouvait recommencer demain
La poussière ne peut pas ressentir la mort !

Il était heureux de savoir que d’un seul geste
Il pouvait tout effacer, semblable à la peste.
Ce diablotin s’amusait à créer, à détruire
Fier de pouvoir augmenter et de réduire !

Pourtant cet enfant ignorait 
que ces grains de sable
Jetés ci et là avaient une âme, 
engendrés par un fou !
Ils étaient les fils d’un nourrisson irresponsable.
Hélas cet enfant c’était 
Dieu et le sable : c’est nous !  

SERGE BOUMSONG « Abad »

 

Mon jardin secret

J’ai toujours couru les belles plantes
Qu’elles soient rampantes ou piquantes
J’aimais tant leur conter fleurette
Malgré mon air au ras des paqu’rettes.
Je leur racontais quelques salades
Que je cultivais en Pléiade.

Je n’ai qu’un petit pois
Dans mon jardin secret
Mais vous ne marcherez pas sur mes plates-bandes.

On récolte ce que l’on sème
Et en amour, je veille au grain.
Pourquoi glaner des chagrins
Avant le temps des chrysanthèmes.
Pour bien des roses, j’ai fait le poireau
Car je n’avais pas de pot.

Je n’ai qu’un petit pois
Dans mon jardin secret
Mais vous ne marcherez pas sur mes plates-bandes.

Puis j’ai trouvé l’amour en cage
Qui m’a donné la fleur de l’âge
Le champ libre et des églantines,
J'ai fini par prendre racine.
Elle m’a murmuré un enfant
Et je n'ai pas fait chou blanc .

Je n’ai qu’un petit pois
Dans mon jardin secret
Mais vous ne marcherez pas sur mes plates-bandes.

Kuntz Christian

 

Liberté de penser

Nous ne voulons pas être prisonniers
Mais voler de nos jeunes ailes
En faisant un pied de nez à Lucifer
Qu'il parte en enfer.

Fichez-nous la Paix...
Nous voulons penser en toute liberté
Ne nous imposez pas les vôtres
Nous avons de nouvelles idées.

Incompris, nous le sommes de la société
Ne nous en veuillez pas de notre colère
Mais parfois la coupe est pleine
Et nous fondons sur le désaccord.

L'effet inverse de la vulgarité
Commence par le respect d'autrui
N'imposons pas nos idées, écoutons nos aînés
En partageant la liberté de penser. 

Clotilde de Saint Jean

 

Fidèle amoureux

L’amour que j’éprouve 
pour toi est plus qu’intense,
Il offre une jouissance à mon cœur et mon âme,
O être charmant qui à ma vie donne sens,
Accueille ce jour où je t’avouerai ma flamme.

Ce jour fut vraiment ma plus grande déception ;
J’ai su ce jour que ton cœur était déjà pris,
Et me voilà amoureux de toi sans raison,
O triste destin ! Hélas, tout était finit !

Tu étais heureuse avec lui ; l’amour c’est beau,
Moi j’étais très heureux de te voir satisfaite,
Car mon souci est de te voir bien dans ta peau.
O être sublime qui rend mon cœur en fête,

Regarde moi juste un laps de temps s’il te plaît,
Nul besoin de demander plus pour être heureux :
Te contempler est ce qu’il y a de plus gai,
Je serai toujours ton grand fidèle amoureux. 

HaCèNe

 

Salsa

La pluie de mystère tombe sur la ville
Pour oublier les soucis de la vie difficiles,
Sous les lumières couleur rouge et or
Ce soir tu veux briller devant l'étoile du nord
Les rues sombres ne te font pas peur
Et tu cours car il va bientôt être l'heure
Le videur à l'entrée, te laisse passer
Un sourire et c'est la fête qui va commencer
La fumée des cigares et l'odeur de menthe
Te plongent dans cet univers des jupes volantes
Sous les flash des projecteurs, tu danses,
Sur cette musique sensuelle, tu te balances
Un , deux, trois, il t'attrape par la taille
Quatre, cinq, six, il retire son chapeau de paille
Sept et huit, regarde comme il se déhanche
Il est beau, il est jeune 
et sur tes lèvres, il se penche
Comment ne pas succomber aux jeux faciles ?
Pourquoi résister à la séduction si peu subtil ?
Salsa, salsa, sur la piste, tu ne pense qu'à lui
Tu te dis que tu le veux pour toute la nuit
Le piano fait son solo, le sax prend sa voie pure
Jamais tu ne l'oublieras, non, c'est trop dur
Si doux et si viril, quand il te prend, tu le sens
Mais tout n'est illusion, 
tu t'en rend compte, il te mens
Dans ce monde où chacun se laisse aller
Tu rêves encore d'un amour passionné
Tu vas trouver mieux que le prince charmant
Ces mélodies pénètrent ton cour, tendrement
Tout ceci n'est qu'un jeu, mais j'y crois
Et sous le ciel bleuté, je ne pense plus à toi. 

Elsa Laborde

 

LE VIEIL AMI

Le bruits des saisons s’empile
Sur le chemin montant
De la naissance jusqu’aux rides
Il est passé le vieil ami.
Sans demander d’éclat,
Sans obtenir la lune,
Transi, aussi ému que moi,
Fasciné par l’éternité
Par l’absence sur les cimes
Du vent au cœur essoufflé.

Le bruit des saisons s’empile
Des cités ouvertes à l’écume
De la ruche aux fleurs du désert
Il est passé le vieil ami
Sans écarter les brumes
Sans courber l’horizon
Les souvenirs éloignés
Imprimés sur sa peau
Parfument sa blancheur
En déshabillent l’amour.

Le bruit des saisons s’empile
De son histoire encombrée
Aux mémoires souffrantes
Il est passé le vieil ami
Sans écorner les livres
Sans passer les miroirs
Egaré dans les images passées
Encordé aux rêves surannés
Effleurant d’un baiser les cendres
De ses absents réconciliés. 

Joel Kerdraon

 

Ceux-là

Ceux-là étaient beaux
Comme un clair de lune
Avaient pour fortune
L’eau vive des ruisseaux

Ceux-là étaient grands
Comme une cascade
Et leurs yeux de jade
Se prêtaient serment

Ils portaient dans le cœur
Un morceau d’avenir
Et pour les jours meilleurs
Des bourgeons qui respirent

Ils gardaient dans leurs mains
Un peu de terre
Prise au creux des chemins
De l’univers
Ils gardaient dans leurs poches
Un peu de boue
Quelques miettes de roche
Et puis c’est tout

Ceux-là étaient forts
Comme un cerf qui brame
Élevaient leur âme
Vers un météore

Ceux-là étaient doux
Comme le murmure
D’une source pure
Roulant les cailloux

Ils volaient dans les cieux
En attendant l’hiver
Mais ce jeu dangereux
Les rendit solitaires

Ils gardaient dans leurs mains
Un peu de terre
Prise au creux des chemins
De l’univers
Ils cherchaient la nature
À tous les vents
Pour donner au futur
Quelques enfants 

Bernard PICHARDIE

 

Ses sourires

Une ombre qui glisse
une sueur froide
la surface de l'eau qui se plisse
ma vie n'est plus fade
d'un manque de douceur
d'un manque d'amour
je me suis dirigée vers ton coeur
sans aucun détour

sentant ta tendresse
et ton desespoir
je me suis permise de croire
que je n'aurais de cesse
que lorsque sur ton petit
visage, se poserait ses sourires
qui aujourd'hui me font frémir
et sourire moi aussi... 

Marie

 

Angoisse passionnée

Soleil d'hiver qui traverse
la profonde glace rejetée
par la terre; coule en été!
ne rends plus fluides ces chemins de traverse.

hélas! tu ne te soucies pas
des plaintes engendrées par les cieux
rieurs. et ce sol en émoi
crie, étouffe, rage a présent de te voir si peu!

la mer, rendue tempétueuse
par l'arrivée des vagues flots
a dévoré les sinueuses
berges. cet ouragan défriche, puissant, un halo

de lumière enfouie par quelques
méfiances.
le corps se renouvelle:
l'esprit ne combat plus quelques
déferlences;
reconquis par une ardente querelles. 

Jane.Dobbelaere

 

Le chercheur de l'imparfait

Ce poids est un fardeau si lourd
qu'en l'écrivant
je voudrais que ces mots tapés émettent des décibels
qu'ils adoptent chaque dimension
qu'ils crient au monde entier et à l'univers même
pas à tort et à travers,
mais à raison et tout droit devant
je voudrais faire sortir mes mots des cages de la littérature
leur faire transpercer le silence
jusqu'aux oreilles du tout-puissant
qui à force de s'être branlé de son vieux monde
est devenu sourd comme un pot de chambre
Je voudrais que mes mots claquent comme des gifles
sifflent comme le vent en sirène
passent comme courant d'air
et lettre à la poste
qu'ils aillent transcender les mémoires fugitives
je voudrais que mes mots fassent castagne avec les tiens
que personne ne l'emporte mais qu'ils fusionnent
pour aller toujours plus loin
je voudrais mes mots plus forts encore que les écrits saints
que les esprits saints
des mots si forts
que mêmes séparés ils se feraient comprendre
même mélangés ils garderaient leur sens
des mots éternels et universels
qu'un illettré comprendrait de suite
atteignant les morts
qui dans leur tombe s'en retourneraient sur leur conscience
Enfin, sortir de l'enfer des mots dits
du sarcasme des mots cris
outrepasser les règles
pour en inventer une nouvelle
qui serait : pas de règle... autre que celle pour mesurer les mots
règle si fine qu'elle mesurerait même
les demis-mots, les sous-entendus et tout ce qu'il y a entre les lignes
Toute ma vie je le chercherais
le mot qui frappe sans assommer
le mot qui tue sans faire mourir :
le mot juste.
Y arriverais-je ?
Peut-être bien, peut-être pas,
pas de souci à se faire, car à cette tache
j'y ai aussi réservé
mes 100 prochaines vies d'éternité
Un jour viendra, demain peut-être
ou j'aurais enfin tous les mots qu'il faut
pour faire tout ce que je veux
je deviendrais maître du monde
mettrais des majuscules partout
des aqueducs entre les ponts
des terminus aux voyages en avions
de petits plus derrière les moins
du feu à la chandelle
des crayons dans la dentelle
et ceux qui ne seront pas contents
n'auront qu'à me dire ce qui ne va pas
alors on changera tout
et on recommencera
Oui, quand on aura trouvé les mots juste
plus rien ne pourra nous arriver
on pourra tout faire, tout créer, tout détruire

Koshan

 

Ras

Ras le bidon !
Ras les tétons !
Ras le chignon !
Ras les cons !

Ras les malédictions,
Ras les déceptions,
Ras les obligations,
Ras les contraventions !

Ras la terreur !
Ras la peur !
Ras la fureur !
Ras les moqueurs !

Ras la mauvaise augure !
Ras les ordures !
Ras la sinécure !
Ras les bavures !

Ras les nouilles !
Ras les brouilles !
Ras la citrouille !
Ras les andouilles !

Ras les fossettes !
Ras les côtelettes !
Ras les paupiettes !
Ras les mauviettes !

Ras les mandibules !
Ras les pilules !
Ras les diverticules !
Ras les crapules !

Y'en a ras de tout
sauf de rire à genoux.

Serge Léonard (Brive)

 

Troubles

Je suis le fantôme de tes nuits
Évanoui dans ton miroir
A hanter tes rêves de minuit
En les brûlant de tout mon pouvoir

Condamné à errer en ton sommeil
M'éternisant dans des caveaux 
d'incurable tristesse
Où le destin m'a renié des merveilles
Je parle alors avec la nuit, 
qui point ne m'agresse

Je suis le monstre qui heurte ton crâne
Songeant à ce que je suis, l'âme solitaire
Sous mes yeux déjà diaphanes
Caressant les ténèbres pour ma fierté éphémère

Moi, ectoplasme volant sur ton territoire
Je guide ta route aux enfers
Pour me rejoindre et faire de ma gloire
L'événement le plus enivrant de mon histoire

MiniPo

 

Mon arbre

Ce n’est pas normal
Il tient debout penché déhanché,
Pour dormir, pour manger, pour respirer.
Ses bras déployés, il s‘envoie en l’air,
Son cerveau enraciné dans l’enfer de la terre,
Toute l’année il a des feuilles fanées.
De temps à autre il se met à me parler,
Mon arbre est anormal, 
C’est un mâle.
J’écorce son torse,
J’enlève sa sève,
Je sombre sous son ombre,
Je défeuille ses feuilles,
Et lui me fait un clin d’œil. 
Son gland mur me capture.
Ah ! La nature.
Oh ! L ‘écriture. 
Son gland bandant,
Son gland débandant, 
Bandant, débandant, débordant,
Les chaînes de mon chêne m’enchaînent.
Mon arbre je l’aime.
Mon arbre m’aime.
C’est normal,
C’est un mâle !
L’année prochaine je le coupe.
Pour faire naître un livre, qu’un enfant puisse revivre …

zorica sentic

 

Détresse

Sur
Le blanc
De ma page,
Sans plus attendre,
Je dépose ma
Vie meurtrie qui se vide

De tout espoir. Je
N'existe qu'à
Travers ton
Amour
Vrai.

Sylvie FREYTAG

Explication :
Poème boule de neige qui porte sur la progression du nombre de syllabes : 1er vers comporte 1 syllabe, 2ème vers deux syllabes et ainsi de suite, puis sur la diminution du nombre de syllabes à partir du milieu du poème.

 

A chacun de dire.

L’agréable et belle rose
A surgi en solitaire du néant, 
Elle intègre la mort
Dans une invulnérable pause
Elle se détache sur l’horizon

C’est l’étoile du berger 
La foi n’est pas une religion
Le spirituel est dans la conscience
L’amour n’est pas une affaire de croyance
La mort n’a aucun pouvoir sur lui

Là haut au sommet des monts 
Comme un éclat de diamant !
Il illumine la limite du couchant
La que l’amour émet des sons 
Pour la conscience et la raison

A chacun de dire et de prouver 
Il n’y a pas plume qui sait 
C’est l’instant de l'irrationnel 
Celui qui contient une parcelle de vérité 
Le vrai n’est pas assurément réel 

Le cœur trie ce qui fait souffrir 
Il aime sentir la joie et la fragrance 
Lui ne l’écrit pas mais sait le dire 
Se sont les mots muets de la souffrance
Qu’il repousse et fait fuir 

Le cœur aime écouter l'univers 
Les sons des plus beaux vers 
A l’aube il inonde de lumière 
La belle fleur de l'amour 
Pour lui c’est le plus beau jour

Il sait unir l’ombre et la clarté 
Pour confondre les couleurs
Le cœur aime se faire des alliés
Les âmes pour lui doivent s’aimer
Elles sont sa plus douce lueur 

Mon cœur ne connaît que le ciel pur
Son cruor il va le chercher dans l’azur
Il n’aime pas la couleur grise des nuages 
Souvent c’est elle qui porte l’orage 
A tout le moins c’est un vilain présage 

Plus le temps passe et plus Il tremble
Il sait qu’il va aussi écrire la fin
Mais il veut un décor où tout se ressemble
Sous la pierre du grand souterrain.
Où dorment les pauvres et les mandarins ! 

André Rotella

 

Au bout du couloir

Dans le couloir au subterfuge
Bercée de doute, j’ai pris refuge

Un miroir me reflète et donne l’indice
D’une personne vraie sans artifice

Petit à petit je plante mon décor
Le bien être de l’âme et du corps

En ressortir grandie et sans regrets
Des souvenirs des bas fonds et de secrets

Réaliser qu’une seule vie l’on obtient
Alors aller de l’avant ouvrir des liens

Se complaire dans son existence
Et surtout être et se faire confiance

En société n’avoir aucune crainte
Etre l’image, l’amie ou l’adjointe

Donner sans attendre en retour
Et surtout du couloir voir le jour

Yveline Danhiez

 

Désespérance

A
LA
VIE
SANS
ISSUE :

HURLER
L'ESPOIR
ENCOMBRE
D'ANGOISSE.
SANGLOTS
ATROCES.
MIRAGE
IDIOT.
REVE
FOU,
NU.
Ô

Sylvie FREYTAG

Explication :
C'est une variante de la forme à gauche (poème "Détresse"). Progression du nombre de lettres par vers : 1er vers a 1 lettre, 2ème vers 2 lettres, puis diminution du nombre de lettres à partir du milieu du poème.

 

Éternelle rêverie

Je tissais sur le net
Maîtresse des maîtresses
Telle une aragne fileuse
Qui en son antre menait
Une existence heureuse
Une toile magique
Immortelle, irréelle

Loin des yeux, loin des stress
Là mon temps s’éternise
Par la voie de l’Ether
Ma passion de sadique 
Par l’épouse permise
Vole, vogue vers Cythère
Et son rêve éternel

Par X Cépygé 
Les Maissineries I.03

 

verset quantique 4

Il m'arrive parfois
emporté par une odeur
un souvenir
ou une insondable tristesse
de revenir
en ces lieux entre les mondes
que je conserve précieusement
et que je veille à ce que nul ne vienne flétrir....

ici parfois je viens porter un bouquet de fleurs
une rose cosmique
un brin d'herbe de temps
un sourire mauve d'enfant et parfois
un alcool d'équèvre venu de ces planètes lointaines
où parfois j'aime me saouler...

aujourd'hui j'y reviens pour un souvenir
un de ces lointains hivers et chauds printemps embaumés de fleurs et lilas..

je ne me souviens plus si je l'avais crée
ou était-ce avant moi d'un père autre enfui au fond d'une autre éternité


elle avait les yeux bleus
je la revois encore
le regard flamboyant

le sourire d'une mer
et la peau d'un nacre parfumé de fleur d'olive

et je rêvais...

j'avais encore ces idées naïves
comme en ont les dieux naissants...

elle mon premier amour
mon premier grand amour

mon fol espoir
pour elle j'ai fait des rives
des mers
des cieux
des océans...

au travers elle j'ai grandi
pour devenir ce que je suis...

Emilie
es-tu encore au fond de moi?

je suis revenu ce soir
dans ce petit jardin
au milieu des univers..

là est inscrit sur la pierre blanche

ici repose IM
né autrefois
et mort aujourd'hui
dans la cinquième ère du roi...

dans la cinquième ère du roi.....
j'y ai vécu
j'y suis passé
et j'ai poursuivi ma route

oui j'ai dormi là quelque temps...
le temps d'emporter avec moi
Émilie

de la recréer au fond de moi afin qu'elle ne meure
et dégoûter avec elle
les parfums
et les affres de l'éternité.....

tu vois je suis revenu
Émilie
moi le père
le fils
et le non fini...
de qui naissent les âges
et en qui dorment les anges
dans leurs couches de bois fleuris...

tu vois
je suis revenu
alors qu'au bout de la lande
vient de naître le fils.

dieu qu'il te ressemble....

j'espère qu'à son tour il aimera

oh! n'aie crainte,
il grandira,
sera en rogne contre son père
le jettera en prison,
le poussera a l'exil
et alors qu'il deviendra plus vieux
il reviendra
chercher conseil auprès de son père
et l'amener avec lui vivre une autre éternité...
comme cela s'est toujours fait parmi les dieux...
comme je l'ai fait avec mon père
comme lui l'a fait avec le sien....

et ainsi Émilie
aujourd'hui je suis père
mais je suis aussi un fils, mon père

l'ancêtre et L'ancêtre ancien
et encore celui-là que les âges ont oublié......

je suis un dieu
Émilie
et je renaîtrai dans mon fils
comme il est né en moi
et dieu qu'il te ressemble......

je t'ai aimée Émilie
je t'aime
étincelle heureuse de mon souvenir.....

viens allons danser jusqu'à l'aurore de ces terres lointaines

où nous n'avons pas encore existé...

et peu importe Émilie
tes rêves sont mes réalités
je suis le père le fils et l'éternité
et aucun de tes rêves n'est épuisé...

je t'aime Émilie...

yves drolet
03/06/2004

 

Pour une vie meilleure

Dieu est lumière
L’homme est fait de poussière

Pour que la vie soit meilleure
Faut pas aller chercher ailleurs

Pour que s’arrêtent les guerres
Faut partager les terres

Pour que les larmes cessent de couler
Il faut savoir les arrêter

Pour que les enfants mangent à leur faim
Faut leur garantir le pain

Pour les guérir de leurs peines
Faut arrêter les criminels

Dieu est lumière
L’Homme est fait de poussière

Chaque nation doit faire l’effort
D’oser conjurer le sort

Les peuples doivent se réveiller
Pour défendre la liberté

Les chefs doivent s’incliner
Et les armes se bâillonner

Faut suspendre les privilèges
Et proscrire les manèges

Faut penser et réfléchir
Que l’inertie peut nous nuire

Dieu est lumière
L’Homme est fait de poussière

Vibrances

Fais moi l'amour avec tes yeux
Enveloppe-moi de ton regard
Prends-moi cent fois dans ces lieux
Que se dissipe le brouillard

Laisse ma raison se noyer
Au plus profond de ton âme
Et tous mes démons festoyer
Autour de ton corps qui s'enflamme

Par tes désirs inavoués
Je me laisserai envahir
Derrière la peur, j'ai trouvé
La source même du plaisir

Tes mains me parlent un langage
Que seule ma peau peut comprendre
Nos deux corps fiévreux qui s'engagent
Le vent ne peut plus attendre

J'embrasse l'arbre de la vie
Le pur symbole de ta puissance
Je goûte ton corps épanoui
Douce folie, courte démence

Un feu plus vivant que le sang
Nous entraîne au bout de l'usure
La vie, la mort se caressant
Dans notre monde sans censure

L'écho de nos cris dans la nuit
Se dissout au creux d'un soupir
Ta tête sur mes seins sourit
Dans tes bras, je voudrais mourir....

Candy

 

LE CHIEN ABANDONNE

Tu es là, errant dans la rue,
A la recherche de l’inconnu.

Tu entres dans cette maison,
Pour y trouver à manger,
Des coups de bâton,
Voilà ce qu’il risque de t’arriver.

Un enfant est là,
Qui te donne une caresse,
De suite, ton cœur bat,
S’éloigne alors un peu ta tristesse.

Ton regard est malheureux,
Tu demandes seulement un peu d’amour,
C’est tellement peu !
Mais tu sais de nos jours !…

Une simple caresse,
T’en demandes pas plus,
Pour le reste,
C’est vraiment du superflu.

Ta démarche est mal assurée,
Parfois tu vacilles,
Mon pauvre, tu es fatigué !
Ce qu’il te manque, c’est une famille.

Tu pues ! Ton pelage est souillé,
Tu n’es pas bien dans ta peau,
Qui pourrait te nettoyer ?
Si ce n’est cet inconnu qui aime les animaux.

Les refuges en dénombrent combien de ta race ?
Non ! Ce n’est pas cela aimer les animaux !
Tu sais, l’homme est tellement bien à sa place,
Que pour bouger, tu sais, il lui en faut !  

Gilles ROBERT

 

A une chère amie

Allons nous promener 
sur des chemins tranquilles
Nous parlerons de tout et de rien
Nous prendrons notre 
temps pour ces choses futiles
Qui nous libèrent des ennuis quotidiens

Nous nous sentirons comme dans une cathédrale
Sous ces grands arbres, un calme religieux…
Et le bruit discret du vent, 
son murmure dans les branches
Nous incitera à marcher doucement

Allons nous promener s
ur des chemins tranquilles
Nous dire des secrets comme des petites filles
Rire, pleurer peut-être et sourire à la vie
Qui nous permet de vivre ces moments apaisants.

Allons nous promener, savourer ces instants
Alons nous promener et oublier le temps.

Allons nous promener 
sur des chemins tranquilles
Nous parlerons de tout et de rien
Nous prendrons notre temps 
pour ces choses futiles
Qui nous libèrent des ennuis quotidiens

Nous nous sentirons comme dans une cathédrale
Sous ces grands arbres, un calme religieux…
Et le bruit discret du vent, 
son murmure dans les branches
Nous incitera à marcher doucement

Allons nous promener 
sur des chemins tranquilles
Nous dire des secrets comme des petites filles
Rire, pleurer peut-être et sourire à la vie
Qui nous permet de vivre ces moments apaisants.

Allons nous promener, savourer ces instants
Allons nous promener et oublier le temps. 

Jo

 

Le sans droit

Sanglants jets d'illusions
Les ombres travesties par la poésie
S'animent comme autant de jeux d'encre
Dans l'ambre mortelle de nos existences - 

Tandis que de l'autre coté d'un monde
La transparence des fumées de chanvre 
Avidement engloutit les effluves de vies
Qui misérableement convoitent les anges;

Dans ces furieux et fatidiques tourments
Se révèle enfin, froide et amère
Une grave épitaphe figée sur la pierre:
Tout bonheur finit convoyeur de néant. 

Oyster

 

Maman, maman.

Aprés tous les babils de l'être qui est né
Quel est le mot charmant qui pendant des années,
Aux lèvres de l'enfant, en douce mélodie,
Viendra calmer sa peur par un nom ennobli?
Maman, maman...

Combien pendant la guerre cette douce parole
A été prononcée pour que l'âme s'envole,
Vers celle qui jamais ne reverra vivant,
Celui qui dans les champs expire en disant:
Maman, maman...

Et l'être prisonnier de l'austère cellule,
Qui aura pour ami les cafards qui pullulent,
N'aurait-il pas le droit, le soir en s'endormant,
De pleurer un instant et de dire en rêvant:
Maman, maman...

Mais aussi quand la mère par son age engourdi,
Devra quitter la terre ou elle nous a chéri,
Dans un dernier soupir, elle s'écrira Maman...
Et nous répéterons Ô tristesse pleurant:
Maman Ô maman...

Momongana

 

Les Façades

1

Les façades se plissent,
Les façades ternissent
Quand elles se font hospice
Délaissé des vivants,
Les façades se minent
Quand elles deviennent ruines,
Rongées par la vermine
Outragées par les ans,

Façades éperdues
Et de mousse chenues
Que rien plus ne rattache
À l’espoir d’un retour,
Que le malheur des jours
Ne voile ni ne cache ...

Les façades ...

2

Les façades grimacent
Quand elles se font face
Que chacune a l’audace
D’afficher son mépris ;
Les façades s’ignorent
Au point d’aller éclore
À l’écart et s’enclore
Loin des regards aigris,

Peu enclin à laisser
Un intrus s’y glisser,
Chacun se barricade
En son bien-être étroit,
Séduisant de surcroît,
Mais d’où l’on ne s’évade ...
Les façades ...

3

Les façades chantonnent
Quand l’aube s’abandonne
Au printemps qui festonne
Sur un monde en réveil,
Fleuries et toutes blanches
Les façades se penchent
Vers la mer bleu pervenche
En riant au soleil,

Les unes ont du châssis,
Les autres le mépris
De la sobre élégance,
Celles-ci ont l’éclat
Du bonheur, celles-là
De la joyeuse enfance !

Les façades ...

4

Façades d’espérance
Condamnées à l’outrance
Pour sauver l’apparence
Ne nous trompent-elles pas ?
À jouer les coquettes,
Façades en goguette
Aux dehors de midinettes
Ne nous charment-elles pas ?

Ces façades souvent,
Ces façades pourtant
Qui se voudraient secrètes
Malgré leurs grands volets,
Ne sont que le reflet
D’une pâle retraite,

Les façades ... 

Goudeaux

 

Anne Nit

Le long d’un dimanche sans nom,
Sans date, sans raison
Le sang coulait si lent sciemment
Dans les haines
D’Annie
Au long des rigoles de pluie
Plic Plac sur la fenêtre
Anne nie

Au fond du trou la rue meurt
Guette Annie
Elle obsède, l’obscène
Le fond du gouffre
Dans l’un somme
Nuit, l’amère, douce heure
Pas à passé veille
Le front sur la fenêtre
Anne nie.

La larme sans clenche passe
Et le tant qu’il y avait
Transe
Cendres immortalisées
Le vent saoule Annie
Souvent Anne nie
Au coin de la fenêtre.
L’hêtre est le néant
Et l’être se voit re- n’être
Rien qu’un jour ou
Deux pluies
Annie.

Cet attends t’es un temps
Presque ivre
Quand à la fenêtre
Anne n’y voyait
Que les feux naître.
Ailes et mue
Au plus près du soleil.
Tombe et dans la mer,
Anne nie tout le jour.

Aux jours d’huiles
Et pauvres rêves brisés
Grisent en corps
L’Anne ni fatiguée
L’Annie revigorée
De cette pluie d’été.
Anne nie devant la fenêtre
Glace et comptes de fée
Des espérants renaître
Lorsque l’âme mourra
Nie. 

Madame Bovary

 

Qu'elle est belle ma mère

Qu’elle est belle ma mère 
dans ses quarante-cinq ans
Elle a la dignité de ses jeunes années
Ses cheveux tout bouclés en de mince filets dorés
Et les yeux azurés, clairs, francs et si brillants
Qu’elle est belle ma mère 
dans ses maintes soieries
Foulards et chemisiers,robes et puis manteaux
Elle est coquette et fière,
marchant le front bien haut
Comme pour saluer les anges du paradis
Qu’elle est belle ma mère avec son goût de vivre
De faire danser les jours 
et de faire valser les nuits
Que son visage est tendre 
avec son teint sans givre
Et ses fous rires si chauds et tout emplis de vie
Qu’elle est belle ma mère quand à son chevalet
Elle fait,défait et refait une douce aquarelle
Je la reconnais bien parmi tous ces portraits
Aux formes attendries et aux couleurs pastels
Qu’elle est belle ma mère tout près de son époux
Offrant bien le meilleur de 
se qu’elle peut lui donner
Il est comme un écrin et elle,tel un bijou
Brillant de mille feux 
comme aux premières années 

Josée Durand

 

La chandelle

Noir , tellement noir 
Cet univers ce soir
ça aurait pu m'emmener 
à la terreur !!
Si cette brillance 
N'éclairait pas cet espace 
La lumière est feinte 
Pourtant elle est claire 
Comme mainte 
Étrange cette force concurrente
Dans cette pleine noirceur pertinente 
Elle est si petite la chandelle 
Qu'elle nous étonne 
Qu'elle soit utile
Nul mais nul ne doute
Qu'elle n'est pas futile
Lorsqu'il se sert de cet outil
Mais est-ce l'apparence 
a jamais été un critère ?? 
Pourtant c'est le fait réel 
Ce point culminent 
Éclaire parfaitement ce soir !!
AMA
Le mystérieux univers 

Étrange cet univers !!
trop entouré d'ombre 
trop plein de mystères
rien n y est clair 
tout y est sombre 
si on essaye de le comprendre 
si on approche de ses mystères 
si on cherche à analyser son air 
on fini par perdre la joie de vivre 
et on comprend pour toujours 
que sa beauté , c'est son mystère !!!
AMA
La mort

La mort est un monde d'autre genre 
La mort est la fin des malheurs 
Le remède de la souffrance et de la peur 
Un remède de la fatigue de tout les jours
Un sommeil éternel sans rêves ni cauchemars
Ignorée à nous qui vivons encore
Mais tout le monde la gouttera un jour !!
AMA 

Chami Maria

 

Amandine, un rêve une réalité

Petite brune au regard de feu
Un joli minois des yeux merveilleux
Tu es pour moi l’image de la beauté
Celle de la femme, celle de la bonté

J’ai accepté de te voir, de te rencontrer
Histoire de savoir vraiment qui tu étais
Je suis tombé sous le charme de ta jeunesse
De ta voix, ta beauté et de ta tendresse

Tu es si belle et vraiment gentille
Si intentionnée, une si jolie fille
Cette rencontre fut pour moi un moment de joie
Qui restera encrer toujours au fond de moi

On a partagé des moments d’intimité
Des moments très doux, des petits baisers
Je me suis livré à toi comme je ne l’avais plus fait
Je me suis laissé aller comme si je te connaissais

Après ces moments, cette douce réalité
Il m’est difficile d’ouvrir les yeux
Et de me dire que j’ai rêvé
De revenir chez moi, de t’oublier

Loin de moi mais pas de mes pensées
Heureusement pour moi je peux encore rêver
Essayer de penser à des moments nouveaux
Ou je pourrais encore te resserrer bientôt

Au creux de mes bras, le long de mon cœur
Partager avec toi de 
nouveau moments de bonheur
Me dire une nouvelle fois que tu seras moi
Une journée c’est sûr mais c’est toujours ça

Que je pourrais regouter la saveur de tes lèvres
Qui a fait qu’avec toi je suis devenu chèvre
Caresser ta peau, retoucher ton corps
Sentir tes mains sur moi, partout sur mon corps

Je ne sais pas pourquoi je te dis tout ça
Je sais qu’au fond de toi on en restera là
Peut-être pour une promesse que j’ai fait
De t’écrire un poème sur le fond de mes pensées

Sur cette femme que tu es, à laquelle j’ai rêvé
Sur ces moments à nous qui sont déjà passés
Tous ça pour me dire de redescendre sur terre
Que maintenant pour toi je suis éphémère

Un passage de ta vie un moment de cœur
Qui restera pour toi, 
j’espère un moment de bonheur
Tu sais maintenant ce que je pense de toi
Qui je suis, comment je te perçois

Un jeune normand qui a ouvert son cœur
A une parisienne, à la plus belle fleure
A une princesse qui m’a donné bonheur
Qui ne m’appartient pas, 
et qui a donné son cœur

A autre que moi, l’homme de passage
Mais ne t’inquiète pas je ne ferais pas barrage
A cet amour qui te tient, à l’homme qui te lie
A celui qui pour toi est l’homme de ta vie

Je garderais tes yeux aux fond de mon âme
Je garderais en moi, l’image de cette femme
Celle qui a fait tomber mon cœur, 
rallumer ma flamme
Celle qui m’a montré que 
je peux encore croire aux femmes

Mais si un jour, tu veux changer de vie
Connaître autres choses, de nouveaux amis
N’oublie jamais qu’il y a quelqu’un
Pas à côté de chez toi mais pas très loin

Un homme au grand cœur qui a connu l’amour
Qui a un enfant et ça pour toujours
Qui a des défauts, qui a eu une autre vie
Qui, je sais pour toi, restera un ennui

Maintenant, j’ai fait parlé mon cœur
Ce que je ne veux pas c’est que tu prennes peur
Je ne suis pas là pour t’ennuyer
Mais juste pour te dire que jamais je t’oublierais

Tu sais qui je suis tu sais ce que je pense
Tu connais mon âme, sa grandeur immense
Peut-être un rêve, peut être un homme
Mais ce que je sais, c’est 
que je suis encore un môme

Tout ces petits mots ont été écris pour toi
Ils viennent de mon cœur ils parlent de toi
La princesse que j’ai vu, que j’ai rêvé ?
Je ne sais pas si un jour je connaîtrais la vérité

Mais ce que je sais c’est que je garderais en moi
Ces moments de cœur ces moment de joie
Ces moments passés avec cette belle fleure
Aux pétales éclatant 
qui m’ont rempli de bonheur 

Richard (androus14)

 

Sensualité

Il est doux et glacé à la fois
Quand sa bouche se pose
De drôles de choses me frôle
Et s'écoule en un élixir.

Son trajet est divin
Puisqu'il revient fondu
Entre mes reins
Il s'épuise, s'amenuise.

Apaise ma peau fiévreuse
Tout au long de son parcours
Sa chute finie...
Dans un endroit bien choisi.

Par pudeur, je n'ose dire
Cet endroit exquis
Ou il s'est dispersé
J'ai nommé... Le glaçon.

Clotilde de Saint Jean

 

Balles à blanc

Le sexe et toute sa vulgarité
Ne sont qu’une partie de la réalité
On veut également des sentiments
Et pas seulement du rentre dedans

A quoi bon être un homme soulagé ?Si ce n’est même pas pour aimer
Lancer autre chose que des balles à blanc
Tirer sans mobile, ce n’est pas si tentant

Pris en otage par je ne sais quelle vertu
Un âge où Marie ne nous déçoit plus
Petite conscience a fuit les débats
Même toi Maman, tu as quitté Papa

Si dans ce ghetto, je me suis perdu
C’est aussi pour en avoir l’issue
D’un monde dans lequel j’ai poings liés
Viens, Princesse, me libérer d’un baiser

Nicolas Cristovao

 

Mon coeur pleure

Pour toujours, mon coeur pleure.
Je pleure.
Mon âme, pourtant poreuse 
n'absorbe pas toutes mes larmes.
Je pleure l'amant que je n'ai jamais eu.
Je suis révoltée, tremblante, j'ai froid.
Je sens tomber sur moi 
la brume de mon amour perdu.
J'entre dans la grisaille.
Ma vie n'est plus qu'une
immense nuit sans étoiles.
Même le reflet de la lune est manquant.
Plus rien ne m'éclaire. Il fait noir 
dans mon coeur. J'ai peur.
J'ai peur et j'ai mal.
Pas de douleur réelle, mais 
un mal silencieux qui me ronge.
j'endure ma nouvelle vie sans toi.
J'endure l'endurance de la vie après l'amour.
La vie après la mort n'est-elle pas meilleure ?
Une vie où j'oublierai enfin, ou je serais oubliée.
Être oubliée après la mort, passe encore...
Être oubliée alors que je suis encore en vie...
C'est l'infamie suprême
surgissant d'un amour injuste.
Mais je ne suis pas morte. 
Toi non plus tu n'es pas mort.
Je vis, tu vis, nous vivons, 
donc tout n'est peut-être pas perdu.
Mais oui, bien sûr, la vie c'est l'espoir.
Y'aurait-il un espoir que j'entre 
à nouveau dans ta lumière ?
Dans le blanc et le rose, dans la chaleur ?
Se peut-il que les étoiles renaissent,
que la lune brille encore ?
M'offrirait-on un nouveau rembourrage ?
Je retrouverais ainsi une consistance 
digne de tes mains.
Mais hélas, tu n'es qu'un rêve, une illusion.
Un rêve qui s'élève dans les voies 
cachées de mon pauvre coeur.
J'avais pourtant trouvé une 
partie de moi dans toi.
Un complément que j'avais 
cherché toute ma vie.
Je ne prendrais jamais pour 
acquis cette conquête éternelle.
Je me bouleverse, je me provoque, 
je me maltraite.
Je délire dans mes souvenirs indélébiles. 
Je deviens débile.
Chaque soir, je t'emmène dans mes rêves.
Là où le présent n'existe plus, nous sommes seuls.
Dans mes rêves, pas de superflu.
Ces rêves, je les mijote à chaque endormissement.
Dans mon sommeil, 
je les consomme avec délectation.
Je revis cet amour qui ne fait pas mon bonheur.
Amour tragique, privé de tes faveurs.
Mon Dieu, ma tête est un champ de foire.
Je t'y cherche comme une 
damnée, je me sens paumée.
Je suis abasourdie par le bourdonnement 
d'une foule imaginaire.
Je t'appelle, je crie, je hurle, je pleure encore.
Mes cris sont vains.
Ils ne me renvoient que l'écho
de ma tristesse infinie.
Un instant... je crois voir 
ta main qui me cherche.
Encore un mirage de l'amour mort.
Encore un signe de ma démence affective.
Ma démence ? Oui, c'est çà, 
je suis démente. Je suis folle.
La déraison m'a frappée en plein 
coeur, en pleine tête.
Je panique, mon ciel est au dessous 
du niveau de l'eau.
Impossible de remonter, mon monde est inversé.
Je suis bouleversée. C'est renversant, déchirant.
je suis déchirée, lacérée, brisée, fracassée.
Et pourtant, je t'aime encore, mon unique.
Les miettes de mon corps gardent 
la cohérence de mon âme.
Ange doré de tous mes désirs, 
mon âme ne t'oublie pas.
Papillon bleu, amour de ma vie, 
ton absence me perturbe.
Devant moi, je ne vois 
que le brouillard impénétrable.
Un brouillard épais. Inutile de courir, 
je ne pourrais pas le traverser.
Quelque chose m'empêche d'avancer. Une chose.
Comment définir "la chose" 
qui dévore mes envies.
Je n'ai plus aucune notion de l'amour.
Je n'ai plus envie de l'amour. 
Je déteste l'amour à tout jamais.
Mais l'amour m'aime puisque je t'aime.
Je t'aime dans une infinie 
tendresse qui ne t'atteint pas.
Curieusement, mon désarroi 
n'en n'altère pas la beauté.
je n'abandonnerai jamais 
ce qui fût, un temps, notre histoire.
Je continue à marcher sur 
les chemins tortueux de ma vie.
J'y ai déjà marché longtemps, 
sans abri, sans soleil.
Alors d'où me vient cette étrange brûlure ?
j'implore tant de fois le ciel pour 
qu'elle me laisse en paix.
C'est sans appel, c'est une 
blessure qui ne s'affronte pas.
Je ne veux pas affronter ce qui est toi.
Non, pas d'affront, juste de l'amour, de l'amour.
Et encore de l'amour pour toi, mon ange doré.
Je t'aime.

Agnes Caillat

 

Liberté

J’écrirais ton nom sur le papier
J’écrirais ton nom ho! liberté

La plume court toute seule
Libres mots sur cette feuille

Envie de rêve et d’évasion
Poésie, liberté d’expression

L’encre coule même dans ma tête
Et l’écriture se met en fête

Une idée germe, je l’écris
Aucun mot je ne m’interdis

Chaque jour je veux partager
Avec toi, ma poésie de liberté

Yveline Danhiez

 


Interview de Cristina Castello

"Pour pouvoir tromper la réalité, il faut d'abord la connaître"
Par Gabriel Bauducco *

De même que ceux qui se battent dans la guerre pour ne pas tuer et continuer à la fois vivants, ainsi Cristina Castello se bat dans la jungle de la brutalité de l'économie qui assomme depuis des années l'Argentine,à seule fin de rester fidèle à ses convictions et ne pas devenir une meurtrière comme tant d'autres qui font partie de la légion des tueurs de poésie. L'une des rares journalistes qui - ayant passé par les médias graphiques, la radio et la télévision (revue Gente, Viva, la revue du dimanche du journal Clarín, radio Splendide, présentatrice du programme de TV San Masque, professeur de l'émission L'entrevue journalistique- s'oppose, depuis ses préceptes éthiques, au mode de vie actuel, semblable à un clip vidéo... vertigineux et d'enfer, qui tue les émotions. Cette éthique de la raison et de l'action, la sienne,fait naître chez elle un profond étonnement lorsqu'elle observe l'audace effrontée avec laquelle agissent la plupart des hommes politiques et des dirigeants modernes. Une modernité d'égoïstes et de traîtres.... ceux qui ont le plus complet dédain pour autrui, ceux qui trahissent l'esprit de la poésie. Castello parle d'une réalité différente à celle racontée par les médias de l 'Amérique Latine. Elle signale la perte d'humanité et la solitude de ceux qui se retrouvent au milieu de la masse. Elle nous fait savoir aussi comment nous sauver de la folie, grâce aux graines lâchées par ses mots (G.B.)


-Qu'est-ce qu'un poème ?

-C'est... tel qu'un extrait de l'Univers, n'est-ce pas ? Mais je parle de ce que c'est la poésie et non pas de ce qu'on appelle, de façon désinvolte, ainsi. Dans tous les domaines de l'art -sans citer celui du spectacle- n'importe qui réclame pour lui le nom d'artiste ; c'est comme si toi et moi, nous nous désignions médecins, avocats ou scientifiques. Ou bien astronomes...ça me ferait plaisir, hein ? Tout le temps, le regard vers le ciel...quelle joie !

-Lorsqu'on a parlé en privé tu m'as donné le nom des personnes considérées de grands poètes. Selon toi, ils ne méritent pas ce traitement, cependant, en tant que journaliste tu ne l'as jamais dit...c'est ta première lâcheté ?

-Je ne sais pas, mais je ne le crois pas. J' ai interviewé un grand nombre de personnalités et au cours de ces entretiens j'ai fait face aux pires monstres -des militaires répressifs, des assassins, des tortionnaires- et je ne me suis jamais tue. Je n'ai pas eu peur, c'est vrai, non pas parce que j'avais du courage mais parce que j'étais avide de respect à la vie. Cependant, d'autres critères entrent en jeu lorsqu'il s'agit de ces soi-disant artistes. Ces mauvais -ou faux- poètes ou artistes peuvent être les produits du marketing,mais ce ne sont pas « le » démon lui-même ; donc je sens que je n'ai pas le droit d'ôter aux personnes ses croyances ni ses contenus s'il n'y a pas d'autres croyances ou contenus qui puissent les remplacer.

-S'il te plaît, tu pourrais éclaircir ton idée...

-Supposons que quelqu'un s'appuie sur des béquilles et que tu remarques qu'elles ne sont pas en bon état. Si tu les lui enlèves, tu dois lui en fournir d'autres, de la même qualité ou meilleures. Sinon la personne va tomber lourdement.

-Tu as déjà essayé de le faire ?


-Oui, et j'ai appris qu'il y a des moments et des moments pour dire certaines choses. « Il y a des voix tellement graves que leur résonance n'est pas immédiate », a écrit Oliverio Girondo. Et c'est vrai : quand les personnes ne sont pas préparées pour entendre, il en résulte l'effet contraire à celui qu'on veut obtenir. Comment peux-tu dire à quelqu'un que les paroles de cette chanson qu'on a chantée, par exemple, lors du retour de la démocratie, appartiennent à un mauvais poète ?

-Oui, c'est difficile...


-Absolument, parce qu'il y a tout un monde derrière cela où , outre la poésie, on trouve des latences spirituelles : des parfums, des sons et du vécu devenus souvenirs des certaines strophes. Des vers qui représentent surtout une résonance intérieure. Tu te rends compte que ce n'est pas un sujet facile à saisir ? Ainsi se passe-t-il avec la politique : j'ai vécu de trop près - et j'ai aussi souffert - le fait que les voix d'alerte prophétiques de bons - éclairés, si j'ose dire- politiciens n'aient pas été entendues dans le moment précis. Cela aurait pu nous sauver comme pays. Je me rappelle que je pensais alors à ce que Nietzsche avait dit, qu'il y a des hommes qui naissent posthumes. De toute façon, celle-ci est mon attitude comme journaliste, puisque comme poète je cherche le refuge dans mon silence intérieur et dans ma solitude, tous les deux indispensables.

-Mais ta poésie est révélatrice ... et révoltée, c'est évident.


-Je ne pourrais pas me taire car la poésie, c'est du courage et elle le mérite ; car c'est de la grandeur humaine, c'est une fenêtre ouverte à la plénitude et encore plus, beaucoup plus. Et pourtant, ni le pamphlet ni le cri me plaisent et je crois à l'économie des mots et à la gestualité et que, grâce à elles, il peut y avoir de la tension spirituelle et de la dénonciation :bref, le dévoilement. Le mot écrit quand c'est de l'art -comme l'art en général- peut devenir prophétique.

-Quels sont les mots prophétiques dont tu te souviens ?


-Je m'en souviens beaucoup, et associés à la peinture et à la musique. Mais il vaut mieux que tu me laisses te parler de Kafka. Dans Le Procès il montre une sorte de modèle d'État de la terreur et il anticipe sur l'invasion de la vie privée et sexuelle des gens par le totalitarisme. Doué d'un regard clairvoyant, dans La colonie pénitentiaire il aperçoit les machines de la terreur nazi et l'étrange et maladive relation qui s'était établie entre quelques bourreaux et leurs victimes. Et finalement dans La métamorphose,bien qu'à l'occasion de ma première lecture adolescente j'ai vu Gregorio Samsa comme une petite bête, puis après il est devenu pour moi le symbole du sort des millions d'êtres humains qui ont été exterminés dans les camps d'concentration. Remarque qu'il l'a appelé Unfeziefer et c'est bizarre, puisque c'est le mot que les nazis ont utilisé pour nommer les pauvres gens qui mouraient dans les chambres à gaz. Rappelons-nous que Kafka avait décédé en 1924...Avait-il le don prophétique ou pas ?

-C'est impressionnant...


-Cela va toujours nous impressionner car je crois que l'art disparaîtra au cas où la question à propos de l'existence de Dieu ne serait plus en vigueur. Mais cette question sera aussi éternelle que l'art. Même les choses,selon Jacques Brosse, sont heureuses d'être perçues par les poètes et désirent que ceux-là les regardent. Ça, ce n'est pas banal ?

-Et les critiques d'art, que disent-ils ?


-Les critiques d'art ... les critiques d'art, sauf quelques exceptions, ils en savent très peu. Beaucoup d'entre eux -pas tous- sont des artistes frustrés, d'autres capitulent et / ou se vendent et plusieurs sont partiaux. Ils se servent des mots tels que profond, ineffable, oeuvre métaphysique (l' oeuvre qu'ils ne peuvent pas ranger sous aucune rubrique, tellement ils ont besoin de classer suivant des ismes !)...Sans parler du mot mystère et de l'abus qu'ils en font !

- Qu'est-ce que c'est donc le mystère ?


-Voyons... « Le Mystère. Pourquoi les arbres dansent-ils ? Parce que le vent. Et pourquoi le vent ? Parce que Dieu. Et si Dieu... pourquoi tu n'es pas là ? » Bon, ce n'est qu'une autre digression : j'ai eu l'idée de jouer avec les mots en observant le petit arbre que j'ai dans le balcon. En fait, comme disait Gauguin, je crois que le mystère est la seule certitude, et pour cela je le guette et je le force et je l'attends en même temps, patiemment, parce que c'est l'une des beautés de la vie. Mais attention : je parle du concept de mystère et non pas des personnes qui jouent aux mystérieuses et ne sont que des hypocrites portant des masques.

-Cristina Castello,l'État, quel rôle doit-il jouer en matière de culture ?


-Il devrait -remarque le mode verbal- je reprends mon idée, il devrait se charger des problèmes fondamentaux liés au financement de la culture, tel qu'il se passe dans certains pays du nommé Premier Monde... même si à l'heure actuelle aucun pays ne va bien. Dans cette colonie du « Nord », toujours punie, que nous sommes devenus tous ceux qui habitons l'Amérique du Sud -on est encore des pays, nous ?- c'est les sponsors privés qui prennent en main cette affaire du financement, et eux, ils ne sont pas intéressés au fait d'encourager la culture, car plus ignorant devient le peuple, mieux marchent leurs affaires.

-Comment se passe-t-il dans d'autres pays ?


-Je n'ai aucune information actuelle mais je te donne un exemple. En Allemagne, il y a deux ans, l'apport des sponsors représentait 4% du total. Et rien d'autre : le reste était en charge de l'État. Kathine Dittrich van Weeringh, spécialiste allemande en affaires culturelles, à l'occasion de visiter Buenos Aires à cette époque-là nous a exposé un concept très intéressant, soutenu par des collègues européens et elle-même : « La moindre quantité d'État possible mais tout l'État qui soit nécessaire ». Mais nous parlons de l'Europe et il faut le dire, même s'il y a des problèmes là-bas, il s'agit d'un autre monde... ici on voudrait tout l'État qui soit nécessaire ...mais pour le piller ! Je n'oublierai jamais que pendant la terrible présidence de Carlos Menem, un haut fonctionnaire de la province de Santa Fe , a volé tout ce qui était possible et plus encore...y inclus un pont !

-Si ce n'était pas tragique, ce serait comique... quelle horreur ! Qu'est-ce que que tu peux dire à propos de l'éducation ?


-Qu'on n 'éduque pas : on prépare les enfants et les jeunes gens aux valeurs de la Bourse et personne n'a conscience de ses droits comme citoyen. Personne ne connaît non plus ceux que la Constitution établit pour toute personne humaine... sans parler des liens fraternels ! « Il y a un mot qui me provoque de l'exaltation, un mot que je n'ai jamais pu entendre sans frissonner,sans sentir un grand espoir, le plus grand de tous. L'espoir de vaincre les forces de la ruine et de la mort qui accablent les hommes. Ce mot est fraternité ». Paul Eluard a écrit cela, et je crois que la fraternité, est précisément l'une des issues. Et pourtant c'est tellement grave ce qui se passe en Argentine -surtout depuis les génocides de la période 1976-1983 et le « gouvernement » de Carlos Menem- que les gens concentrent leurs efforts à survivre, plutôt qu'à vivre.

-« L'une des issues », tu dis.En cite une autre...

-La grande issue c'est l'éthique, pour abolir -parmis tant d'autres choses- cette pensée unique. Mais je fais référence à l'éthique des idées et à l'éthique de l'action, comme l'a écrit cela fait quelques années un penseur argentin.

-Vers un nouvel humanisme ?

-Nous pouvons dire vers de nouvelles formes de vie. Et pour atteindre cela il est important que la culture détienne la possibilité créatrice et qu'il ne s'agisse pas de la simple transmission des savoirs apparentés à la technocratie donc visant le succès rapide; car c'est ainsi qu'on engendre des êtres sans humanité -ils semblent des mutants- plétoriques des trucs électroniques et l'âme vide. Tu sais ce qui se passe ? La société est fragmentée, et à partir de cela tout ce qui porte l'étiquette de culture est aussi un fragment. Des fragments de rien. C'est l'esthétique du clip vidéo.

-Tu ne parles pas de clip vidéo comme une appréciation esthétique...


-Non, je parle de la vie comme un clip vidéo, comme une explosion de fragments. Une technique publicitaire finalement, même si à l'origine on peut trouver comme objectif la diffusion de musique, actuellement cette technique vise à la consommation. Bien qu'au début ce produit ait été destiné à la jeunesse, la télévision incorpore au jour le jour plus d'éléments qui lui sont propres. La vie semble un clip vidéo et c'est la vitesse et le vertige qui y dirigent l'orchestre. Il n'existe pas la pause et faisant semblant de tout dire, on ne dit rien. Ce qui importe c'est le mouvement, même s'il anesthésie. Ou peut-être, c'est pour cela même. Les valeurs sont jetables. Le débat et le dialogue sont une antiquité, la parole est anacronique et penser devient vétuste...pourvu qu'on n'ait pas l'idée de vivre à la conscience éveillée ! Je me demande donc : le mosaïque du clip vidéo nous situe dans le mosaïque de l'existence ? Malheureusement, il paraît que oui : des images accélerées, une vie accélerée. Malades de hâte, on oublie de vivre l'existence comme une possibilité créatrice. Je refuse cela et je continue à me battre pour que ceux qui croyons au caractère sacré de la vie, nous continuons à parcourir le même sentier.

-Je pourrais penser que ce que tu viens de dire est produit du pessimisme, mais je vois tes mots comme un film du quotidien...


-Je ne suis pas pessimiste. Je crois à la vie et c'est pour cela que je dis ce que je dis. Et je répète une et mille fois l'un de mes lieux communs : pour tromper la réalité, il faut d'abord la connaître.Et tout ce que je dis et tout ce que je fais en public ou en privé n'est qu'un essai pour contribuer au changement : la vie ne peut pas être si misérable que ça... et tant de personnes qui souffrent ! Pas posssible, pas possible...je ne veux pas ça, je refuse d'accepter cette sorte de vie ! En échange, j'aimerais qu'on vive de la même manière que Nicolas Poussin introduisait la théorie linguistique de la double articulation dans ses toiles : il réalisait chacune de ses parties de façon minutieusement admirable, avec dévouement, soin, technique et obsession, comparables seulement à ce qu'il faisait lorsqu'il abordait l'oeuvre en entier.


-On devrait vivre ainsi...


-Absolument, puisque c'est justement la vie ce qui est en jeu. Cependant le clip vidéo de nos propres vies, nous pousse a donner plus d'importance au succès qu'à la réussite. On prend congé de l'autre en se donnant une bise -très protocolaire et sans affection- et on est en contact : le feuillage intéresse plus que les racines et les mots ou le mot sont vides de sens.L'instant pour penser et pour sentir n'existe pas, non plus ; c'est comme si on était un shaker, si j'ose dire, on vit sécoué, en perpétuel état de conmotion. Où sont donc la tendresse et le délire fou, la joie et l'enthousiasme et le devoir de la beauté ?Il semble qu'ils battent en retraite -je crois que ce n'est qu'une apparence- et c'est pour cela qu'on croit qu'on gaspille notre temps avec les affections les plus profondes, avec la lecture ou bien avec autrui.

-Au contraire, c'est du temps gagné, en vie, en intensité ...


-Tout à fait d'accord, et pourtant il y a tant d'aliénation aujourd'hui qu'on ne valorise pas qu'on emploie ce temps pour être une personne ; et comme George Steiner a écrit, on ne se rend pas compte non plus qu'on a substitué consommation à ingestion. Et par le simple fait de consommer, l'art, l'amour, la politique, la religion ... la vie ! perdent leur pouvoir d'implosion : d'exploser vers le dedans.

-Cristina ... allons tout de suite « tromper la réalité » !


-On le fait déjà avec ce dialogue. Voilà si on peut s'arrêter de vivre à bout de souffle, envahis par l'urgence. Que cette union ne se fonde pas seulement dans la nécessité de lutter contre l'insécurité quotidienne qui s'est emparée des rues et de nos foyers ; que cette union soit de la fraternité. Que cette union soit de l' union, du dévouement, de l'amour, et non pas le masque solidaire de la peur : « attention, ça,est passé tout près de moi ; ça peut m'arriver ». Et ...pour l'amour de Dieu ! ... que l'art et la culture deviennent lumière, chemin et quête et que nos vies ne soient pas la succession de photos d'un album quotidien qui est consommé mais pas ingéré.

-Tu es une femme courageuse : je l'ai toujours su ...

-Je ne suis pas courageuse, ne te trompe pas. Je n'ai plus une fibre dans mon âme et surtout que je suis très mince et que je me sens épuisée, je n'ai plus une cellule dans mon corps, non plus. J'essaie d'être digne. Et bonne personne, ... la bonté, si discréditée, c'est une valeur. Et je tâche de la transmettre. Je voudrais bien qu'on envisage la grande tâche de récupérer l'innocence. Non, je ne suis pas courageuse... ce qui se passe c'est que j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, c'est que mes pupilles sont sèches et que mes yeux tombent malades... parce que je n'ai plus de larmes, des larmes visibles. Et pourtant je souffre, et j'ai besoin d'abri, de protection, de tendresse. J 'ai le même besoin d'en recevoir que d'en donner aux autres. Il est vrai que ce que je possède, c'est la flamme sacrée de mon amour pour l'Art, pour la vie et pour les âmes sans ombres et pour celles qui ont été sombres mais qui ont pu retourner à la lumière.

-Je réalise que ça fait un instant que tu ne cites pas des poèmes...

-Ce que tu viens de faire c'est ce qui ferait un journaliste de race. Avec un sourire et un commentaire, tu changes l'ambiance. D'ailleurs, tu l'as deviné... j'ai été au point de citer Paul Celan, un poète supérieur, un homme qui avait subi les camps de concentration et que, cependant, a honoré la vie et la beauté. Dans son livre Cristal d'haleine il y a tant de vie, tant de ciel ... écoute : « ...Dans la source de tes yeux/ vivent les filets des pêcheurs/ de la mer errante/ [...]/ Lorsque je renie je suis fidèle/ Je deviens toi quand je suis moi-même... »

-De beaux mots, une belle vie ... il faut se battre pour elle !

-Regarde ce soleil d'après-midi. Et le sourire de ces lavandes qui ont décidé de pousser malgré le dur hiver. Regarde les nuages roses et les bois qui brûlent dans la cheminée, chez moi. Et souviens-toi de Miguel Hernández qui ...

-Je savais... que serait devenue ta vie sans poésie ?


-Elle ne serait pas une vie. À propos de Miguel Hernández, laisse-moi te le citer... « Ah, comme elle est belle la terre de mon jardin. Elle sent un parfum de mère qui rend amoureux... ». Et Yeats : « ...un solitaire élan de délectation qui m'emporte à ce plaisir de nuages ». En plus, personne ne sait que pendant que nous causons nous entendons les Nocturnes de Chopin, qui sont l'art et que l'art c'est la vie.

-Et personne ne sait non plus que, à part les lavandes, Chopin et le feu de la cheminée, on entend aussi la cascade de méls dans ton ordinateur...


-Shh ... ne dis rien... C'est de la musique ! Ce sont des amours sublimes et sublimés. C'est de la certitude. Ce ne sont pas des méls mais des piafs du ciel. Ce que tu entends tomber c'est de l'amour, l'amour de ceux qui ont suivi ma carrière dans les médias et qui regardaient mon progamme Sans Masque (ça va retourner)... et de ceux qui me voient «en » poésie ... c'est un amour aussi grand que celui que j'éprouve pour eux. C'est de la certitude, quand il s'agit des méls des personnes qui écrivent pour la première fois et que leurs paroles m'apprennent que les graines que j'ai semées, germent.

-Je voulais te demander à propos du journalisme, mais maintenant...


-Mais non...le journalisme !Le journalisme est mon excuse pour faire de la contrebande de l'art, des valeurs, de la vie ... ou au moins, pour en faire l'effort.

-Tu veux finir l'entretien avec un poème ... ou avec un fragment ?


-Mmmm...Oui ! voilà que ... Edgar Allan Poe vient de prendre possession de mon esprit dans cet instant même. Écoute : « ...Ceux qui rêvent éveillés connaissent les mille choses qui échappent à ceux qui rêvent endormis. Dans leurs brumeuses visions ils perçoivent les vols vers l'éternité. Et lorsqu'ils se réveillent ils frissonnent car ils réalisent que, au moins pendant un instant, ils ont été aux bords du grand secret ». Bon ...On va faire la révolution des rêves !


*Gabriel Bauducco est journaliste et écrivain

Publié dans «Página Digital» - Argentine

Il est argentin et il habite au Mexique.

Traduction de l'espagnol au français faite par Patricia J. Pioli 


Cristina Castello

 

Contes / Nouvelles

 

Parfois dans la rue, un regard, un visage

 

Nouvelle écrit en collectif que 
vous pourrez lire en cliquant ici

 

*  *  *

 

Après le bal

Le bal de promotion s’était bien déroulé. C’était impressionnant! Les invités étaient pour la plupart accompagnés. Serge faisait partie de ceux qui ne l’étaient pas. Il aurait bien voulu l’être – surtout que Pascal, son meilleur ami, l’était, lui –, mais ça ne faisait pas partie de son plan.
Serge avait invité Pascal et Stéphanie à venir passer une fin de semaine au chalet familial à Chicoutimi sans avertir ses parents. Les trois amis avaient conclu de partir dans la nuit, tout de suite après le début de l’après-bal, question de revoir les copains une dernière fois avant de partir. Le gros Pascal aurait sûrement envie de prendre une dernière bière avant d’embarquer dans la voiture. Après tout, ce n’était pas si difficile de faire le trajet durant la nuit. Serge l’avait fait une semaine avant. Il n'avait pas montrer de signe de fatigue une seule fois avant cinq heures et demie du matin. Après tout, ce n’était pas si loin, le Royaume.
Les trois amis venaient de quitter Stoneham. La voiture vibrait tant le volume de la musique était fort. Serge avait chaud. Il ne croyait pas que la voiture allait se rendre jusqu’à Chicoutimi. Une Ford Escort 1984. Il l’avait achetée pour un prix dérisoire. Il n’avait même pas eu besoin de montrer ses papiers. Le vendeur voulait s’en débarrasser depuis une éternité.
Il regarda Pascal à sa droite; il dormait déjà : Serge avait déposé un puissant sédatif dans sa dernière canette de bière; Stéphanie souriait sur la banquette arrière.
*
Deux mois plus tôt, Pascal et Serge avaient fait connaissance avec Stéphanie dans un bar. C’était durant la semaine de relâche. Sous les lumières et la fumée, les deux gars la lorgnaient et sirotaient leur bière. Un tas d’autres gars faisaient la même chose : ils se tenaient au comptoir et sur les bords de la piste de danse pour poser et la surveiller, tout en jouant les inconnus, même si ça faisait déjà un an qu’ils fréquentaient le même bar tous les vendredis et samedis soirs. Parfois un gars passait près du beau Pascal et bombait le torse afin de marquer son territoire, mais les deux amis conservaient leur attention sur la jeune femme. C’était Stéphanie, une fille dont personne ne savait rien. Elle venait tous les vendredis, mais jamais le samedi. Elle était toujours seule, aucune amie ne l’accompagnait. Elle avait fait sa marque par ses robes et ses coiffures originales et soignées.
C’était une jeune dame sophistiquée. Serge en avait déjà vu depuis son arrivée en ville, mais pas comme elle. Elle, c’était... Elle alla au comptoir et tourna ses yeux vers le beau grand Pascal. Il avait hésité lorsqu’elle lui avait demandé de la suivre. Elle dansa avec lui jusqu’à la fermeture. Ça semblait sérieux, très sérieux. Ils s’embrassaient, se prenaient corps à corps; ils transpiraient l’amour la nuit même de leur rencontre. Serge, lui, était resté là, à la regarder danser. C’était pire qu’avant qu’elle ne parle à Pascal, pire que depuis ces deux années où il la voyait arriver au bar, sans pouvoir l’associer à quiconque et à quoi que ce fut. Stéphanie lui semblait être l’Unique Objet du Désir.
Le désir montait. L’envie tout autant. Serge avait les yeux attachés aux déhanchements de Stéphanie. Ça l’outrageait, ça lui tordait l’estomac. Le nouveau couple le salua et partit. Serge les imita, s’imaginant déjà sortir de l’église, témoin de leur mariage.
Les parents de Serge attendaient leur fils le même soir alors qu’il était de retour du Plato’s. Ils étaient entrés dans sa chambre. Son père était entré le premier, sa mère à sa suite en criant: « Sapristi! » devant le capharnaüm qu’étaient devenus les lieux de son beau grand garçon. Ils s’offrirent une joute d’échecs à l’ordinateur, ordinateur qu’ils avaient d’ailleurs acheté l’année dernière pour leur fils chéri. Serge rentra, mélancolique. C’était dur, dur d’être fils unique. Il y avait tant d’enfants sans parents et sans amour. Pourquoi moi? Pourquoi un gars comme moi?
- Bonsoir! On est dans ta chambre, indiqua la mère du jaloux. Il s’était mis à pleurer avant d’entrer chez lui, mais s’essuya vite fait dès qu’il vit ses parents s’approcher dans la noirceur de son grand appartement. Il ne pouvait quand même pas se laisser aller devant eux! Il se prépara un chocolat chaud et se rapprocha de l’écran et les regarda s’amuser. C’était ce qu’on lui demandait.
Pendant ce temps, au Plato’s, restaurant couru par les jeunes, Pascal commanda un café et une pâtisserie. Stéphanie ne commanda rien. Elle le regardait avec tant de désir que Pascal ne perdit pas de temps.
- Demeures-tu loin! lui demanda-t-il.
L’affaire était dans le sac, de toute façon.
- Non, on ne va pas chez moi, on va chez toi! répondit-elle, sans laisser place au doute.
Il se donna à fond. Eh! que c’était bon! Il la caressait, elle haletait; les chairs généreuses de Stéphanie sous ses doigts, elle passait ses lèvres sur ses bras pendant qu’il la pénétrait. Elle se remuait aussi férocement que le beau gros Pascal.
- Aaahaa! poussèrent-ils au grand dam des célibataires de l’immeuble.
Et lui, le maudit gros Pascal, il regardait s’endormir Stéphanie, la belle créole au bois d’ébène, dans son Très Grand lit. Si Serge avait vu ça, il serait devenu fou à lier, on l’aurait interné sur l’heure.
Le samedi suivant, au Plato’s, loin des regards, armé d’un sourire d’acier, Serge avait les yeux comme deux canons quand il vit entrer les deux amoureux. Aussitôt assis, le gros gosse de riche de Pascal commanda une gyros, un café, une portion de frite sauce; et Stéphanie, un Perrier citron.
La serveuse passa ensuite remplir la tasse de Serge. C’était son sixième café de la soirée. Le solitaire de Serge avait relu ses notes tout l’après-midi pour se préparer à l’examen. Après le souper, il avait encore révisé avant de sortir.
Serge trouvait les temps durs car il n’avait pas de compagne. Pourtant, il était beau, intelligent et réfléchi. Pascal aurait ajouté conformiste. On le considérait attentif et organisé dans ses études. C’était un des jeunes les plus impliqués de son unité. Le conseil étudiant lui avait déjà confié des tâches et des responsabilités importantes durant sa dernière année d’études. Il avait finalement laissé tomber, sur le conseil de ses parents, parce que sa moyenne générale avait baissé de trois pour cent.
Serge regarda de nouveau dans la direction de Pascal et Stéphanie. Ça le dégoûtait! Il en voulait tant à Pascal d’être là, à SA place, à la table de la fille qui l’obsédait. Il se disait que ça finirait bientôt, que le gros Pascal ne pourrait pas impressionner longtemps la belle noctambule.
Stéphanie aperçut Serge. « Hé! C’est ton ami là-bas! » Pascal se retourna. C’était bien lui, mais l’œil plus dur et plus soucieux que jamais. Pascal se leva pour aller vers lui. Serge se leva aussi, mais il partit avant que Pascal n’ait pu lui dire de venir les rejoindre à leur table.
*
Avril arriva. Pascal et Stéphanie ne se lâchaient plus d’une semelle. Elle allait coucher chez lui tous les soirs. Elle en redemandait. Il ne la privait pas. Modèle pour la mode québécoise, elle avait paru sur la couverture du dernier numéro de Belle. Maillot moulant, pantalon ajusté, couleurs franches et texture veloutée. Elle était éclatante, la Stéphanie.
Un mardi soir, vers huit heures, le téléphone retentit chez Serge. Il sortit de sa torpeur et alla répondre. C’était Pascal! Il se souvenait de son existence! Pas possible! Il s’était suffisamment remis de ses émotions pour paraître quand même correct. Ça faisait deux semaines que les deux gars ne s’étaient ni rencontrés ni téléphoné. Ils parlèrent d’abord musique, puis encore musique. Ils n’avaient plus rien à se dire. Et tout à coup : « As-tu vu le dernier Belle ? » demanda Pascal, arrogant, provocant et dangereusement innocent.
Serge l’avait vu, oui; il en avait même acheté deux exemplaires : un qu’il ne cessait pas d’utiliser à des fins solitaires et l’autre pour la postérité de son célibat acharné. Serge avait envie de raccrocher.
- Oh! je dois te laisser, ma blonde vient d’arriver. On va au cinéma, veux-tu venir avec nous? Je serai là à neuf heures. Viens donc nous rejoindre dans le portique!
Il y eut sur la ligne un silence.
- J’y serai! répondit finalement Serge.
Les rideaux s’ouvrirent. La salle était pleine à craquer. Les bandes-annonces étaient longues, remarqua Pascal. Stéphanie, elle, picorait son maïs soufflé.
On entendit un saxophone et des percussions africaines superposées à des séquences électroniques. Le logo d’une marque renommée de vêtements se moula à la poitrine d’une superbe femme. Stéphanie! C’était bel et bien elle. Serge voulait mourir. C’était trop. Il transpirait.
Elle dansait, on la voyait sous tous les angles. Ses jambes, ses fesses, ses seins, son visage, sa nuque. Elle portait tour à tour le coton, le satin, la rayonne, le latex dans le rouge, le noir, le blanc, l’orangé, le violet, le bleu. Les robes et les pantalons, tout ce qu’elle montrait lui allait comme un gant.
Assis à côté d’elle dans une salle de cinéma et pendant trente secondes, la voir sur grand écran à prendre des poses provocantes. C’est toi! c’est toi que je vois dans ma soupe! gémit Serge, dans sa tête, en se tournant vers la femme de ses rêves qui mangeait du pop-corn sans garniture et souriait. C’était dur, dur d’être à côté d’elle sans la toucher. Il fallait faire quelque chose, il le fallait. Les nuages noirs se condensaient sous son toupet. Serge n’attendrait pas d’avoir des cheveux blancs pour agir. Il fallait absolument faire quelque chose.
Ils étaient allés tous les trois dans un restaurant après la projection. Stéphanie l’avait fixé avec ce brillant dans le regard. Serge se sentit rassuré. C’était la première fois qu’ils étaient réunis, mais pas la dernière. Ils auraient une seule autre occasion.
Pendant trois jours, Serge se demanda ce qu’il pourrait faire de Pascal. Il avait deux options : ou bien lui faire croire que Stéphanie couchait avec un autre, ou bien lui faire croire que Stéphanie ne l’aimait pas. Il hésitait. Il fallait s’y mettre illico presto. C’était trop injuste, vraiment trop injuste.
Serge surveilla les prévisions météo pour jeudi soir. Il n’avait pas envie de prendre des risques inutiles. Il fallait tout savoir et tout contrôler. Il lui fallait connaître les moindres détails afin de maîtriser parfaitement la situation lorsqu’il passerait aux actes. Toutefois, Stéphanie devait demeurer écartée de ses stratégies, sinon c’était la fin du rêve pour Serge.
*
La chaussée était sèche. Le vent était violent. Serge enleva la bouteille des mains de Pascal endormi et jeta discrètement un coup d’œil derrière. Stéphanie fumait sur la banquette pendant qu’un blues jouait à haut volume. Serge baissa le son et demanda à Stéphanie si elle avait le goût. Elle répondit qu'elle aimerait ça, oui. La voiture passa sans s’arrêter devant le restaurant de L’Étape, toujours plein. Ils prirent un sentier et s’enfoncèrent dans la forêt. Serge demanda à Stéphanie de lui filer une cigarette. Il y avait dans le regard de Serge une lumière sombre.
C’était une drôle de façon de se débarrasser d’un copain embarrassant, pensa-t-elle. Elle n’avait pas souvent couché avec Serge. Il fallait veiller sur sa chasse gardée. Pascal n’était pas si con. Il avait de l’imagination au lit. Mais Serge, lui, était fou d’elle. Qui choisir? Elle avait encore tout son temps.
Mais Serge n’aimait pas ses tergiversations. Il coupa le contact et la gorge de Stéphanie.


Martin Desnoyers


*  *  *


Les rescapés du Samedi soir

C'était une soirée pas comme les autres...
Pas de picole, à peine un pétard... les décibels eux-mêmes étaient discrets.
Pour une fois personne ne faisait le malin. Les anecdotes racontées n’étaient pas inventées... et restaient sans prétention
Les dialogues avaient remplacé les monologues
Personne ne se coupait la parole. On ne cherchait pas à avoir raison à tout prix, à se mettre en valeur ou à masquer ses ignorances. Chacun apprenait de chacun.
Oui, ce soir la valeur était juste. Un bon compromis, un juste milieu. Un de ces moment magique, si rare, où vraiment on croirait connaître des inconnus depuis une décennie.
Même le jeu de séduction n'était presque pas la, ou alors sans tricherie.
Etrange. Pour nos faire passer des instants uniques la vie a ses méthodes que les humains ignorent.
Vu de l'extérieur ? Rien de bien percutant. Pas de spectacle, pas d'artifice. Simplement une auberge espagnole où chacun apporte sa garniture : une blague, un sourire, un souvenir. Une question, une peine, une réflexion. Ou même une incompréhension.
On en était presque prêt à refaire le monde quand on s'est dit que ça ne pouvait plus durer. Ces attitudes marginales, quelle arrogance pour notre société ! Oui mais on s'était mis dans ce pétrin et maintenant on ne pouvait plus le quitter. Que faire ? Seul un super-héros pouvait nous sortir de là.
A l'aide ! A l'aide !
Heureusement, Super-Ficiel répond toujours présent. Il a enlevé ses lunettes, enfilé cape et combinaison et a volé poings au vent jusque chez nous. Un rayon vert sortit de ses yeux a cassé la porte. Courant vers le danger, voilà Super-Ficiel qui provoque en duel la complicité. Avec cette fougue que seul un super-héros peut avoir, le voilà qui combat aussi notre simplicité, notre amitié, notre tolérance et notre franchise. Et comme dessert, il s'attaque bien sûr à la communication. Seul contre tous, quel homme ! ça s'est crêpé le chignon, on a entendu des cris et des coups, les sentiments résistaient et lui ont fait la vie dure. Mais comme toujours Super-Ficiel est sortit vainqueur du combat. Super-Ficiel a eu raison de tous les mots.
Jusqu'auboutiste, il nous a donnés avant de partir :
picole et pétards en guise de masques ;
décibels pour couvrir nos manques ;
coupures de paroles pour ne pas entendre ce qui gêne ;
plus des monologues, des jalousies et même des envies de pouvoir.
Nous étions redevenus des gens bien comme il faut.
Merci Super-Ficiel !

Koshan



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La passante

A la brocante de la vie sur la Planète le Net. Elle regarde, elle observe, peine à trouver le chemin du retour. La passante inconnue s'est égarée sur des chemins virtuels inondés par des eaux troubles, bordés d'arbres, aux fruits interdits, aux feuilles pas feuilles. Des panneaux, des écrans, des claviers éclairés par des lumières lunaires, l'aveuglent. Elle trébuche sur des météorites. Des chats pachas miaulent. Des souris grises frisent la connerie. Des oiseaux rares, aux plumes étranges, picorent des perles de mots tombées de la planète Terre. Perturbations sismiques, se dit-elle. Après avoir survolé, elle décide de s'envoler sur les routes du temps. Ailée de mots, elle retourne dans son néant. Elle passe, la passante. Chercherait-elle celui qui la cherche, s'il l'avait trouvée. Chercherait-elle un étrange étranger, un guerrier. Là bas, dans son néant, sur ses plages de pages fines et dorées, coule un ruisseau de mots limpides. Les montagnes sont belles, l'herbe pousse, le silence a des ailes

zorica sentic


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Sombre destinée...

Je m’appelle Rose , je vis dans un petit quartier chic dans le nord de Boston .
Je ne peux pas dire que j’ai eu une enfance malheureuse, non je ne le dirai pas, j’ai toujours eu ce que je voulais au fond, on m’a tout donné et je remercierai tous les gens qui m’ont entourés. Je ne souhaite pas me noyer dans le néant de mon passé et vous faire partagez des moments durs de ma vie , même si vous ne connaissez rien de moi , ce que vous savez est suffisant . Je ne suis pas comme les autres . Je suis en train de devenir ce que je voulais , c’est d’être un peu plus comme moi et un peu moins comme vous.
Samedi : Comme chaque samedi je me préparai a voir mes amis, je n’aurai pas pu présager ce qui allait nous arriver mais je sentais comme si quelque chose allait se produire, je ressentais l’odeur âpre et pesante de la mort…
Vingt heures sonnent, Mathilde est heureuse de me retrouver, elle m’embrasse chaleureusement et nous partons rejoindre Vincent, ce garçon si brillant avec qui je partage ma vie et de qui j’attends un enfant prochainement , un bout de nous puis je rejoins Sabrina et Matt. La lune éclaire de ses rayons blafards le petit café de la rue Carmin, nous nous décidons à entrer.
La chaleur suffocante de cet endroit nous emporte vite, j’ai déjà pris six verres d’alcool mais je ne peux me résigner a en commander un septième .
Vincent s’inquiète pour moi mais Mathilde et Sabrina rient de le voir s’inquiéter ainsi pour ma santé .
Un peu plus tard dans la soirée , le calme se fit ressentir , une atmosphère lugubre régnait dans la pièce , peut être pour ne pas briser le silence nocturne .
Minuit, c’est à ce moment la que ma vie a basculer. Certains d’entre nous sont vraiment fait pour mourir .
Ma tête me tourne atrocement . Je me sens en difficulté , mon corps me brûle. Je perd soudainement le contrôle de ma tête et je me lève brusquement . Je sentais comme un grand froid m'envahir mais j’étais seulement bien. Vincent ne m’a jamais vu dans cet état de folie . Il me demande de me calmer mais j’enrage de le voir me parler ainsi, de quel droit me dit t’il ce que je dois faire ? Je me dirige doucement vers lui, les yeux livides.
Paralysées par la peur, Sabrina et Mathilde restent la immobiles, les yeux aveugles.
La folie prend emprise sur moi. Un couteau est posé sur la table, très vite je m’en empare…Sabrina pousse un cri strident et Mathilde essaye de me contrôle, je la blesse gravement au bras . Un tapis de sang l’a recouvre bientôt mais je souris . Dans mon élan , je frôle légèrement de la pointe de mon couteau le thorax de Vincent , puis je commence à lui arracher la peau jusqu’à temps d’enfoncer mon couteau dans son c½ur .
Je ne sens aucune larme couler de mes joues , peut être bien parce qu’elle se mêlent à la grande quantité de sang qui a déjà recouvert une grande partie du sol .
Vincent s’écroule sur le sol. Une marre de sang l’entour rapidement, Sabrina est toute renversée parce qu’il vient de se passer
. Dans mon emprise de folie je me penche sur le corps de Vincent et je le regarde en souriant, je l’embrasse en lui disant « je t’aime » puis rectifiant quelques secondes plus tard , en regardant le bébé que j’attendais de lui : « Nous t’aimons » avant de m’effondrer a mon tour près de lui, criant et pleurant de douleur.
La police ne tarda pas à arriver, je fus condamnée a perpétuité pour le crime que j’avais commis. Et voila l’histoire d’une adolescente paumée qui vous écrit de sa sinistre cellule mais je ne vais pas y rester plus souvent, rassurez vous, bientôt tout ça sera fini …
Matt a fini mal, après cet incident, il a fini par une overdose de drogue et il en est mort
Mathilde et Sabrina, ses deux filles modèles sont tombées bien bas, dans le monde de la débauche.
Quand a moi …j’ai fait beaucoup de dégâts autours de moi .
J'ai commencé par trouver que ma vie n'avait pas de goût, puis j'ai été totalement démotivée par tout. Plus rien ne m'intéressait … J'étais enfermée dans cette prison, Je dormais trop, je mangeais plus, je pleurais tous les jours, je me sentais seule .Oh oui j’ai été heureuse dans mon passé , j’ai vécu des moments heureux mais maintenant il n’en ai plus rien et ma vie ne me correspond plus.
Ses pulsions inconscientes me gâchent la vie . Je me suis toujours dit que je devais vivre pour l’enfant que je portais en moi mais je suis trop égoïste pour ça .
Et comme ultime adieu au monde des vivants,
Elle embrassa alors son ventre qui portait un petit enfant avant de prononcer ce mot final
« Je sens mon âme qui me lâche ,seule la pluie pleura sur ma tombe , adieu »
Rose sentit alors la longue ligne chaude qui glissait de son poignet gauche sur son genou puis le long de sa jambe jusqu'au sol


Johanna Maylor



*  *  *


Le tiroir secret

(lettre à une belle d'un autre siècle -1800 ) 

Ma bien-aimée,
Mon Éloïse, votre absence est une blessure au plus profond de mon âme. Malgré qu'il reste peu de jours avant que nous soyons réunis, mon impatience est si grande que je dois vous écrire sans plus tarder. Je vous imagine, lisant cette missive, je vois d'ici votre tendre visage s'illuminer et vos douces lèvres esquisser un sourire discret.

Alors que moi je me consume, vous m'attendez bien sagement . Alors que moi je meurs un peu plus chaque jour loin de vous, vous allez à vos occupations dans un esprit serein . Alors que moi, je murmure votre nom , même dans mon sommeil, peut-être avez-vous oublié le mien...

Dites moi , ma douce amie , que j'occupe une toute petite place dans votre coeur et je serai heursux. Pourtant, je sais, je sens plutôt que vous avez plus que de l'affection pour moi. L'incertitude qui me ronge sera t-elle apaisée quand nous nous reverrons après ces mois d'absence. Des mots me brulent les lèvres. Je n'aspire qu'à vous les murmurer... si vous voulez bien les entendre. Ces mot sont écrits en lettres de feu au fond de mon coeur.
Je crois que vous les devinez, j'ose même penser que vous avez vous-même envie de me les dire.
Puis-je espérer plus qu'un sourire ? Me permettrez-vous de tenir vos fines mains entre les miennes.
Oserais-je déposer un baiser sur vos cheveux dorés ?

Ma douce amie, je viens vers vous avec le coeur débordant de tendresse et oui, je prends le risque de le dire, rempli d'un amour qui ne demande que d'être reconnu. Ces mots qui sont au bord des lèvres et que mon coeur ne peut plus contenir, je voudrais vous les entendre dire.
Je vous aime
Gismond, plus que votre ami.

Jo

 

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