Le Mot qui devint Maux de Tête
Un jour, un mot s’en alla de par le monde
Un petit mot tout simple
Un mot-enfant, innocent, libre et non-synthétique
Il voyagea comme çà, par-ci par-là
Tout fier d’être ce qu’il était
Rien que ce qu’il était
Un petit mot tout simple
Sur sa route, il rencontra
Des gens heureux de le voir
De le découvrir neuf et revigoré
Car tous les gens connaissaient le mot
Un mot simple, tout le monde connaît
Mais voilà que le mot tel que dit et formulé
Retrouvait une virginité
Une force et un pouvoir oublié
Et notre petit mot tout simple
Ainsi, sur sa route continua
Le mot continua son chemin cahin-caha
Et c’est ainsi qu’il croisât d’autres mots
De grands mots et des mots simples comme lui
Des mots doux et sympathiques
Des mots enflés et ampoulés
Des mots savants et spécialisés
Des mots rythmiques, des mots mythiques
Enfin une foule de mots
Et avec eux s’amusa à inventer des phrases
En prose ou en rimes
Selon l’humeur, le temps ou les modes
Avec d’autres il s’amusa
Puis continua son chemin cahin-caha
Après avoir ainsi longtemps voyagé
Le petit mot tout simple
Se trouva un jour fort las
Lorsqu’il aperçu une page blanche qui passait par là
Une belle page vierge et accueillante
« Tiens, se dit le mot, je vais me coucher là
Et prendre quelques repos »
Et le mot se coucha docilement
Sur la page blanche qui l’accueillit sans mots dire
Or, voilà que passait par là un humain
Comme il y en a tellement de par le monde
Un humain qui trouva la feuille avec un mot dessus
Et s’en empara
« Mais qu’est-ce que c’est que ce mot? »
S’écria notre homme estomaqué
« Mais c’est un scandale!
Une honte! Une profanation ! »
Et plein de hargne et de colère
Aux autres hommes, il s’en alla le montrer
Et c’est ainsi qu’un petit mot tout simple
Devint maux de tête
Et finit sa vie dans un caniveau
Sur un vieux papier tout froissé.
Attention donc, bonne gens aux mots que vous coucher
Choisissez les bien avant
Et ne les laisser pas trop en liberté
D’autres pourraient les trouver et s’en emparer
Et leur faire dire ce qu’ils n’ont jamais voulu dire
Car le monde est ainsi fait
Que les mots ont pour chacun
Une signification particulière
Comme une empreinte indélébile
Les mots en fait
Ne disent pas toujours
Ce qu’on veut leur faire dire
Bô Na 2004
Saint-Camille
05h46
Dans la nuit du 20 au 21 septembre de l’An 4
Ourson
Vert
Petit ourson peluche de vert
De poils doux tout recouvert
Arrive vers moi à cent à l’heure
Trèfle au bras porte-bonheur
Cours après moi si tu le veux
Attrape-moi j’en serai heureux
A cache-cache on va jouer
Ta couleur verte je vais trouver
Petit ourson plein de chaleur
Une place pour toi près de mon cœur
Ballons
couleurs
Jolies rondeurs volent dans le ciel
Petit enfant qui s’émerveille
Gonflé à bloc pour bien voler
Ballon baudruche va voyager
Petite main qui a lâché
Longues ficelles bien attachées
Messages écrits aux receveurs
De ces ballons aux belles couleurs
Afrique
animale
Dans la savane reine d’Afrique
Danse animale tambour magique
Zèbres et gazelles qui détalent
Devant guépard qui se régale
Singe grimpant dans les palmiers
Et ronge les noix des cocotiers
Le lion roi qui dort tranquille
Tandis que chasse sa famille
L’Hippopotame vit en troupeau
Monsieur rhino gargouille dans l’eau
Ils guettent que léopard n’arrive
Ou crocodile glisse sur la rive
Dans son royaume faune animale
Danse africaine défense bestiale
CITOYENS DU MONDE
Pas plus gros qu'une orange dans le creux de la main,
Le monde est un village où l'on est tous voisins,
Citoyens du monde,
Citoyens du monde!
En regardant la terre, du haut des galaxies,
Les hommes, minuscules, ont l'allure de fourmis.
Ils amassent et s'entassent, en ballet concerté;
Mimétisme étonnant des primates évolués!
Autour de la planète, comme une toile d'araignée
Véhicule les nouvelles à un rythme endiablé;
Ainsi du sud au nord, tout se sait, tout se dit,
Chacun ayant fenêtre sur le jardin d'autrui!
Quand tourne la planète, tout au long des années,
Ses couleurs, oh surprise, se mettent à changer;
Le noir des métropoles chasse le vert des forêts
Passant par l'oranger du feu si besoin est!
De là-haut on s'étonne, d'une famille si étrange
Qui ignore le partage quand celui-ci dérange.
Lorsque tout les rapproche, au lieu de s'entraider,
Ces frères mains-dans-les-poches se marchent sur les pieds!
Pas plus gros qu'une orange dans le creux de la main,
Le monde est un village où l'on est tous voisins,
Citoyens du monde,
Citoyens du monde!
Avant
d'aller dormir
Avant d’aller dormir,
Rejoindre la lumière du dehors
Par les ombres du dedans,
J’aurais voulu vous dire,
J’aurais voulu encrer stellaire flore,
J’aurais voulu dans l’élan,
Au creux des mots tamisés,
Les légendes d’aujourd’hui vous conter
Avant d’aller dormir,
J’aurais voulu aller au bout de mes lectures,
Mais ma muse a « tiqué »,
Ma plume s’est mise à frémir
Se faisant à contre paupière le mur,
Mes doits se sont mis à courser
Le sable en vue d’offrir
Du hors temps aux mots mobiles
Avant d’aller dormir,
Rejoindre la pénombre qui oscille,
J’aurais voulu pouvoir la dire,
La beauté de vos mots partagés,
La beauté de la farandole des parchemins liés,
Ceux que vous avez
A nos rivages semés
Avant d’aller dormir,
J’aurais voulu pouvoir composer,
En un court poème, en quelques vers,
L’histoire des montagnes saisir
Des abîmes, des cieux grisés,
Parler des maux de la terre,
Mais ma muse a voulu jouer
Et sur la page ces lignes m’a « saignée »
Pour l’indicible, repos n'est pas une trêve,
L'éveil en est la sève,
Les volets clos en sont la grève,
Alors je vous souhaite doux rêves...
Et maintenant, la tête reposée,
Je peux aller dormir, même si la mutine
Continue dans les recoins lumière à pointer,
Murmurant ses mots, agitant en songe sa mine…
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